Petite journée boursière en ce jeudi 6 février. Les marchés se sont placidement contentés de battre des records d’altitude sans se poser d’autres questions. C’est surtout le fait que les traders étaient contents de voir la Chine offrir de meilleurs tarifs douaniers aux Américains qui faisait monter le marché. Personne ne semblait trop inquiet pour se dire que peut-être les Chinois ne pourraient bientôt plus rien importer à force d’être confinés chez eux pour enrayer l’épidémie.

L’Audio du 7 février 2020

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Nouveaux records

Quoi qu’il en soit, les indices américains terminaient au plus haut de tous les temps et même si l’engouement n’était pas le mot que l’on utiliserait le plus pour décrire la journée d’hier, le job était fait. Pas mal d’intervenants semblaient vouloir « attendre vendredi » avant de faire quoi que ce soit, comme si les chiffres de l’emploi US allaient tout changer. En effet, cette après-midi, le gouvernement américain devrait annoncer la création de 160’000 jobs pour que tout le monde soit rassuré et que l’on ait encore envie d’acheter.

Pour le reste, on dirait que nous sommes un peu au milieu de nulle part. Même si l’on continue de vivre au rythme du « bilan chinois » qui ne cesse de s’aggraver tous les jours et qu’il n’y a toujours pas d’amélioration, de ralentissement (ni d’accélération d’ailleurs), les indices battent des records en attendant que l’on trouve un vaccin et en priant tout de même un peu pour que ça ne parte pas en vrille un peu plus que cela. On continue aussi de vivre au rythme des résultats du trimestre qui continuent à être plutôt bons. On peut même carrément dire que ce Q4 2019 aura été une bonne cuvée et que si le Coronavirus n’avait pas mis un coup de frein à tout ça il y a dix jours, on serait bien plus haut. Hier soir encore, Twitter a pris 15% durant la séance puis a publié des excellents chiffres qui ont poussé le titre encore plus haut after close.

On a aussi beaucoup parlé de Tesla, ça devient même le sujet de conversation préféré du marché ; est-ce trop cher, est-ce que l’on rate un truc qui va être évident dans trois mois, est-ce que l’on va revenir à la réalité le prochain trimestre, suis-je idiot de trouver ça trop cher ? Dois-je vendre les bijoux de ma grand-mère pendant qu’elle est à l’EMS pour quand même acheter un peu de Tesla ? Toutes ces questions restent sans réponses. Le titre a vécu hier sa première journée sans bouger de plus 10% depuis une semaine, mais ça reste quand même vachement haut. Le sujet devrait revenir régulièrement sur le tapis ces prochaines semaines.

La fumette et Amazon

Deux autres nouvelles préoccupent le marché, la déconfiture d’Aurora – société active dans le cannabis qui entame une restructuration massive, remettant la faute sur les réglementations trop compliquées liées au cannabis – justement – la compagnie annonce des licenciements massifs et le CEO s’en va. Le titre terminait en baisse, mais on notera surtout que depuis le mois de novembre – ou le titre se traitait au plus haut de tous les temps, il a perdu 85% de sa valeur. Tiens, on dirait la performance du bitcoin APRÈS l’intervention de Nabilla. Ou la tronche du prix de l’oignon de tulipe APRÈS que les Hollandais se soient rendus compte que ça ne fait « que » des fleurs. On espère simplement que ça ne va pas contaminer Tesla.

Autre sujet qui préoccupe certains investisseurs qui veulent vraiment avoir quelque chose à raconter durant ces longues journées où il ne se passe pas grand-chose ; le fait que Jeff Bezos ait vendu pour 3.5 milliards de ses actions Amazon. En effet, depuis une semaine, l’homme le plus riche du monde vend une partie de ses propres actions et tout le monde en parle. Le total sur une semaine se monte donc à 3.5 milliards. Il n’en faut pas plus pour se dire « qu’il sait quelque chose » et que ça ne sent pas bon. Mais en même temps, en cherchant un peu, on voit que Bezos est en train de chercher une maison à Los Angeles et que vu le « style de logement » qu’il cherche – nous sommes bien loin du trois pièces cuisine à 3’000 balles à Genève, il a donc peut-être besoin d’un peu de liquidité pour aller acheter les meubles chez Ikea. Pour sa défense, on notera qu’il doit encore avoir quelque chose comme 100 milliards en actions, ça devrait suffire pour mettre l’induction dans la cuisine.

L’or et le pétrole en « stand-by »

Du côté des deux matières premières qui nous occupent, il ne se passe rien. L’or stagne et le pétrole tourne en rond. Pour acheter une once il vous en coûtera 1570$ et pour un baril il vous faudra dépenser 51.05$ et vous ne pourrez même pas le mettre dans votre réservoir, parce qu’il n’est pas raffiné.

En Asie ce matin on attend les chiffres du Trade Balance Chinois et comme il n’y a pas besoin d’avoir fait « mécanicien sur fusée » pour imaginer que les chiffres ne seront pas terribles, les intervenants sont un peu en mode « dans le doute abstiens-toi ». Actuellement les trois indices de référence asiatiques sont en baisse de 0.5% en moyenne.

