Voilà, voilà, voilà. On est venu, on a vu et on a vaincu. Et maintenant avec les annonces de la FED d’hier soir, on a pu mettre en place toutes nos trades jusqu’en 2023. Il n’y a plus qu’à partir en vacances pendant les 24 prochains mois et on se revoit pour le meeting de la FED de mai 2023, meeting durant lequel Jerome Powell devrait annoncer sa seconde hausse des taux.

L’Audio du 17 juin 2021

Télécharger le podcast (.mp3)

Transitoire, c’est certain

Nous avons donc attendu des jours entiers pour en arriver là. Hier la FED n’a rien fait. Elle n’a pas changé les taux, ce que nous savions déjà, elle n’a pas changé d’avis sur l’inflation et Powell a continué de marteler que l’inflation n’était que TRANSITOIRE et que si vous pensez le contraire, vous n’êtes qu’un idiot qui n’a rien compris à l’économie et vous feriez mieux d’aller faire des cryptos. Et finalement la seule chose qui a « choqué » le marché c’est que l’on s’autorise à penser dans les milieux autorisés que la FED pourrait éventuellement – mais c’est même pas sûr – monter les taux plus vite que prévu. Les plus visionnaires d’entre nous parient déjà sur une hausse prévue en 2022. On n’a pas encore déterminé le mois, mais ça ne saurait tarder.

Il y a même des génies qui ont déjà commencé à acheter les banques, parce que dans un environnement de taux qui montent, les banques sont bien plus profitables et peuvent gagner plus d’argent. Reste plus qu’à que les taux montent dans les 18 prochains mois, mais il est vrai qu’en achetant tout de suite, on est sûr de ne pas se faire prendre de vitesse. Il est toujours intéressant de voir que notre vision moyenne sur les marchés ne dépasse en général pas 2 semaines – ceux qui font du « long term investment », parviennent à conserver leurs positions pendant 1 mois en serrant les fesses au point de briser des coquilles de noix, mais après la conférence de presse de la FED d’hier, il y en a qui ont déjà acheté des banques, histoire ne de pas rater le train de dans 2 ans. C’est un peu comme si tu dois prendre l’avion en octobre cette année pour partir aux Maldives et que tu vas déjà à l’aéroport ce soir pour être sûr de pas rater le vol.

Pas forcément plus avancés qu’avant, peut-être même moins

Ce qu’il y a de chouette avec l’annonce d’hier soir, c’est que l’on n’a finalement pas appris grand-chose si ce n’est que les taux pourraient éventuellement peut-être monter plus tôt, pour autant que les membres de la FED ne changent pas d’avis d’ici-là et ne revoient pas leurs copies en fonction des 18 publications des non-farm payrolls, des 22 publications de CPI et des 72 publications des Jobless Claims qu’il y aura d’ici-là. Par contre, d’ici là ils n’ont pas prévu (pour le moment) de ralentir leurs achats obligataires et vont s’appliquer à continuer à faire péter le bilan de la FED à la hausse. Ils vont également rester assis sur leur chaise pendant tout l’été à ne rien faire et on nous a donc confirmé que l’inflation qui explose, que les matières premières qui partent en mode feu d’artifice et que l’emploi qui ne retrouve pas son niveau d’avant pandémie ne sont que TRANSITOIRE.

Nous voici donc jeudi matin. Nous sommes le lendemain du meeting de la FED qui était censé nous changer la face du monde. Le meeting de la FED qui était un moment charnière dans le monde merveilleux de l’investissement qui ne fait que monter. Et on est là, on regarde les mecs acheter des bancaires pour prévoir la hausse de 2023 et on se demande bien qu’est-ce que l’on va pouvoir attendre maintenant. Quel sera le prochain moment charnière qui nous attend ? Allons-nous devoir attendre les chiffres de l’emploi de juin au début du mois de juillet ou est-ce que les Jobless Claims qui sortiront tout à l’heure vont nous montrer la voie ? Le suspense est insoutenable et la passion qui anime les bourses mondiales en cette fin de printemps me coupe le souffle tellement c’est violent. En tous les cas, je dois dire que je suis fasciné par la capacité que peuvent avoir mes semblables à prendre des décisions stratégiques pour les 24 prochains mois alors que depuis un an, on vit au jour le jour et que le High Frequency trading reste quand même le truc qui se rapproche le plus de la stratégie « buy and hold forever » de Warren Buffet. Non, hier soir nous avons appliqué mot pour mot le discours de Powell.

Qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans le mot TRANSITOIRE ???

Donc, pour résumer la séance d’hier, on nous a confirmé que l’inflation serait transitoire – on a donc vendu l’or, puisque c’est un hedge contre l’inflation qui ne monte pas quand on publie des chiffres inflationnistes, alors autant qu’il baisse quand on nous confirme que ça sera transitoire. On a acheté les banques parce qu’un jour, quand les taux monteront – dans deux ans – elles gagneront plus d’argent et même que le Crédit Suisse va se lancer dans le Primebrokerage pour soutenir les hedge funds qui démarrent en leur offrant du levier dans tous les sens. Et puis, compte tenu des annonces d’hier, le rendement du 10 ans a explosé en anticipation, le Dow Jones a baissé de 0.77% à cause du fait que les taux pourraient monter un jour et le Nasdaq n’a presque pas baissé, puisque comme l’inflation n’est que transitoire, c’est une bonne nouvelle pour le secteur technologique.

