Les cours des actions des valeurs de la pharma/biotech ont baissé avec l’idée d’une levée temporaire des brevets sur les vaccins Covid pour donner un accès rapide à la vaccination dans le monde entier, surtout les pays en développement. Les Etats-Unis et la France ont validé cette idée. Après avoir dit oui, l’Allemagne a fait volte-face et écarté cette proposition, se souvenant que BioNTech et CureVac étaient des biotechs allemandes. Dans le plus grand secret, l’Australie serait en train d’élaborer son propre vaccin Covid à messager ANR.

Une rémunération du risque adéquate

L’idée pourrait faire sens si les vaccins, utilisés dans les pays développés, avaient été trouvés par de grandes sociétés pharmaceutiques. Ce n’est pas le cas. Les vaccins ont été trouvés par de petites biotechs ou startups: Moderna, BioNTech, Université d’Oxford, Janssen, CureVac, Novavax, etc … Les brevets sur ces vaccins sont leur principal actif. Ces structures, petites et agiles, permettent de trouver des médicaments et vaccins issus de la biotechnologie qui nécessitent beaucoup de financement au départ, avec un risque d’échec important, un risque rémunéré à la fin. Si on ne garantit plus la conservation des brevets, le risque s’accroit et pourrait dissuader les biotechs à trouver des produits innovants.

L’OMS et les Etats pourraient aussi raisonner de manière identique avec des vaccins contre le cancer et le sida issus de la technologie ARN messager, maladies qui font beaucoup plus de morts que la Covid-2. On risque de casser l’innovation et l’entreprenariat. Même avec une levée temporaire. Les grands laboratoires pharmaceutiques ont progressivement délégué l’innovation à des entreprises plus petites, un raisonnement stratégique volontaire. Les fonds de capital-risque qui investissement au départ des projets pourrait demander une prime de risque plus importante si l’incertitude augmente. Ces biotechs ont une capacité de réaction et d’adaptation incroyable et ce n’est pas sûr qu’elles restent motivées si les Etats et l’OMS s’en mêlent. Moderna a mis au point des boosters, des vaccins administrés après les 2 premières doses pour augmenter l’immunité face aux mutations du coronavirus (variants brésilien, sud-africain et indien). Les boosters font partie d’une stratégie de rappel pour se protéger des nouveaux variants.

Une levée des brevets n’accélérera pas la vaccination, car la mise en place de nouvelles lignes de production des vaccins demande du temps avec un niveau élevé de technicité. Il a fallu plusieurs mois à Sanofi, qui produira les vaccins de Moderna et de BioNTech, et Novartis (BioNTech) pour mettre en place des lignes de production, alors que ces deux groupes ont des compétences largement reconnues.

Une stratégie diplomatique

Le nouveau partenariat conclu entre la Chine et la Russie sur la livraison de vaccins chinois (Sinopharm et Sinovac) et russe (Sputnik V) pour les pays en développement éloigne l’idée d’une levée temporaire des brevets. Seul le vaccin Sinopharm est agréé par l’OMS. La Russie et la Chine veulent maîtriser leurs vaccins qui font partie d’une stratégie diplomatique en ne ciblant que les pays en développement. De nombreux pays proches des pays développés comme la Turquie, l’Argentine, le Chili ou l’Indonésie se sont tournés vers le vaccin chinois, car les pays développés gardent leurs vaccins pour eux.

Le Canada, l’Australie, le UK et la Nouvelle-Zélande ont commandé des doses qui couvrent plus de 3 fois leur population. Ces derniers mois, la désinformation des autorités chinoises et russes auprès de leurs citoyens est visible avec des attaques régulières sur les vaccins Pfizer/BioNTech et Astrazeneca qui provoqueraient des décès et pour discréditer l’ordre mondial imposé par les Etats-Unis.

La Chine va aider la Russie à produire le Sputnik V. Selon Think Global Health, la Chine aurait donné son vaccin aux pays qui participent au projet de la Route de la Soie. La Chine et la Russie ont une petite fenêtre pour imposer leurs vaccins diplomatiques dans la zone émergente avant la déferlante des vaccins des pays développés. L’idée de Joe Biden de lever temporairement les brevets est aussi de casser la dynamique sino-russe.

population vaccinée covid au moins 1 dose

 

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