La semaine dernière on ne pouvait qu’attendre la fin du FOMC Meeting. Après le FOMC Meeting on s’est demandé si le fait que la FED allait monter 2 fois les taux en 2023 pouvait changer quelque chose dans nos esprits torturés d’investisseurs. Et puis vendredi, un des sbires de Powell, celui qui gère la FED de Saint Louis a parlé. Selon les experts, ses mots sont sans équivoque : la FED a commencé à agir et n’est soudainement plus aussi accommodante qu’avant. Est-ce la vérité ou pas ? Une chose est sûre, depuis vendredi, le vent a tourné.

L’Audio du 21 juin 2021

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On resserre les boulons

Si l’on ne fait que monter depuis mars 2020, c’est principalement parce que les gouvernements nous arrosent sous des montagnes de pognon et parce que les banques centrales nous soutiennent par tous les moyens pour ne pas que ça baisse. On avait fini par prendre confiance et croire que plus rien ne pourrait jamais nous arriver, puisque les banques centrales seraient toujours là pour acheter ce que l’on ne voulait pas acheter et réinjecter un paquet de fric dans le système tous les jours. Mais voilà, les mots de Powell mercredi et les mots de Bullard vendredi, on soudainement fait tourner le vent et la météo est devenue exécrable en moins de temps qu’il ne faut pour dire : vendez tout.

Evidemment, rien n’a fondamentalement changé depuis jeudi dernier. L’économie est la même et le recovery est toujours en marche, sauf qu’il se pourrait qu’il marche soudainement un peu moins vite et un peu moins fort. Lorsque sur une seule et même semaine vous vous prenez une annonce de double hausse des taux (même si c’est en 2023), que les Jobless Claims inversent la tendance et repartent à la hausse après 8 semaines de baisse, montrant que l’emploi c’est quand même pas Byzance tous les jours et que l’on vous boucle la semaine avec un type de la FED qui vient vous dire que le tapering ; on en parle et on y pense ; c’est plus que l’on ne peut supporter.

Laissez-moi sortir !

Vendredi nous avons donc vécu un sell-off en règle et ce matin, tout cela semble continuer dans la même direction. L’ensemble de la communauté financière qui était terrorisée par l’inflation il y a encore 5 jours de ça, est en train de tourner la veste et est terrorisée par un ralentissement de la croissance et une pente soudainement bien moins raide dans le recovery que l’on nous vend depuis fin mars de l’an dernier. Je dois dire que c’est absolument incroyable de voir le changement de vocabulaire employé dans la littérature financière de l’instant présent. En l’espace de quelques mots, quelques déclarations sur des sujets lointains et l’expression de quelques doutes à venir. Des doutes qui étaient déjà bien présent dans l’esprit de certains, mais que l’on préférait repousser d’un revers de la main « parce que la FED était notre amie », voici que soudainement une certaine forme de panique prend forme et nous fait terminer la semaine avec des idées noires. Sans compter que celle qui nous attend promet déjà d’être intéressante. Intéressante à quel point, je ne sais pas, mais une chose est sûre ; la volatilité va reprendre l’ascenseur à toute vitesse.

Ce matin l’Asie est déjà dans le pâté et le Nikkei ne fait pas dans la demi-mesure, puisqu’à 6 heures du matin, il est déjà en baisse de 4% et tout à coup, tout le monde est de retour sur les rendements des bons du trésor américain et pas que le dix ans. Non, là tout de suite on a sorti toute la panoplie et on parle du 2 ans, du 5 ans, du 10 ans, du 20 ans et du 30 ans. On analyse leurs mouvements individuels et on en tire de conclusion. Chose dont on se fout totalement en règle générale, mais tout à coup, il faut trouver des raisons pour justifier nos stratégies qui viennent de changer durant le week-end. La panique n’est pas encore complètement parmi nous, mais les heures qui viennent pourraient être assez drôle à observer. Une chose est certaine, vous pouvez vous caler sur CNBC 24 heures sur 24 et vous allez avoir droit à toute la clique des gourous bearishs qui vont défiler sur le plateau pour annoncer tout d’abord qu’ils l’avaient dit depuis longtemps (même si c’était 25% plus bas), mais qu’en plus cette fois c’est sûr, c’est pour de vrai, on va tous mourir et le krach est parmi nous !

