Il est intéressant de constater qu’en l’espace de 17 heures et 30 minutes, nous sommes capables de passer du rire aux larmes pour absolument aucune raison. En l’occurrence, dans le cas qui nous occupe, c’est plutôt des larmes au rire, mais cela n’en reste pas moins fascinant. RIEN, mais alors absolument rien n’a changé depuis la sale journée de lundi. AUCUNE nouvelle fondamentale n’a été publiée. Je ne sais pas moi, une nouvelle qui aurait vraiment pu nous faire dire que ce que l’on a pensé lundi n’était que des conneries et qui aurait justifié le rebond. Il faut se rendre à l’évidence, en 2021 il suffit de trouver la bonne mesure et tout s’oublie plus vite que la lumière.

L’Audio du 21 juillet 2021

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Delta, stagflation ? My ass…

Petit retour en arrière tout en essayant de rester bref, court et concis. Il y a un peu moins de 72 heures, les bourses mondiales se demandaient si finalement le temps n’était pas venu de paniquer une bricole. On ne va pas juger les arguments qui ont précipité le marché dans le gouffre de la peur et du doute durant la journée de lundi, mais disons que le variant Delta qui provoquait panique et angoisse dans les médias traditionnels – le fait que soudainement, selon les officiels, JAMAIS il n’y a eu autant de personnes contaminées en quelques jours – oubliant le fait de mentionner que l’avènement du passe sanitaire dans certains pays aura provoqué une avalanche de nouveau tests. Mais il semble inutile de rappeler le principe de la règle de trois et des proportions, personne n’écoute de toutes façons.

Néanmoins, on peut trouver valable de s’angoisser sur la montée en puissance du variant indien, tout comme on peut comprendre que l’on nous resserve la toute dernière mouture de l’éventuelle possibilité de voir arriver la STAGFLATION dans les mois qui viennent. Ça n’est pas évident à prouver, ni même à imaginer, mais on peut comprendre qu’au vu des derniers chiffres économiques, certains puissent en arriver à cette conclusion. En revanche, ce qui reste totalement incompréhensible c’est le fait de voir baisser violemment le marché pour ces deux raisons lundi et de le voir tourner la veste plus rapidement qu’Emmanuel Macron sur le passe sanitaire, pour récupérer pratiquement tout le terrain perdu en moins de 24 heures en expliquant qu’il était temps « d’acheter sur faiblesse »… Acheter sur faiblesse oui, mais ceci voudrait-il donc dire que dorénavant, 3% de baisse par rapport aux plus hauts de tous les temps et une faiblesse tellement « FORTE », tellement « VIOLENTE », qu’elle oblige les bulls les plus timorés et les bears les plus angoissés à changer leurs fusil d’épaule pour retourner à la charge des plus hauts de tous les temps ?

Je dois dire que l’on aurait pu le comprendre si Powell était revenu en courant pour donner une interview à CNBC pour expliquer que LUI VIVANT, il n’y aurait pas de stagflation. À la limite, même s’ils avaient ressorti Greenspan de la naphtaline pour l’obliger à corroborer les dires de Powell en échange d’une double ration de gelée à la maison de retraite, m’aurait satisfait au plus haut point, mais je dois dire que perdre 1.5% lundi pour toutes les raisons que l’on connait et reprendre 1.5% mardi sous prétexte que « les mauvaises nouvelles sont dans les prix et qu’il faut acheter sur faiblesse ». J’ai quand même l’impression qu’on en n’est même plus au concept de « mémoire de poisson rouge » et que l’on se rapproche dangereusement du déficit d’attention que l’on retrouve dans les portées de jeunes chiots lorsqu’on leur apporte un gamelle de pâtée ou de celui d’un adolescent lorsque son smartphone lui signifie qu’il a un nouveau message sur SNAP.

