Nous avons encore une fois vécu une de ces journées où les Européens sont moins égaux que les autres parce qu’ils ne sont pas dans le même fuseau horaire que Trump.

L’Audio du 29 mai 2020

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Il y a l’avant 17h30 et l’après 17h30

Toute la séance européenne aura été portée par le plan de soutien massif de la BCE annoncé la veille, les 750 milliards d’Euros suffisaient à garder la flamme et la motivation des investisseurs et c’est assez rare pour que cela soit signalé. Mais pendant que les Européens finissaient leur journée en se demandant dans quel restaurant ils iront manger la semaine prochaine vu que tout rouvre et résolvaient l’équation en se disant qu’il suffisait de manger 10 fois dans la journée dans 10 restaurants différents pour compenser deux mois de frustration, les Américains se laissaient glisser en terrain négatif parce que Trump annonçait une conférence de presse de plus. Une conférence de presse contre la Chine après s’être lâché contre les réseaux sociaux.

À la fin l’Europe aura eu une belle journée, les USA se seront offerts un magnifique reversal, mais restent tout de même établis au-dessus de la barrière des 3’000 – peut-être aussi parce qu’il y a un broker américain qui estimait que d’après ses propres études économiques, le S&P500 devrait atteindre les 3250 d’ici le mois d’août. Avant les brokers donnaient des targets à 12 mois, mais là on passe la vitesse supérieure. Vu que de toutes façons, on vit avec une vision de l’investissement pour le prochain quart d’heure, certains sont en train de résoudre l’équation en instaurant des objectifs à court terme, histoire d’être faux 3 ou 4 fois par année à la place d’une seule. Bon, il faut aussi avouer que ça multiplie aussi la probabilité d’avoir raison. C’est moins fréquent, mais c’est possible.

Trump, Trump et Trump et un peu la Chine

La journée d’hier aura été relativement calme alors que nous nageons toujours dans un optimisme béat et que rien ni personne ne semble pouvoir y changer quelque chose. Alors oui, les USA terminaient en baisse à cause d’une conférence de presse à venir, mais Trump peut-il vraiment faire quelque chose contre la Chine ? ça sera la question de ce vendredi qui nous attend. Au moins on aura le week-end pour y penser. Quoi qu’il arrive, il semblerait que maintenant que le COVID19 n’intéresse plus personne et que le monde merveilleux de l’investissement à l’air de passer à autre chose – l’économie réelle, je n’en sais rien, mais Wall Street à l’air de se foutre massivement de ce qui se passe au niveau de la pandémie tellement on a les yeux fixés sur la ligne d’horizon et que l’on fait des paris sur la VIOLENCE de la reprise économique. Quoi qu’il en soit et pendant que l’on prend des paris, Trump monopolise l’attention des médias tous azimuts.

Avant de s’en prendre à la Chine ce vendredi, Trump s’en est donc pris aux médias  sociaux et tente de faire passer sa croisade contre Twitter et Facebook pour une lutte contre la liberté de parole. En résumée le Président Américain essaie de se faire passer pour le Martin Luther King des réseaux sociaux. Petit rappel des faits pour ceux qui dormaient – Twitter a récemment annoncé que certains « tweets » seraient « flagués » avec un petit mot qui encouragerait les twittos à revérifier à deux fois la véracité d’un « tweet ». En effet, contrairement à la croyance universelle, tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux n’est pas la vérité vraie. Des fois il y a des gens qui disent n’importe quoi, mais qui le disent tellement bien que l’on finit par les croire – avant les réseaux sociaux, seuls les politiciens avaient érigé le mensonge au stade d’art de la communication. Aujourd’hui avec l’accès à la parole offert à tout le monde, tout le monde peut raconter n’importe quoi. Twitter a donc mis en place un nouveau « service » qui encourage les gens à se poser des questions sur la véracité de ce qu’ils lisent… Jusque-là, cela semble plutôt normal. Sauf que récemment ce petit flag est apparu sur des « tweets » de Trump, remettant du même coup en question les propos du Che Guevara américain. Autant vous dire que le personnage ayant un égo plus surdimensionné que celui d’un Alain Delon croisé avec une star de la téléréalité, il a pris l’agression personnellement et maintenant il a signé un « executive order » pour empêcher les médias sociaux d’interférer dans les paroles de tout un chacun. Moi qui croyais qu’un « executive order » c’était réservé aux agents secrets et que c’était utilisé quand le Président voulais ordonner l’exécution d’un opposant par ses agents 007 version américaine, visiblement non…

