Il n’est jamais simple d’identifier la fin d’un mouvement, d’un cycle ou même d’un Bull Market, toujours est-il que l’on dirait que l’on s’approche gentiment d’une zone de fatigue. En tous les cas sur les indices. Sectoriellement parlant, c’est encore autre chose ; on voit que les gens se réfugient dans des trucs plus défensifs et virent la techno, je suis à deux doigts de penser que dans les 48 heures qui viennent, on va ENCORE nous parler de rotation de secteurs.

L’Audio du 4 mai 2021

Télécharger le podcast (.mp3)

Peux plus

Quoi qu’il en soit, on sent que ça ne peut plus en avant. C’est imperceptible et je n’ai aucune idée de quelle pourrait être l’amplitude d’une correction à venir, mais un gourou de la finance disait hier que le marché était mûr pour une correction de 5 à 10% ou alors d’une consolidation latérale de quelques mois. On voit tout de suite qu’il s’est bien mouillé. Il aurait rajouté une hypothèse de cassure à la hausse et l’ensemble des scénarios étaient couverts. Toujours est-il qu’il faut lui laisser ça : on manque un peu de carburant.

Les chiffres économiques sont bons, les chiffres micro-économiques sont canonissimes, on ne va pas revenir dessus, tout semble aller pour le mieux du côté COVID et vaccins en tous genres, puisqu’hier on s’autorisait à penser dans les milieux autorisés que l’on allait pouvoir – dans la joie et la bonne humeur – vacciner les enfants entre 12 et 15 ans avec le vaccin Pfizer. Ceux-là même que l’on pouvait envoyer à l’école parce qu’ils « n’étaient pas vraiment contagieux » – c’est donc une super-nouvelle. Enfin, c’est surtout une super-nouvelle pour Pfizer-BioNTech qui élargit sa base de clientèle. Je pense qu’il faudrait aussi vérifier si l’on ne devrait pas vacciner les animaux de compagnie – je me sentirais bien plus en sécurité après que mon labrador ait été vacciné, surtout qu’il refuse obstinément de porter le masque. Tout ça pour dire qu’avec toutes ces bonnes nouvelles et le discours de Powell hier soir, qui était un best-of de tous les autres – avec en plus une pensée pour l’augmentation des disparités durant la pandémie, car devinez quoi ? Les riches sont plus riches et les pauvres, plus pauvres. C’est fou ça.

Donc, malgré tout ça, malgré le fait que TOUT VA BIEN et que le plan se déroule comme prévu, les marchés ne peuvent plus aller en avant. Alors oui, hier le S&P500 terminait en hausse de 0.27%, mais ça se voit à peine sur le chart, mais le Nasdaq a franchement une sale tronche et je ne vous parle même pas du SOX – puisque le semi-conducteurs index vient de traverser sa moyenne mobile des 50 jours comme si c’était du beurre, ce qui ne laisse rien augurer de très bon pour ces prochains jours. Finalement, le seul truc qui a une bonne tête ; c’est notre bon vieux Dow Jones – comme quoi tout se recoupe, on va se remettre sur les values et attendre que l’orage passe. Autant pour le « fait ce qu’il te plaît en mai », disons que cette année ça sera plutôt : « luge toi en avril et serre les fesses en mai ».

L’Europe sur son nuage (petit nuage)

En Europe on vivait dans un monde un peu à part hier. Les données économiques allemandes rassuraient tout le monde et le fait que les Français aient enfin le droit de bouger à plus de 10 kilomètres de chez eux, était également une victoire pour les marchés. On notera que le clown expert en marketing qui leur sert de Président est déjà en campagne électorale et donne l’impression de se prendre pour De Gaulle (avec un mètre de moins en hauteur et l’absence de charisme en plus), puisque depuis trois jours il est dans tous les journaux en se présentant comme « Le Libérateur de la France ». Après avoir envoyé tous ses Ministres au casse-pipe, ce pauvre type se prend pour un héros à grand renfort de premières pages dans les journaux. Mais peu importe, ça à l’air de fonctionner et le CAC40 trouvait trop cool que les gens puissent sortir sans attestation et puissent aller caillasser des gendarmes et des pompiers dans des banlieues à plus de 10 kilomètres de chez eux.

En résumé, hier l’Europe fêtait son recovery à elle, pendant que les Américains semblait tester les limites du leur. On notera aussi que les « appels à la prudence » sont de plus en plus nombreux. Bon nombre de gourous sont de sortie et parlent d’euphorie, de risque de correction et… devinez quoi ???

DE SELL IN MAY AND GO AWAY !!!

Comme c’est original, on l’avait pas du tout vu venir celui-là… Pendant un bref instant j’avais cru que l’on allait passer directement au mois de juin, mais en fait non. Soudainement on s’est souvenu du fameux « SELL IN MAY AND GO AWAY »… ce qui explique sûrement la faiblesse du Nasdaq hier.

