En regardant la journée d’hier, les marchés qui vont dans tous les sens, le flux de nouvelles qui ne s’améliore pas du côté de l’Heinekenvirus (faut bien varier la pub) et les sociétés qui annoncent de plus en plus que s’ils ont des chiffres pourris depuis 18 mois et pour les 3 prochaines années, c’est à cause du virus chinois. On peut réellement se demander si les bourses mondiales n’ont pas pris leurs quartiers dans un hôpital psychiatrique et que l’abus de médicaments psychotropes et antidépresseurs les fait perdre la tête.

L’Audio du 31 janvier 2020

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Prenons par le menu (du resto chinois)

Hier matin nous avons donc largement commencé la séance en Europe en étant sous pression à cause du Coronavirus. Le nombre de morts augmente – ce matin nous sommes d’ailleurs passé au-delà des 200, selon le site spécialisé dans la virologie et l’épidémiologie, CNBC. Le nombre de personnes atteintes est de plus de 8’000, en France on est à 6 personnes contaminées – 6 ! C’est un poil plus que le nombre de Ministres français qui n’ont pas de casseroles – et puis aux USA, on a identifié le premier cas de contagion entre deux personnes AUX USA. Même là, les Américains ont réussi à importer la technologie chinoise.

Pour en rajouter une couche, l’OMS a déclaré, en fin de journée, que l’épidémie de coronavirus était officiellement devenue une urgence mondiale. Jusque-là, il n’y a vraiment rien de très sexy et ça donnait plutôt envie de boire de l’alcool en grande quantité et de devenir Vegan pour éviter de choper des merdes en mangeant des animaux bizarres. Notez bien, je me suis fait la réflexion pas plus tard qu’il y a deux jours :  il y a quand même un mec quelque part, un jour qui s’est dit ; « tiens si je ramassais ce truc baveux qui rampe par terre, que je le mets dans du sel pour qu’il sorte de sa coquille et qu’il dégorge, puis que je le mette dans un beurre persillé, ça doit être pas mal !!! ». Du coup, de ce point de vue-là, la chauvesouris peut paraître appétissante.

L’OMS comme la Banque Mondiale ou le FMI

Le truc avec l’OMS, c’est qu’on ne sait pas trop à quoi ils servent et à quel moment ils prennent des décisions pareilles, est-ce que c’est basé sur des chiffres ou est-ce que c’est globalement politique. Parfois, de loin, ils me font penser au FMI ou à la Banque Mondiale. Ils sont planqués au siège à Genève – et ils arrivent après la pluie pour dire « oui ça serait bien qu’on bosse ensemble pour que ça n’aille pas plus loin ». Sans blague ? C’est vrai qu’il aurait été étonnant de les voir débarquer en disant : « notre prochaine course d’école, on la fait à Whuan, le prix des hôtels est en baisse sur Booking.com ».

Bref, pour faire simple, hier matin l’Europe s’est réveillée en mode « Oh My God, on va vraiment tous y passer » – déclarant officiellement la chasse au chinois avec un masque de protection, ouverte. En observant les futures américains, ils se sont dit : VENDONS. Et ils ont vendu. La plupart des indices terminent en baisse d’un gros pourcent, mais pas au plus bas de la journée. Il faut dire qu’en cours de route – comme le mentionnent certains rapports boursiers ce matin – la peur du coronavirus s’est calmée après que les USA aient annoncée qu’ils allaient aider les Chinois à contenir le virus. À partir de là, tout est remonté, les Européens finissaient moins mal et les Américains, qui avaient plus de temps devant eux terminaient même en hausse au milieu des appels « à ne PAS acheter sur faiblesse » provenant de certains gourous qui entraient dans une peur panique que nous puissions déjà sortir de cette dépression bienvenue et de bonne augure pour le BEAR market qu’ils prédisent à grand coup de haussements d’épaules et de regards déprimés – le tout depuis près de 9 ans pour certains.

La valse des hésitations

En résumé, les places de bourses restent tendues tant que CNBC ne passe pas à autre chose. Pour l’instant la chaine américaine se rapproche plus du tabloïd qui cherche à acheter des photos sensationnelles que de la chaine d’info financière. D’ailleurs si vous avez des vidéos d’un jeune chinois ou d’un vieux chinois qui s’évanouit dans la rue avec une bouteille en plastique de 6 litres sur la tête, ils sont preneurs de ces images. Un peu comme BMF-TV pendant la crise des gilets jaunes, les grèves, la crise des gilets jaunes, les grèves et la crise des gilets jaunes.

Si l’on regarde les mouvements d’hier, ça ne donne pas l’impression que l’on sait vraiment où l’on va et où l’on a vraiment envie d’aller. Quand j’étais petit… Je veux dire ENCORE plus petit qu’aujourd’hui… j’allais chez mon grand-père pour passer mes jours de congés et il m’emmenait décapiter un poulet de temps en temps pour le déjeuner. Je ne sais pas si vous avez déjà vu courir un poulet qui vient d’être décapité, c’est un mélange entre la fin d’une émission de Benny Hill et un labrador qui SAIT qu’il y a une croquette qui vient de tomber par terre. En gros ça va dans tous les sens et ça s’écroule à la fin. Un peu comme les bourses en ce moment, sauf que – pour l’instant – elles ne s’écroulent pas  – mais on n’est peut-être pas à la fin.