BREF, selon les « experts » en « executive orders » – oui parce que ça existe, ça s’appelle des avocats ou des juristes – et puis il n’y a pas de raison que l’on puisse trouver des experts en virologie à tous les coins de rue en cas de COVID et pas sur le sujet des « fact checking » de Twitter. Donc selon les experts, ce qu’a fait Trump était plutôt inutile et sans danger pour les réseaux sociaux – ok, tout ça pour ça, on peut donc passer à autre chose.

L’autre chose c’est la Chine

Et pour ce qui est de « l’autre chose », il faudra donc attendre la conférence de presse anti-chinois que devrait donner Trump dans la journée – mais on ne sait pas trop quand. On ne sait pas trop non plus ce qu’il va faire ou ce qu’il peut faire – sachant que l’option militaire est hors de question et que l’option « sanctions économiques » sera fort difficile à manier sachant que toute attaque remettra en question le Trade Deal Chapitre Un et sachant qu’il y a encore un chapitre 2 et 3 à venir. Autant vous dire que selon ce qu’il va nous dire tout à l’heure, ce n’est pas sûr que les deux épisodes voient le jour avant 2021. Mais il sera intéressant de voir ce que la star de Twitter a à nous dire puisqu’il a le pouvoir de tout faire basculer.

En attendant la Chine est inchangée, le Japon ne fout rien et Hong Kong, la victime et l’épicentre de la crise actuelle, est en baisse de 0.6%. ça ne sent pas la panique non plus et pour l’instant on semble très dubitatif sur ce que Trump pourrait réellement faire qui aurait un impact et le manque de réponse ou de solution se reflète dans le quasi-immobilisme des marchés ce matin. L’or est à1732$ et continue de jouer à la chanson populaire et faire ça s’en va et ça revient encore et encore – j’espère que je vous ai mis la mélodie en tête et qu’elle va résonner chez vous tout le week-end. Pour ce qui est du pétrole, nous sommes à 33$ et des poussières, mais une chose est certaine, on n’en parle plus – pour le moment.

Nouvelles autres que celles de Trump

À ce stade-là, si l’on exclut les nouvelles liées aux énervements du Président Américain, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Elon Musk va pouvoir commencer à toucher ses options sur Tesla, programme optionnel qui devrait hypothétiquement lui rapporter un bonus de 2.6 milliards si le titre continue de monter que dans 5 ans Tesla vaut 650 milliards de capitalisation. En temps normal, je me serai gaussé de cet objectif, mais vu le comportement de la société, je vais m’abstenir de faire le moindre commentaire et éviter ainsi de passer pour un con d’ici 5 ans.

Pour le reste, c’est très mou et il n’y a franchement pas de quoi perdre plus de temps. En ce qui concerne les chiffres économiques et à voir comment on s’est intéressé aux 41 millions d’Américains qui ont perdu leur job depuis trois mois lors de la publication des Jobless Claims et du GDP US qui est en chute libre, on peut dire clairement que tout le monde s’en fou et que pour l’instant on est bien plus préoccupé par le recovery économique attendu que par le reste. Et si l’économie repart, le nombre de personnes au chômage ne sera qu’anecdotique. À l’instant où je vous parle, les futures sont en baisse de 0.3% et on attend toujours la conférence de presse de Trump sur la Chine. Mais on ne sait toujours pas quand…

En attendant, il me reste à vous souhaiter un excellent week-end prolongé et on se retrouve mardi pour voir à quelle sauce Trump va se faire les Chinois.

Très belle journée à tous et merci d’avoir joué le jeu des « likes » d’hier, ça à de la gueule visuellement – enfin, c’est pas non plus un post Instagram de Nabilla, mais on n’a pas les mêmes arguments non plus.

Thomas Veillet

Investir.ch

“Why should we take advice on sex from the pope? If he knows anything about it, he shouldn’t!” George Bernard Shaw