On ne va pas se le cacher, le truc qui nous maintient un tant soit peu en vie en cette fin de semaine, c’est de savoir si le S&P500 va finir au plus haut de tous les temps. Non, parce que le reste, c’est à peu près aussi intéressant qu’un burger avec de la fausse viande. Si l’on devait lister les centres d’intérêt des médias actuellement, on aurait meilleur temps de partir au cinéma se faire un film, mais comme on peut pas parce qu’il n’y a plus un film qui sort et qu’en plus il faut porter le masque au cinéma et que c’est super-compliqué de manger des popcorns avec le masque, on doit se résoudre à écouter les dernières nouvelles au sujet du nouveau stimulus qui semble à peu près aussi probable que l’arrivée sur le marché d’une Telsa équipée d’un V8 essence, ou alors on peut aussi se taper la liste des 200 esclaves qui appartenaient à l’ancêtre de Kamala Harris il y a un peu plus de 200 ans ou encore en dernier ressort, analyser les chiffres des Jobless Claims. Il n’y avait donc pas d’autre intérêt que de guetter quelque chose du côté du S&P500 – mais là encore, ce ne fût que déception et temps perdu.
L’Audio du 14 août 2020
Encore la tech
Alors que les discussions allaient bon train au sujet du stimulus, on se rend de plus en plus compte que si l’Américain moyen espère voir un jour un stimulus 2.0, il ne pourra que compter sur Trump ou sur un miracle, parce qu’il semble plutôt clair que le train des Démocrates ne circule pas sur la même voie que celui des Républicains et de ce fait, ils risquent bien de ne jamais se rencontrer. Du coup, comme on ne pouvait pas chercher la motivation acheteuse de ce côté-là, on s’est rabattu sur les chiffres des Jobless Claims et là, il y avait de la bonne nouvelle. Enfin, de la bonne nouvelle « en théorie », parce qu’il fallait tenir compte des pièges qui étaient inclus dans le chiffre publié par le département du travail.
En effet hier les USA ont donc annoncé des Jobless Claims en-dessous du million. C’est la première fois depuis que le pangolin et la chauve-souris se sont associés pour nous pourrir l’année, que le chiffre hebdomadaire passait en-dessous du million. En gros, il y a de moins en moins de personnes qui demandent le chômage. En théorie c’est une super-nouvelle et cela aurait dû nous conforter dans le fait que l’économie était vraiment en train d’entamer son recovery et que, finalement le marché n’avait pas complètement tort d’avoir pris de l’avance. Ça pouvait même mériter un petit rallye en direction des 3400 sur le S&P500.
Une question d’interprétation
Sauf que ce n’était pas aussi simple. Oui parce que si l’on observe les chiffres et si nous étions dans un vrai recovery économique massif, les gens qui ne demandaient plus d’aide aurait été surtout des gens qui avaient retrouvé du boulot. Sauf que là on n’est pas très sûrs. Les gens qui bossent au gouvernement et qui compilent les chiffres chaque semaine sont toujours très précis et s’acharnent à donner des données à 1’000 personnes près, mais par contre, en ce qui concerne la diminution de la demande de cette semaine, on est incapable de nous dire si ces gens ont retrouvé du travail ou est-ce qu’ils sont simplement sortis des statistiques, parce qu’ils n’ont plus le droit aux indemnités pour X ou Y raison.
Une des raisons pourrait bien être que ça faisait trop longtemps qu’ils étaient à la charge du gouvernement et comme aux States, y a pas le RMI parce qu’à la place on a inventé « le rêve américain », on vous enlève juste des listes et comme ça on peut montrer des jolis chiffres au types de Wall Street. Justement, hier on avait quand même un peu l’impression que les dés étaient pipés et en l’absence de réponse claires sur la structures mêmes des chiffres des Jobless Claims, on a quand même décidé d’acheter, mais d’acheter une valeur sûre, on est donc allé acheter des Apple, des Amazon et des Facebook. Oui, vous savez le type de valeurs qui étaient censées être sous pression en début de semaine parce que nous étions entrés dans la fameuse période bénie des « rotations de secteurs ». Eh ben visiblement on a fini la rotation et hier on a recommencé la rotation dans l’autre sens. À la vitesse où l’on change de stratégie ces temps, il serait bon d’envisager de voir s’il n’y a pas moyen de générer une énergie alternative et de faire rouler des voitures avec, parce que là on serait tranquille pour trois générations.