Bref on a acheté les « dips » et on est remonté

Donc voilà. Dorénavant on se fout de la propagation du variant delta, des passes sanitaires, des restrictions éventuelles de voyages, des couvre-feux, des éventuels confinements et des obligations et autres campagnes vaccinales. On se fout également, mais TOTALEMENT de l’arrivée d’une éventuelle « stagflation » – selon les experts, tout est dans les prix. Il nous aura donc fallu un peu plus de 24 heures pour que l’on digère une nouvelle qui nous avait déclenché un sell-off massif il y a un peu plus d’un an, obligé les banques centrales à mettre les taux à zéro et provoqué la découverte de l’arme de rebond massif : le stimulus.

Aujourd’hui on n’a plus peur de rien. L’économie est sous respirateur artificiel et vit dans un monde avec des licornes et des petits lapins qui jouent avec des biches au milieu de la prairie et plus rien ne peut l’empêcher de monter, monter et monter encore. Et encore moins d’acheter sur faiblesse. Par moment, j’ai l’impression que l’on est dans la « matrice » et qu’il y a un mec qui s’amuse à nous passer différents scénarios. Différents scénarios où de toutes façons à la fin, c’est les Bulls qui gagnent.

La journée de mardi aura donc été placée sous le signe du soulagement et de la joie de vivre, puisque le bear market que l’on avait cru voir s’enclencher la semaine dernière, n’aura été à nouveau qu’un feu de paille qui a été violemment éteint et piétiné par des chiffres trimestriels fabuleux de la part de deux-trois sociétés qui rappellent que l’économie va bien et que la consommation à haute dose des anabolisants gratuits fournis par les gouvernements et les banques centrales, lui redonnent un teint de jeune fille qui dormirait 15 heures par nuit avec des concombres sur les yeux. Hier Netflix a publié des chiffres corrects, mais s’est montré assez prudent pour les prochains trimestres et a prévenu que le retour à la croissance normale des abonnés aux USA et au Canada prendrait du temps. Des chiffres et des déclarations qui auraient provoqués l’assassinat en règle du titre il y a trois jours de cela. Mais hier c’était différent. Différent parce qu’hier il fallait racheter tout ce qui était faible et si possible en GROSSE quantité. Le titre a fini inchangé after close parce que finalement, comme Netflix se lance dans les plateformes de jeux on-line, c’était quand même une bonne nouvelle.

On notera aussi que Chipolte a publié des chiffres fantastiques et des prévisions fabuleuses et que titre montait avant, pendant et après-bourse. Que l’UBS a publié un bénéfice net en hausse de 63% grâce à la gestion de fortune et que les intervenants ont pris ça pour un orgasme boursier au lendemain de la peur de la stagflation qui a déjà été effacée de la mémoire de l’investisseur. Et puis on ne peut pas ne pas parler du rebond spectaculaire du secteur croisières et aéronautique après la déconfiture de lundi. Bon, il faut reconnaître qu’il y a eu une « super nouvelle ». Alors que lundi on craignait que l’on ne pourrait plus jamais voyager sans une douzaine d’injections, 23 tests PCR qui devraient être confirmé par un équivalent salivaire, deux visites chez le médecin et une lettre de grâce présidentielle de la part de Macron ou de Biden, hier on a appris que les ventes de billets de croisières et de billets d’avions n’était en baisse « QUE » de 70% par rapport à la moyenne saisonnière. Il est vrai que les analystes qui avaient joué le chiffres aux osselets la veille, attendaient bien pire. Le rebond aura donc été spectaculaire, les trois principaux croisiéristes terminent leur journée PLUS HAUT que là où elles traitaient vendredi dernier. Autant vous dire que les peurs de lundi sont déjà reléguées à des années lumières. Et encore, Powell n’est pas encore venu nous dire qu’il ferait « Whatever il peut pour nous sauver les fesses ». Une fois que cela sera fait, on devrait retourner paisiblement aux plus hauts de tous les temps en justifiant cette performance par une inflation transitoire et une croissance modérée et sous contrôle.

