Alors que vendredi dernier on prenait les profits au plus haut de tous les temps, voici que l’on commence la semaine avec l’excitation d’arriver enfin au bout de quelque chose. Ne nous le cachons pas, ça fait des mois que l’on nous gave nos journées avec des histoires autour du Trade Deal, mais cette fois les Chinois arrivent à Washington et on devrait enfin avoir du concret. Du concret sous la forme d’un stylo, d’un contrat écrit et de plusieurs signatures en bas de la page.

L’Audio du 13 janvier 2020

Télécharger le podcast (.mp3)

Première étape

C’est la première étape et dès cette semaine on va pouvoir commencer à brasser de l’air sur la deuxième étape, sachant que Trump a déjà déclaré qu’il n’était pas pressé de conclure et qu’il pouvait attendre jusqu’à sa réélection pour conclure la troisième partie. Sous-entendant que si on ne le réélit pas ou si on le vire avant – comme les Démocrates laissent entendre, il n’y aura probablement pas ou plus de deal. Est-ce que cela remettrait en cause les parties déjà signées ? ça on n’en sait rien et pour être très franc, on n’a vraiment pas envie de savoir.

Après la hausse quasi-verticale de certains titres ces derniers temps, on croule sous les avertissements à la fin du monde – ou, si ce n’est pas la fin du monde, ça sera plutôt une correction majeure. L’angoisse est donc toujours palpable, comme tous les lundis matin, mais pour le moment, celui qui nous attend devrait être sous le signe de l’optimisme. De l’optimisme de voir ENFIN une signature en bas de ce papier.

Mais pas que…

Au-delà de « l’affaire Trade Deal » que l’on a ressorti des cartons après que les USA et l’Iran nous aient distraits pendant les premiers jours de l’année, on va aussi revenir aux choses sérieuses économiquement parlant. Vendredi dernier nous avons eu les chiffres de l’emploi US qui étaient légèrement en-dessous des attentes des « experts ». Le consensus était de 160’000 et c’est 145’000 qui ont été annoncé – le tout accompagné d’une modification des chiffres canons de novembre, puisqu’à la place de 260’000, on passe à 256’000 créations d’emplois. Pas de quoi faire apparaître Powell sur CNBC comme par magie, mais disons que ça nous donne au moins un sujet « économique » et pas géopolitique à aborder.

Dans la foulé des Non Farm Payrolls, cette semaine nous aurons une partie des membres de la FED qui vont se pointer aux 4 coins du monde pour donner leur avis sur la suite des évènements et des actions (ou pas) à venir à la FED. Vu les dernières données économiques que l’on a sous la main, il ne devrait rien se passer et la position « urgent d’attendre » devrait rester la même. Nous ne sommes cependant pas à l’abri d’un urgent besoin de notoriété de la part d’un des sbires de Powell qui pourrait changer la donne.

La saison des résultats, le retour

Chaque début d’année correspond également à la fin d’un trimestre. C’est comme ça et c’est une évidente statistique que l’on ne peut point modifier. Donc cette semaine, maintenant que tout le monde est revenu au bureau et descendu de la montagne. Et surtout que l’on va enfin pouvoir faire un break sur les photos de ski du week-end postées un peu partout sur les réseaux sociaux. Oui, il y a de la neige et du soleil, mais là on repart au boulot.

Dès la fin de la semaine ça sera les banques qui vont ouvrir le feu avec leurs chiffres du Q4 2019. Le Barrons se demande justement si les banques ne restent pas « mal aimées » depuis 2010 et depuis que les compliances officers ont pris le pouvoir, et s’il n’était pas temps d’y revenir. Une chose est certaine, les chiffres publiés pendant la semaine par JP Morgan, Citigroup ou encore Goldman Sachs ne devraient pas être ceux que l’on attend, puisqu’historiquement, les analystes sont systématiquement faux sur les prévisions bancaires (un excès de transparence comptable sans doute). À partir de là, rester à voir ce que l’on dit EN PLUS des chiffres et si, finalement, il y a encore de l’espoir. Sachant qu’il y a de plus en plus de coût dans le système bancaire. À commencer par les engagements de détectives privés pour certains qui deviennent un poste important au bilan.

On ne veut plus d’or ni de pétrole

Avec la fin de la guerre qui n’a jamais eu lieu en Iran – et c’est là qu’on voit que l’humain est devenu vachement fort, il arrive à créer des guerres virtuelles qui n’existent pas et qui sont pliées en trois coups de tweets et de déclarations fracassantes. Mais comme nous sommes à nouveau dans une période de paix et de calme au Moyen Orient (ce qui devrait durer au moins 48h), les intervenants ne veulent plus d’or en guise de valeur refuge, ni de pétrole en guise de tracker de volatilité de la région.

