Dans le monde merveilleux de la finance, s’il y a un truc que l’on sait bien faire ; c’est trouver des excuses.

L’Audio du 9 avril 2019

Trouver une excuse pourquoi on n’a pas vendu, trouver une excuse pourquoi on n’a pas acheté, trouver une excuse pourquoi on n’a pas entendu parler du take-over du jour, trouver une excuse pourquoi on n’est venu au dernier meeting où il fallait être et finalement trouver une excuse pour ne rien faire.

Hier, c’était pour ne rien faire.

L’immobilisme le plus total

Alors ce n’est pas complètement exact, hier à l’intérieur des indices il s’est passé des choses, Boeing a baissé de 4% parce qu’ils vont réduire la production mensuelle de leurs 737 MAX – ça fera toujours ça qui ne finira pas par terre tant qu’ils n’ont par résolu leur problème de software. Et comme Boeing baissait, ça donnait l’occasion de taper sur leurs fournisseurs – en l’occurrence Safran en France, qui perdait 2% sur la nouvelle.

Après on était tout excité parce les titres du secteur aurifère étaient en plein délire. Bon, quand le secteur aurifère est en plein délire c’est à coup de 1.2% sur l’indice, ça ne rigole pas. Et on met en valeur la force relative de l’or qui a tout de même pris 6$ depuis vendredi, c’est pas encore le Bitcoin, mais pas loin.

Pour les grandes manœuvres, il faudra attendre

Mais en dehors des histoires particulières qui étaient là pour nous garder éveillés, les intervenants ont donc décidé de rester en « neutre » en attendant plus. L’excuse de base étant : « oui, je ne préfère ne rien faire en attendant les chiffres trimestriels qui seront publiés en fin de semaine » !!!

BIEN SÛR !!! Les chiffres de fin de semaine, suis-je bête !!! Alors que le trader moyen a une vision à 12 minutes voici qu’en ce lundi 8 avril, soudainement on se concentre sur ce qui va se passer dans 5 jours. Comme si les chiffres de JP Morgan et Wells Fargo allaient donner le ton pour toute la saison des publications !!!!

Et ensuite la marmotte elle met le chocolat dans le papier d’alu

Il faut tout de même savoir que s’il y a des chiffres qui ne veulent rien dire, c’est bien les chiffres du secteur bancaire. Jamais le proverbe « les cordonniers sont les plus mal chaussés » n’a été aussi vrai. En général les analystes sont à des kilomètres des chiffres définitifs et les erreurs de calculs et d’interprétations sont liées à des nouvelles normes comptables qui donneraient la migraine à un physicien nucléaire.

Toujours est-il que JP Morgan et Wells Fargo peuvent publier leurs chiffres vendredi et distribuer en même temps des billets pour le Superbowl de l’année prochaine, ça ne changera pas la face du monde. Mais merci, ça nous aura bien servi à ne rien faire en ce lundi.

Dans le doute abstiens toi qu’ils disaient

Bref, il ne s’est rien passé hier. On s’est accroché à ce qui se passerait éventuellement peut-être vendredi prochain, sachant qu’entre deux, le ciel avait largement le temps de nous tomber sur la tête. Deux fois.

En attendant on n’a pas eu de nouvelles du Trade Deal, les rumeurs du stimulus chinois numéro 26 n’a pas donné plus de carburant que cela aux marchés asiatiques et dans le doute, on est collé sur nos chaises à 1500 frs et on se demande : et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Et ben maintenant, tu attends les chiffres de JP Morgan et de Wells Fargo et tu le fais en silence, merci.

Si Monsieur Trump voulait bien « tweeter » un truc, on est preneur

Pour ceux qui cherchent la volatilité, on reste collé sur le compte Twitter du Président américain, puisque c’est sûrement de là que viendra la prochaine décharge électrique pour le marché. J’en profite pour demander la nomination de Trump comme Président à vie, parce que le jour où il n’est plus là, on va devoir se réintéresser au tissu profond des bourses mondiales et je ne suis pas certain que l’on sache encore.

Bref. Hier on n’a rien fait et c’était long.

L’or et le pétrole

Ce matin, la magie de l’or continue d’opérer, puisque le métal jaune est en hausse de 0.11% à 1303$, on ne sait plus comment le faire arrêter de monter. Une telle puissance et un tel déchaînement de volonté à grimper plus haut et plus fort est littéralement, que dis-je, bibliquement impressionnant.

