Lorsque l’on regarde les nouvelles du week-end et la grande majorité des articles qui ont été publiés, on se rend compte que l’on va parler du Bitcoin, d’Elon Musk, de Tesla et du Bitcoin et puis aussi de l’inflation, du Bitcoin et des rendements du 10 ans qui prennent l’ascenseur, du Bitcoin et du Stimulus de Biden qui avance avec le Bitcoin. Sans oublier que Biden et Yellen vont probablement lancer un autre stimulus plus gros que celui qui n’est pas encore accepté parce qu’il est trop cher et qu’on ne sait pas comment le financer et on devrait – peut-être – mais c’est pas sûr, parler du Bitcoin et aussi du fait que les USA approchent des 500'000 morts du COVID – mais ça, c’est bien moins important que de parler du Bitcoin et des taux hypothécaires qui prennent l’ascenseur aux États-Unis – déjà que les mecs peuvent plus payer leurs traites parce qu’ils ont plus de salaire. Reste à espérer qu’ils avaient investi dans du Bitcoin.

l’Audio du 22 février 2021

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Same player shoot again

Je ne vais pas vous mentir ; ce lundi matin ne me semble pas être la mère de tous les lundis matins les plus funs du monde. Visiblement on reprend les mêmes histoires que la semaine dernière, on les remanie et on se demande si en les regardant sous un angle différent, on va en faire quelque chose d’autre, il n’y a rien de moins sûr, mais ça vaut la peine d’essayer. En même temps, c’est pas qu’il y a grand-chose d’autre à dire. Alors prenons les choses dans l’ordre.

On ne va pas se mentir le sujet du jour et le sujet de tous les jours, c’est le miracle du bitcoin. Cela fait des années, des dizaines d’années que l’on cherche des véhicules d’investissements qui gagnent à tous les coups. Dans les années 30 on pensait que les actions ne pouvaient que monter et qu’elles ne s’arrêteraient jamais. Et puis on a eu la grande dépression et on s’est rendu compte que ça allait être plus compliqué que ça.

Un peu plus tard

Bien plus tard, on s’est dit que les Hedge Funds semblaient être la solution pour gagner à tous les coups, mais ça n’a pas fonctionné. Dans les années 90, on a découvert les produits dérivés, les futures et autres options du genre. Là, on s’est dit qu’on tenait un truc et puis y avait un mec à Singapour qui gagnait tous les coups, c’était peut-être que la martingale avait été découverte. Et puis y a eu un tremblement de terre au Japon et on s’est rendu compte que le petit Nick Leeson avait un peu menti à ses parents – la Banque Barings et que les parents en question allaient se retrouver sur la paille parce qu’en fait, avec les produits dérivés, les futures et autres options, on ne gagne pas à tous les coups.

Mais comme on avait un doute et qu’on se disait qu’il y avait quand même un truc à gratter sur cette thématique et que Nick Leeson était « SÛREMENT » un cas isolé et un pauvre type qui n’avait pas étudié assez et que si on ne mettait que des stars avec plein de diplômes tous ensemble, on devrait trouver la formule magique qui fait qu’on gagne à tous les coups. Et on avait raison !!! On a inventé le Long Term Capital Management – le LTCM – la réussite absolue, le truc qui gagne tout le temps et qui est une machine de guerre. Sauf qu’un matin on s’est rendu compte que lorsque tu rentres un éléphant dans un magasin de porcelaine, ça finit souvent très mal. Et c’est ce qui s’est passé. Le LTCM est devenu trop gros et il a fait comme La grenouille qui voulait devenir un bœuf : il a fait POUF…

Mais c’était pas fini

Pendant quelques années on a cicatrisé, on a nettoyé le merdier qui avait été laissé par le LTCM, on a fusionné l’UBS avec la SBS avec la bénédiction du Conseil Fédéral et de nos impôts et puis on a découvert les titres technologiques. Là, cette fois on s’est dit qu’on tenait un truc, l’avenir c’était la techno, c’était internet, c’était le fait que tout le monde allait faire du Point.Com. T’avais une boîte de merde, tu lui collais un point-com aux fesses et ça devenait mieux que Coca, Exxon et Nestlé réunis – même si t’étais 4 dans le garage de ta grand-mère. Bon, Là, le feu de paille il a pas duré trop longtemps et on est rapidement revenu à la raison.