Les nouvelles du jour

Au chapitre des nouvelles du jour, notre ami le virus continue de faire parler de lui. Le médecin qui avait alerté les autorités du risque d’épidémie est mort ce matin. Non sans que le gouvernement lui ait reproché d’avoir parlé au tout début. Il semblerait que l’annonce de son décès passe assez mal en Chine et pendant ce temps, le bilan est de 636 morts en Chine et Trump et Xi se sont parlés au téléphone à ce sujet.

Au-delà de la problématique du virus, on notera que de plus en plus d’usines sont en difficulté parce que l’approvisionnement en provenance de Chine ne suit plus. Ce matin c’est Fiat-Chrylser qui annonce qu’ils pourraient devoir se résoudre à fermer une chaîne de production en Europe par manque de pièces. Bon, en même temps si c’est pour stopper la production de la QUBO ou de la Panda, personne ne se sentira blessé. Du côté du Japon, c’est les mêmes menaces chez Nintendo et Toyota.

On retiendra aussi qu’UBER prenait 5% après avoir promis qu’ils arriveraient bientôt à être profitables. Un jour il va falloir les tenir ces promesses, sinon ça risque de se compliquer. Pour le reste, c’est Coronavirus, les Démocrates qui s’embourbent dans leur caucus en Iowa – ce qui est toujours bien quand on part perdant pour une élection. – et puis CNBC qui ne sait plus parler d’autre chose que d’épidémie, le tout en attendant les chiffres de l’emploi et du Trade Balance en Chine.

Economie du jour, bonjour

Comme nous sommes vendredi, les publications vont se résoudre à pas grand-chose du côté trimestriel. La seule que l’on notera pour la forme, c’est ABBVie. Pour le reste, les futures sont en baisse de 0.15% et Tesla n’est toujours pas à 1’000$.

Pour le reste, je voudrais juste ME SOUHAITER un bon anniversaire. Non, je n’ai pas encore 49 ans. Ça, ça sera pour dans quelques mois, mais par contre cela fait aujourd’hui 14 ans jour pour jour que je me suis posé devant un clavier et que j’ai mis 3 heures à pondre ma première chronique boursière de tous MES TEMPS. En effet, le 7 février 2006 – cela faisait 2 jours que j’étais en train de lire le dernier rapport de Morgan Stanley sur Intel – rapport écrit en Arial 3 sur 17 pages et je venais de me rendre compte qu’en fait je n’en savais pas plus qu’avant et que, surtout, j’étais bien incapable de savoir si je devais acheter ou vendre à la fin de ma lecture.

C’est donc à ce moment-là que je me suis dit qu’il « devait » être possible de parler de finance sans faire comprendre à votre lecteur qu’il est débile s’il ne comprend pas ce que vous écrivez et surtout qu’il devait être possible de rire un peu entre deux publications de résultats et de chiffres économiques. J’ai donc commencé par une demi-page et 6 lecteurs. 6 lecteurs qui n’ont pas eu le choix, puisque je me suis contenté d’envoyer un email à mes 6 collègues les plus proches. Quelle ne fût pas ma surprise lorsque des dizaines de gens se sont inscrits à cette liste de distribution. Quelle ne fût pas non plus la surprise de mon « management » lorsqu’ils se rendirent compte que moi, l’ex-apprenti qui n’était PAS ANALYSTE, se permettait de commenter les marchés boursiers sans avoir un CFA, un CFPI, un Master en pâtisserie ou mieux, un doctorat en aéronautique.

La suite ne fût qu’un enchaînement de surprises incroyables, de la création de mon avatar – le « morningbull » qui est encore gravé sur ma peau – à l’apparition d’Investir.ch – et aux 100’000 lecteurs par jour suite au Coronavirus et au fait que l’on allait tous mourir.

Tout ça pour vous dire que je ne pensais pas une seconde que je serais encore là 14 ans après… à continuer à me lever à 4 plombes du mat pour délirer sur les marchés boursiers qui ne sont pas toujours très délirants mais souvent très chiants. Mais comme vous continuez à être de plus en plus nombreux, qu’en plus maintenant on m’engage même régulièrement pour faire des conférences ET QU’EN PLUS on me paie pour ça… Ben y a pas vraiment de raisons que j’arrête !!! Non et puis en plus j’ai pas du tout envie d’arrêter, alors on va déjà se fixer un objectif à 2026 – là j’aurais 20 ans d’écriture et j’espère que d’ici-là, vous aurez tous eu l’occasion de lire mon livre que je tente d’écrire entre deux heures et trois heures du matin.

En résumé : merci à toi ami lecteur et merci aux quelques lecteurs qui sont là depuis le début… il y a des fans et je les connais presque tous. Ce qui n’est pas forcément un signe de réussite, d’ailleurs… Quoi qu’il en soit, merci à tous et je suis très heureux de vous retrouver pour la prochaine chronique tout soudain et pour les 5’000 suivantes.. oui, parce que celle-là est à peu près ma 5’000ème chronique.

Passez une belle journée et un très bon week-end.

Thomas Veillet

Investir.ch

Look up at the stars and not down at your feet. Try to make sense of what you see, and wonder about what makes the universe exist. Be curious.

 

Stephen Hawking