En ce qui concerne le pétrole, ça monte tous les jours. Si le S&P500 vient d’enquiller 8 séances de hausse consécutives, on ne se souvient même plus de quand le baril s’est affiché en rouge sur nos écrans. Ce matin le baril est à 64.55$ et mon objectif de 65$ est presque atteint. Ensuite, je retourne me coucher.

L’Asie, comme le reste du monde

Les marchés asiatiques sont aussi dynamiques qu’un comptable véreux à la grande époque de la mafia new-yorkaise. Les deux pieds dans le béton et au fond de l’Hudson River. Là, il ne se passe strictement rien. Mais je pense ne pas me tromper en disant « qu’ils attendent de voir les chiffres de JP Morgan et Wells Fargo ».

Les niouzes du jour

Dans les nouvelles du jour, on commence par le Crédit Suisse qui downgrade le secteur des semi-conducteurs. On en parle dans le Barron’s du jour. L’analyste a peur que le cycle ait déjà tout anticipé, trop anticipé et que, du coup on soit trop cher et que ça pue (pour faire simple). Ce qui mettrait à mal mon scénario qui dit que si le secteur casse au plus haut de tous les temps (ce qui est fait), il mènera le reste des bourses mondiales au plus haut. Mais le Crédit Suisse n’est pas d’accord, alors autant pour moi.

Un autre thème qui revient régulièrement ces dernières heures et qui vient du fait que l’on pas entendu de news du Trade Deal depuis 36 heures, c’est le fait que le marché est à un point d’inflexion et qu’après son rebond de 23% depuis décembre il pourrait bien être au bord de se péter la gueule, sans compter qu’en observant des charts qui représentent le S&P500 en weekly avec un MAGNIFIQUE triple top, il n’y a qu’un pas à faire. Un pas qui donne envie de se lancer dans le base-jump, puisqu’il semble évident que le krach est à nos portes.

Graphique du S&P500 en base weekly – autrement dit : « Adieu monde cruel » – source : StockCharts.com (Merci Serge pour l’inspiration)

When it’s obvious, it’s obviously wrong

Quand je ne sais pas, quand je ne sais plus comment argumenter et quand je me rend compte que tout le monde se prépare à quelque chose que tout le monde voit (et qui n’est plus une surprise pour personne), je ne peux pas m’empêcher de me souvenir de cette phrase qui disait (en anglais) : « When it’s obvious, it’s obviously wrong », en gros : quand c’est évident, c’est évidemment faux ».

Franchement, je n’en sais rien. Mais il y a une chose dont je suis certain, c’est que beaucoup trop de monde envisagent la fin de la hausse et que beaucoup trop de monde a « anticipé » la chose. Et c’est pas comme ça que ça marche. Vais encore m’accrocher un peu à la hausse des marchés, espérer que l’amour des chiffres ronds des Américains nous permettra d’aller à 3000 sur le S&P et ensuite on verra.

Pour le reste

Autrement le FT revient sur le fait que le positionnement de Macron par rapport au BREXIT le fait se rapprocher de De Gaulle. Le journal pense qu’il prend un malin plaisir à humilier les Anglais. Il faut dire que pour une fois que ce n’est pas lui qui passe pour un idiot, ça doit lui faire bizarre et il profite, c’est normal.

Le patron des commodities chez Goldman Sachs a déclaré que le pétrole n’ira pas à 80$. C’est une nouvelle tactique chez les stratèges ; comme on n’arrive pas à donner un prix objectif, on dit où ça « N’IRA PAS »… Comme ça, ça fait plus humble. Par contre il a dit que ça n’irait pas à 80$. SI le pétrole va à 81$, techniquement il n’aura pas tort.

Ça permet de multiplier les chances d’avoir raison.

C’est bon pour l’égo.

Chiffres éco

Ce n’est pas les chiffres économiques de la journée qui vont nous chauffer l’ambiance. Il y aura le chômage en Suisse et les JOLTS aux USA. Mon conseil : ne comptez pas trop là-dessus pour nous faire penser à autre chose qu’aux chiffres de JP Morgan et de Wells Fargo.

Pour le moment, les futures sont à l’image de reste du monde : tétanisés.

À ce stade, il me reste à vous souhaiter une belle journée et à demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

« C’est pour ça : j’lis jamais rien. C’est un vrai piège à cons c’t’histoire-là. En plus j’sais pas lire. »

Peceval