Ce mardi était la première journée de la semaine aux USA et on a commencé la semaine en jouant à se faire peur puisque pour la première fois depuis des mois on a vendu le marché parce que l’on a eu la trouille d’une pandémie. Hier les autorités américaines ont annoncé qu’ils ont découvert leur premier cas de « coronavirus » - le truc qui a tué 6 personnes sur 300 infectés en Chine – le cas découvert aux USA est un type qui revenait d’un voyage en Chine. Ceux qui ont pris l’avion avec lui ont dû passer une « sacrée soirée », comme disait Jean-Pierre Foucault.

L’Audio du 22 janvier 2020

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Vendez ! Et achetez des médicaments !

Après une nouvelle pareille, pas besoin de vous faire un dessin, le marché a terminé en baisse. Bon, quand on regarde la performance du jour, on n’a pas non-plus l’impression que l’on a peur d’entrer dans une période type « Walking Dead », mais au moins ça nous donnait une raison de vendre les compagnies aériennes, les agences de voyages et ceux qui fabriquent des avions. Même si Boeing avait déjà largement anticipé la baisse pour d’autres raisons.

Et puis pour être honnête, ça nous donnait une bonne occasion de faire quelque chose en bourse sans parler de Trade Deal ou d’économie fondamentale, même si le FMI n’a pas trouvé autre chose à faire que de baisser ses perspectives de croissance mondiale à 3.3% contre 3.4% précédemment. Non, le thème d’hier était principalement la pandémie mondiale, même si en fin de séance on était plus préoccupé par les bons chiffres de NetFlix et d’IBM qui surprenaient un peu tout le monde dans le bon sens.

Tout s’oublie

En tous les cas, si l’on aime bien jouer à se faire peur, nous avons pu constater hier soir tard que l’on a peur de mourir, mais qu’en même temps, si on doit mourir on préfère quand même avoir du NetFlix en portefeuille, voir même de l’IBM puisque les deux titres prenaient plus de 3% after close et emmenaient les futures sur le S&P500 a la hausse, effaçant techniquement la baisse de la séance de ce mardi maudit.

Globalement, on préfère quand même être investit en actions mais malade, plutôt qu’être malade sans posséder d’action, parce que mourir d’un coronavirus, mais en plus être pauvre serait vraiment très très moche. À noter qu’hier durant la séance on n’a même pas eu assez peur pour acheter de l’or, puisque le métal jaune terminait tout de même la séance en baisse, il faut dire que dans le cas présent «avoir de l’or pour se protéger » d’une crise sanitaire mondiale n’est pas le premier truc qui nous est venu à l’esprit. Non, hier on voulait plutôt des masques en tissus, ou ne plus sortir de chez soi. Le métal jaune terminait en baisse à 1550$, quant au pétrole, il est à nouveau de retour sur les 58.25$.

L’Asie a préfère NetFlix et IBM que les antibiotiques

Ce matin les marchés asiatiques reflétaient plutôt l’after close américain que la journée toussotante que l’on a vécu hier. Le Japon monte de 0.7%, tout comme Hong Kong. Par contre la Chine recule de 0.25% – on dira que c’est à cause du virus, cela contribuera à booster encore un peu la théorie de la peur d’une pandémie et ça me fera deux lignes de plus dans ma courte chronique matinale.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour on parle un peu du procès Trump – pour ceux que ça intéresse. Par contre le marché à l’air de s’en tamponner comme de sa première chemise. Les médias se concentrent plus sur les déclarations du Président américain depuis Davos – déclarations qui n’ont rien à voir avec la destitution, mais plutôt par rapport au fait que le leader maximo américain encourage le monde entier à ne pas trop se prendre la tête avec les prophètes qui annoncent la fin du monde via le réchauffement climatique. Lui est venu en avion et ça ne lui a posé plus de problème que cela. Son discours était clairement orienté contre la demoiselle avec des couettes et de l’acné juvénile.

Ailleurs dans les nouvelles on parle aussi des annonces pourries qu’a fait l’UBS hier. La première banque de Suisse semble avoir bien d’autres problèmes que le fait de virer des fans de la jeune suédoise de ses agences, puisque la banque au logo rouge et noir semble se débattre dans une ambiance de fin du monde qui n’a rien à voir un virus chinois. Le titre se faisait démonter hier en bourse suisse et la pression monte sur Ermotti selon le FT de ce matin. Ceci mis à part sur CNBC on parle de la pandémie un peu partout en première page et le Barron’s fait sa première page de Boeing qui s’est encore fait déglinguer hier à cause du virus chinois ET aussi parce que le 737 MAX semble à peu près aussi proche de voler de ses propres ailes qu’une enclume toute rouillée qui aurait été trouvée au fond d’une grange abandonnée.

Chiffres à venir

Dans les chiffres économiques qui arrivent, nous n’aurons strictement rien de ce côté-ci, un peu comme si l’on avait simplement décidé de se concentrer sur le World Economic Forum et sur ses jolies histoires d’espionnage digne des meilleurs James Bond – sauf que ça sera sans l’Aston Martin parce qu’elle ne tient pas bien sur la neige. En revanche, au vu des chiffres de NetFlix et d’IBM hier on risque bien de se concentrer sur les chiffres des premiers semi-conducteurs puisqu’il y aura les chiffres d’ASML en Europe ce matin et ceux de Texas Instrument en fin de journée. Pour le moment les futures sont donc largement en hausse de 0.5% et on prie pour que les chiffres trimestriels restent dans la tendance de ceux d’IBM ou de NetFlix, ce qui devrait du même coup permettre d’oublier que l’on pourrait tous mourir d’un virus importé de Chine sans la moindre taxe douanière dessus.

Passez une excellente journée et une très belle fin de semaine, en ce qui me concerne, on se retrouve mardi prochain si je n’ai pas pris trop de coups de soleil.

Thomas Veillet

Investir.ch

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Winston Churchill