Je ne vais pas vous refaire le film d’hier, mais disons que les bourses mondiales sont toujours dans le même « mood ». On attend les chiffres de vendredi, histoire de voir si l’Américain moyen a décidé de retourner bosser, ou s’il attend la fin de l’été et en attendant, on se balade de record en record en constatant l’euphorie qui nous entoure. Hier c’était la confiance du consommateur qui démontrait que l’humain avait totalement oublié la pandémie, confiance qui retrouvait les niveaux de l’époque où l’on pensait que le COVID n’était qu’une grippe. Une grosse grippe, mais une grippe quand même.

L’Audio du 30 juin 2021

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S&P et Nasdaq au plus haut, mais de manière homéopathique

Le Dow Jones est toujours à la traîne, mais le S&P et le Nasdaq continuent de battre des records. Soit, c’est à coup de 0.01%, mais ça compte quand même sur les tabelles. Hier on attendait donc la confiance du consommateur à 120 et c’est sorti au-dessus des 127, ce qui nous ramène donc au mois de mars de l’an dernier, juste avant que l’on s’exerce à la chute libre et juste avant que les gouvernements inventent les stimulus à tout va. Du côté de Wall Street, le COVID fait donc résolument partie du passé. La confiance est là et ça fait longtemps que nous avons battu les niveaux qui étaient les nôtres lorsque l’on a découvert que le pangolin n’était pas un animal préhistorique disparu il y a 100 millions d’année, mais qu’on pouvait le trouver assez facilement sous le numéro 56 du menu des restaurants chinois de Whuan et qu’il se mariait parfaitement avec un 38, les boulettes de chauve-souris à la vapeur et un riz cantonnais.

Nous voici donc revenus là où nous étions il y a 16 mois et rien ne semble capable de freiner la marche en avant des bourses mondiales. Pourtant, lorsque l’on regarde les chiffres de la confiance du consommateur et les niveaux de l’emploi aujourd’hui et il y a 16 mois : il y a toujours un « trou » de 10 millions de personnes, 10 millions de personnes qui ont perdu leur job et qui ne l’ont toujours par retrouvé. Ou qui ne veulent pas le retrouver, parce que si l’on en croit ce que l’on entend aux USA, le problème n’est pas tant le fait qu’il n’y a pas de boulot, mais plutôt le fait que personne ne veut des emplois qui se créent. Les restaurants ont augmenté drastiquement le niveau des salaires, mais personne ne veut des emplois. Bon, d’un autre côté, quand on regarde les chiffres, on nous dit qu’il y a 10 millions de « nouveaux traders » que ce soit dans les actions ou sur les cryptos. Si ça se trouve, c’est les mêmes. Toujours est-il qu’en attendant les chiffres de l’emploi de vendredi, ça rigole et tout va bien, même si les performances haussières sont homéopathiques, comme la volatilité se rapproche de plus en plus de l’immobilisme total, le stress est nul et tout le monde est confiant. La peur n’est plus une option depuis que la FED et les gouvernements ont inventé la hausse artificielle permanente.

La FED, l’OPEP et le pétrole

Malgré la confiance indéboulonnable qui nous maintient en vie actuellement, on notera tout de même que toute personne qui a le moindre lien de près ou de loin avec la FED, en profite pour obtenir son heure de gloire. Hier c’était au tour de Christopher Waller, un des gouverneurs de la FED qui a estimé qu’il ne pouvait pas exclure l’éventualité d’une possibilité de voir la FED monter les taux en 2022. Pour que cela se produise, il faudrait bien sûr que l’inflation s’installe de manière plus durable que transitoire ou que l’emploi se réduise de telle manière que les risques d’inflation plus que transitoire augmentent de manière conséquente. En résumé, il n’en sait rien, mais il ne peut pas exclure qu’un jour il sache et qu’il ait vraiment un truc à dire.

Quoi qu’il en soit, il y a toujours un truc qui nous dérange, c’est la durée de cette inflation transitoire. Oui, parce que depuis des mois, Monsieur Powell nous motive pour nous expliquer qu’il y aura un pic d’inflation transitoire et qu’ensuite tout redeviendra normal. Mais il n’a jamais été précisé la durée du transitoire en question. Ce que l’on sait aujourd’hui et c’est du concret, pas des prévisions, c’est que le marché immobilier aux USA a pris 14% sur une année. Quatorze pourcents, c’est quand même pas rien. On sait que le prix de la viande explose depuis un an, que le bois a pris 100% – il s’est calmé, soit, mais il est toujours en hausse de 100% sur 12 mois. On sait que les céréales sont plus chères, que le prix du quart de porc et du troupeau vivant a pris l’ascenseur. Et on sait aussi que les prix des voitures d’occasion battent des records. Mais tout cela ne sera que transitoire. Mais transitoire comment ? Transitoire un mois ou transitoire 3 ans ? Non, parce que c’est pas tout à fait pareil. Je propose qu’on en reparle cet automne.

