Foutu décalage horaire. Dire que si l’Europe était sur le même fuseau horaire que les Américains, hier on n’aurait pas fini au fond du trou comme une vieille chaussette, déprimés par les propos de Powell de la veille. Il n’aura pourtant pas manqué grand-chose pour que les marchés du Vieux-Continent puisse participer au rebond déclenché aux Etats-Unis par je ne sais quel soudain « sentiment d’optimisme » parce que l’économie va rouvrir et que l’on pouvoir dépenser comme des fous pour acheter tout et n’importe quoi, faire exploser l’économie dans un V-Shape recovery et permettre à Jeff Bezos d’espérer être le premier « billionaire » de l’histoire. Encore une fois, il est absolument phénoménal de voir à la vitesse avec laquelle on change notre fusil d’épaule, il m’arrive même de me demander si nous sommes sains d’esprit et encore capable de poser une réflexion logique plus de 4 minutes. La réponse étant bien évidemment NON…

L’Audio du 15 mai 2020

Télécharger le podcast (.mp3)

L’effet Powell

La journée avait donc commencé sous l’égide des commentaires de Powell. Commentaires qui dataient encore de mercredi dernier, mais qui avaient encore une validité d’impact de marché de quelques heures. Oui, parce qu’il faut savoir qu’en ce moment, toute nouvelle qui peut faire bouger le marché n’a qu’une validité limitée et se trouve périmée dans les 24 à 36 heures qui suivent. Les études scientifiques n’ont pas encore été suffisamment poussées pour trouver la durée exacte et il semble que quoi qu’il arrive, il y a encore une certaine élasticité dans l’interprétation de la nouvelle ce qui donne toute la fabuleuse fantaisie dont font preuve les marchés financiers. Une fantaisie mâtinée d’un suspense insoutenable, mais toujours excitant.

Donc, les commentaires de Powell qui, je le rappelle, disait que l’économie avait subi des dommages permanents et que la FED ne pouvait plus faire grand-chose pour sauver le monde, qu’il fallait compter sur les politiques et que les taux négatifs n’étaient pas une option – parce que regardez en Suisse, depuis que les taux négatifs sont arrivés, les écologistes sont passés au pouvoir et il y a des pistes cyclables payées par les automobilistes, même si y a pas un vélo sur les dites pistes cyclables – Les propos de Powell auront donc fonctionné le temps nécessaire pour permettre aux Européens d’ouvrir faibles et de s’affaiblir encore plus. Puis d’attendre que les Américains ouvrent très faibles et mettent encore la pression sur l’Europe. Puis, l’effet Powell est retombé. Et même si Kashkari, le président de la FED de Minneapolis en rajouté une couche pour dire que le V-shape recovery de l’économie on pouvait toujours rêver de le voir dans nos rêves, mais que dans la réalité, on allait devoir se le mettre… enfin se le mettre où on veut, pour autant que ça symbolise le fait qu’il n’arrivera jamais et qu’il fait très sombre. Mais malgré les paroles déprimantes et angoissantes de Kashkari, l’effet Powell s’est tout de même dissipé et alors que les traders européens passaient du coin bureau au coin salon pour ceux qui sont encore confinés, c’est l’EFFET « YOUPIE ON EST DEHORS » qui a pris le dessus.

l’EFFET « YOUPIE ON EST DEHORS »

L’effet « youpie on est dehors » est donc cette interprétation du déconfinement qui laisse à penser que dès que les gens vont ressortir, ils vont se jeter dans les magasins pour acheter des sacs Hermès et des masques de protection Louis-Vuitton, sans oublier des iPhones 11 avec des protections plaquées or, sans compter qu’ils vont se ruer chez Tesla pour acheter le dernier modèle avec volant détachable et ceux qui ne peuvent pas aller chez Tesla après être passés chez Hermès, Vuitton et Apple, ils pourront toujours aller chez Renault acheter la dernière Zoé, ça marche moins bien, mais ça fait tout autant son effet « écologique » comme une Tesla et comme c’est moins large, vous pourrez toujours utiliser les pistes cyclables des verts genevois.

