De nos jours, dans cette fabuleuse période de marchés haussiers qui montent tout le temps et qui ne savent plus ce qu’est la couleur rouge sur un écran de trading, la préoccupation n’est même plus de savoir si l’on bat des records d’altitude sur les indices, NON ! Maintenant la seule chose qui nous intéresse, c’est de savoir pendant combien de séances consécutives nous pouvons battre des records. Hier soir, aux USA, on a enquillé le 6ème record consécutif sur le S&P500 et il n’y a visiblement que ça qui nous excite en attendant cette après-midi.

L’Audio du 2 juillet 2021

Télécharger le podcast (.mp3)

Jobs

Actuellement tout ce qui nous montre et nous démontre que l’économie va bien, ou mieux, nous suffit pour aller chercher plus haut. Hier c’était les chiffres économiques qui nous montraient que tout se passe bien et qu’à force d’inonder les marchés de pognon et de soutiens économiques, ils finissent quand même par oublier que les 18 derniers mois n’ont quand même pas été top. Le plus gros problème c’est l’emploi. On le sait. Depuis plusieurs semaines, on se demande quand même comment on va pouvoir s’en sortir le jour où la FED se débine et nous retire l’échelle qui nous soutien si l’emploi ne repart pas comme en 1946 après avoir renvoyé les Allemands à la maison.

Justement, hier on avait UNE bonne nouvelle qui maintenait l’espoir au top en attendant les chiffres de tout à l’heure. Oui, parce que l’on sait tous, vous et moi, que cette semaine n’a pour seul but unique, de nous amener à vendredi et aux chiffres économiques, mais en attendant, on trouve de l’optimisme et du positivisme dans toutes les nouvelles qui contiennent le mot « job » dedans. Ce jeudi c’était donc les « Jobless Claims » hebdomadaires traditionnels. Ce fameux chiffre qui nous a fait monter les marchés encore et encore depuis des semaines. Eh bien devinez quoi ? Hier encore, ils étaient encourageants, puisque l’on s’autorise à penser que de moins en moins de personnes s’inscrivent pour demander les allocations chômage. Ce qui laisse supposer deux choses :

1) Ils ont retrouvé un boulot et n’ont plus besoin d’aide financière de la part du gouvernement qui continue d’exploser sa dette et son déficit budgétaire pendant ce temps.

2) Ils sont devenus traders chez Wallstreetbets ou en Crypto monnaies et ils gagnent tellement de fric que leur préoccupation est plus de savoir s’ils pourront aller dans l’espace avec Bezos ou Branson.

Oui, parce qu’il ne faut pas oublier que dans le monde fabuleux dans lequel nous vivons, un monde où les contaminations aux variant delta-ex-indien remontent à toute vitesse et que l’on nous parle déjà de la vague suivante pour la rentrée scolaire, LE TRUC qui nous obsède en ce moment, est de savoir qui de Branson et Bezos ira en premier dans l’espace. Franchement, entre ça et le penalty de Mbappé, si y a un truc dont on se fout…

Jobs II

Toujours est-il qu’hier les chiffres économiques étaient encourageants – peut-être pas dans l’absolu, mais en tous les cas pour l’esprit de l’investisseur moyen avec une vision d’investissement à long terme, à savoir les 8 prochaines heures. Et puis sans compter que l’on est ultra-enthousiaste sur le pétrole. Oui, le baril est passé au-dessus des 75$ et tout le monde trouve ça hyper-motivant pour l’économie en général. Il est vrai que cela veut dire que les gens consomment, qu’ils vont à la pompe, que les avions revolent et que tout ce qui utilise de l’or noir pour sa consommation ou sa composition, c’est-à-dire à peu près tout, est de retour en pleine forme. En plus l’OPEP à l’air moyennement motivé pour rouvrir les robinets dans l’immédiat. Du coup, on trouve absolument génial que le baril remonte. On commence même à entendre des « experts qui pensent » que le pétrole pourrait remonter à 100$ à cause du « boom » actuel des matières premières.

Moi je l’ai toujours dit, le jour où y a un mec qui vient nous annoncer le baril à 300$, je pars short. Je vends à découvert et j’achète des puts. Mais on n’y est pas encore. Toujours est-il que là tout de suite, tout le monde trouve super-chouette de voir le baril monter, monter et monter encore. Bon. Après, ils vont se rendre compte que quand le baril monte, c’est AUSSI inflationniste, mais on ne peut pas se concentrer sur toutes les possibilités et sur toutes les probabilités en MÊME temps. Pour le moment on est content parce que ça veut dire que l’économie va bien. Une chose après l’autre !

Jobs III

C’est donc pour toutes ces bonnes raisons que les marchés sont montés hier. En Europe on entamait la seconde partie de l’année dans le vert « parce que les chiffres de la conjoncture économique montraient une amélioration » – ceci faisant référence à ce dont on vient de parler et aux USA, on battait des records sur la nouvelle et on trouvait ça trop cool, ce qui nous permettait aussi de ne pas trop penser aux chiffres des Non-Farm Payrolls attendus dans quelques heures et de pouvoir préparer le barbecue des trois jours de l’Indépendance Day sans trop penser à ça.