L’Asie en mode « interrogatif »

Après le rebond massif de Wall Street, l’Asie paie pour voir. Ce matin ce n’est pas l’emballement total dans la région. Hong Kong est même en légère baisse pendant que le reste monte tout doucement. Les exportations japonaises étaient en forte hausse et les intervenants se demandent quand même « quid » de la suite par rapport au COVID 19. Oui, parce que si en Occident on a décidé hier qu’on s’en foutait comme de l’an 40, tant que les banques centrales sont nos amies, au Japon on a quand même des doutes et le mot « euphorie » n’est pas le premier qui vient à l’esprit lorsque l’on observe attentivement le comportement des indices de la région. Pourtant eux, ils ont l’habitude de porter le masque.

Pour le reste, le pétrole est toujours sous pression et malgré une tentative de rebond hier, il semblerait que ce n’est pas le moment et à l’heure actuelle, il se traite à 66.69$. Ce qui semble satisfaire bien des gens qui estiment que « c’est un soulagement dans la lutte contre l’inflation ». Il est bien loin le temps très éloigné d’il y a 12 jours où l’on trouvait que la hausse du baril était un signe de bonne santé économique. Les quelques investisseurs qui avaient imaginé un bref instant acheter de l’or pour jouer l’éventuelle correction à venir à cause de la stagflation et du variant delta, se sont empressés de tout vendre et le métal jaune est de retour à 1809$ dans une ambiance de folie. On se serait presque cru dans une boîte de Saint-Tropez fermée à cause de la découverte d’un cas COVID.

Et puis il y a les cryptos qui sont dans le coma. Le Bitcoin semble encore une vouloir refuser de casser à la baisse et ce matin on a l’air de vouloir tenter ENFIN quelque chose, même si cela reste à peu près aussi dynamique qu’un spaghetti qui serait resté 12 minutes de trop dans la casserole. Mais restons positif et n’oublions pas que le Bitcoin sera 233% plus haut d’ici 156 jours, je ne vous parle même pas du reste.

Nouvelles du jour

En ce qui concerne les nouvelles du jour, c’est triste à pleurer. Il n’y a tellement rien que je me demande si nous ne sommes pas le week-end. On notera bien évidemment la participation de Jeff Bezos au réchauffement climatique, puisque sa sortie dans l’espace hier aura fait les premières pages de la presse, mais aura aussi largué sa participation généreuse au rejet de CO2 dans l’atmosphère. Mais que serait la vie sans de petits plaisirs comme un voyage dans l’espace ou un yacht de 127 mètres de long. À côté de cela, la Présidence française ouvre une enquête sur les écoutes téléphoniques misent en place sur Emmanuel Macron par le gouvernement marocain. Il est difficile de ne pas se rouler par terre de rire à l’évocation de ce genre de nouvelles, mais en même temps, c’est tout ce qu’il nous reste en ce moment.

Et puis on notera que d’ici la fin de l’année, les superchargeurs de Tesla seront ouverts aux autres marques, on parle des chiffres de Netflix, du fait qu’il n’y a pas un chiffre économique aujourd’hui, que Powell ne parlera pas et que le Japon sera fermé pendant 4 jours. Ils vont en profiter pour lancer les Jeux Olympiques, mais mis à part les sportifs qui dorment dans des lits en carton, tout le monde s’en fout. Pour le moment les futures sont inchangés.

Chiffre du jour

Il n’y aura donc pas de chiffres économiques aujourd’hui, sauf les inventaires pétroliers que l’on ne peut pas considérer comme tel, vu que 100% des analystes sont faux sur le sujet depuis 35 ans, mais par contre on aura toujours – et de plus en plus de chiffres trimestriels. Aujourd’hui nous devrons analyser ASML, Novartis, Dior, SAP, Daimler, Julius Baer, Technip, Coca-Cola, Johnson & Johnson, Harley Davidson, Verizon, Nasdaq, Texas Instruments, Las Vegas Sands et CSX, pour les plus connus.

Voilà, la correction est finie, vous pouvez ressortir de sous vos bureaux, le bull market est de retour. Il me reste à vous souhaiter un excellent café, une très bonne journée et on se retrouve demain.. Comme d’habitude.

Thomas Veillet

Investir.ch

“Two things are infinite: the universe and human stupidity; and I’m not sure about the universe.”

Albert Einstein