Nous continuons à naviguer à vue, entre incertitudes liées au BREXIT et chiffres trimestriels qui sont soit bons, soit mauvais mais moins pire.

L’Audio du 24 octobre 2019

Des indices qui n’en donnent pas (d’indices)

Si l’on regarde strictement les indices boursiers mondiaux et que l’on gère son portefeuille uniquement avec des trackers et autres ETF’s, la journée aura été à peu près aussi passionnante que la projection des 12 dernières palmes d’or du festival de Cannes à la suite.

Dans leur globalité, il n’y a rien à dire – la seule chose qui pourrait faire bouger les marchés serait une nouvelle définitive sur le BREXIT, et encore, je ne suis même pas sûr. En attendant donc une hypothétique annonce sur un sujet géopolitique, on a passé notre journée à analyser les chiffres du trimestre et, heureusement, de ce côté-là, il y avait de quoi faire.

Une question d’interprétation

Si l’on regarde les publications d’hier dans leur globalité, j’ai simplement envie de dire que c’était « moins pire ». Il y a des sociétés qui ont sorti des bons chiffres et qui se sont envolées et d’autres qui ont sorti des chiffres pas terribles avec des guidances merdiques pour l’avenir, mais comme on s’attendait à pire, le titre ne s’en est pas trop mal tiré. C’est le cas de Caterpillar ou Boeing.

En ce qui concerne le fabricant de chaussures et, accessoirement, de pelles mécaniques, les chiffres étaient décevant ; baisse des commandes dans les marchés émergents et perspectives pourries pour l’avenir. Le titre terminait néanmoins légèrement en hausse et on peut lire à droite ou à gauche, que «c’était moins pire que ce qu’on craignait ». Pour être franc avec vous, je me pose quand même la question de savoir ce qui aurait été considéré comme « VRAIMENT MAUVAIS » – la faillite peut-être, qui sait ? Même chose chez Boeing, puisque le titre terminait enfin en hausse après des chiffres médiocres. Mais chez Boeing c’est pas pareil, il y a tellement de mauvaises nouvelles à cause du 737 MAX, que tant qu’ils n’annoncent pas que 12 avions se sont crashés en même temps et que c’est tout de leur faute, le marché est content.

Mais y avait du bon

Si l’on doit parler des « bonnes nouvelles » d’hier, il faudra retenir deux noms : Microsoft et Tesla ». La plus grosse compagnie du monde a publié des chiffres nettement au-dessus des attentes, mais en grattant un peu en surface, les «analystes » ont trouvé que les chiffres du département « cloud » n’arrivaient pas à décoller et que, du coup, c’était moins fun. Cependant le titre ne réagissait à peine, puisqu’il montait de 0.5% after close. Pas de quoi se rouler dans le caviar.

Par contre si l’on voulait du fun, il fallait se concentrer sur Tesla. Alors oui, c’est toujours plus facile à dire après – parce qu’avant je n’aurais pas parié deux balles sur un rebond pareil, mais que voulez-vous, c’est comme ça. Et puis Musk a un truc, quoi qu’il fasse, il s’en sort toujours. Hier Tesla est donc redevenu profitable – comme l’an passé à la même date avant de nous publier trois trimestres pourris à la suite. Mais là c’est différent. C’est différent parce que c’est pas pareil et que cette fois Tesla sont super-confiant pour l’avenir, super-confiant sur le fait qu’ils vont atteindre leurs objectifs de livraison pour la fin de l’année. Confiant comme quoi la concurrence qui arrive ne va pas leur faire du mal. Confiant quoi. Tout était donc tout rose chez Tesla et le titre s’envolait de 21% après la clôture. 21% – quand j’ai vu le chiffre au réveil ce matin, j’ai d’abord cru que je rêvais encore et puis ensuite je me suis demandé si Tesla n’avait pas annoncé son intention de vendre du cannabis.

L’Asie hésite

En Asie, on est toujours hésitant. Le Japon monte de 0.59%, Hong Kong grimpe de 0.39% et la Chine baisse de 0.2%. On a l’impression que les marchés asiatiques n’ont plus de vie propre et attendent simplement que Wall Street et Trump leur montre la route à suivre.

Côté or, on est à 1495$ et on ne fait rien – comme les indices et le pétrole grimpe gentiment en direction des 65$ qu’il va bien finir par atteindre, mais pour le moment, le baril est à 55.05$.

Nouvelles du jour

Pour ce qui est des nouvelles du jour c’est assez maigre. Trump s’auto-congratule parce que les Turcs et les Russes ont trouvé une solution pour créer une zone de paix en Syrie. On parle toujours de la destitution de Trump, mais on a l’air à peu près aussi convaincu que si on nous invitait sur le Loch Ness pour rencontrer le monstre qui va avec.

Autrement tout le monde parle de Draghi et de la BCE – pas au sujet des taux, mais surtout parce qu’aujourd’hui c’est le dernier meeting de la BCE que Draghi va présider, puisqu’après c’est retraite. On ne s’attend donc pas à une modification quelconque de la politique monétaire, mais plutôt à un discours empreint d’émotion et une justification massive de la politique tenue jusque-là, et puis dorénavant il faudra s’habituer à dire « Madame la Présidente de la BCE ». Les experts s’attendent à une politique différente sous la houlette de Madame Lagarde, mais en même temps avec ce qu’on lui laisse comme chantier, on voit mal comment elle va faire pour faire des miracles. C’est un peu comme si on vous donne un bâton en bois tout pourri en nous disant : « vas-y fais-en un avion de chasse » – bon, un avion de chasse « SUISSE », ça serait encore jouable, vu l’était de nos FA-18, mais le challenge de Madame Lagarde va quand même plus s’apparenter à de la magie à grande échelle, type David Copperfield, qu’à de l’économie appliquée.

Les chiffres du jour

Côté chiffres du jour, nous aurons les Manufacturing PMI’s à Paris, Berlin et New-York, il y aura les Jobless Claims aux USA, puis les Durables Goods. Pour le reste, nous remettrons encore une fois notre destin dans les mains des chiffres du trimestre. Aujourd’hui nous attendrons :

3M, Air Liquide, Amazon, BASF, Dow, Dassault, First Solar, Gilead, Intel, Michelin, Hermès, Nokia, Puma, Valeo, Valero, Vinci et Visa… pour les plus importantes. Pour le moment les futures sont à l’image du marché ; ils ne font rien.

Je vous souhaite une excellente journée et on se retrouve demain pour de nouvelles aventures.

Thomas Veillet

Investir.ch

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