L’Asie en hausse à coup de trois fois rien

Selon les médias du matin, l’Asie est en hausse de quelques points parce que le Nasdaq a terminé au plus haut et que la confiance du consommateur américain est au top. Pourtant quand on regarde les problématiques de COVID en Asie, on peut se dire qu’à moins d’exporter aux USA, l’Asie ne va pas forcément bénéficier de cet excès de confiance du consommateur ricain. Et comme bien des ports chinois sont paralysés par des vagues de contamination, on peut se demander si tout cet optimisme ne va pas se reporter sur la production locale américaine – reste à savoir ce qu’est la production locale américaine. Ce matin le Nikkei avance de 0.01% et la Chine grimpe de 0.24%. On sent toute la motivation qui est derrière.

Du côté de l’or, c’est au-delà de calme tellement il ne se passe rien. On dirait une compétition de surf organisée sur le lac Léman en espérant qu’il y ait des vraies vagues un jour. Pour ce qui est du pétrole, souvenez-vous, hier le brut rebaissait parce que l’on avait PEUR du prochain meeting de l’OPEP qui aurait pu éventuellement peut-être rouvrir le robinet de la production et faire baisser les prix du brut. La réflexion était assez juste, sauf que l’OPEP a décidé de repousser la tenue de son meeting pour cause de COVID. Si quelqu’un peut leur dire qu’il existe un truc assez moderne qui s’appelle la vidéo-conférence. Mais je crois qu’ils préfèrent tout de même le luxe feutré des hôtels 5 étoiles de Vienne, ça fait trop longtemps qu’ils n’ont plus eu accès aux pâtisseries viennoises, autant se les garder au chaud. Si jamais le Bitcoin tourne toujours autour des 35’000 et il ne se passe plus rien non plus.

Salade du matin

Côté nouvelles du jour c’est toujours aussi mince ce matin. On a eu droit à Warren Buffet qui pense que le COVID n’est pas encore complètement terminé et que l’on mesure très mal les conséquences à plus long terme sur les petites entreprises. Il reconnaît que les grosses s’en sont très bien sorties et continuent de le faire, mais il met le doigt sur la difficulté de prédire l’avenir sur ce point-là. Qu’il se rassure, le marché se fout complètement des petites entreprises, il est beaucoup plus excité par le nombre de sociétés qui ont passé le cap des 1’000 milliards de capitalisation boursière. Hier DIDI, le UBER chinois, a été pricé à 14$ par action, la société devrait commencer à traiter ce mercredi et tout le monde à l’air hyper-bullish sur le sujet. C’est presque terrifiant tellement c’est unanime. Et puis la propagation du variant Delta inquiète dans tous les coins de l’Europe, à tel point que cet abruti de Ministre de la santé en France, parle déjà de reconfinement en septembre et pointe du doigt les gens qui ne seraient pas vaccinés comme vecteurs de la propagation. En tous cas, si les marchés semblent avoir retrouvés leurs moyens d’avant pandémie, pour le reste ça ne semble pas aussi évident.

Pour ce qui est des chiffres économiques, nous aurons le GDP en Angleterre, le Consumer Spending en France, ainsi que le CPI. On notera aussi que la dette de la France a atteint le deux fois la capitalisation boursière d’Amazon. On réjouit de voir les solutions qui vont être proposées d’ici mai l’année prochaine. Il y aura aussi le KOF en Suisse et l’emploi en Allemagne – aux USA, il y aura le Chicago PMI, les chiffres de l’emploi ADP, en attendant les NFP et les inventaires pétroliers qui n’ont pas été repoussé, eux… Actuellement les futures sont en hausse de 0.11%.

Avant de vous souhaiter une belle journée, un bon café et de vous annoncer que je vous retrouve demain, je voudrais encore juste vous signaler la chose suivante :

Après 15 ans de chronique boursière, je me suis finalement lancé dans l’écriture d’un vrai bouquin avec des pages dedans et une couverture dessus. Le livre est actuellement en cours de finalisation et sera imprimé dans le courant du mois de juillet pour une sortie officielle en septembre. En numérique et en papier.

Mais vu le nombre de demandes et de questions que j’ai déjà reçu, j’ai décidé de proposer (à ceux qui veulent), la possibilité de pré-commander le livre au prix préférentiel de 20 francs, ce qui vous permettra de le recevoir dans le courant du mois d’août avant qu’il sorte dans le commerce.

3’000 livres sont prévus pour la période de pré-vente (1’100 sont déjà partis). Ça sera donc « first in first serve »…

Ceux qui sont intéressés ils peuvent passer commande en m’envoyant un mail à : tv@investir.ch avec le nombre d’exemplaires désirés et l’adresse où ils doivent être livrés.

Pour ceux qui veulent VRAIMENT savoir de quoi ça parle : il y a de la finance, des avions, hélicos et des voitures (mais pas électriques) dedans.

Et il y a une suite qui est en cours d’écriture. (plus un troisième en préparation)

Merci à tous de m’avoir amené jusque-là, parce que c’est un peu grâce à vous. Passez une très belle journée et à demain !

Thomas Veillet – Investir.ch

« La différence qu’il y a entre les oiseaux et les hommes politiques, c’est que de temps en temps les oiseaux s’arrêtent de voler ! »

Coluche