En Asie

Ce matin en Asie, c’est toujours les vacances. Au moins le Hang Seng tente une remonté de 0.25% après 3% de baisse, mais on peut dire que l’on a connu des krachs boursiers bien plus dynamiques que le rebond de ce matin. Un rebond qui ressemble plus à de la médecine homéopathique qu’à une volonté réelle d’y retourner. Surtout tant que les Chinois et les Japonais ne sont pas revenus de leur week-end prolongé.

L’or est en légère hausse depuis quelques heures. En effet, les cryptos sont un peu en difficulté ce matin et on sent que dès que le Bitcoin fait mine de perdre connaissance, le métal jaune frétille de la queue pour montrer sa présence, une autre manière de dire « hé, hé, je suis la moi aussi ! Moi aussi je peux aller à 4’000$ »… À l’instant, le métal jaune est à 1788$ et le Bitcoin est à 55’000 – par contre l’Ether se porte bien, puisqu’il est à 3’250$ et que, selon les EXPERTS, d’ici la fin de la semaine, il devrait être à 5’000$. – si, si, je n’invente rien, il paraît que c’est le fruit d’une longue analyse que l’on ne peut pas comprendre vous et moi. Enfin, surtout moi. Pendant ce temps, le pétrole s’envole… Enfin, s’envole c’est vite dit. Mais disons que lorsqu’un ASSET CLASS qui n’est pas une crypto-monnaie prend presque 2$ en 24 heures, j’aime bien m’enthousiasmer et dire que ça s’envole, ça me donne justement l’impression d’être un crypto-trader. Le baril vaut 64.55$.

Nouvelles du jour

LA NOUVELLE du jour c’est évidemment le divorce de Bill et Melinda Gates après 27 ans de mariage. Il paraît que tous les avocats de Seattle sont sur le coup et sont tous prêts à se faire payer « au pourcentage » de ce qu’ils vont récupérer. Je ne sais pas si ça va avoir la moindre influence sur le titre Microsoft, mais à voir comment c’est partout dans les journaux, on dirait que c’est bien plus important que le vaccin anti-COVID pour tout le monde. Dans les autres nouvelles financières qui n’intéressent personne, on notera que New York et la Floride sont en train de lever la plupart des restrictions anti-COVID, ils sont en train de voler la vedette à Macron, les salauds. Autrement le fonds Apollo a racheté la division média de Verizon pour 5 milliards, c’est l’équivalent de la commission de l’avocat de Melinda Gates.

Et puis il y a le Crédit Suisse qui fait encore parler de lui, puisque l’on apprend que dans les 12 mois qui ont précédé la déconfiture du fonds Archegos et qui leur a coûté 5.4 milliards, le Crédit Suisse a tout de même encaissé 17.5 millions de dollars de commission. Non, franchement ça ne fait pas rire du tout. Il y a un manager quelque part –s’il ne s’est pas encore fait virer – qui doit être super fier de lui. Normalement, à coup de 17,5 millions de commission par an, d’ici 300 ans à la louche, ils auront couvert la perte. Tout espoir n’est donc pas perdu – reste juste à trouver un nouveau fonds pour faire le cobaye. Note, même deux fonds. Comme ça en 150 ans, c’est réglé.

Au chapitre nouvelles technologie, Ford devrait pouvoir fabriquer ses propres batteries d’ici 2025, il ne leur reste plus qu’à acheter des mines en Afrique et engager des enfants de 8 ans que Nike ne veut plus pour aller creuser et chercher les métaux nécessaires. Et puis selon les « analystes », Apple devrait sortir un iPhone pliable qui, une fois déplié sera plus grand qu’un iPad et ce, à l’horizon 2023. Bon. Alors déjà je ne vois pas l’intérêt de se balader avec un truc dans la poche qui sera bientôt plus grand que l’écran de la télé du salon, parce que ça va se voir quand tu téléphone au volant. Mais surtout, je trouve absolument fabuleux que les ANALYSTES sur Apple qui se sont littéralement vautrés sur les chiffres de la société trois trimestre d’affilée, viennent soudainement nous dire ce qu’Apple va commercialiser dans 2 ans alors qu’ils sont incapables donner les horaires d’ouverture des Apple Stores sans se gourer.

Les chiffres du jour

En ce qui concerne les chiffres du jour, il y aura le SECO en Suisse, le Manufacturing PMI en Angleterre, puis le Trade Balance aux USA, ainsi que les Factory Orders. Pour les trimestriels, nous aurons Pfizer qui ne veut toujours pas donner gratuitement ses vaccins en Inde, parce que tu comprends – à cause de l’argent – mais aussi CVS, Xilinx, Activision, T-Mobile, Under Armour, Conoco, Ballard, Ferrari et Lyft.

Pour le moment, les futures sont en baisse de 0.3% – histoire d’illustrer la fatigue qui nous pèse sur les épaules… En ce qui me concerne, il me reste à vous souhaiter une excellente journée et l’on se retrouve demain à la même heure et au même endroit.

À demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

“The only time a woman really succeeds in changing a man is when he is a baby.”

– Natalie Wood–