Et c’est reparti pour une nouvelle semaine. Pour être franc, je ne suis pas certain qu’elle soit vraiment différente de la précédente, tout cela dépendra de toutes façons de la perception des intervenants par rapport aux nouvelles sur la pandémie. Il y aura bien sûr de plus en plus de chiffres trimestriels, mais disons qu’il faudra tout de même faire exprès pour montrer des chiffres pires que ce qui a déjà été anticipé – enfin, là encore, tout ne sera qu’une question d’anticipation et puis au regard de la performance de ces deux dernières semaines, je vous mentirais si je vous disais que nous sommes très au clair dans nos têtes d’investisseurs. Une chose est certaine, c’est que l’on vient de vivre les 2 meilleures semaines depuis 1938 – vous vous souvenez ? Moi non plus, mais toujours est-il que depuis début avril, nous avons repris près de 17% sur les S&P500, ce qui nous mets à 31% de hausse depuis le trou du 23 mars.

L’Audio du 20 avril 2020

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Reste à voir si c’est le début de quelque chose ou la fin

En y regardant comme ça, tout va pour le mieux et le rebond est spectaculaire. Merci aux plans de sauvetages gouvernementaux, merci aux Banques Centrales, encore une fois on a vu que lorsqu’il faut sauver l’économie, on trouve les moyens. Reste à voir comment le reste va se passer. N’oublions pas tout de même que les 12-15 derniers pourcents sont principalement dû au fait que l’on suppose que le confinement va se terminer début mai et que l’économie va pouvoir accélérer à nouveau comme une voiture électrique dans un pays qui n’aurait pas encore inventé la limitation de vitesse.

Reste à espérer que nous n’allons pas avoir une deuxième vague en ressortant trop tôt de nos terriers. On peut espérer que tout refonctionne normalement dès la mi-mai, mais on peut aussi craindre qu’en ressortant trop tôt, on redémarre la contagion et que l’on fasse plus de mal que de bien. C’est évidemment le scénario catastrophe, mais on ne peut pas l’exclure. Et même si aujourd’hui on ne veut pas y croire par ce que le nombre de contaminations est en baisse et que les hôpitaux peuvent à nouveau respirer, rien n’est encore certain. En Europe les choses ont l’air de revenir à la normale, même si les Italiens ne semblent pas aussi pressés que le reste de l’Europe de ressortir de confinement. Il ne faut pas non plus oublier que les Américains ne sont pas vraiment sur la pente descendante. Non seulement ils viennent de franchir la barre des 40’000 morts, mais en plus ils ont des manifs dans la rue pour supprimer le confinement parce que eux ils sont plus forts, d’ailleurs les plages de Floride sont à nouveau ouvertes. J’espère sincèrement qu’ils ont raison, parce dans le cas contraire, le vieil adage qui commence à arriver dans les médias va prendre tout son sens. OUI, après des années et des années d’échec, le « Sell in May and go away » pourrait faire du sens – si les Américains se gourent et si le virus gagne la seconde manche.

La semaine est tracée

Nous allons donc parler des mêmes choses encore et encore. Le sujet du Coronavirus, des statistiques et des processus de déconfinement vont être analysés environ 250 fois par jour par des experts qui ne connaissaient pas la différence entre une pandémie et une épidémie il y a encore trois jours. Mais nous allons aussi nous concentrer sur les chiffres du trimestre. Là aussi ça sera de l’interprétation et de l’analyse psychologique, puisque nous savons pertinemment que le trimestre n’a pas été bon et il faudrait être suicidaire pour envisager le contraire.

Non, le challenge de ces publications sera d’interpréter les attentes des analystes par rapport à la réalité. Je m’explique :

  • Imaginez qu’une société X va publier son trimestre demain. Que les analystes, qui, au demeurant sont des gens compétents et intelligents, ont déjà revu leurs attentes à la baisse. Bien sûr, puisqu’il n’y a nul besoin de manger 1 kilo de magnésium pour comprendre que le trimestre aura été pourri et qu’il faut s’attendre au pire. Mais s’il était si simple de retrancher 30% aux revenus du trimestre en partant du fait que mars a été fermé, ça se saurait.
  • Comment va-t-on donc interpréter un chiffre qui est nettement en-dessus ou nettement en-dessous des attentes des analystes. Sachant qu’ils n’aiment pas se tromper (les analystes), il va donc falloir trouver une excuse valable.
  • L’excuse valable pour justifier l’erreur – ou plutôt l’écart entre la réalité du vrai monde et la réalité de l’analyse financière qui, je le rappelle : n’est pas une science exacte, mais plutôt l’interprétation d’une lecture future d’un spreadsheet excel qui est basé sur des chiffres aléatoires. – donc l’écart entre la réalité et la fiction va devoir se resserrer d’une manière ou d’une autre – il y aura donc des pics de volatilité par moment qui pourraient mener à quelques tremblements de terre.

