Les indices mondiaux ont fini en baisse la semaine dernière. Ce n’était pas ce que l’on pouvait appeler un « Sell Off », mais mis à part ceux qui avaient été suralloués sur DoorDash, AirBNB ou en C3.ai, la semaine aura été plutôt morose et plutôt pas très rose. Mais en même temps, on n’avait pas non plus envie de tout vendre, parce que nous sommes dans un super-marché qui va profiter d’un rebond économique fabuleux – une fois que l’économie sera vraiment repartie, d’accord, mais quand même – et puis on n’osait pas vraiment « aller short » parce que « quand même il pourrait y avoir un stimulus, un accord sur le BREXIT et l’arrivée officiel du vaccin de Pfizer/BioNTech aux States ». Et même si le coup du stimulus fantôme qui s’en va et qui revient, on nous l’avait déjà fait par le passé et même si on se fait balader sur le BREXIT depuis des mois et que vu où ils en sont dans les négociations, trouver un deal en deux semaines est à peu près aussi plausible que d’aller sur la lune en vélo électrique, le marché restait dans cette zone d’espoir. Cette zone où tout peut arriver et surtout des trucs bien. Sans compter qu’imaginer que dès lundi on va vacciner les USA et, potentiellement enrayer une épidémie qui est en train de partir en vrille à coup de chiffres un peu plus monstrueux tous les jours, c’était une occasion en or de remotiver le marché et de remonter encore. Nous avons donc terminé la semaine dans une espèce de douce déprime, mais sans jamais vraiment y croire. Sans jamais envisager ne serait-ce qu’une seconde, se mettre en mode panique pour de vrai. Pourtant, quand on prend le temps de lire la presse américaine du week-end ; il y a quand même deux-trois articles qui sont plus dubitatifs qu’euphoriques. D’un côté on parle on parle d’une économie US qui est en train de prendre l’eau de tous les côtés – la consommation en baisse, les restaurants qui partent à la casse, les ventes de voitures en baisse de 20%, les licenciements qui prennent l’ascenseur à nouveau et les chiffres économiques qui ne montre pas de signe d’amélioration – et de l’autre on revient tous les deux jours sur l’affaire Tesla en estimant que « cette fois c’est vraiment trop cher » - JP Morgan pense que c’est surévalué et de beaucoup et un célèbre blogueur new-yorkais demande qu’on lui explique comment on peut justifier un PE de 1220 alors que le reste du secteur automobile se traite à 20. Mais bon, il est vrai que personne ne veut aller contre Tesla, parce qu’en plus elle rentre dans le S&P500 en fin de semaine. Il sera toujours temps de dire du mal plus tard.

L’Audio du 14 décembre 2020

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Les doutes sont levés ce matin (au moins pour quelques heures)

Nous avons donc un marché qui se cherche. Qui cherche des raisons valables pour aller plus haut et si possible des raisons que l’on n’a pas DÉJÀ pricées depuis des mois. Mais en même temps le marché ne veut pas baisser parce qu’il n’y a pas d’autres alternatives d’investissements et qu’on nous garde en haleine avec la bonne vieille stratégie du « un pas en avant, un pas en arrière ». La semaine dernière s’est terminée sur l’ANGOISSE de voir une crise exploser en Europe parce que le BREXIT tombera à l’eau si on ne trouve pas d’accord avant dimanche soir et que Boris Johnson, le sosie intellectuel de Trump, claironne partout dans les médias qu’il y avait – je cite : « très peu de chance de voir un accord avant dimanche et que tout pourrait bien tomber à l’eau ». Sauf que voilà ; pour entamer la semaine sur un bon ton, le BREXIT n’est pas tombé à l’eau et les Européens ont été d’accord de « continuer à négocier », parce que ça aurait été ballot de tout laisser tomber à « bout touchant d’une solution ». Ou comment conserver le suspense et garder les gens motivés.

Le terme « à bout touchant » a déjà été largement utilisé par le gouvernement américain qui nous balade depuis des mois avec son stimulus. Un stimulus de 2’200 milliards qui est descendu à 900 milliards et qui continue d’être repoussé encore et encore. Là encore, la semaine dernière on nous avait expliqué que le stimulus serait repoussé et que ça serait même très compliqué de trouver une solution parce qu’à la fin de cette semaine, les Sénateurs doivent partir en vacances, parce que vous comprenez, ils sont super-fatigués avec tout le boulot qu’ils alignent ces derniers mois et puis à 80 ans, forcément, on est moins endurant. Du coup, le stimulus à bout touchant semblait être de moins en moins facile à toucher. Mais comme on ne peut pas tout foutre en l’air si proche de Noël et que finir l’année avec un marché au plus haut de tous les temps, ça serait super pour la présidence de Biden à venir, on nous a trouvé un nouveau truc : LE STIMULUS divisé par deux pour que ça passe plus facilement. Oui, ils ont osé. Pour que la semaine commence bien on nous a laissé entendre qu’en coupant le stimulus en deux parties, ça serait plus facile à faire avaler. Du coup ce matin on est tout content parce qu’on pourrait quand même avoir un petit bout de stimulus pour nous sauver la mise.

