Les jours passent, les différents sentiments trépassent, les avis arrivent, puis repartent. La seule constance c’est l’attention que porte le marché aux paroles de Powell, le type doit faire super-attention à ce qu’il dit, parce qu’actuellement il a le pouvoir de faire ou de défaire des fortunes. De créer des bulles ou de déclencher des krachs. Et nous, les investisseurs, nous nous contentons d’être des bons toutous qui obéissent au doigt et à l’œil. On se croirait dans une compétition d’éducation canine, tellement c’est bien orchestré.

L’Audio du 23 juin 2021

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Le témoignage de Powell

Hier, le seul truc qui nous occupait – mis à part le défonçage en règle des crypto-monnaies – c’était le témoignage de Powell. Comme la veille, il avait déjà dit qu’il ferait une « Draghi » pour sauver l’économie (comprenez Whatever it takes – tout ce qui est en mon pouvoir) et sachant qu’il en a une chiée, de pouvoir, on savait qu’il n’allait pas débarquer devant le Joint Economic Committee avec les cheveux en bataille, les yeux injectés de sang et hurler qu’on est foutu et que la FED ne peut plus rien faire, puis quitter la salle en criant : « Sauve qui peut ».

Mais le Chairman de la FED avait soigneusement préparé son discours et ses remarques. En plus de celles qu’il avait savamment laissé fuiter la veille, il nous aencore une fois joué ses meilleurs morceaux et a enchanté son public. Oui, Jerome Powell est l’équivalent d’une Rock Star dans le monde de l’investissement et lorsque vous allez à un concert de Bruce Springsteen (désolé pour la référence, on a l’âge de ses artères et si j’avais mis Justin Bieber, j’aurais pas été crédible). Donc, lorsque vous allez à un concert de Bruce Springsteen, vous SAVEZ qu’à un moment ou un autre, il va chanter « Born In The USA ». C’est quasi obligatoire. Eh bien c’est pareil pour Powell, lorsqu’il est devant un micro, vous SAVEZ qu’il va vous au moins vous dire :

  • L’inflation ne SERA que transitoire
  • L’emploi va reprendre mais probablement durant à l’automne

Et pour terminer, en rappel avant le baisser de rideau, le fameux tube : Whatever it takes.

Ce mardi 22 juin nous avons tout eu. D’ailleurs le marché l’a bien compris et il a obéit à la voix de son maître. Des fois on dit que Musk manipule les Cryptos, mais là tout de suite, Powell et ses potes de la FED, ils font à peu près ce qu’ils veulent avec nous. On a presque le sentiment que tout est réglé comme du papier à musique et qu’ils prennent un plaisir non-dissimulé à nous voir courir derrière la baballe. Soudainement j’ai peur de ce que peut penser mon chien. Suis-je un manipulateur qui se satisfait de le voir courir encore et encore ? Le doute m’étreint.

On the road again

Inutile de vous dire que les paroles apaisantes de Powell, ainsi que ses instructions claires sur le chemin à suivre ont eu leur petit effet. Si l’Europe terminait péniblement en hausse dans l’attente des ordres à venir du leader maximo Jerome Powell. Il faut dire que la reprise de Whatever it takes par Christine Lagarde avec sa voix rauque avait déjà un peu motivé les troupes, même si l’on restait prudent. Prudent, mais pas assez idiot ou inquiet pour vendre sur les mises en garde de résurgence du COVID en version Delta. Les indices du vieux continent terminaient donc légèrement en hausse, sauf l’Italie et la Suisse. Mais la Suisse on s’en fout, c’est pas dans l’Europe et les Suisses étaient trop occupés à se satisfaire du repêchage à L’Euro 2020 qui se joue un 2021 parce que c’était trop cher de changer les logos et puis de toutes façons, il fait trop chaud dans les stades et y a trop de bruit. C’était mieux avant quand y avait pas de public.

Et puis alors aux USA on était donc en pamoison devant le témoignage de Powell qui envoyait le Nasdaq au plus haut de tous les temps et le S&P500 à « ça », de faire pareil. Le Dow Jones est un peu en retard, mais la journée était ferme, haussière, dynamique et obéissait à Powell. Microsoft en a profité pour passer les 2’000 milliards de capitalisation boursière en terminant au plus haut de tous les temps. Ce qui devrait permettre à Bill Gates de survivre à son divorce encore un peu mieux qu’avant. Apple est toujours la plus grosse capitalisation du monde et le titre du géant de Cupertino vient même de casser le triangle dans lequel elle se traîne depuis des mois et laisse entrevoir des records à venir. Plus que 11 dollars à gratter. Le trio de tête du Nasdaq se résume en trois noms : Splunk, Peloton et Moderna. Et puis notons également que Facebook et Google sont au plus haut de tous le temps et qu’en ce qui concerne Amazon, c’est une question de jours.

Crypto Sunset ou Crypto Sunrise ?

