Après le lundi pourri que nous avons vécu, les marchés continuent de récupérer (difficilement) le terrain perdu.

L’Audio du 16 mai 2019

En tous les cas, il y a une chose que l’on peut clairement se demander, c’est : « qu’est-ce que nous ferions si Trump n’était pas là ? ». Non, parce qu’on ne va pas se mentir, quand on regarde les news d’hier on peut faire des théories sur l’impact des chiffres économiques publiés hier, mais la seule vraie raison de la hausse d’hier c’est ENCORE une fois une décision prise par le Président Américain.

Des chiffres pas terribles

Les chiffres des ventes de détails étaient en-dessous des attentes aux USA, les chiffres chinois n’étaient pas non plus « euphorisants », quand on ne se concentre que là dessus, on peut rationnellement se demander pourquoi le marché termine en hausse.

En revanche, lorsque Trump décide unilatéralement de repousser de six mois la hausse de 25% des tarifs douaniers sur les importations de voitures aux USA, on voit clairement mieux pourquoi les indices ont rebondit hier. Que ce soit aux USA ou en Europe.

Souffler le chaud et le froid

Le Président a donc décidé de repousser la mise en place de CES tarifs-là. On en est carrément à se demander s’il y a une structure démocratique aux USA, parce que jour après jour, on a quand même l’impression qu’il n’y a que lui qui dirige. Non seulement il a décidé de NE PAS augmenter les tarifs sur les importations de voitures – décision saluée par le secteur automobile européen (enfin, pas TOUT le secteur non plus, mais en même temps, pas toutes les Européennes sont exportées aux US – on voit quand même mal Dacia prendre des parts de marché au Ford Raptor) – mais en plus de NE PAS augmenter les tarifs sur les voitures, Trump a aussi décidé de fermer les portes à une certaine technologie de télécommunication qui mettrait en danger la sécurité du pays.

Une manière différente de dire que Huawei ne peut plus vendre ses produits aux USA. Mais aussi un autre direct du droit à la Chine dans le cadre des négociations économiques.

One Man Show

Quoi qu’il en soit, on a quand même l’impression que le Président Trump est tout seul dans sa tour d’ivoire, qu’il prend les décisions qu’il a envie de prendre. Qu’il n’en n’a strictement rien à taper de ses conseillers, quand au Congrès et au Sénat, il ne sait même pas comment ça s’écrit.

Hier le marché a donc rebondit uniquement grâce aux actes de Trump. Ce qui est assez logique puisque si le marché se fait secouer depuis 10 jours, c’est également intégralement dû au même Donald Trump. Ce qui est globalement assez rassurant, car même si l’on s’expose à quelques variations majeures de marchés lors de ces prochains 18 mois, on imagine assez mal que le Président laisse tomber la bourse américaine, vu que cette dernière comptera pour moitié dans sa réélection en 2020.

Deuxième bonne journée sur trois

En conclusion de cette journée, nous sommes encore loin d’avoir rattrapé la claque de lundi, mais gentiment mais sûrement, on se rassure pour la suite. Globalement les USA ont repris un demi-pourcent et l’Europe un peu plus, mais c’est surtout à cause de BMW et Mercedes. La techno reprend aussi des couleurs aux USA et même si le doute reste extrêmement présent, on respire un peu mieux.

En tous les cas jusqu’au prochain « tweet » de Trump, puisque c’est un peu comme une boîte de chocolat – comme disait Forrest Gump – on ne sait jamais sur quoi on va tomber.

Il est l’or

Pour le reste, on a eu l’or qui a tenté une escapade de folie AU-DESSUS des 1300$, mais en fait non. Ce matin la valeur refuge est de retour EN-DESSOUS et se traite à 1296$. Côté pétrole c’est assez drôle, parce quand on regarde les fondamentaux, la logique voudrait qu’il ait fini sa journée en baisse. Mais en fait non.

Les inventaires pétroliers étaient plus forts que prévu – plus d’offre qui devrait mettre la pression sur les prix. Des fondamentaux économiques sur les ventes de détails aux USA qui sont plus faibles, laissant entendre un malaise du consommateur et des chiffres industriels sur la Chine qui laissent supposer que l’on revient à l’aire de la charrette à bœufs à Pékin qui auraient également dû mettre la pression sur le baril, mais il termine en hausse à 62.44$ parce que quelqu’un a vu voler un drone quelque part en Arabie Saoudite et que l’on suppose éventuellement peut-être qu’un attentat pourrait être commis.

