Statistiquement, il y a une journée pénible et ennuyeuse dans la semaine et c’était hier.

L’Audio du 17 octobre 2019

 

Si j’avais su j’aurais pas venu

Il y a des journées boursières qui ne restent pas dans les mémoires et ce mercredi 16 octobre fait clairement partie des journées qui ne servent à rien et qui devraient carrément être considérées comme un jour férié. Les indices mondiaux n’ont strictement rien fait. Autant la veille nous étions tout excités par les dernières publications des chiffres trimestriels autant ce mercredi n’aura servi à rien.

Alors oui, on peut quand même retenir deux ou trois choses, il y a bien eu des chiffres qui ont été publiés avant et après la séance, mais ça ne va pas nous changer la vie. Sauf si vous aviez du Cronos en position, puisqu’après l’annonce de ses chiffres trimestriels, la société active dans le cannabis a pris 33%, mais bon, c’était après la clôture, alors ça n’a rien changé à l’inutilité de cette séance.

L’incertitude toujours, mais en n’en parlant pas trop fort

On se pose toujours bien des questions sur le Trade Deal ou le BREXIT, mais comme ni dans un cas, ni dans l’autre, il ne s’est rien passé et on n’a pas bougé d’un iota et qu’il n’y a pas eu un tweet de plus, il n’y avait vraiment pas de raison de se prendre la tête avec ça, ni de perdre du temps sur le sujet. Le doute est toujours là, mais on va garder ça dans un coin pour se le ressortir un de ces jours.

Il y a aussi eu des publications trimestrielles, IBM a déçu, un peu comme à chaque trimestre. Tous les trois mois on se dit que le géant bleu va enfin tourner la page et passer à autre chose, mais à chaque fois ils se plantent et on est déçu. En même temps, plus personne ne sait très bien ce qu’ils font étant donné qu’ils ont vendu à peu près tout ce qu’ils avaient en portefeuille.

Alcoa a également publié des chiffres satisfaisants emmenés par la demande en aluminium, mais le géant américain s’est également montré très dubitatif sur l’avenir, la demande manufacturière est en berne et ça risque rigoler un peu moins dans le futur. Le titre rebondissait de 2% after close, les chiffres fondamentaux étant tout de même en dessus des attentes des stars de la finance.

NetFlix a annoncé un rebond de son nombre d’abonnés – le chiffres est en-dessous des attentes des analystes – comme c’est quand même moins pire que ce que l’on craignait, c’est bien… , les chiffres étaient meilleurs que les attentes et ils ont déclaré que la concurrence d’Apple et des autres services de streaming allait leur faire du mal. Comme on n’est pas trop con et que cela semblait quand même une évidence, les intervenants se sont concentrés sur les bonnes nouvelles. Hier soir after close le titre était en hausse de 10%. Mais tout cela reste une question d’interprétation.

Le petit livre Beige

Vu qu’il n’y avait pas grand-chose à dire, mis à part le fait que Trump s’est lancé dans une manière personnel de relire l’histoire mondiale et qu’il ne se passe pas un jour sans qu’il sorte une connerie plus grosse que lui sur Twitter, il ne restait plus qu’à se « montrer intéressé » au sujet de l’économie. Sur ce point-là, ça tombait bien, puisqu’il y avait la publication du Beige Book aux USA. La Fed a donc annoncé que l’économie était en croissance, mais à la vitesse d’un escargot au galop – soit de façon très modeste.

Je n’ai pas l’impression que la nouvelle ait changé quoi que ce soit à la perception du marché par les investisseurs. Très rapidement, nous avons compris que la journée allait être très pénible. En Europe les traders avaient les yeux fixés sur leurs écrans, guettant le moindre signe d’avancée au sujet du BREXIT. Le suspense est en train de devenir insoutenable, d’un côté on a l’impression que nous sommes à « ça » de trouver une solution et d’en finir une fois pour toutes et de l’autre, on a le sentiment que ça peut capoter et repousser un deal autour de 2025 juste après que l’on ait remarché sur la lune.

