C’est un lundi matin qui semble calme. Pas de pétrole qui se fait laminer, pas de panique liée au ralentissement économique induit par le COVID19, des chiffres économiques chinois qui montrent que mars était pourri, mais moins que prévu, l’or qui se maintient et attend la prochaine occasion de bondir au-dessus des 1800$ et le monde entier qui retient son souffle à l’aube du déconfinement et de la saison des trimestriels qui va vivre sa grosse semaine, puisque toutes les « grosses Bertha’s » vont publier cette semaine. Pour le reste, on écoute les avis des uns et des autres en essayant de se faire une idée pour la suite. Une chose est sûre, il va falloir commencer à montrer des choses concrètes, parce que les théories spéculatives commencent à fatiguer tout le monde.

L’Audio du 27 avril 2020

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Et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Il y a des lundis matins qui sont moins passionnants que les autres. La semaine dernière nous étions tous obnubilés par les comportements erratiques du baril, juste 24 heures avant que nous devenions experts en pétrole, en barils, en tankers et en stockages pétroliers, puis nous sommes passés au sujet des chiffres de l’emploi aux USA, des chiffres qui laisseraient penser que 16% de chômage est parfaitement possible dans les prochaines semaines. Mais peu importe les nouvelles, peu importes les sujets on a l’impression que le marché a « pricé » le pire et attend de voir la suite.

La suite, Mnuchin en a parlé ce week-end. Le Secrétaire du Trésor US s’est montré « optimiste » pour la suite. Il pense que l’économie va redémarrer en mai et en juin et qu’ensuite la demande va repartir à la hausse. Son discours était assez positif et inspirant. Pendant un bref instant on s’est dit que tout allait redevenir comme avant à la vitesse de la lumière. C’était limite grisant et euphorisant. On avait presque envie d’aller acheter un nouvel iPhone, une cravate Hermès avec des oiseaux qui s’envolent et pas des oiseaux qui restent sur la branche (ou l’inverse, ça fait tellement longtemps que j’ai plus vu une cravate), mais aussi de prendre une Tesla en leasing et d’acheter un chalet à la montagne. Puis dans la foulée, il y a le patron d’Expedia, Barry Diller qui a estimé que « croire que l’économie allait repartir comme avant était utopique et que les dégâts qui ont été causé étaient catastrophique »… Bon, du coup on va peut-être se contenter d’acheter un iPhone 10 reconditionné et puis une cravate c’est vachement surfait, vu qu’on est encore en home office et qu’on voit pas trop l’urgence de retourner en ville.

Une semaine dans le doute

En tous les cas, ces dernières « déclarations » résument bien la situation dans laquelle nous sommes. En observant les graphiques de ces derniers jours, les marchés donnent l’impression ne plus pouvoir aller en avant, mais que les plans de soutiens et les gouvernements qui poussent derrière empêchent de baisser également. Alors que le niveau de stress semble toujours aussi élevé – avec un indice VIX qui tourne toujours autour des 40% – les indices se traînent sans trop savoir quoi faire. En Europe, le DAX et le CAC restent coincés sous leurs résistances et aux USA le S&P500 ne semble plus capable d’aller plus loin.

En résumé, on a intégré le pire avec les plus bas du mois de mars et maintenant on a intégré le meilleur avec les plans de sauvetage. Et là, on ne sait plus quoi faire. Alors oui, il y a bien sûr les chiffres du trimestre qui vont arriver cette semaine avec des très très gros noms, puisqu’en vrac on attendra : AMD, Pfizer, Caterpillar, Starbucks, BP, Harley Davidson, Pepsi, Boeing, Tesla, GE, Mastercard Microsoft, Facebook, Qualcomm, Twitter, McDo, Amzon, Apple, Gilead, Visa, Nokia, American Airlines, United, Altria, Exxon, Abbvie, Chevron et Philipps 66. J’en oublie plein, mais disons qu’avec ceux-là, on a déjà largement de quoi rire.

Cependant, on peut quand même se demander ce qu’on attend vraiment. Quelle surprise peut-on vraiment avoir sur l’une de ces compagnies ? Globalement on est tous d’accord que si nous étions analystes, on aurait revu les attentes à la baisse, coupé les revenus et anticipé le pire. Qui aurait voulu ou qui aurait osé prévoir qu’Apple allait nous annoncer le trimestre du siècle ? Qui penserait sincèrement qu’American Airlines pourrait surprendre à la hausse ? Non, la seule chose que l’on peut espérer de la part d’une société qui publiera cette semaine, c’est de se montrer positif pour l’avenir – mais ça, on sait que c’est virtuellement impossible. Alors finalement, la seule chose qui nous ferait vraiment délirer de plaisir c’est d’avoir ne serait-ce qu’une compagnie qui a la moindre idée de ce qui l’attend dans les 6 prochains mois. Mais ça, il ne faut pas rêver, personne ne sait où on va et la seule chose à faire si vous publiez vos chiffres cette semaine, c’est de vous montrer « prudent et circonspect » pour la suite. Au moins personne ne vous mettra la pression dans les prochains mois.

