Après la séance méga-compliquée de la veille, séance durant laquelle nous avons passé notre temps à interpréter les conséquences d’un vaccin russe, d’un rebond de l’Euro/Dollar, d’une baisse de l’or, d’une vice-présidente noire potentielle, de la gestion des executives orders de Trump et de la rotation sectorielle qui commençait, on s’est retrouvé avec une journée où franchement, il ne s’est pas passé grand-chose – quand on regarde les nouvelles d’hier, on se rend compte – mis à part le vaccin de Poutine – que l’autre gros sujet, c’est le gouvernement américain qui est en train de revoir les normes de pression d’eau à la sortie des robinets. Oui, Trump se plaint qu’il n’a pas assez de pression pour se rincer les cheveux – et il tient à que ses splendides cheveux, qui ressemblent au pelage d’un berger de brie qui aurait été abandonné dans une grange depuis trop longtemps, soit absolument parfait. Et il semblerait donc que la pression de l’eau aux Etats-Unis ait quelque chose à voir avec ça. Je n’invente rien, c’est en première ligne de certains site financiers. Tout ça pour vous dire qu’hier n’était pas la journée la plus excitante de l’année.

L’Audio du 13 août 2020

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Caramba ! Encore raté.

Et pourtant on n’est pas passé loin de battre les records historiques du S&P500. Alors oui, au cas où vous revenez d’un voyage sur Pluton et que vous n’avez pas encore eu le temps de vous mettre à jour, depuis le mois de février il y a un virus chinois inventé par un pangolin qui en avait marre de finir en soupe qui a pas mal posé de problèmes à l’économie. Les bourses ses sont donc pété la figure – un bon krach qui a bien nettoyé nos aspirations bullish pendant environ trois jours et puis le gouvernement et les banques centrales se sont occupées de nous. Elles ont enfilé leur costume de Superman, de Batman et d’Iron Man et elles ont balancé tellement de liquidités que l’on a presque dû apprendre à compter au-delà du trillion. Et puis depuis cette époque lointaine qui date du 23 mars, les marchés se demandent quand est-ce que le S&P500 retournera au plus haut de tous les temps.

C’est un peu à ça que l’on joue depuis le début de la semaine. J’y vais, j’y vais pas, j’y vais, j’y vais pas. En fait on dirait moi en haut d’un pont avec un élastique attaché aux chevilles. Sauf qu’il ne faut pas trop comparer avec moi, parce qu’en ce qui me concerne je ne sauterais jamais. Alors que le S&P500, lui, il va le battre, ce foutu record. On est à 15 points du Graal et ce, après 1200 points de rebond par rapport au trou de mars – on ne va pas dégonfler si près du but. DEBLEU !

Encore un petit effort

Enfin, toujours est-il qu’hier on s’est fait une rebuffade au dernier moment. Mais ce n’est que partie remise. Mis à part les problématiques d’ablutions capillaires de Trump, il faut tout de même noter que le marché s’est montré relativement optimiste suite à l’annonce du vaccin Made In Poutine. La nouvelle en soit est bonne. La question qui reste posée est tout de même de savoir si ce truc fonctionne et si toutes les normes de sécurités ont été respectées lors de l’étude. Pour l’instant, la Russie ne se montre que très parcimonieuse en ce qui concerne la distribution d’informations et les « experts » en vaccin et en virologie – pas ceux de Facebook, les vrais qui ont fait des études – la plupart des experts estiment donc que ça a été trop vite pour être bon, qu’il faut faire gaffe parce que ça peut être dangereux. En fait, la seule chose où ils sont tous plus ou moins d’accord, c’est que ça aurait été quand même mieux si le premier vaccin avait été annoncé par une boîte américaine et si possible cotée en bourse et dans laquelle on avait des actions un peu avant l’annonce.