Asie, or et pétrole ; un grand vide intersidéral

Du côté de l’Asie, il ne se passe rien, nous sommes dans un grand vide où plus rien ne se passe, tout le monde regarde les USA et son Trade Deal ou l’Europe et son BREXIT, mais en attendant on est à peu près aussi dynamique et mobile que la statue du Général Dufour, un jour de semaine où la ville de Genève a décidé de bloquer la circulation parce qu’il n’y a pas meilleur moyen que de repeindre les lignes de circulation à 7h30, un jour de semaine.

On ne le dit pas assez souvent, mais il y a des champions du monde de la connerie à des niveaux que l’on ne peut pas imaginer. Mais là n’est pas le sujet. Ce matin l’Asie ne fait rien, l’or est à 1492$, comme hier et comme avant-hier et le pétrole se redégonfle sur ses niveaux d’achat à 52.50$.

Les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on notera que le FMI est de sortie. Le FMI c’est une peu comme la « World Bank », on ne sait pas trop à quoi ils servent dans le microcosme de la finance mondiale, mais quand ils décident de sortir un rapport ou d’ouvrir leur gueule pour dire un truc, tout le monde s’arrête de bouger pour les écouter. On les écoute. On réfléchit à ce qu’ils ont dit. Puis on se rend compte qu’ils ne servent à rien et qu’en général ils disent ce que l’on sait déjà. Alors on oublie et on retourne vaquer à nos occupations. Hier le FMI a dit que « les marchés boursiers sont surévalués ». On est impatient de lire leur prochain rapport qui nous annoncera confidentiellement que ça fait trop longtemps que les taux sont négatifs dans certains pays et que c’est pas bon.

Dans le reste, il y a une délégation US qui part en Turquie pour essayer de calmer le petit-fils d’Hitler et pendant ce temps-là, Trump parade sur Twitter pour estimer que SA décision de retirer ses troupes de Syrie était « stratégiquement brillant ». On se demande bien ce que les civils qui se sont pris des volées de missiles dès le retrait de troupes peuvent bien penser de la « brillante stratégie » de l’autre clown qui ne semble ne plus être capable de s’arrêter de dire des conneries, à ce stade d’égo surdimensionné, je crois que l’on bat de records.

Et puis, dans les petites nouvelles qui font rêver, Satya Nadella , le CEO de Microsoft a été augmenté de 66%. Il va donc toucher 43 millions. C’est bien. C’est moins bien que ce qu’il a touché en 2014, mais c’est bien quand même. Microsoft est redevenue la plus grosse capitalisation mondiale sous la houlette de son CEO qui a fait virtuellement tout juste depuis qu’il est là.

Chiffres du jour

Côté chiffres économiques, nous aurons les Retail Sales en Angleterre, puis aux USA ça sera Jobless Claims, Philly Fed, permis de construire, production industrielle et les inventaires pétroliers.

Nous continuons également la publication des chiffres du trimestre – et ça n’est que le début – il y aura Accor, Faurecia, Morgan Stanley, Nestlé, Pernod Ricard, Phillip Morris, Snap, Unilever et WD-40. En gros, la bouffe industrielle, l’alcool et les clopes. Belle journée saine et diététique.

Pour le moment les futures ne font rien, comme le reste et on en arrive presque à espérer qu’il se passe quelque chose, même quelque chose de mal, juste pour que ça bouge, histoire de ne pas s’endormir sur le clavier et se retrouver avec ERTZUIOPSDFGHJKLXCVBNM imprimé sur le front en sortant du bureau ce soir. Ou bien vous pouvez lire ce qui suit pour vous occuper. Parce que justement aujourd’hui, les économistes de Oddo vous proposent leurs réflexions sur la politique de la BCE durant ces dernières années. C’est presque « tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la BCE sans jamais oser le demander » dont nous publions la première partie ce jour et la seconde demain. A lire absolument pour être incollable au prochain quizz politique monétaire, mais avec un tube d’aspirines à portée de main.

Bref, passez une belle journée et comme je le disais dans le titre : À DEMAIN.

Thomas Veillet

Investir.ch

« I thought I was in a bad mood but it’s been a few years so I guess this is who I am now. »

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