Les chiffres d’hier

En dehors de la valse des indices, il s’est passé deux choses hier. Coca-Cola a publié des chiffres meilleurs que les attentes et terminait en hausse de près de 3% – pas mal pour un titre que tout le monde considère comme étant très chiant, pendant que d’autres cherchent dans les livres d’histoire pour savoir quand est-ce qu’ils se sont séparés de Pepsi. Et puis, l’autre nouvelle de la journée, c’est AMAZON.

Alors Amazon, qui a publié ses chiffres hier soir après la clôture, n’a pas dépassé les attentes des analystes, NON ! Ils ont P-U-L-V-É-R-I-S-É les attentes des analystes. Pulvérisé à un tel point que l’on peut clairement se demander si ce métier sert vraiment encore à quelque chose et s’ils ne seraient pas plus utiles en première ligne à Wuhan pour distribuer des combinaisons et des masques de protection. Alors oui, pour leur défense, lors du derniers trimestre Amazon avait dit que le Q4 2019 ne serait pas simple. Pas simple d’accord, mais quand même. Globalement les clo…euh, les analystes de Wall Street attendaient un gain de 4.04$ par action et la boîte à Bezos a annoncé … roulement de tambour, lumières qui clignotent et fumigènes sur la scène :

6.47$ par action

Je ne suis pas super balaise en maths, ni en domptage de calculatrice, mais sauf erreur ça fait quand même près de 60% de plus. À ce stade-là c’est un peu comme si Messi tirait systématiquement 60 mètres AU-DESSUS des goals et s’étonnait de jouer encore en 4ème division polonaise.

Compte tenu du fait que tout le monde s’est planté en beauté sur les chiffres d’Amazon, on peut en tirer deux choses :

  • La première c’est de se demander s’ils ont joué ça aux fléchettes ou si, au contraire on a éventré un agneau et on a essayé de lire dedans les prochains trimestriels du vendeur de livres on-line.
  • La seconde c’est de savoir si ça vaut vraiment la peine qu’ils viennent nous faire des projections pour le prochain trimestre. Je pense qu’ils optimaliseraient bien mieux leur temps en essayant de trouver une méthode pour gagner à l’Euro-Millions systématiquement, toutes les semaines, une méthode à base de sang de coq et de cartilage de grenouilles.

En gros, Amazon a roulé tout le monde dans la farine, pulvérisé les attentes et hier soir le titre prenait 10% et, si tout va bien ce soir Amazon rejoindra Apple, Google, Microsoft et Saudi Aramco dans les capitalisations boursières de plus de 1000 milliards. Bien qu’Aramco n’ait aucun mérite.

La valse des hésitations

Quoi qu’il en soit, nous sommes dans une espèce de grande roue de la fortune et on sent bien que le marché est capable d’aller dans les deux sens. Et non seulement dans les deux sens, mais surtout à une vitesse comparable à la hausse et à la baisse. Si vous me dites que dans 3 semaines les bourses mondiales auront bougé de 10%, je suis très enclin à vous croire, restera à déterminer la direction et pour ça, rien de tel que la bonne vieille méthode du « face je gagne et pile tu perds ».

Le meilleur moyen de se faire une idée de l’état d’incertitude du monde merveilleux de la finance, c’est de regarder le comportement de l’or et du pétrole. Pour ne pas vous gaver trop longtemps, il faut tout de même reprendre les bases : si l’économie ralenti et que les gens meurent par milliers à cause d’un virus induit par une consommation excessive de bière corona, le pétrole va baisser et comme ça va très mal, l’humain NON-CONTAMINÉ aura tendance à vouloir se rassurer. Quand on veut se rassurer étant enfant, on avait une peluche, un lapin, un linge de cuisine ou le string d’une stripteaseuse, c’est selon. Mais en vieillissant et en devenant investisseur ou pire, pro de la finance, pour se rassurer on achète de l’or.

Or jaune ou or noir ?

Donc : ça va mal, on achète de l’or et on vend le pétrole. Et si ça va bien, on fait l’inverse. Si vous accélérez les choses et que vous saupoudrez le tout avec des mauvaises nouvelles comme le Coronavirus ou le fait que François Hollande veuille revenir à la politique, vous pourrez observer que les mouvements de l’or et du pétrole ne font plus aucun sens et ont leur propre vie. Un peu comme les poulets sans tête. Comme les poulets sans tête, ça ne dure jamais longtemps, mais ça arrive. Là tout de suite, les deux compères ne savent plus quoi penser et le monde de l’investissement n’arrive plus à penser tout court. Ce matin l’or est à 1571$ et le pétrole vaut 53.28$. Avant de prendre une claire direction on attend de voir. On ne sait pas trop ce qu’on attend comme signal, mais quand on le verra, on le saura. C’est ça le monde des pros de la finance.