Il est assez drôle de constater que tout le monde remet en question la crédibilité de Poutine, alors que si c’est Trump qui avait fait cette annonce, on aurait probablement rouvert immédiatement les boîtes de nuit d’Ibiza, juste pour aller fêter ça et les USA auraient déclaré le 12 août jour férié. Et les français aussi, parce que ça aurait toujours fait un jour de congé en plus. Mais là c’est Poutine et tout le monde pense que c’est du Bullshit et que ; je cite : « les délais nécessaires à la création d’un vaccin n’ont pas été respectés ». Parlons-en des délais. Encore une fois je ne suis pas un expert, mais la dernière fois que je me suis documenté un poil sur wikipédia et dans le 20 minutes.ch, pour développer un médicament en temps normal, il fallait compter au moins 3 ans pour passer par les trois phases nécessaires, sachant que si on allait trop vite et que l’on bâclait les protocoles, les autorités qui seront appelées à valider le truc pourraient devenir aussi pénible qu’un agent de police municipale désœuvré qui vient de se rendre compte que vous avez dépassé votre stationnement autorisé de 34 secondes et 2 dixièmes. Tout ça pour dire que si Moderna est en phase trois de son développement et qu’ils nous pondent un vaccin en octobre cette année, de TOUTE manière, ça aura été trop vite. Trop vite, oui, mais Moderna est une boîte américaine dirigée par un français. Donc c’est pas pareil. Bref, Poutine est un escroc et il reste le méchant russe fourbe et menteur, alors que si ça avait été Trump, les trompettes de Jéricho auraient résonné pendant des heures.

Graphique de Cisco – Source : Tradingview.com

C’est la techno qui redémarre

Pendant que la plupart des experts du monde entier étaient en conférence sur Zoom pour savoir si on allait tous se faire vacciner en version russe sous-titrée ou pas et s’il fallait traduire la notice du vaccin en anglais et qui on pourrait traîner devant les tribunaux si le vaccin déclenchait une épidémie de zombies et que l’on vivait « Walking Dead » pour de vrai, les intervenants se sont quand même dit qu’il était temps de profiter des opportunités d’achats sur le secteur technologique. Souvenez-vous, hier lundi et mardi on nous parlait de « rotation de secteurs » et de la fin du « run » pour les technos, mais en fait ; non. En fait quand Apple perd 4% – la correction est faite et on revient massivement sur des niveaux d’achat comme pour le reste et comme pour les semi-conducteurs. En gros, même si la journée n’était pas des plus passionnantes, il faudra tout de même noter un certain regain d’optimisme puisque pendant un bref instant on a réussi à se dire que ces vaccins allaient peut-être finir par arriver et qu’il y avait un semblant de retour à la vie normale et donc une reprise économique massive qui était quand même possible. Et puis après je suis allé faire mes courses, j’ai oublié de mettre mon masque et je me suis fait plaquer au sol par 4 vigiles qui m’ont menacé de m’envoyer à Guantanamo si je ne mettais immédiatement mon masque et si je ne me gargarisais pas au gel hydro alcoolique qui sent la grappa.

Et puis, alors que l’on touchait à l’euphorie sur la techno, que le S&P500 frisait les records, on arrivait même à se moquer des commentaires des Pelosi qui laissait entendre que les Démocrates et les Républicains étaient à peu aussi proche des se mettre d’accord au sujet du plan de stimulus que les Palestiniens e les Israéliens le sont à propos de la vie en communauté. On a à peine fait attention aux chiffres économiques – sauf en Europe où il paraît que la production industrielle était moins pire que prévue, ce qui laissait un peu d’espoir à Bernard Arnault de retrouver sa place dans le top 5 des hommes les plus riches du monde – lui qui est au fond du trou après être passé au sixième rang – si jamais un numéro de téléphone pour les dons devrait être mis en place dans la journée, on vous tiendra au courant.

