Les marchés boursiers ont bien rebondi depuis les plus bas. Qu’est-ce que je fais? Je vends, j’achète sur ce repli ou je ne bouge pas?

La question est toujours la même, quelle que soit le niveau des titres ou autres actifs financiers. L’investisseur est tiraillé entre le désir de se protéger et la crainte de manquer le mouvement à la hausse. A cela s’ajoute à la fois la méconnaissance des produits financiers et les informations contradictoires sur l’état des marchés et des économies. Alors quelle est la réponse à la question?

2020 comme 2009?

Regardons ce que dit Michael Wilson, responsable de la stratégie des actions américaines chez Morgan Stanley. Pour lui, le marché actuel ressemble fortement à celui de 2009. Rappelez-vous, le mois de mars 2009 marquait la fin de la baisse des marchés suite à la crise des subprimes américains de 2008. En 2020, le marché des actions américaines a rebondi avec des caractéristiques similaires à celles de 2009: forte appréciation des valeurs cycliques et des actions de petite et moyenne capitalisation. Seules les actions de banques et des assurances n’ont pas agi de la même façon qu’en 2009.

 

Michael Wilson souligne aussi que la prime de risque des actions, autrement dit le rendement des bénéfices attendus pour le S&P 500 moins le rendement du Trésor à 10 ans, est comparable pour les deux périodes.

Une autre surprise, l’activité boursière des petits investisseurs

La période de confinement a permis aux individus d’augmenter leur épargne (pour ceux qui le peuvent). La presse a été l’écho de cette situation qui se retrouve dans tous les pays européens mais aussi aux Etats-Unis.

Il semblerait que dans le pays des cowboys, les petits investisseurs se soient pris d’une folle envie de parier sur la hausse des marchés. Les données recueillies par les courtiers de détail en ligne montrent une forte hausse du nombre de transactions de détail au cours des derniers mois. Ceci est confirmé aussi par l’équipe de stratégie d’options de Goldman Sachs.

La part des transactions de faible montant (< 2’000 dollars US) est passée à 2,3% du volume total des transactions, contre 1,5 % au début de l’année. Cela est encore plus vrai pour les options, où le pourcentage du volume des options provenant de transactions sur un seul contrat a grimpé à 13%.

2020-2021

Michael Wilson, dans son analyse, met tout de même en garde les investisseurs. La relance budgétaire mise en place au Etats-Unis pourrait, à terme relancer l’inflation. Pourquoi? Parce que la reprise pourrait être plus rapide que prévue et comme les chaînes d’approvisionnement sont encore en mode confinement, il y aurait un risque de hausse des prix de certains biens. Ceci entraînerait alors cette fameuse hausse de l’inflation et donc un rajustement des taux d’intérêt. Le constat peut être décliné aussi en Europe. Et qui dit hausse des taux dit baisse du cours des titres de rendement (obligations comme actions à fort dividende).

Mais il ne parle pas de la hausse du chômage et la peur que cela engendre chez les consommateurs. Les derniers chiffres prévisionnels de l’OCDE montrent une attente d’une reprise en «V» de l’économie mais ils ne font pas mention des licenciements qui fleuriront en automne. Et ceci se voit déjà dans les annonces des plusieurs compagnies.

Prévisions du PIB
Source: OCDE

Quelle réponse à la question?

Pour l’instant la Fed insiste qu’elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour garder des taux d’intérêt bas. La BCE, comme à son habitude, emboîtera le pas. Donc pas de hausse de taux en vue.

Bonne nouvelle pour le secteur des obligations qui bénéficie des achats massifs des banquiers centraux. Parfait à la marge mais peu de satisfaction pour les particuliers car les rendements restent extrêmement bas.

Les porteurs d’actions de compagnies qui ont payé leurs dividendes sont sereins et ils tablent encore sur un dividende pour 2021. Sauf pour ceux qui ont investi dans les valeurs bancaires qui souffrent du manque de différentiel de taux donc d’une faible rentabilité et de pressions politiques. Mais qu’en est-il des autres secteurs ?

Le secteur des pétrolières a fortement rebondi suite à la hausse des cours du brut mais il devra faire face à la vague verte et donc à des investissements massifs dans des nouvelles technologies. Même constat pour les constructeurs automobiles qui seront contraints légalement à changer de cap. Pas en reste le secteur de la consommation qui doit, en partie, faire face à un changement de mode d’achat. Durant ces trois mois de confinement, une partie de la population a eu recourt à des achats en ligne. Une fois que cette habitude prend forme, il est difficile de revenir en arrière.

Il reste donc les valeurs défensives comme celles du secteur de la santé ou les valeurs de croissances que nous retrouvons dans le domaine de la technologie sous toutes ses formes. Mais elles sont chères ! Alors que faire ? Attendre une autre baisse des marchés pour les acheter? Oui, mais si elles ne baissent pas suffisamment (chacun est juge de combien il faut qu’elles perdent de terrain) ? Est-ce que la peur de manquer la prochaine hausse l’emporte?

Le dilemme n’est pas celui du prisonnier mais de celui qui fait face à la mer (difficile pour les habitants d’un pays alpin) et qui ne sait pas si l’eau est froide ou non. Il faudra qu’il mette au moins un pied ou une main dans l’eau pour le savoir. Alors pourquoi ne pas acheter quelques valeurs ou fonds actifs dans les secteurs défensifs et de la technologie et ainsi avoir «un pieds dans l’eau». «Cash is King» quand les marchés baissent mais qu’en est-il lorsque les marchés montent?

Une des réponses à la question serait: garder une partie du cash et investir une autre partie. Ou alors ne plus croire au système actuel et considérer que cette crise est telle que toute notre société changerait et que nous assisterions à une grande Décroissance.

A voir comment les individus se comportent, il semblerait que les bonnes vieilles habitudes sont encore d’actualité. Croissance ou Décroissance telle est la question.