En Europe on n’a rien fait du tout, mais on a aucun mérite, puisque les places de bourses européennes étaient fermées quand Powell a fait son speech. On se rattrapera ce matin, les futures sont d’ailleurs en baisse de 0.5% avant l’ouverture. Bref, là tout de suite, je me demande si toute cette attente qui aura été la nôtre depuis trois jours, était bien nécessaire. La seule chose qui aura été rassurante dans les déclarations de la FED, c’est que cette fois on sait que Jerome Powell est capable de voyager dans le futur, parce quand on voit l’assurance avec laquelle, il ASSURE que l’inflation sera transitoire, on est parfaitement en droit de se dire que le mec il a dû récupérer la DeLorean de McFly et qu’il a été vérifier en 2022.

En Asie

Ce matin le Japon est en baisse de 1.3% à cause de la FED, pendant que la Chine et Hong Kong sont légèrement en hausse. La Chine a publié des chiffres économiques qui laissent à penser que l’économie locale est toujours en croissance, mais moins que ces derniers mois. Ce qui fait penser que le recovery post-pandémie semble arriver au bout de son effet mécanique et que dorénavant nous sommes en train de revenir dans le nouveau monde normal où une croissance explosive n’est plus d’actualité. Ce qui est bien, parce que du coup on va moins craindre l’inflation. Après le sprint de ces 12 derniers mois, nous voici en endurance.

Autrement l’or est en pleine dépression est se sent définitivement inutile, puisque l’inflation est sous contrôle. Le métal jaune s’échange à 1824$ et le baril s’est également replié à 71.68$. Quant à la monnaie magique, elle attend le prochain tweet, comme d’habitude. Le Bitcoin est à 38’900$.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, évidemment que l’on ne parle que de la hausse des taux qui pourrait venir plus tôt que prévu, mais pas forcément en 2022. Ou pas. On peut aussi trouver plein d’infos sur le sommet Poutine/Biden qui aura visiblement servi à pas grand-chose. Biden a quand même réussi à placer le fait que les infrastructures américaines ne devaient pas être prises pour cible par les méchants hackers russes et que si Navalny mourrait en prison ça serait une catastrophe pour les relations américano-russes. Ça serait nettement mieux s’il sortait et qu’il se faisait descendre dans la rue par le plus grand des hasards. Non, je dois dire que ça a sûrement valu la peine de fermer la moitié de la ville, mais là tout de suite, c’est pas frappant.

On retiendra aussi que les résultats cliniques du vaccin de CureVac sont une catastrophe. Le vaccin anti-covid montre un taux d’efficacité de 47% et il semblerait que si on se fait vacciner deux fois, on ne monte pas à 94%. Le titre se faisait décimer hier soir after close et reculait de 45% dans des volumes énormes. On se réjouit de voir l’ouverture en Allemagne tout à l’heure. Chez Microsoft, on a nommé Nardella au poste de Chairman en plus de sonjob de CEO. Et puis, pendant que tout le monde trouve que le vaccin c’est génial et que le retour à la vie normale c’est encore mieux, on a l’OMS qui continue à jouer son rôle de boute-en-train et qui annonce que le variant Delta ex-variant indien, mais qu’on peut plus dire indien parce que c’est discriminatoire, mais qu’on dit quand même parce que sinon on ne sait pas de quoi on parle, eh bien le variant Delta est maintenant présent dans 80 pays et il n’arrête pas de muter, muter et muter encore. D’ailleurs on se demande pourquoi on l’appelle Delta et pas Delta Prime ou Delta au carré.

Les chiffres du jour

Pour ce qui est des chiffres du jour, nous aurons la décision de la BNS au sujet des taux. Ce qui devrait être le truc le moins intéressant de la journée, puis il y aura le CPI en Europe. Ensuite aux USA nous aurons les Jobless Claims et le Philly FED et puis, surtout, il y aura le témoignage de Madame Yellen au sujet de l’économie. Et ce qui est drôle, c’est qu’on la présente comme « ancienne Présidente de la FED » et même pas Secrétaire du Trésor. En gros, c’est comme si les gens voulaient bien écouter Powell, mais ils préfèreraient quand même si c’est Yellen qui parle.

Pour l’instant les futures sont donc en baisse et l’ouverture en Europe devrait se faire dans le rouge. Passez une excellente journée, que votre café soit fort et on se retrouve demain pour voir comment on a digéré notre inflation qui est FINALEMENT transitoire. Ou pas.

Thomas Veillet

Investir.ch

“Better to remain silent and be thought a fool than to speak out and remove all doubt.”

Abraham Lincoln