Et l’Asie

Ce matin en Asie on remonte un poil en Chine, le Japon reprend 2% – il faut dire que le dollar re-baisse et Hong Kong ne fait rien. Pendant ce temps l’or est en train de devenir presque aussi volatile que Kodak, puisqu’après une plongée vertigineuse depuis lundi, le métal jaune a soudainement stoppé la chute et est reparti à la hausse, ça sent bon les 4’000$ pour la fin de l’année. Au plus bas de la séance d’hier nous étions à 1865$ et ce matin nous avons même frôlé les 1950$, actuellement ça paie 1922$ et ça bouge aussi vite qu’un future sur indice. Il faut dire que ces dernières 24 heures on a entendu quelques prédictions assez castastrophistes sur la suite des évènements, la première émanant du roi des obligations, Jeffrey Gundlach, qui estime que Kalama Harris – surnommée aussi « le Messie » – est un peu trop charismatique et que, sur base de ça, le marché pourrait retourner au niveau des bas du mois de mars. Bon, d’accord pas que sur base de ça. Mais disons que comme il est faux depuis des mois, il n’y pas de raison que je lui donne plus de crédit qu’à mon Golden Retriever.

Par contre, on a trouvé autre chose qui fout les jetons. En 2001, Warren Buffet avait donné une interview dans laquelle il expliquait clairement que si les investisseurs s’étaient donné la peine d’observer UN SEUL INDICATEUR en 2000, ils auraient vu venir le Krach. Cet indicateur c’est la somme de toutes les capitalisations boursières par rapport au PIB. Lorsque la somme atteint 80% du PIB, il faut acheter et lorsque la somme de toutes les capitalisations dépasse les 100% du PIB, il faut tout vendre. Hier nous avons atteint les 100% du PIB. Sauf que dans l’histoire, on peut voir que – comme d’habitude, et vous le voyez sur le graphique ci-dessous – il y a des emballements à la hausse qui ont tendance à durer… avant de revenir à la normale, les 100% du PIB ne sont pas un mur. Bref, si vous cherchiez une nouvelle pour vous faire peur ce matin, je viens de vous la livrer.

Warren BBuffet Indicator – Source : Bloomberg

Les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, tout le monde parle de la nomination de Kalama Harris et du fait qu’elle ait déjà commencé son travail de sape en attaquant Trump sur tous ses échecs. Il y a aussi Cisco qui a publié des chiffres pas terribles et qui a clairement exprimé ses craintes au niveau des ventes – ce qui laisse craindre un ralentissement massif dans les dépenses au niveau IT. Sans compter que le CFO se tire. Le titre plongeait de 6% after close. Et puis Tencent a cartonné au niveau des chiffres, mais on a toujours la trouille rapport à WeChat et à la possibilité que Trump leur claque la porte en plein visage. Lyft a également publié des revenus en chute libre de 61% – comme s’ils avaient besoin de ça alors que la Californie les oblige – eux et UBER – à reconnaître leurs chauffeurs comme des employés. Du coup, les deux sociétés pourraient quitter l’état américain jusqu’à nouvel ordre.

Autrement le pétrole s’approche des 43$ et va bientôt tenter de casser la moyenne mobile des 200 jours, déclencher une Golden Cross et tout le monde dira qu’il peut retourner « au moins » à 50$. Coté chiffres économiques, nous aurons les Jobless Claims et pour l’instant, les futures sont inchangés et le suspense est insoutenable ; le S&P500 verra-t-il les 3400 ce soir où faudra-t-il attendre la fin de la semaine. Je peine à respirer tellement je suis tendu.

En attendant, je vous souhaite une belle journée. Souvenez-vous, la bonne nouvelle dans ce monde, c’est qu’il y a des certitudes, l’or va à 4’000, Apple vaudra bientôt 2’000 milliards, le pétrole va retourner à 100$ et à la fin Trump quittera la Maison Blanche, peut-être pas cette année, notez bien… Je vous remercie de m’avoir lu jusque-là et je vous retrouve demain à la même heure et au même endroit pour boucler la semaine.

À demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

« It is during our darkest moments that we must focus to see the light. » -Aristotle