Oui, parce que ne nous le cachons pas, en arrivant lundi matin au bureau, le seul objectif que nous avions, c’était de nous occuper l’esprit pour tenir jusqu’à vendredi 14h30. Entre deux, les commentateurs boursiers se sont déchainés pour trouver des paraboles pour expliquer que l’on attendait que ça et au bout de la huitième interprétation de la chanson de Johnny ; « je t’attends », ils sont passé à « en attendant les NFP », espérant que l’on remarquerait le lien avec « en attendant Godot » et on a terminé par l’arrêt de bus. Tout ça pour nous amener au fait que ce vendredi il y aura les NFP et que selon si les chiffres sont au-dessus des 700’000 ou en dessous, nous allons devoir encore en tirer les conséquences entre : avoir peur de l’inflation, être encouragés par la croissance de l’emploi et les perspectives à venir, tout en gardant les craintes d’une hausse des prix à cause des salaires qui augmentent. Ou encore avoir peur du fait que l’on ne parvient pas à créer des emplois et que cela pourrait nous démontrer que l’économie ne repart pas aussi bien que prévu, mais que ça n’est pas si mauvais que ça, parce que ça veut que la FED va encore nous soutenir et nous cajoler en nous passant la main dans les cheveux pendant encore des siècles et des siècles. Amen. Et puis après on pourra aller faire péter la Bud et s’enfiler des burgers de 2 kilos pendant tout le week-end.

L’Asie en ordre dispersé

Ce matin le Japon ne fait rien en attendant les chiffres des Américains, surtout que le temps qu’ils soient publiés, ils seront déjà rentrés à la maison et qu’ensuite il faudra attendre mardi pour vraiment avoir une lecture de tout cela. Et puis la Chine et Hong Kong sont en baisse, parce que l’on s’autorise à penser que le gouvernement démocratique chinois pourrait resserrer sa politique monétaire. Forcément, ça crée quelques tensions pour les vils spéculateurs locaux qui préfèrent quand même quand on les caresse dans le sens du poil.

L’or est toujours dans un coma profond, le pétrole est le nouvel El Dorado, parce que finalement, c’est trop cool le pétrole, même si ça pollue une bricole et que c’est pas très ESG ; il ne faut pas oublier qu’on peut quand même gagner du pognon avec. Du côté Cryptos, il ne se passe pas grand-chose, si ce n’est que ça baisse légèrement et que j’ai enfin rencontré des gens qui ne gagnent pas à tous les coups dans le secteur – pourtant des gens qui m’avaient affirmé il y a 5 mois que c’était un coup sûr – pour le moment le Bitcoin est en baisse de près de 4% à 33’000 $ et on reparle de Musk qui a tenté de « faire un coup » sur le Dogecoin en balançant un tweet dont il a le secret. Sauf que cette fois ça n’a pas fonctionné et le Dogecoin n’a pas bronché. Par contre il s’est fait copieusement insulter sur Twitter. Peut-être qu’il serait temps qu’il s’occupe aussi d’aller dans l’espace, surtout que Bezos et Branson sont en train de le prendre de vitesse. La course des égos surdimensionnés n’est pas encore terminée…

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on parle de l’accord signé entre les 130 pays membres de l’OCDE qui s’engagent à un taux d’imposition minimum pour les sociétés, ceci ayant pour but de ne pas laisser l’évasion fiscale empêcher de remplir les caisses des gouvernements qui sont vides à niveau qui que l’on pourrait qualifier d’abyssal. On parle aussi de l’IPO de Robinhood qui considère que son plus gros risque opérationnel, c’est le Dogecoin. On parle aussi de l’ETF sur le Bitcoin de Cathie Wood, de DIDI qui monte de 14%, d’une Tesla S Plaid toute neuve de 2021 qui a pris feu sans raison pendant que le conducteur était au volant. Musk était trop occupé à tweeter sur le Dogecoin pour répondre aux questions de la presse sur le sujet.

Mais on parle aussi des chiffres des NFP qui arrivent tout à l’heure, de l’IPO des Krispy Cream Donuts qui prenait 24% le premier jour de trading et Michael Burry – le gars de « The Big Short » – qui pense que le « memes stocks » vont droit dans le mur et qu’un krach se profile à l’horizon. Pour l’instant, les futures sont en hausse de 0.11% et dans 8 heures on saura ce que l’on doit interpréter et comment on doit interpréter les 700’000 jobs créés aux USA. À moins que ce soit moins. Ou plus.

Excellente journée à tous, bon week-end et à lundi ! Merci aussi pour toutes les commandes de mon premier roman, plus de 1’600 livres ont été pré-vendus en 48 heures. Et vous ne savez même pas ce qu’il y a dans le livre !!! Merci à tous !

Thomas Veillet – Investir.ch

« De tous ceux qui n’ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent »

Coluche