Après des semaines à nous concentrer sur le Coronavirus et à bosser sur nos études de virologie afin de comprendre ces fameuses courbes de progression du COVID19, voici que nous allons pouvoir (enfin, peut-être) revenir à nos métiers de base et utiliser toutes nos connaissances en psychologie pour interpréter la saison des résultats trimestriels qui commencent.

L’Audio du 14 avril 2020

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Après les oeufs

On ne va pas se leurrer, ça fait 14 ans que j’écris une chronique boursière au lendemain du week-end Pascal, en général, il n’y a strictement rien à dire, puisque les USA étaient fermés vendredi mais ouverts hier et que l’Europe, c’était l’inverse. L’Europe a donc fini sa semaine en hausse parce que c’était la tendance et New York a entamé la sienne en baisse, parce qu’il fallait prendre les profits. Mis à part cela, le monde entier s’est concentré sur déclarations de Trump, de Cuomo et de Macron (enfin, en ce qui concerne Macron, c’est surtout la France qui s’est concentré dessus) et on avait un peu l’impression que l’on essayait vite de passer à autre chose en parlant une dernière fois du Coronavirus avant de commencer la saison des publications trimestrielles.

On a juste envie de tirer un trait sur le virus pour revenir sur quelque chose que l’on maitrise : l’interprétation des attentes des analystes.

Ces derniers jours Trump a dit qu’il ne virerait pas Fauci – contrairement aux rumeurs qui circulent sur la principale source officielle de la Maison Blanche – à savoir ; Twitter – il a également déclaré qu’il réfléchissait à redémarrer l’économie US et le pays tout entier alors que selon lui, la pandémie a atteint un plateau et que les mesures de distanciations sociales ont parfaitement fonctionné aux USA. On notera tout de même que c’est impressionnant de voir comment les mêmes mesures ne fonctionnent pas au même rythme selon les pays. On sait qu’à Hollywood les Américains font toujours tout plus vite que les autres dans les films, mais même dans la vraie vie, ils semblent aller plus vite. Six semaines de confinement total en Italie et ils hésitent à ressortir, mais aux States en 15 jours on règle le cas. God Bless America Great Again.

Mais pas que Trump

Trump n’était pas le seul à parler, puisque Fauci a dit que la tension hospitalière allait mieux que les hôpitaux s’en sortaient mieux – sans tenir compte des patients qui n’ont pas couverture sociale et qui ne viennent pas à l’hôpital. Et puis Cuomo, le gouverneur de l’Etat de New York, a estimé que le pire était derrière eux et que les choses devraient s’améliorer si les gens continuaient se comporter de manière intelligente et ne se mettaient pas à avoir des comportements stupides – on suppose qu’il a dit ça pour l’UDC et le PLR suisse-allemand qui veulent absolument recommencer à faire n’importe quoi.

Et puis, pour terminer, hier la France par la voix de son Roi qui – vu son bronzage – n’a pas du trop respecter le confinement, a prolongé la garde à vue des Français jusqu’au 11 mai. Tout en annonçant que d’ici-là il y aura des masques pour tout le monde et qu’il voulait annuler la dette des pays africains, mais pas celle des entreprises et des indépendants. En tous les cas, un discours théâtral à peine surjoué. On aurait aimé le voir au bord des larmes à la fin, mais ça il ne sait pas faire. Mais bon, à la fin on s’en fout parce que les marchés n’écoutent pas Macron, ils suivent le compte Twitter de Trump.

Première semaine de publications

Pour passer à autre chose on a va donc se concentrer sur cette première semaine de publications et essayer de faire passer le Coronavirus au second plan pour la première fois depuis février. Ça ne sera pas simple, parce que les médias ne savent plus parler d’autre chose et font passer les mêmes images en boucle encore et encore, mais on va essayer. Pour cette première salve, c’est les banques qui– comme d’habitude – vont être à l’honneur. On peut d’ors et déjà se dire que les déclarations des entreprises vont être FORCÉMENT axées sur le fait que le confinement c’est trop dur et que ça leur a coûté trop cher et on espère que le monde merveilleux de la finance saura faire la différence entre une entreprise qui en a VRAIMENT pris plein la figure et une entreprise qui a pu continuer son business as usual mais qui utilise le Coronavirus comme système d’amortissement.

