Il n’y a pas si longtemps, on se donnait des grandes tapes dans le dos parce que cela faisait des mois que les indices n’avaient plus bougé de plus de 1%. Et soudainement, là, depuis quelques jours, on n’arrive plus à se souvenir ce que ça fait un marché qui ne bouge pas. Il y a quelques mois la volatilité se traînait péniblement autour des 12% et on imaginait assez mal que l’on puisse aller au-dessus des 30% - ou alors sur une période aussi brève que l’éclair – là, ça fait trois-quatre jours que l’on est au-dessus des 50% et c’est presque devenu une habitude. Et puis maintenant à New York, c’est pire ; il n’y a pas une séance qui va dans la même direction deux jours de suite sans compter la violence des mouvements. Les pires grands-huit de la planète sont une balade dans le parc à côté des bourses mondiale – bien que l’on n’ait plus le droit de la balade dans le parc.

L’Audio du 18 mars 2020

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USA Inc.

Si l’on regarde la clôture d’hier soir sans chercher plus loin, on pourrait presque se dire que l’on revient à la « normalité », que quelque chose est en train de se passer dans la bonne direction. Hier le gouvernement américain s’est lancé dans une campagne pour trouver une solution afin de sauver le pays, la plupart des politiciens, Trump en tête annoncent et réclament des « packages » pour sauver USA Incorporation, on parle de mettre au point des fonds de soutien pour toutes les industries, de verser de l’argent directement aux Américains et les chiffres donnent le tournis. 1 trillion, 2 trillions, les montants seront de toute façon stratosphériques. Mnuchin dit que si l’on ne fait rien, le chômage pourrait monter à 20% aux USA, Trump continue de motiver ses troupes et déclare que l’Amérique ressortira plus forte qu’avant de cette crise. Et il a probablement raison, les Américains ont cette capacité de remonter à la surface à toute vitesse après une crise. Un truc que l’on ne sait pas faire en Europe.

Tout ça pour dire que les belles promesses d’hier ont permis aux marchés européens de terminer en hausse de 2% et des poussières, pendant que quelques heures plus tard, le S&P500 récupérait 6% au total. Vu comme ça on pourrait dire que quelque chose est en train de se passer. Sauf que ce matin les futures sont déjà en baisse de 4% parce qu’on a des doutes sur ces packages de soutien annoncés, que les compagnies aériennes sont au bord du gouffre et que le monde aéronautique dans son ensemble crie à l’aide. Boeing eux-mêmes sont venus réclamer 60 milliards pour que le secteur puisse espérer survivre. En 2008, il fallait sauver les banques et en 2020, il faut sauver les compagnies aériennes, les indépendants, les PME, et les banques ça viendra sûrement plus tard. En tous les cas, il n’est pas sûr que ce soit encore aujourd’hui que l’on trouve une journée de calme sur les marchés. Pendant ce temps, le « floor » du New York Stock Exchange continue de se demander s’il devrait fermer ou pas. Il est tout de même assez étonnant de voir que trois mois après le début de cette crise, il y ait encore une tripotée de connards qui pensent que se couper du monde pendant quelques semaines n’est pas la solution ET qui refusent de comprendre que sans jouer le jeu, on ne fera que rallonger la durée du confinement, sans parler des conséquences vitales.

Coronavirus toujours

Néanmoins les marchés semblent s’escrimer à trouver un fond. Un fond sur lequel on pourrait essayer de reconstruire un marché à peu près normal. La FED n’arrête pas de lancer des programmes de soutien. Ils en lancent tellement souvent qu’il en devient même difficile de savoir ce qu’ils font exactement et où ils en sont. Une chose est certaine, ils injectent tout ce qu’ils peuvent pour essayer d’endiguer la vague vendeuse qui s’abat sur les marchés. À ce propos, je me demande à quel moment on va penser à interdire les shorts et à réduire le volume de ces algos à la con qui augmentent l’amplitudes des mouvements. Il faut tout de même reconnaître qu’il serait intéressant de voir quel est le vrai volume et quel est le volume qui brasse de l’air augmente la violence des hauts et des bas.

Il arrive aussi que l’on entende quelques voix qui disent qu’il serait bon de fermer les places de bourse dans le monde pendant quelques semaines – disons, le temps que l’on trouve une solution pour contenir ce virus de merde et que l’on trouve le temps d’expliquer aux débiles qui se sentent invincibles que les mesures de confinements font du sens et que c’est POUR ça que les Chinois ont réussi à endiguer l’épidémie et que ce n’est pas en croyant qu’on est vachement plus balaises de par chez nous que ça va marcher. Et puis ensuite, on rouvrirait les bourses lorsque ça sera plus calme. Mais pour ça il faudrait que les autorités soient capables de se concerter. Et comme on voit qu’en l’espace de trois semaines la notion « d’Union Européenne » a été réduite à un concept ésotérique dont plus personne ne se souvient de l’intérêt ou même du but pour lequel elle a été créée, on peut imaginer que ça ne va pas être simple, pour ne pas dire impossible.