On nous prendrait pour des cons que ça ne serait pas autrement

Pour résumer, en ce lundi matin on se retrouve avec un Stimulus au rabais, des négociations sur le BREXIT qui continuent et qui vont nous permettre de savoir si on va dans le mur de face ou si on va simplement y aller mais latéralement, histoire de réduire l’impact. Il paraît que l’Europe et l’Angleterre a demandé l’avis de Romain Grosjean sur le sujet. Et pendant ce temps, temps où les grands de ce monde se font reluire dans les médias internationaux, Moody’s vient de publier une étude qui estime que 20 millions d’Américains sont en retard pour le paiement de leurs loyers que, d’ici janvier – sans aide des clowns de Washington – une vague d’expulsion pourrait avoir lieu. Mais bon, c’est pas grave, parce qu’en attendant, à Wall Street on fête l’arrivée du vaccin de Pfizer/BioNTech qui va nous régler cette pandémie en deux coups de seringue magique. Même si Bill Gates il dit que ça serait quand même mieux de fermer bars et restaurants pour 4 à 6 mois et espérer un retour à une vie normale en 2022.

Vous je ne sais pas, mais là tout de suite, j’ai l’impression d’être dans un monde parallèle où on n’arrête pas de se prendre de mauvaises nouvelles sur la gueule, mais que tous les matins, en allumant mes écrans de trading, j’ai l’impression d’être connecté à un autre monde où tout va bien et où l’on se contente de promesses en l’air pour être content. Ça doit être ça la différence entre Wall Street et Main Street.

En Asie on est d’accord avec tout le monde

Pour entamer la semaine le Japon a publié son fameux tankan qui est censé donné un état du sentiment du business dans la région. Et le chiffre de ce matin était bon, si vous ajoutez à ça le feuilleton du BREXIT qui continue, le stimulus light à bout touchant et le début de la campagne de vaccins aux States ; que demande le peuple. Grosso-modo, tout monte. Sauf Hong-Kong qui est légèrement dans le rouge. Ailleurs on est confiant. Timidement confiant, mais confiant quand même.

L’or est à 1838$ et a vraiment de la peine à trouver une direction alors que le pétrole ne semble plus vouloir s’arrêter de monter. Là tout de suite on frise les 47$ et rien qu’à l’idée qu’un jour peut-être, l’économie repartira, il anticipe plein de choses.

Les nouvelles du jour

Dans les news du jour, on parle donc du vaccin, du stimulus bricolé, du BREXIT sous oxygène, mais aussi de l’Allemagne qui se reconfine, de la Suisse qui se demande si elle ne devrait pas le faire aussi et on attend de voir si Castex ne compte pas instaurer un couvre-feu dès 14h. Et puis on parle de Huntington Bankshares qui fusionne avec TCF Financial, de Vista Equity qui rachète Pluralsight pour 3.5 milliards et d’AstraZeneca qui rachète Alexion pour la modique somme de 39 milliards, soit 44% de prime pour le titre qui a terminé sa semaine à 121$.

Il y a aussi plusieurs agences fédérales qui se sont faites hacker durant le week-end et ça serait encore un coup des hackers russes. On se demande également ce que la FED va bien pouvoir dire ou faire, puisque la banque centrale américaine se réunira dès ce mardi pour deux jours. Elle devrait ensuite nous présenter ses intentions pour la suite, bien que mis à part confirmer le fait qu’elle va continuer à faire comme avant et peut-être augmenter encore son plan de rachat de dettes – comme la BCE, on n’attend pas grand-chose d’autre de plus. Selon certains experts, le rallye de fin d’année dépendra de ce qui va se passer durant cette semaine ; si on a un stimulus (ENFIN), si la FED est gentille avec nous, si Moderna peut utiliser son vaccin, si l’intégration de Tesla dans le S&P se passe bien et si Apple fait un take-over sur Exxon, tout devrait bien se passer.

Les chiffres du jour

Côté chiffres, nous aurons la production industrielle en Europe et le rapport mensuel de l’OPEP qui peut toujours nous donner du grain à moudre. Pour le reste, c’est comme déjà mentionné : vaccin, stimulus et BREXIT. Actuellement les futures sont en hausse de 0.6% et on semble en mode optimisme, mais pas trop.

Morningbull Live

En ce qui me concerne, je vous souhaite un bon lundi, un très bon début de semaine et on se retrouve demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

“It’s like learning to ride a unicorn. You never forget.”

― Eoin Colfer, Artemis Fowl