Source : EarningsWhispers.com

Si l’on regarde la presse financière de ce matin, on constatera assez rapidement que l’on a laissé une grande place aux alarmistes, puisque sur les 5 premiers articles d’un site que je lis tous les matins, les 5 premiers articles estiment que le marché est trop cher de 35%, que la correction n’est pas terminée, que nous allons retourner au plus bas du mois de mars et que les chiffres du trimestre seront totalement pourris. En l’occurrence, il est fort probable que la dernière affirmation soit correcte, la question qu’il faudra se poser pour sortir vainqueur de ces 4 prochaines semaines ; sera de savoir ce qui est « déjà dans les prix » et est-ce qu’il vaut mieux être en dessus des attentes des analystes et de les frustrer ou est-ce qu’il sera plus smart d’être en-dessous et de les décevoir, tout en sachant que la déception est déjà pas mal dans les prix et dans la tête des investisseurs. En conclusion, il faudra passer de la virologie à la psychologie assez rapidement.

Le pétrole

En ce qui concerne le pétrole, on a déjà pas mal donné au niveau de la psychologie. Oui, parce que ce week-end les grands du pétrole se sont mis d’accord pour couper la production de 20 millions de barils par jour. Sauf les Mexicains, mais comme ils ne sont pas d’accord, l’OPEP pense sérieusement à les virer – vive l’application de la démocratie. La démocratie selon l’OPEP et l’Arabie Saoudite, c’est que c’est mieux quand t’es d’accord avec eux, ou alors t’es contre EUX.

Peu importe. On va donc couper la production de pétrole de 20 millions de barils par jour. Ce qui est – EN THÉORIE – une bonne nouvelle, puisque Trump avait réussi à faire monter le pétrole de 40% en annonçant la probabilité d’une coupe de 10 millions de barils/jour. Mais depuis l’annonce officielle de l’OPEP, le baril baisse parce que les « experts » ont refait leurs calculs et se sont dit que 20 millions de barils par jour, c’est bien, mais que ça ne compense pas le fait que plus personne ne consomme – c’est vrai, moi ça fait 5 semaines que je ne me suis plus arrêté dans une station-service pour faire le plein – me suis d’ailleurs plus arrêté nulle part depuis 5 semaines si ce n’est dans le salon, à la cuisine ou dans le frigo. Avec de temps en temps un stop à la cave. Mais très rarement. Seulement trois-quatre fois…par heure.

Bref, moins de production, plus de consommation, égale un baril à 22.70$ et encore, on est gentil. Pendant ce temps l’Or continue de surfer sur la vague de la protection contre l’inflation et atteint les 1775$ – la route est encore longue jusqu’aux 1950$ – mais à la vitesse où les gouvernements lancent des plans de soutiens et font tourner la planche à billets, quand on sortira de confinement – complètement – vers l’automne – l’inflation devrait commencer à se faire sentir.

L’Asie en hausse et les futures aussi

Ce matin l’Asie est en hausse, les futures sont en hausse de 1.6% et tout ça parce qu’il paraît qu’il y a un vent d’optimisme qui souffle sur la saison des résultats. Visiblement ce n’est pas le même vent qui souffle dans les médias financiers qui – eux, tentent plus de trouver la prochaine vague vendeuse, histoire de se dire que l’on ne vient pas de vivre le Bear Market le plus court de l’histoire.

Pour le reste

Pour le reste, je ne vais pas vous fatiguer avec les nouvelles du jour, grosso-modo tout tourne autour des chiffres du trimestre et des “updates” autour du Coronavirus, on parle aussi du fait que certains gouverneurs américains ne sont pas d’accord avec les décisions de Trump de rouvrir trop vite et que ça se bagarre sec pour savoir qui a autorité pour rouvrir la boutique entre les gouverneurs et le clown de la Maison Blanche. Retenons aussi qu’à Singapour ça repart à la hausse niveau contamination et que l’on attend avec impatience de voir ce que le Conseil Fédéral va nous dire mercredi. Pour le reste, c’est business as usual. Comme tous les lendemains de week-end de Pâques – sauf que d’habitude tout le monde s’est cassé en vacances et personne ne lit ce que j’écris alors qu’aujourd’hui vous êtes tous bloqués à la maison ou pire – au travail et vous n’avez pas le choix.

Puisque vous avez un peu de temps, je vous recommande l’article de Swissquote que vous trouverez plus bas, sur les DOTS – c’est le premier d’une série… En attendant, je vous souhaite une très belle journée, un bon début de semaine raccourcie et je vous retrouve demain pour de nouvelles aventures.

Thomas Veillet

Investir.ch

« L’intelligence d’un discours dépend surtout de celui qui l’écoute. »

 

Coluche