Donc avec cet effet « youpie on est dehors », les marchés ont soudainement été capables d’effacer et d’oublier l’effet Powell. Effet Powell qui sera rangé aux oubliettes jusqu’à sa prochaine sortie. Mais en attendant les marchés US changeait leur fusil d’épaule en quelques minutes et passaient des larmes aux rires, alors que les acheteurs se ruaient sur les bonnes affaires. Les bonnes affaires hier, c’était les banques, puisque pour je-ne-sais-quelle-raison, tout le monde a trouvé ça très cool, peut-être simplement parce que plus personne n’en voulait depuis trop longtemps. En conclusion, nous avons encore vécu une de ces journées où les Européens finissent au fond du trou et que dès que tout est fermé en Europe, les Américains entament un reversal et finissent à la hausse en boulet de canon.

Enthousiasme justifié ou verre à moitié plein

L’enthousiasme de la fin de séance américaine aura été tout de même impressionnant si l’on se rappelle dans quel état de dépression nous étions hier matin. Bon, il faut dire que le fait que Trump se montre ouvert à de nouveaux plans de stimulus est encourageant, le fait que les Démocrates proposent également un nouveau plan de soutien à l’économie, un plan de 3’000 milliards, peut aussi expliquer l’enthousiasme d’hier. Par contre, il est étonnant que personne ne fasse fi du fait que le Président Trump parle de couper les liens avec la Chine à cause du COVID et qu’il refuse, dorénavant, de parler avec Xi Jinping.

Encore une fois, nous avons vécu une séance qui a mis du temps pour choisir son camp, mais une fois que ce fût fait, les choses ont été claires, pas forcément rationnelles et logiques, mais claires. On peut se demander si les marchés boursiers sont sain d’esprit en ce moment, bien que la réponse soit déjà connue.

L’Asie dans le sillage des stimulus hypothétiques américains

Ce matin l’Asie est timidement dans le vert. Si l’on en croit la presse, les intervenants sont enthousiastes à l’idées d’une nouvelle vague de stimulus aux USA, mais en même temps, on a quand mêmes des doutes sur la rapidité du recovery et sur le fait que la pandémie est vraiment finie. La Chine, le Japon et Hong Kong sont tous en hausse de quelques fractions de pourcents. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que nous sommes en pleine hésitations et en fonction de ce que l’on arrive à mettre dans la tête des traders, nous saurons si la clôture sera en hausse ou en baisse et il faut savoir que rien ne se fera en douceur, tout se fera avec des avis tranchés et brutaux, puisque l’on ne saura pas avant quelques mois si la reprise est en forme de V, de L ou de je-ne-sais quelle autre lettre de l’alphabet.

Les chiffres économiques sont toujours pourris mais, à l’image des Jobless Claims d’hier – qui montraient à nouveau près de 3 millions de nouvelles demandes, ce qui monte le total des emplois perdus depuis le début de la crise à 36.5 millions et le taux de chômage à plus de 15%. Mais hier on s’en foutait, pare que c’était « moins pire » que la semaine dernière. On se contente de peu.

Alors que tout le monde se demande si reprise or not reprise et si sortir or not sortir, l’or profite de la diversion pour tenter une cassure haussière et se traite actuellement à 1741$. Il nous a tellement habitué à se replanter derrière, qu’on n’ose pas y croire. Et puis hier le pétrole s’est envolé de près de 10% parce que, je cite « l’optimisme est de retour ». Donc, il n’y a plus un avion qui vole, on force les gens à rouler en vélo à la place de leur voiture – à Genève en tous les cas – mais on est « enthousiaste » à l’idée que la consommation de pétrole va remonter ??? Oui, en effet, le marché est définitivement logique et rationnel. Ah mais j’oubliais, le pétrole est sûrement un indicateur avancé et comme « on sait », c’est pour ça qu’il monte. Un peu comme on savait quand il est passé en négatif. C’est triste, je ne suis jamais invité dans les soirées où on donne toutes les « vraies » informations qui permettent de savoir et ensuite d’acheter au plus bas et vendre au plus haut. Si jamais le baril frise les 28$.

