La tension entre les Etats-Unis et la Chine ne va pas retomber de sitôt. Même avec Joe Biden.

Au dernier jour de ses fonctions, l’Administration de Donald Trump a accusé la Chine de commettre des crimes contre l’humanité et un génocide contre les musulmans ouïghours et d’autres minorités. La nouvelle Administration de Joe Biden devrait valider ces accusations. La Chine est signataire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. La semaine dernière, les Américains ont levé les restrictions diplomatiques américaines sur Taïwan que les Etats-Unis s’étaient auto-imposées pour ménager la Chine. La reprise en mains rapide de Hong Kong ne laisse planer aucun doute que le prochain dossier brûlant sera Taïwan, avec un risque militaire évident. Et pour vraiment énerver la Chine, la représentante de Taïwan a été officiellement invitée à la cérémonie d’investiture de Joe Biden, une première depuis 1979. La difficulté de l’OMS de mener une investigation indépendante en Chine pour trouver l’origine du Covid-19, non pas pour montrer du doigt la Chine mais pour comprendre quand, où et comment est apparu le virus et éviter une nouvelle pandémie, n’est pas admissible et devrait pousser les Américains et les Européens à réagir fermement.

En entrant sur la bourse américaine, les sociétés chinoises ont profité des sources de financement illimitées. Mais aujourd’hui, les conditions ne sont plus réunies pour des cotations sereines. Cela fait quelques années que nous signalons un risque sur les sociétés chinoises cotées aux US, car les investisseurs étrangers ne sont pas actionnaires de la vraie société, mais d’une structure juridique, caymanaise le plus souvent. Il y a deux importants problèmes, l’un pour les investisseurs étrangers, la Liste noire US, et l’autre pour les sociétés chinoises cotées aux US, The Holding Foreign Companies Accountable Act (HCAA).

Alibaba et Tencent ont évité de justesse leur intégration sur la Liste noire US, où il y a 70 sociétés chinoises, grâce à l’intervention de la Fed et de Mnuchin qui ont convaincu Donald Trump qu’un tel mouvement provoquerait des dommages importants pour les investisseurs américains. Cette Liste noire inclut les sociétés chinoises qui travailleraient avec l’armée populaire de libération. Le 14 janvier, Xiaomi a été mis sur la Liste noire. Avec une capitalisation boursière de $1’500 milliards, l’impact négatif de l’intégration d’Alibaba et de Tencent ne serait pas seulement direct, mais également indirect à travers les fonds et ETF. Les fournisseurs d’indices comme MSCI, FTSE, Russell et Dow Jones ont déjà dû sortir China Mobile, China Unicom et China Telecommunications.

Le HCAA n’est pas acceptable pour les sociétés chinoises qui vont devoir se conformer aux standards comptables américains et accepter des audits comptables de la SEC.

Nous ne croyons pas à une nationalisation d’Alibaba, mais il est évident que les autorités chinoises cherchent à prendre le contrôle des activités financières tant d’Alibaba (Alipay, Ant Group) que de Tencent (WeChat Pay). Le Parti communiste veut également montrer où se trouve la ligne rouge; en octobre dernier, Jack Ma l’avait allègrement franchie, en accusant le régulateur financier chinois d’étouffer l’innovation et le comparant à un “club de vieux”.

Les risques augmentent donc pour les investisseurs qui achètent des sociétés chinoises cotées aux Etats-Unis, d’autant plus qu’ils ne sont pas propriétaires de la vraie société. On ne peut pas exclure que des Alibaba, Tencent, Baidu ou JD.com sortent de la cote américaine au cas où les tensions sino-américaines devaient être tendues à l’extrême, sur ordre du Parti communiste. Nous recommandons donc d’être exposé sur les actions chinoises domestiques, les actions A, pour atténuer les risques de dommages collatéraux sur les investisseurs étrangers en cas de dérapage entre les Etats-Unis et la Chine. Le gouvernement chinois soutiendra sa bourse, une source de richesse pour la classe moyenne.

Indice domestique CSI 300 presqu’au plus haut historique
source: Bloomberg

 

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