L’autre sujet de la journée était indubitablement les crypto-monnaies. Il est toujours délicat de parler de ça – surtout quand ça va mal – parce que l’on fait face à une horde de passionnés et de fervents convaincus qui n’aiment pas qu’on dise du mal ou que l’on remette en question leur « précieux ». Sauf qu’hier on reparlait de la Chine qui continuait son travail de sape sur le secteur. Du fait qu’ils s’en prenaient aux « miners », mais aussi aux transactions à base de cryptos, puisque la moindre banque ou le moindre établissement financier qui sera pris la main dans le sac en train d’en traiter ou de servir de plateforme des settlement se verra offrir plusieurs années au frais du contribuable dans un camp de vacances à l’extrême nord du pays. Et quand on sait jusqu’où va le Nord de la Chine, c’est moyennement motivant. Sans compter que des rumeurs insistantes parlent de réglementations à venir du côté américain. Rien de très clair, mais de plus en plus souvent présent au chapitre rumeurs et comme on sait qu’il n’y a pas de fumée sans feu… Méfiance.

Toujours est-il que le Bitcoin a tapé les plus bas depuis le mois de janvier. Même plus bas que son dernier plus bas lors de la seconde intervention de Musk. Techniquement la plupart des techniciens voient une ouverture à la baisse qui pourrait envoyer le Bitcoin à 20’000$. Mais comme le disent d’autres experts : « le Bitcoin est à un moment charnière ; soit il remonte à 65’000$ soit il baisse en direction des 20’000$ ». On voit que les crypto-monnaies deviennent presque matures, puisque les analystes commencent à avoir le même type de discours que sur les actions : « Il se pourrait bien que ça monte, mais on ne peut pas exclure une baisse violente. Sans compter que l’immobilisme n’est pas à exclure au vu de la baisse des volumes ». En gros, quand on en sait aussi peu, on a meilleur temps de fermer sa gueule. Mais fermer sa gueule, dans le monde de la finance, c’est pas trop notre style.

La bonne nouvelle c’est que ce matin, le Bitcoin fait mentir les analystes techniques et remonte comme un bouchon de liège, peut-être que l’on espère que Musk va tweeter ou que la Chine va renoncer à mettre la pression sur les cryptos pour faire de la place à SA PROPRE monnaie cryptographique qui arrive. On peut rêver.

Pour le reste

Ce matin l’Asie est immobile. Légèrement dans le vert, mais immobile. Sauf Hong Kong qui prend 1.5%. Il n’y a que peu de nouvelles et les gens ne se concentrent que sur ce qui a été dit par Powell hier soir. On ne va donc pas se repasser le film. Il était bien, mais il ne fait quand même pas partie de ces films que l’on doit voir une fois par semaine. Comme Top Gun, par exemple. Au chapitre de l’or, c’est Waterloo morne plaine, l’once s’échange à 1786$ et le pétrole est à 73$ et des poussières, en embuscade.

Niveau nouvelles du jour, c’est très maigre. On parle de GameStop qui a vendu pour 1 milliard de dollars de ses propres actions et que le titre montait encore après ça. On parle aussi de Clover Health qui prend encore 20% à cause de Wallstreetbets et du fait que le ratio de short soit de 26%, que des fondamentaux de base. Et puis Morgan Stanley va interdire l’accès à ses bureaux de New York a ses employés et ses clients qui ne sont pas vaccinés. Comme quoi le vaccin n’est pas obligatoire, sauf si tu veux continuer à faire des trucs. Des trucs comme bosser ou aller voir ton banquier. Et pour terminer, il faut reconnaître qu’il est spectaculaire de voir le nombre d’articles dans la presse qui expliquent pourquoi les cryptos se sont faites laminer et pourquoi les Bulls sont « tranquilles » en attendant le rebond, voire s’extasient devant l’opportunité d’achat qui s’offre à eux. Ça me rappelle tellement le mois de juin 2000 après l’explosion de la bulle internet. Toutes ces opportunités qui s’offraient à nous et qui ont été retirées de mon dossier titre huit ans plus tard. Sans valeur.

En tous les cas, quoi qu’il en soit, au dernier sondage, 51% des experts pensent que les cryptos sont là forever et le reste hésite quand même.

Chiffres du jour

Niveau chiffres de la journée, il y aura plein de PMI’s un peu partout, plein de banquiers centraux qui parleront – c’est très à la mode en ce moment – Lagarde parlera également et puis il y aura aussi les nouvelles ventes de maisons aux USA, ainsi que les Inventaires pétroliers.

En ce qui me concerne, je vous souhaite une excellente journée et j’aimerais encore vous encourager à vous inscrire au Swissquote Trading Day qui aura lieu demain. L’évènement sera filmé et retransmis en Live et je jouerai le rôle du modérateur. On parlera de tous les sujets du moment, mais aussi d’hydrogène, d’intelligence artificielle, de voitures électriques et de trading, bien sûr. Ça aura lieu demain 24 juin de 12h à 18h…

Passez une excellente journée et à demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

“I have never liked working. To me a job is an invasion of privacy”.

Danny McGoorty