Les deux compères sont donc de retour dans l’anonymat le plus complet. L’or semble néanmoins ne pas encore avoir rendu toutes les armes et vu qu’on nous annonce à une catastrophe à peu près deux fois par semaine en ce moment, il devrait avoir encore l’occasion de faire parler de lui. Le pétrole devra attendre un retour des tensions ou que les Saoudiens aient besoin de se faire reluire pour une quelconque raison commerciale. L’or est à 1557$ et le baril se traite à 59.70$.

En Asie

Ce matin l’Asie commence la semaine en hausse, tout comme les futures. Il ne faut pas chercher la raison bien loin : c’est le Trade Deal qui pèse à la hausse. La hausse en question reste tout de même bien timorée, puisque le Nikkei est en hausse de 0.45%, le Hang Seng de près de 0.9% et la Chine ne fait strictement rien. Un peu comme s’ils attendaient avant d’y croire vraiment.

Nouvelles du jour

Pour parler d’autre chose, Ford vient d’annoncer que leurs ventes de voitures en Chine sont en chute libre. En 2019, ils ont vendu près de la moitié moins de voitures par rapport au firmament de 2016. Les 500’000 voitures et des poussières qui sont sorties des concessions en 2019, représentent une chute de 26.1% par rapport à 2018. Saudi Aramco rajoute 3.8 milliards à son IPO, il n’y a pas de petites profits et le Secrétaire du Trésor Américain a déclaré que les « problèmes » de Boeing vont probablement avoir un impact sur la croissance du pays.

Autrement on nous parle encore de split entre Nissan et Renault. Ça permet surtout à Nissan que l’on parle d’autre chose que de leur ancien CEO en fuite. Et puis l’Angleterre est paralysée par l’affaire Harry qui tient en haleine à peu près tout le monde et je crois que même si Carney annonçait qu’il baissait les taux de 3%, personne n’y prêterait attention.

Mais encore

Et puis même si l’on pense que l’affaire iranienne est terminée ; pas vraiment. Maintenant que l’Iran a admis avoir descendu le Boeing ukrainien, les Iraniens sont dans la rue et Trump a déjà annoncé « qu’il était avec eux ». Surtout que les protestataires demandent le départ du gouvernement, ce qui remplirait Trump de joie. Mais comme les USA jouent sur tous les plans, ils ont également annoncé qu’ils voulaient reprendre les négociations avec la Corée. Une chose est sûre, Trump va tout faire pour que les marchés montent et se sentent en confiance, du coup quand les Démocrates vont essayer de le déboulonner – ils se tireront inévitablement une balle dans le pied et n’auront pas une chance de revoir la Maison Blanche de l’intérieur de sitôt.

Il faut aussi signaler l’intervention d’une analyste sur CNBC qui a déclaré que la pire des choses que pourrait faire un investisseur actuellement ; c’est vendre. Il faut résister à l’envie de prendre les profits parce que le marché n’a pas encore atteint son pic ultime. Je le dis parce que d’habitude CNBC fait plutôt venir des gens qui annoncent la fin du monde sur leurs plateaux et qui vous expliquent par A+B que vous êtes un idiot de conserver des actions, parce que EUX, ils savent. On notera aussi un article très intéressant qui est également sur CNBC.com qui explique qu’actuellement les « gens qui savent » achètent massivement des puts « out of the money » et des calls « out of the money ». Pour parler français, ça veut dire qu’ils n’ont aucune idée de la direction dans laquelle va aller le marché, mais que ça va exploser violemment dans un sens ou dans l’autre. Un gros mouvement est pressenti dans le milieu des professionnels. Reste ensuite à appliquer la bonne vieille stratégie du pile ou face qui pourrait aider à trouver la direction.

Chiffres à venir

Côté chiffres économiques, vu que nous sommes lundi, ça va rester très calme. C’est surtout en Angleterre que ça se passera, puisque nous aurons le GDP et le Trade Balance, mais comme je l’ai dit plus haut, avec l’affaire Harry, ce n’est pas certain que l’on puisse en tirer quoi que ce soit. Les Chinois annonceront également leur Trade Balance la nuit prochaine. En attendant on va tabler sur des news au niveau du Trade Deal, news qui pourrait générer un peu d’excitation dans un sens ou dans l’autre.

Pour ce qui est des trimestriels, nous sommes encore un peu tôt dans la semaine, je vous tiendrais au courant le moment venu. En attendant, je vous souhaite un très bon début de semaine et je vous retrouve demain à la même heure et au même endroit.

Thomas Veillet

Investir.ch

“The object of war is not to die for your country but to make the other bastard die for his.”

 

George S. Patton