Les prévisions météo boursières sont pourries soudainement

Tôt ce matin, rien qu’en lisant la presse, je suis déjà tombé sur plusieurs articles qui prédisent un changement radical dans le monde de l’investissement, la fin de Wallstreetbets, la déconfiture du Bitcoin et la baisse généralisée des marchés boursiers alors que nous avons un peu trop anticipé le recovery, un peu trop fort et un peu trop haut. Alors forcément, je ne sais pas si c’est pour de vrai ou si c’est juste pour faire du bruit. Il est vrai que Powell va parler mardi devant le Congrès et il peut encore redresser la barre en nous expliquant qu’on est des débiles et que l’on a rien compris. Mais là tout de suite, ça ne sent quand même pas bon.

Les Futures en baisse de 0.7% aux USA, l’Asie en chute libre et un article sur deux qui parle de ralentissement. Là tout de suite, la Chine recule seulement de 0.2% et c’est à peu près le seul marché qui limite la casse. Hong Kong recule de 1.2% et même le Bitcoin est à 34’000$, incapable de se maintenir autour des 40’000$, malgré les promesses de Musk – promesses qui se sont lentement évaporées dans l’atmosphère au fur et à mesure que les jours passaient. Pour le reste, plus personne ne veut de l’or depuis que l’on sait qu’il n’y aura plus d’inflation – la seule chose que le métal jaune puisse encore espérer, c’est que les marchés se fassent déglinguer pendant quelques jours et que l’on reparle de « valeur refuge » et puis le pétrole garde la main est reste toujours fermement ancré au-dessus des 70$, parce que hausse des taux ou tapering, on ne va pas ralentir la consommation, depuis que le COVID est contenu, il faut se déplacer, voyager, prendre l’avion, la voiture, le bateau et partir loin de chez soi. Et comme on n’a pas tous des merveilleuses Tesla qui marchent à l’électricité propre, il va falloir encore consommer un peu d’or noir. Le brut se traite à 71.61$ et l’or est à est 1775$.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on parle du variant Delta/indien qui continue de se répandre en Europe et on se pose déjà des questions sur la stratégie anti-COVID européenne, le Roi Macron et Angela Merkel ont déjà mis en garde les gens concernant les comportements à risque. On se réjouit déjà ce qu’ils vont nous trouver comme prochaine stratégie. On commente aussi les élections régionales françaises qui étaient plus proche d’une comédie musicale que d’une élection, puisque les deux-tiers de la France n’en a strictement rien à foutre, tout comme 100% du reste du monde.

Et puis pour le reste, on ne commente que la FED qui va dominer encore la semaine à venir, l’angoisse de voir arriver un vrai sell-off, la peur que plus personne ne nous soutienne et la crainte que le recovery ne soit plus vraiment aussi « alive » qu’il ne l’était il y a encore trois jours. On enest presque à regretter cette inflation qui n’allait peut-être pas être transitoire. En résumé, il n’est pas simple de savoir ce que l’on veut et il est encore moins simple de gérer l’éventuelle transition dans laquelle nous sommes peut-être dorénavant.

Chiffres du jour

Il n’y a pas de chiffres économiques prévu en ce lundi 21 juin, mais par contre il y aura Lagarde et Williams de la FED qui parleront et au vu ce qui s’est passé ces derniers jours, soudainement on aura peut-être un peu plus envie de les écouter, sachant que leurs paroles ont soudainement pouvoir de faire bouger les bourses mondiales qui entament leurs semaines en grande difficulté.

Excellent lundi à tous et souvenez-vous que l’on a tendance à avoir la mémoire courte. De plus en plus courte. On se voit demain et très bonne journée.

Thomas Veillet

Investir.ch

“My pessimism extends to the point of even suspecting the sincerity of other pessimists.”

Jean Rostand