Durant les années qui suivirent la bulle internet, on s’est dit qu’une bonne vieille méthode d’investissement à la Warren Buffet, c’était finalement pas mal. Pas les plus sexy du monde, mais pas mal. On ne deviendrait pas riche en trois semaines, mais on le deviendrait un jour et c’était déjà pas si mal. Et on commençait à accepter le fait que l’on ne pouvait pas gagner à tous les coups. Sauf qu’il y a un type qui a inventé la titrisation de tout et n’importe quoi et on a eu l’idée GÉNIALE du SUBPRIME. Alors le SUBPRIME, c’est un truc fabuleux – aujourd’hui, près de quatorze ans après, on n’est même pas encore très sûr de comment faut l’expliquer, mais ce que l’on sait c’est que créer des produits structurés adossés à de l’immobilier qui des fois n’existait même pas et compter sur des rendements miracles pour les 287 années à venir, eh bien ça ne fonctionne pas. Surtout quand ledit marché immobilier ne fait que baisser.

Bernie aussi

Durant cette période bénie de l’argent facile, de l’immobilier magique, des fées et des princesses de Wall Street, on a aussi eu un autre génie qui avait inventé le fonds qui ne perd jamais, la NAV qui ne baisse jamais et le gérant de fortune qui est grassement payé pour faire gagner encore beaucoup plus à son client. Ça paraissait trop beau pour être vrai et justement, ça n’était pas vrai, puisque c’était une escroquerie. Ça ne compte donc pas dans les produits qui gagnent à tous les coups, même si on y a cru un moment quand même.

Post- Subprime

Après la crise des subprimes, pendant quelques mois on s’est dit que l’investissement c’était vraiment de la daube. Puis la crise grecque est arrivée et on s’est dit que l’investissement ; c’était vraiment-vraiment de la daube. Mais par contre, ça a tout de même donné naissance à la théorie qui dit que les banques centrales sont nos amies et qu’elles seront toujours là pour nous aider. Et a commencé un nouveau Bull Market qui n’a toujours pas cessé depuis ce temps-là. On a inventé le « Whatever it takes », on a inventé Bernanke, Draghi et Kuroda, puis on eut Powell et le soutien inconditionnel aux marchés ….euh, pardon : à l’économie. Mais durant ces 14 dernières années où l’on a découvert l’utilité de banques centrales ; à savoir faire de l’assouplissement monétaire pour nous permettre de monter encore, on n’était pas pleinement satisfait, pas pleinement heureux, puisque l’on savait que l’on n’avait pas encore trouvé le truc qui fait que l’on gagne à tous les coups, le truc qui monte sans arrêt et qui nous rend tous très très riche.

Et puis, est arrivé le BITCOIN.

Il y a deux mille ans, il y a un type avec les cheveux gras et une robe grisâtre qu’il n’avait pas dû laver pendant plusieurs années qui est arrivé sur terre, qui a marché sur l’eau et multiplié les pains. Ensuite, il a enrôlé une bande de potes qui avaient tous des noms francophones et ils ont monté une start-up basée sur la multiplication des pains et le pardon. Ils ont pris des locaux à Rome et ils ont vendu des miracles et construit des succursales un peu partout dans le monde. C’était un petit miracle à l’époque. C’était l’Apple de l’époque.

Sauf qu’aujourd’hui, on a le BITCOIN et cette fois, c’est sûr : ON LE TIENT CE TRUC QUI NE VA FAIRE QUE MONTER !!!! Enfin ! Après des dizaines d’années d’errances à rechercher le Graal de la finance, le Bitcoin est arrivé et on a enfin compris qu’il suffit d’acheter et d’attendre et qu’un jour on sera tous très très riches. Comme en 1930 avec les actions, comme le LTCM, comme le pétrole qui devait aller à 300$, comme l’or qui devait aller à 4’000$. Comme GameStop qui devait aller à 1’000$. Je ne sais pas, si comme moi, vous ressentez ce soulagement de la quête qui a abouti. Rien qu’à l’idée de savoir que l’on a enfin TROUVÉ, je me sens dans la peau du chercheur de Pfizer/BionTech quand ils ont trouvé le vaccin anti-covid. Nous avons donc enfin réussi à trouver le produit financier qui montera tout le temps et pour toujours. Amen ou plutôt ELON comme on dit dans les nouvelles églises dévouées à cette nouvelle religion.