L’Asie se méfie toujours

L’Asie a des doutes, ça se ressent dans le comportement du marché. Le Japon est en baisse de 0.6%, pendant que Hong Kong et la Chine montent timidement de 0.28%. On sent bien qu’ils sont prêts à mettre les voiles au moindre « tweet ». L’ambiance reste lourde et pesante alors que l’ensemble de la communauté financière, ici et ailleurs, se connecte en direct sur Twitter pour savoir ce que sera leur portefeuille d’investissement demain.

Un seul moyen pour investir de nos jours, suivre @realDonaldTrump, les marchés ne bougent que grâce ou à cause de ça.

Les nouvelles du jour

Le FT aborde le sujet des bons du Trésor Américain qui ont subit pas mal de ventes de la part des Chinois – étonnant, non ? – à ce propos, j’en profite pour signaler que le rendement du 10 ans américain est de 2.37%, pendant que le 3 mois est à 2.40%. Sauf erreur de ma part, c’est ce que l’on appelle une INVERSION DE LA COURBE DES TAUX.

ET UNE INVERSION DE LA COURBE DES TAUX C’EST UN SIGNE AVANT-COUREUR D’UNE RÉCESSION. La dernière fois qu’on a constaté ça, tout le monde s’est barré en courant en hurlant qu’on allait tous mourir et que la récession allait nous forcer à chasser et à manger du rat et qu’on allait être obligé de se déplacer en transports publics dorénavant. Et là…. RIEN… Mais RIEN DU TOUT, pas un article, pas un entrefilet, pas un talk-show sur CNBC pour annoncer la fin du monde.. Rien…

Estomaqué

Pourtant la courbe des taux 10ans/3mois s’est bien inversée. Ou alors j’y comprend plus rien. Comme quoi, la même nouvelle à un autre moment peu avoir un impact différent. Si l’on supprimait Twitter, peut-être que l’on pourrait reprendre une vie normale.

Autrement, Cisco va « moins importer depuis la Chine » pour éviter les tarifs douaniers. Ils vont garder au mimimum leurs importations en provenance du bloc communiste (les méchants de l’histoire). Le patron de la FAA (federal aviation agency) critique Boeing pour sa gestion de la crise, selon lui ils auraient dû dire plus tôt que leurs avions étaient tout pourris.

Les Chinois s’en foutent

Et puis, les traductions sont terminées et apparemment, quand on lit la presse chinoise, ils sont regonflés à bloc et persuadés qu’ils peuvent tenir tête à Trump dans cette guerre économique qui se profile. Trump devrait peut-être se méfier de la fierté locale qui risque d’être plus endurante que le consommateur américain.

Côté chiffres du jour, nous aurons le Trade Balance en Europe et le Philly Fed aux USA et puis Wal-Mart et Nvidia publieront leurs chiffres trimestriels, mais tout le monde s’en fout, puisque le seul truc intéressant c’est le Trade Deal – même l’INVERSION DE LA COURBE DES TAUX, tout le monde s’en tape comme de sa première chemise.

Prévoyance, nouvel onglet

Pour le moment les futures sont en baisse de 0.3%. Vu l’intérêt pour l’inversion pré-citée et vu que la thématique nous concerne tous, nous avons créé une nouvelle rubrique « Prévoyance » sous laquelle vous retrouverez dorénavant tous les articles liés aux caisses de pension.

Les 2 nouveaux articles d’aujourd’hui se trouvent comme d’habitude un peu plus bas, si vous avez le courage de scroller. Et n’oubliez pas que pour accéder à l’entièreté de nos contenus, vous devez vous enregistrer comme « investisseur qualifié ». Si vous ne vous sentez pas « un investisseur qualifié » ne vous inquiétez pas, on ne balancera pas votre nom à la police fédérale des investisseurs qualifiés.

Et la question qui tue

Je termine avec la question qui tue… Depuis quelques temps nous constatons que vous êtes de plus en plus nombreux à nous lire sur votre smartphone. Du coup, je me dis que soit vous n’avez pas envie d’engager la conversation avec vos voisins dans les transports en commun (je comprends), soit votre employeur empêche l’accès à notre site depuis votre poste de travail (je comprends moins). N’hésitez pas à nous écrire pourquoi vous êtes maintenant si nombreux sur smartphone. Et n’hésitez pas non plus à nous dire le nom des employeurs qui vous empêcheraient éventuellement peut-être d’accéder à notre contenu depuis le bureau.

C’est pas pour dire du mal, c’est pour comprendre. Toute communication peut être envoyée à moi-même sur tv@investir.ch …

Passez une excellente journée et en ce qui concerne l’inversion de la courbe des taux, je vous aurais prévenu.

À demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

“Go ahead, make my day.” Sudden Impact, 1983