L'Inde fait face à une triple crise sanitaire, économique et politique. En effet, le pays traverse une période difficile depuis la grande crise financière mondiale.

Le ralentissement de la croissance indienne a été dramatique, tandis que sa politique a pris un virage agressivement anti-libéral. La détérioration de la politique indienne est devenue évidente avec la récente répression au Cachemire et la discrimination explicite contre les musulmans. La Covid-19 se répand et ravage son économie au moment où son secteur financier traverse une éprouvante restructuration. Ces chocs massifs conduiront à une contraction de son PIB de -5,0% en 2020. Un rebond timide d’environ 3% est attendu en 2021.

Le retour de la doctrine Monroe

C’est un euphémisme que de dire que la menace chinoise se précise dans la région indopacifique. La Chine a désormais fait sienne la fameuse doctrine Monroe. Les États-Unis l’avaient introduite dans les années 1820 pour les Caraïbes et l’Amérique latine. Son but, alors, était d’empêcher les puissances coloniales européennes d’interférer dans son commerce et ses eaux, alors qu’ils devenaient une puissance montante. Ces dernières années, la Chine a multiplié ses revendications juridictionnelles, en élargissant sa portée militaire et en rejetant les revendications d’autres États par une diplomatie coercitive. Hong Kong, Taiwan et plus récemment l’Inde ainsi que l’Australie font l’objet des intimidations de Pékin. Pékin imite les États-Unis il y a 200 ans, alors qu’ils étaient une puissance montante confrontée aux puissances en déclin. A l’image des récents troubles frontaliers dans les montagnes du Ladakh avec l’Inde. L’inde reste depuis longtemps sous la pression du Pakistan, qui est ouvertement et fortement soutenu par la Chine.

Vers un nouveau Quad ?

En riposte, New-Delhi s’active pour restaurer le QUAD (Acronyme de ¨Quadrilateral Security Dialog¨). Ce forum stratégique informel sur la sécurité, lancé en 2007, regroupe les États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde. Ses sommets comportent des échanges d’informations, mais aussi des exercices militaires entre les pays membres. Le Quad s’est réuni à cinq reprises entre 2017 et 2019 pour promouvoir une «région indopacifique libre et ouverte dans le contexte des postures agressives de la Chine». En mars 2020, il a été rejoint par la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et le Vietnam pour la première fois. Mieux, en juillet 2020, l’Inde, le Japon et les États-Unis ont invité l’Australie à participer à un exercice maritime coordonné (à Malabar) prévu pour fin 2020. L’Australie cherche de nouvelles façons de garantir sa sécurité future par le biais d’alliances formelles. Notons au passage que le Japon accueillera le premier ministre indien en octobre prochain ; des pourparlers sont déjà prévus pour étendre leur coopération militaire.

En comparaison de la Chine, l’Inde est économiquement et financièrement faible. Elle n’en reste pas moins une puissance militaire nucléaire, régionale, forte et non-alignée. C’est en effet le troisième plus gros budget militaire au monde. Elle pourrait bien jouer un rôle-clé dans l’endiguement de la montée en puissance de Pékin. Le Quad s’avèrera-t-il la parfaite alliance anti-Chine? Pour l’heure, les astres s’alignent pour une initiative commune visant à dissuader la Chine. L’inclusion de l’Australie dans les exercices de guerre du Quad de fin d’année, qui n’est pas encore officielle augmenterait la tension déjà palpable dans la région indopacifique. Une nouvelle administration – démocrate – américaine verrait surement d’un très bon œil la renaissance de cette coalition multilatérale, afin d’endiguer la menace chinoise… Affaires à suivre!

 

Heravest SA est une boutique indépendante dans le conseil en investissement, du top-down au bottom-up, et un fournisseur de solutions d’investissement.

Rue du Cendrier 12-14
CH-1201 Genève
T +41 22 715 24 40