Nouvelles neuves

Pour les nouvelles du jour, il n’y a pas grand-chose de très sexy. On retiendra tout de même que les Américains sont en train de bouder les Chinois et que le Trade Deal est gentiment en train de se transformer en « Trade ça dans ta gueule ». En France tout le monde se roule par terre en hurlant parce que Sanofi veut donner la primeur de son vaccin anti-covid (qui n’existe pas encore) à ceux qui ont payé pour la recherche. Donc les Américains. Et soudainement tout le monde est devenu patriote et se souvient que Sanofi est une boîte française.. Même si près de 70% est détenu par des étrangers et même si le gouvernement français n’a pas mis la main au porte-monnaie pour développer ce vaccin qui n’existe pas.

Même le ROI Macron est monté aux barricades, drapé dans sa tenue de Jeanne D’Arc pour exprimer son courroux. Et quand il exprime son mécontentement, ça fout les jetons. Surtout à Sanofi.

En ce qui concerne l’Elon Musk News of the Day ; hier le patron de la division Intelligence Artificielle de Facebook a estimé que Musk ne « comprenait pas grand-chose à l’intelligence artificielle », Musk s’est empressé de répondre sur Twitter en publiant un laconique : « Facebook Sucks ».- ça fait vraiment plaisir de voir que nous sommes revenus dans la cours d’école de notre enfance. Et puis pour terminer dans les news du jour, je voudrais juste revenir sur la nouvelle émergence des pistes cyclables à Genève. Emergence qui a pour but de paralyser la ville et de faire chier les automobilistes qui paient leurs impôts (si, si, les plaques des voitures, c’est des impôts et à Genève, à chaque immatriculation on pourrait presque acheter un chalet en France voisine) – au-delà de la vision de la mobilité à Genève de nos chers élus, il faut tout de même leur donner crédit que depuis qu’ils ont repeint les routes avec notre argent, sur Facebook plus personne n’est expert en Coronavirus, plus personne ne publie des défis qu’il faut absolument remplir pour égayer la vie de tout le monde, NON.. dorénavant on ne parle plus que des bouchons à Genève et on se dit que si on avait su on aurait été voter pour choisir autre chose que les charmantes personnes qui sont en place actuellement..

Chiffres

Pour les chiffres économiques, nous aurons le GDP en Allemagne, en Europe, le Trade Balance en Europe, les JOLTS aux USA, ainsi que le New York States Manufacturing Index et les chiffres de la confiance du consommateur selon l’Université du Michigan. Ces derniers, même s’ils sont bidouillés à mort, devraient être intéressants, histoire de voir si « Joe American » y croit encore.

Voilà, nous sommes vendredi, alors comme recommandations, je vous encourage à nous rejoindre sur Instagram   pour avoir une courte vidéo sur «  ce qui se passe sur les marchés avant que la chronique soit publiée » – une vidéo comme celle-ci-dessous. Et puis vous pouvez aussi vous inscrire à la Newsletter du site qui ne cesse de grossir, il vous suffit de mettre votre adresse mail en haut à droite du site – là où c’est marqué « Newsletter ».  Vous pouvez aussi nous rejoindre sur LinkedIN  sur le groupe Investir.ch pour ne rien rater des publications et puis, même si Facebook Sucks, il y aussi un groupe, il vous suffit de cliquer là…

Voilà, j’ai fait ma pub du vendredi. Je vous souhaite un excellent week-end et on se voit lundi… Profitez-bien, prenez soin de vous et mangez des pommes.

Thomas Veillet

Investir.ch

“I believe in standardizing automobiles. I do not believe in standardizing human beings”.

Albert Einstein