Un grand classique de l’investissement
En gros, on s’est refait une journée que l’on connaît bien depuis des mois : une journée FAANMG’s only et le reste, on se l’est gardé pour une autre fois. Le Dow Jones, lui souffrait de la déconfiture de Cisco après ses annonces trimestrielles pathétiques – le géant de l’IT se prenait 10% dans les dents et me pousse à me demander s’il ne serait pas plus simple d’intégrer Amazon, Facebook et Google dans l’indice et de sortir les boîtes qui ne servent plus à rien, les boîtes comme Coca, Procter & Gamble, McDonald’s ou pire encore ; Raytheon qui est tout de même un « méchant marchand d’armes » qui de toutes façons ne rentre plus dans nos portefeuilles ultra-cleans depuis bien longtemps. Si l’on rentrait les vrais titres qui font l’Amérique d’aujourd’hui et de demain, ça ne serait pas plus simple ?
En attendant que les autorités donnent suite à proposition, les intervenants se sont donc jetés sur la technologie – parce que c’est une valeur sûre – et parce qu’autant au football, à la fin c’est la France qui gagne, autant en bourse, c’est la tech qui gagne à la fin. On a beaucoup parlé des ancêtres de Kamala Harris – puisque si ça avait été Trump qui avait choisi une Vice-Présidente noire qui avait des ancêtres qui vendaient des esclaves, on aurait eu droit à une douzaine d’émissions spéciales avec des émeutes dans les rues, mais là, soudainement ce qui s’est passé y a 200 ans, c’est moins grave et puis en même temps, Kamala Harris n’a pas de statue à son effigie, il n’y a donc rien à déboulonner. Son passé semble lui être déjà pardonné, comme quoi l’interprétation de l’histoire se fait toujours à deux vitesses. Mais bon, là n’est pas le sujet. Disons que si le marché avait baissé ou était monté sur cette polémique, ça m’aurait énervé, alors autant qu’on en parle pour ne rien dire et qu’on laisse ça au experts de Facebook pour nous en expliquer les conséquences et les intérêts – s’il y en a.
L’Asie et la Techno
En conclusion le Nasdaq a terminé en hausse – à une encablure de ses plus hauts historiques et le reste était légèrement en baisse, tout comme l’Europe qui faisait une pause après deux séances de hausse consécutives et des hésitations sur l’Euro/Dollar. Et puis ce matin, en Asie les indices ne font strictement rien de relevant. Selon les informations qui me proviennent de là-bas, il semblerait que les intervenants attendent de voir ce qui va se passer au niveau du « stimulus » américain et le fait que Pelosi ait dit qu’ils étaient à des années lumières de trouver un deal et que Trump a glissé – dans une conférence de presse à propos de ses cheveux et de la pression de sa douche – que ce deal « ne se produirait jamais », ne semble produire aucun effet sur les marchés asiatiques qui préfèrent se mettre en position du lotus et attendre, on ne sait jamais.
Pendant ce temps, l’or est à 1958$ et tout se passe bien. On attend l’arrivée des 3’000$ et ensuite on doublera la position pour aller à 4’000$. Pour le moment, la confiance est toujours présente, mais on aimerait bien quand même que le dollar continue à se péter la figure, ça nous arrangerait quand même un peu. Oui, parce qu’en attendant, ça laisse quand même du temps aux négationnistes d’aiguiser leurs armes. Le dernier en date vient de publier un article sur Marketwatch en disant que chaque fois que l’or s’est comporté comme il se comporte actuellement – avec beaucoup de volatilité – il a fini par se faire démonter. Il suffit de reprendre le graphique de 2011-2012 pour se rendre compte que ce n’est pas complètement faux. Du côté du pétrole, c’est le calme plat et nous sommes toujours en embuscade pour aller chercher la résistance des 43$ sur le baril. Actuellement le brut se traite à 42.25$.