Accroché au bastingage

Quoi qu’il en soit, pour le moment nous voici accrochés au bastingage, essayant de ne pas vomir notre petit-déjeuner sur nos nouvelles chaussures. À chaque grosse vague on espère que c’est la dernière. On se raccroche aux statistiques, aux bonnes nouvelles comme le fait que le pic épidémique semble avoir été atteint en Italie. Je n’ai pas la moindre idée de ce que ça peut bien vouloir dire, moi je n’ai pas pris les cours du soir qui permettent de devenir biochimiste-spécialiste de la lutte anti-virus en trois jours. Mais disons que si j’ai bien tout compris, ça veut dire que le confinement fonctionne et que c’est à ce prix que l’on arrivera à quelque chose. Concept qui semble assez difficile à saisir en Suisse, puisque l’on en est encore à dire « s’il vous plaît restez chez vous » – le « putain de bordel de merde tu veux pas comprendre que si tu t’enfermes pas pendant un mois, on ne résoudra rien », sera probablement pour la semaine prochaine et quand on sera le pays le plus contaminé en Europe – proportionnellement – on nous annoncera qu’il y a des snipers dans la rue et qu’ils tireront à vue sur les gens qui sont dehors et qui n’ont pas de sac à commissions. Ils tireront également à vue sur les débiles mentaux qui achètent de la farine à coup de 20 kilos ou plus.

Toujours est-il que notre cœur balance entre chercher la bonne nouvelle, la nouvelle qui laisse entendre qu’un jour on pourra retourner faire de la gondole à Venise et traîner dans les rues à Melun, mais on cherche aussi à savoir ce que va nous coûter cette crise et quelle sera la violence de la récession qui arrive inévitablement derrière. Et en attendant on se fait secouer tous les jours, secouer tellement fort que ça en devient presque normal.

Ailleurs dans le monde

Ce matin l’Asie est partagée. Le Japon et la Chine sont légèrement en hausse, mais Hong Kong baisse de 1% – les futures US qui se font taper dessus en prévision de l’ouverture de cette après-midi n’y sont pas pour rien. L’or est à 1520 $ et des poussières et le pétrole continue sa marche en enfer. Il continue à porter la croix de la décroissance, de la non-consommation et du « on va tous y rester ». Actuellement le baril est sous les 27$ et à force de baisser, il se pourrait même que Goldman Sachs aient une fois raison avec leurs prévisions pétrolières en disant qu’il ira à 20$. En même temps ils sont faux depuis 15 ans, ils ont bien le droit d’être juste une fois.

Nouvelles du jour

Pour les nouvelles du jour on reste toujours scotchés sur la thématique du Coronavirus. Le confinement qui ne fonctionne qu’à moitié en France et pas très bien en Suisse. Le fait que certains ne veulent pas comprendre l’intérêt de rester chez soi. Les Chinois ont annoncé 13 nouveaux cas – mais qui viennent de l’étranger – alors qu’en Suisse ont est vachement plus forts que ça selon les derniers chiffres de l’OFSP annoncés hier par Voldemort. La Chine est en train de virer plusieurs journalistes américains de leur sol, ces derniers avaient dit du mal sur la pandémie et les méthodes utilisées. Maintenant on va voir comment les Chinois vont pouvoir se marrer avec les méthodes américaines.

Pour le reste c’est Coronavirus par-ci et Coronavirus par là. On ne regarde plus les fondamentaux et les chiffres économiques et l’on se concentre sur les choses bien plus importantes comme : « est-ce que je vais trouver du PQ au supermarché du coin ». Pendant ce temps l’ex-ministre de la santé en France, Agnès Buzyn a balancé une bombe et tiré des roquettes directement sur le Président – elle avait dit déjà il y a longtemps que le Coronavirus allait leur péter à la figure et le Roi Macron et son guignol barbu n’ont pas voulu écouter… Alors que même si aujourd’hui l’autre se la joue « chef de guerre », il semble avoir bien sous-estimé la chose et on se réjouit de voir comment il va s’en sortir. Bon, pour l’instant les médias sont assez gentils et ne relaient pas trop l’information, ils sont sûrement occupés à autre chose. Ou alors c’est les propriétaires des dits journaux qui sont les amis de Macron qui ont demandé le silence radio pour ne pas déranger le nouveau De Gaulle dans sa lutte contre le virus. Allez savoir.

Pour le reste, nous voici donc en journée de confinement numéro 2, je prévois de construire une maquette d’avion qui traîne dans mes tiroirs depuis 30 ans. Un FA18 je crois. Tout en regardant le futures américain faire des swings comme si ça ne coûtait rien. Je vous retrouve demain à la même heure pour faire les comptes.

Thomas Veillet

Investir.ch

“It has been said that Democracy is the worst form of government except all those other forms that have been tried from time to time.”– Winston Churchill