Bref. Vous l’aurez compris, il va y avoir du sport et ça nous donnera au moins l’occasion de parler d’autre chose que du Coronavirus, du confinement ou d’une éventuelle seconde vague de contamination qui est tout de même un peu trop anxiogène pour que l’on ait envie d’en parler avec trop d’insistance.

Pan ! Dans le baril (encore)

Et puis si jamais on n’a pas assez de sujets sous la main pour occuper nos journées entre le salon, la cuisine, le frigo, la télé et le salon et la cuisine, il restera tout de même le pétrole Oui, vous vous souvenez le pétrole ? Ce truc gluant qui gicle du sous-sol saoudien si vous creusez le sable avec une pelle et un seau pour enfant ? Ce truc qui, une fois raffiné se met dans le réservoir d’une voiture pour vous emmener du point A au point B. Ce truc qui raffiné différemment se met dans un avion pour vous emmener en week-end à Ibiza ? Et ce truc qui, accessoirement utilisé encore différemment entre dans la composition chimique d’à peu près tout ce qui n’est pas naturel ; allant du plastique de votre téléphone portable, en passant par vos fringues qui contiennent du nylon, le caoutchouc de vos pneus et sûrement dans votre Big Mac aussi…

En gros un truc qui est utilisé dans à peu près tout ce que l’on n’utilise PLUSen période de confinement.

Depuis quelques jours les Rois du pétrole ont donc décidé de réduire la production de l’or noir pour que le prix ne soit pas trop impacté par la disparition de la consommation. Mais les experts en finance pétrolière en ont décidé autrement. Alors les experts en finance pétrolière c’est encore une autre catégorie d’experts que les experts en finance tout court. Le taux de réussite de l’analyste financier de base est de 50%. En gros, à peu près la même chose que si l’on joue sa stratégie d’investissement à pile ou face. Mais quand on parle du pétrole, on change de catégorie. Je n’ai pas les chiffres sous la main là tout de suite, mais si l’on se contente d’observer les publications des stocks pétroliers et les « attentes des experts », on se rend compte que sur les 1’112 semaines précédentes, ils ont été corrects dans leurs estimations à peu près 0 fois.

Mais peu importe, c’est l’intention qui compte. Et là tout de suite, l’intention c’est de dire que tant que l’on n’est pas sorti de confinement – on ne peut plus dire « sorti de l’auberge » puisque les auberges sont fermées et que pour en sortir, il aurait fallu y entrer – donc tant que nous ne sommes pas sortis de confinement, on ne va plus consommer de pétrole – donc plus de demande – donc le pétrole va à 10$. Comme il n’y plus de demande, quand le baril baisse, il baisse. Et comme ça traite même le week-end – cette daube – voilà qu’ils ont réussi à lui faire perdre encore 20% pendant que l’on jouait au golf sur PlayStation. Ce matin le baril vaut 15$ et j’attends avec impatience qu’un Hedge Fund Manager ou une banque d’affaire vienne nous dire que le baril va à 5$. Bref, pour retrouver de l’espoir sur le baril, il faudra qu’on sorte de confinement pour de vrai et que l’on reparte en week-end à Ibiza 2 fois par semaine et que l’on se refasse des heures de bouchons tous les matins.

Nouvelles du jour

Pour le reste, ce matin le Japon recule de 0.8%, Hong Kong et la Chine ne font rien et l’or est de retour (encore une fois), sous les 1700, puisque le future sur l’or traite à 1697$. Les futures américains pointent sur une ouverture inchangée après les deux semaines de folie que l’on vient de vivre et toutes les nouvelles du matin tournent autour de ce que l’on vient d’aborder ; à savoir : le Coronavirus, les déclarations de Trump autour du Coronavirus, le pétrole, les déclarations de Trump autour du Coronavirus, les chiffres du trimestre, les déclarations de Trump autour du Coronavirus, le fait que l’on se foute totalement des chiffres économiques et les déclarations de Trump autour du Coronavirus.

Il n’y a donc pas de raison de perdre plus de temps que nécessaire, puisqu’il est l’heure d’aller à la machine à café et au frigo pour voir s’il ne s’est pas passé quelque chose depuis qu’on s’est levé. Et puis, gros challenge de la journée : quelle nouvelle série pouvons-nous entamer, sachant que l’on a fini 2x Walkin Dead et que l’on s’est évanoui rien qu’à l’idée d’entamer Grey’s Anatomy, surtout quand on sait qu’il y tellement de saisons que même à raison d’une saison tous les deux jours ; il faudrait encore 2 mois de confinement pour y arriver.

Je vous souhaite un bon lundi et je vous retrouve demain à la même heure.

Thomas Veillet

Investir.ch

“Whenever you find yourself on the side of the majority, it is time to pause and reflect.”

 

– Mark Twain