Les nouvelles du jour
Dans les nouvelles du jour, on parle toujours pas mal des chiffres du COVID, la barrière des 750’000 morts a donc été franchie et pas mal de monde se demande si les calculs sont corrects, puisqu’étonnement, dans la même période les AVC et les infarctus semblent avoir drastiquement diminué. Enfin, bref, tout le monde a une opinion et plus on cherche à comprendre, plus on n’y comprend rien. Et puis de toutes façon, le marché s’en contrefiche depuis un bon moment. Pendant ce temps, Israël et l’Arabie Saoudite ont réussi à signer un accord de paix qui a été mis en place par les Américains. Ça aussi, tout le monde s’en fout, mais comme il n’y a rien à dire, on peut quand même le mettre dans les journaux, même si tout le monde sait que ça durera le temps que ça durera. Mais que ça ne durera pas longtemps.
On notera aussi la performance de la nouvelle IPO chinoise hier à Wall Street. KE Holding a explosé de 87% lors de son premier jour de trading. Le spécialiste de l’immobilier sur internet est parvenu à afficher une performance spectaculaire alors que des voix s’élèvent pour mettre en garde les investisseurs sur la qualité des sociétés chinoise – souvenez-vous de Luckin Coffee récemment – mais aussi du fait que Trump est chaud-bouillant pour couper les vivres à la plupart des boîtes chinoise. Mais comme d’habitude, personne n’écoute. Pour rester dans la lignée de la Chine, ce matin on apprend que la SEC vient d’ouvrir une enquête sur iQiyi. On s’autorise à penser dans les milieux autorisés que le Netflix chinois aurait pu gonfler artificiellement ses revenus. Le titre est en chute libre depuis hier after close – on parle de 12 à 18% de baisse à l’ouverture. Mais bon, KE Holding qui vend des maisons sur internet, ça à l’air du solide. iQiyi est un spin-off de Baidu qui se fait d’ailleurs également allumer de 7% au passage.
Pour le reste, Fortnite, le jeu vidéo qui coupe les enfants et les ados du reste du monde (ce qui est peut-être pas plus mal) attaque Apple et Google en justice pour une sombre histoire de pognon et de mise à dispo du jeu sur les shops respectifs des deux géants. Et puis Monsieur Fauci se lève contre la théorie de l’immunité collective et pense que si les USA sont trop laxistes et « laissent faire les choses » comme la Suède, ça sera une catastrophe. Au passage, il encourage les écoles à faire les cours à l’extérieur à la rentrée scolaire. On se réjouit de voir comment ils vont faire au mois de décembre au Minnesota pour faire les cours dans la cour, il y aura peut-être moins de contamination, par contre les décès par hypothermie, c’est moins sûr. Et puis le Sénat a donc décidé d’ajourner les discussions sur le stimulus 2.0 jusqu’au Labor Day, soit le 7 septembre. Les Américains qui ne perçoivent plus aucune aide depuis fin juin vont apprécier.
Pour le moment les futures sont légèrement en hausse et puis, côté chiffres économiques nous aurons le CPI au Royaume de Macronie, puis le PIB en Europe, histoire de voir s’ils ont fait pire que les Anglais cette semaine. Puis il y aura les chiffres de la confiance du consommateur version Michigan ainsi que les Retail Sales.
Voilà, c’est tout ce qu’il y avait à dire aujourd’hui. Je crois qu’il me reste à vous souhaiter une belle journée, un excellent week-end et on se revoit lundi, en pleine forme – si nos gouvernements n’ont pas encore décidé de nous mettre en quarantaine pour aller travailler lundi matin. Très bon week-end à tous.
Thomas Veillet
Investir.ch
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