Mais alors qu’est-ce qui peut nous faire bouger ?

Sachant que l’on a « pricé » le pire et le meilleur, que l’on ne doit pas trop s’exciter sur les trimestriels ; qu’est-ce qui pourrait nous motiver à partir dans un sens ou dans l’autre ?

Oui, mais cette semaine il y a le meeting de la FED et celui de la BCE.

Ah oui, bien sûr. Les banques centrales. Dire que d’habitude, à l’approche des meetings des Banques Centrales, les experts se bousculaient à l’entrée de la télé pour pouvoir donner leurs prévisions sur les taux. Sauf que maintenant que tout est à zéro, vois à moins que zéro, tout le monde s’en fout. Surtout quand on sait que la probabilité de voir Powell ou Lagarde remonter les taux ne serait-ce que d’un dixième de pourcent est à peu près aussi probable que d’entendre Guy Parmelin dire un truc intelligent d’ici Noël 2054. Donc, mis à part le fait que l’une des deux banques puisse venir donner un avis positif pour l’avenir de l’économie, il ne faudra pas attendre grand-chose.

Finalement il ne reste que le déconfinement

Alors finalement, il ne nous reste plus que le déconfinement et l’impact de ce dernier sur l’économie pour pouvoir espérer redémarrer la chose. Ou pas. Le problème avec le déconfinement c’est que l’on ne se rend pas compte de ce qu’il va donner, s’il peut redémarrer l’économie ou redémarrer l’épidémie. On se pose des questions et nous n’aurons aucune réponse avant deux-trois semaines. À moins d’aller sur Facebook, où vous trouverez une tripotée d’experts qui eux savent et qui eux, ont des informations que vous n’avez pas. Parce que eux, ils ont lunché avec le Professeur Panoramix.

Bref, j’ai peur de dire ce que je vais dire, parce qu’en général quand je le dis c’est l’inverse qui se produit, mais disons que le marché semble un peu scotché au milieu de nulle part et avant que l’on ait vraiment du concret sur la reprise économique, il n’est pas exclu que l’on reste dans ce range – coincé au milieu de nulle part en attendant une confirmation de reprise. Reprise de l’économie ou reprise de la pandémie. Dans les deux cas, la direction sera connue avec les conséquences qui vont avec.

Ailleurs

Ce matin en Asie tout est dans le vert. Sauf le pétrole. Le Nikkei est en hausse de plus de 2% parce qu’il se pourrait que la Banque du Japon lance un nouveau plan de stimulus économique – vu comme ça marche bien depuis 20 ans, on a de quoi s’exciter. Hong Kong est en hausse dans le sillage des Japonais et la Chine grimpe de 0.7%.

Pendant ce temps, le pétrole se fait démonter de près de 8.5% ce matin alors que certains experts pensent que ce qui s’est passé en avril pourrait se reproduire en mai. En ce qui me concerne, je vais m’acheter un stock de jerrycans sur Wish et acheter du physique en négatif au mois de mai et le revendre sur du décembre. Ensuite j’arrête de travailler.

Nouvelles maigres

Pour les nouvelles du jour, il n’y a vraiment pas grand-chose à dire en ce lundi matin. Kim Jong Un semble vraiment mort ou en état de mort cérébrale, mais personne ne communique et au pire, c’est sa sœur qui pourrait prendre le pouvoir et à voir sa tronche, on a une belle psychopathe sous la main, les choses ne devraient donc pas trop changer. Pour le reste, ce n’est que du réchauffé et je pense qu’il faut que l’on attaque la semaine « pour de vrai » afin que l’on puisse avancer dans le concret.

En ce qui concerne les chiffres économiques du jour, mis à part le chômage en France et le fait que vendredi c’est le premier mai et que les syndicats râlent parce qu’ils ne pourront pas défiler pour fêter le travail et que si vous dites du mal de Macron sur des banderoles vous pouvez finir en tôle, il n’y a rien à dire. Les futures américains sont en hausse de 0.8% mais ils bougent dans tous les sens depuis 4 heures ce matin, je n’y prêterais donc pas trop d’importance.

Je vous souhaite un excellent début de semaine et j’en profite pour vous remercier de vous inscrire aussi nombreux à notre liste de distribution qui ne cesse de grandir. À demain, si vous le voulez bien.

Thomas Veillet

Investir.ch

“If you can dream it, you can do it.”

 

Enzo Ferrari