Pendant ce temps, ce matin l’Asie hésite. D’un côté on sait que le virus continue son job et que les chauve-souris ricanent dans leur coin en attendant la prise de pouvoir final. Et de l’autre les Américains sont d’accord pour aider la Chine à contenir l’épidémie. Au vu du Président US, ça peut vouloir dire à peu près tout et n’importe quoi. Allant de la livraison de matériel médical en passant des passages à basse altitude d’une escadrille de 250 B-52 Stratofortress au-dessus de Whuan, histoire de liquider les stocks de napalm qui datent encore du Viêt-Nam avant que la date de péremption soit atteinte. À partir de là et fort de cette constatation, l’investisseur asiatique hésite. Il hésite comme pour monter dans un bus pour aller au boulot. Non, parce que de nos jours, si vous êtes asiatique – pas forcément chinois, juste asiatique et que vous prenez les transports publics, si vous cherchez une place assisse, il parait qu’il suffit de tousser un peu fort. Pour le moment la Chine est toujours en congé, le Japon est en hausse de 1.2% et Hong Kong va un peu dans tous les sens, mais pour le moment ils montent de 0.2%.

News du jour

Pour ce qui est des nouvelles du jour, je vous ai à peu près déjà tout dit, mais on notera encore que tout le monde parle du virus, que les USA recommandent à leurs citoyens de NE PAS VOYAGER en Chine au cas où un débile se disait : « Tiens pour mes prochaines vacances, j’hésitais entre la Chine, la Corée du Nord et la Syrie. Quelqu’un a des bons plans à proposer sur Trip Advisor ??? ». Autrement on parle un peu du BREXIT mais très faiblement. C’est assez déprimant, ça fait au moins trois ans qu’on nous les brise menues à ce sujet et au moment où ça doit se finaliser : PAF, un VIRUS asiatique qui monopolise l’attention.

Et puis, le CEO d’IBM s’en va. Le fabricant du Hummer revient avec un Hummer électrique – sur ce coup-là, j’envisage sérieusement d’acquérir un bateau qui tourne au gros diesel juste pour faire criser Greta. Il y aussi Ray Dalio qui annonce la stratégie de son fonds pour lutter contre le virus – il semblerait que selon lui, le meilleur moyen c’est de diversifier sur différentes classes d’actifs, de régions et de monnaies. En gros il vient d’inventer la stratégie du « ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier », je l’avais apprise en 1987 quand j’ai commencé mon apprentissage dans une banque suisse qui s’appelait Union de Banques Suisses, mais qui n’existe plus aujourd’hui. Comme quoi, les Hedge Funds savent se réinventer. Dalio a aussi dit qu’il pouvait se passer n’importe quoi, n’importe où et n’importe quand. Et moi je pense que quand tu ne sais plus quoi dire au point de dire n’importe quoi, peut-être que l’alternative de fermer sa gueule ne serait pas mal.

Publications du jour

Côté chiffres économiques, il y aura du monde aujourd’hui, on commencera avec le GDP français, puis les retail sales en Suisse et en Allemagne. Il y aura ensuite les CPI’s en France, en Espagne et en Europe. L’Europe qui publiera aussi son GDP consolidé dans la foulée, juste avant de laisser la place aux chiffres de la production pétrolière des membres de l’OPEP. Ensuite on attaquera le Chicago PMI et les chiffres de la confiance version Michigan.

Pour ce qui est des publications trimestrielles, nous aurons Exxon, Chevron et Phillips 66, sans oublier Caterpillar. C’est une petite journée concernant les chiffres du trimestre, surtout parce que c’est vendredi et que les milliardaires de la Côte Ouest partent tôt en week-end.

Voilà, je voudrais encore vous dire que nous avons « upgradé » nos serveurs et que le site devrait être à nouveau fonctionnel normalement. Le trafic a donc explosé ces derniers jours et on va dire : pourvu que ça dure. En ce qui me concerne, je vais faire mon cocorico personnel, sans doute parce que je suis égoïste, égocentrique et manipulateur, mais sachez qu’après 13 ans 51 semaines et 2 jours de chroniques boursières, d’abord Morningbull, puis Investir.ch – Après environ 5000 chroniques et divers articles rédigés, sur la finance  et aussi (plus récemment) sur les voitures … La Chronique de lundi, intitulée « on-va-tous-mourir-oui-mais-avant-on-va-tout-vendre » a atteint les 100’000 visiteurs uniques…

Alors peut-être que je dois remercier le CoronaVirus, mais suis quand même un tout petit peu fier et content de moi.

Y a des petits bonheurs comme ça que l’on peut savourer de temps en temps, comme celui d’être en week-end. Week-end que je vous souhaite excellent d’ailleurs ! On se retrouve lundi en pleine forme !

Thomas Veillet

Investir.ch

« Quand vous voyez un flic dans la rue, c’est qu’y a pas de danger. S’il y avait du danger, le flic serait pas là. »

Coluche