Tout ça pour vous dire…

Donc voilà, il était important que je vous dise qu’après toutes ces années, on a fini par trouver. À partir de là, on peut dire que cette semaine on va s’exciter sur Tesla parce que la star des analystes, Dan Ives pense que Tesla a déjà gagné 1 milliard avec son investissement en Bitcoin et que c’est déjà plus que ce qu’ils gagnent en vendant des voitures. On va aussi se concentrer sur le Stimulus à tentacules que nous préparent Biden et Yellen. On avance sur les 1’900 milliards, mais il devrait y avoir aussi un autre de 2’000 milliards juste derrière. Comment est-ce qu’ils seront financés ? Aucune idée. Ni moi ni eux ne savons encore comment ils vont faire. Mais il y aura donc un Stimulus 4.0 et sachant que les trois premiers ont fonctionné à peu près aussi bien que la fermeture des restaurants pour endiguer l’épidémie, il n’y a vraiment pas de soucis à se faire.

Et puis, au-delà du stimulus, les Américains se réveillent en ce lundi avec un chiffre en tête, le chiffre 500’000. C’est le bilan du nombre de morts causés par le COVID. Ce qu’il y de bien, c’est qu’à côté, le nombre de morts d’autres maladies a drastiquement baissé, la grippe a disparu et les maladies causées par le tabac sont reléguée à des peanuts – d’où l’utilité de garder tous les magasins de tabac ouverts. Enfin quoi qu’il en soit, ce chiffre est dramatique, mais tout va bien se passer, puisque ça ne donnera lieu qu’à de nouveaux stimulus et des taux bas pour les siècles à venir. Reste plus qu’à espérer que l’inflation qui pourrait arriver avec ces montagnes d’injections financières soit contenue, sinon on est mal. Mais que l’on se rassure, ce week-end plusieurs banques d’affaires ont fait le point sur l’arrivée de l’inflation et elles sont unanimes : ça va bien se passer !!! Je rappelle que ce sont les mêmes banques d’affaires qui ont backé le fonds LTCM, les mêmes banques d’affaires qui ont dit que le Subprime c’était cool, les mêmes banques d’affaires qui ont pensé que la Grèce allait sortir de l’Europe avant l’Angleterre et ce sont les mêmes banques d’affaires qui ont dit que le Bitcoin ça ne valait pas tripette et que c’était limite une fraude y a trois ans en arrière. Mais ça va bien se passer. Au pire restera les banques centrales.

Aujourd’hui

Ce matin l’Asie ne fait pas grand-chose, les futures sont en baisse de trois fois rien. Le pétrole est sous les 60$, l’or sous les 1’800$ et le Dieu Bitcoin est en baisse à 55’500$ et nous fait l’offrande et la très grande joie de bien vouloir se laisser acheter moins cher que son plus haut historique. Plus haut historique qui devraient logiquement être battus dans la semaine, en fonction du prochain tweet de l’analyste en chef du Bitcoin : Elon Musk.

Pour le reste, les Chinois réclament la levée des sanctions américaines, Biden s’occupe de son stimulus et il rappellera la Chine ensuite. Boeing cloue ses 777 au sol parce qu’apparemment perdre un réacteur en vol ne fait pas partie du mode d’emploi de l’avion. Ceci étant dit ; cette fois personne n’est mort. Et puis pour l’instant on cherche le prochain Socket, le prochain Comstock Mining, mais pour l’instant, rien de neuf à se mettre sous la dent. Cette semaine nous aurons les chiffres de AirBNB et de Nvidia qui pourraient éventuellement nous permettre de parler d’autre chose que du Bitcoin, mais c’est pas sûr.

Voilà. J’ai commencé cette chronique en me demandant ce que j’allais bien pouvoir raconter et puis heureusement j’ai checké les médias et j’ai vu qu’un article sur deux parlait du Bitcoin et que l’autre article sur deux parlait du Bitcoin et d’Elon Musk, ça m’a facilité le travail. Excellente journée à tous et à demain.

 

Thomas Veillet

Investir.ch

“Do not take life too seriously. You will never get out of it alive”. – Elbert Hubbard