On ne va pas se mentir, la deuxième partie de la semaine dernière n’aura pas été la meilleure de notre vie. Les indications et les signaux que nous donnent les marchés boursiers ne sont pas les plus euphoriques que l’on peut rêver dans le monde financier parfait dans lequel nous vivons depuis des mois. Nous nous retrouvons dans une situation assez délicate, parce que l’on ne sait plus trop à quoi se raccrocher et là tout de suite, on a le sentiment qu’on est en train de nous retirer l’échelle sur laquelle nous sommes et que l’on ne sait pas très clairement où se trouve le fond du trou en cas de chute. On espère qu’espérer un miracle suffira.

L’Audio du 19 juillet 2021

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Fin de semaine pourrie et début pas mieux

Nous en avions parlé vendredi, il y a quelque chose qui ne sent pas bon et on a l’impression que l’on est en train de perdre pied. Il faut reconnaître que ça faisait un moment que l’on n’avait plus entamé la semaine avec des futures qui sont aussi mal en point et des doutes plein la tête. Du côté des indices, c’est la première fois depuis près d’un mois que les indices américains terminent en baisse sur la semaine et que l’on ne peut pas se targuer d’avoir passé notre semaine à battre des records d’altitudes. Rappelez-vous, il y a deux semaines, on se demandait si l’on serait capable de battre 8 records d’altitude à la suite. Et bien ce matin, on se demande presque si l’on sera capable d’avoir une journée de hausse durant la semaine à venir.

La semaine que l’on a laissé derrière nous était pourrie et on se demande si celle que l’on a devant nous sera vraiment mieux. Loin de moi l’envie de jouer les oiseaux de mauvaise augure, mais disons que lorsque l’on voit ce que l’on voit, on a bien raison de penser ce qu’on pense. Soyons très clairs ; depuis deux semaines on se raccroche au soutien indéfectible de la FED et de son patron, Jerome Powell, pour trouver l’énergie d’y croire, l’énergie d’aller plus haut et l’envie de se dire que « jusque-là, tout va bien ». On était également « rassurés » sur l’état de l’économie, que ce soit du point de vue macro ou que ce soit du point de vue micro. Au niveau macro, les chiffres sont bons – bien que l’on hésite entre croissance et inflation et que les indications que l’on peut en tirer en observant les rendement du 10 ans, c’est que on a l’air assez d’accord sur le principe de l’inflation transitoire et d’une croissance maitrisée, tout en comptant sur le retour du plein emploi cet automne. Du côté micro, le début de la saison des chiffres trimestriels semblaient rassurer tout le monde puisque « Corporate America » n’a jamais été  aussi fort. Sauf que là tout de suite, nous nous retrouvons dans une situation qui est basée sur « l’interprétation des chiffres », plutôt que sur la réalité de ces derniers. Je m’explique…

Good news is bad news

Ce que l’on a pu voir et retenir de cette première semaine de publication, c’est que l’on « savait » que ça serait bon et comme on avait tout anticipé, les intervenants se sont simplement dit que si on savait que ça allait être bon et que ça s’est confirmé, ça voulait aussi dire qu’il fallait tout vendre, puisque comme l’on SAVAIT déjà. Il n’y a pas eu de surprise, les chiffres sont bons dans leur globalité, mais personne n’est surpris, on est donc en train de vendre la nouvelle et à moins de publier des chiffres 30% en-dessus des attentes, d’augmenter le dividende de 300% et d’annoncer une fin d’année en fanfare et d’assurer que les 5 prochaines années ne seront qu’euphorie et joie de vivre, toute société qui publiera ce trimestre, sera vouée à la prise de profit. C’est en tous les cas l’impression que donne cette première semaine dans la saison des trimestriels. Nous verrons bien ce que ça va donner dans les deux-trois semaines qui nous attendent, mais quand on voit la performance de certains titres AVANT la publication – j’ai un peu peur.

En regardant simplement du côté des GAFAM’s, je n’ose pas imaginer ce qu’ils vont devoir publier pour que l’on puisse continuer sur cette tendance pratiquement verticale que le marché nous offre actuellement. Mais ne nous emballons pas, il faut savoir raison garder. Néanmoins, force est de constater que les indicateurs « baissiers » sont en pleine forme et que l’on ne peut pas non plus trop les ignorer au risque de se faire taper sur les doigts. La confiance inébranlable semble être en train de s’effriter et, comme disait Josiane Balasko dans les Bronzés font du ski : « j’y vais mais j’ai peur ».

Le retour d’un certain négativisme latent

Pour faire simple, cette semaine qui commence n’a pas l’air de faire partie de celle que l’on a vraiment envie de vivre en tant qu’investisseur. Loin de moi l’envie de jouer les « bearishs » de service, ça n’est de loin pas mon style, mais force est de constater que – pour le moment – les indicateurs techniques ne sont pas au beau fixe, Powell a perdu son stamina et sa niak qui nous donnait envie d’y croire, les bons chiffres des sociétés américaines sont complètement intégrés dans l’esprit des investisseurs, le pétrole est sous pression et fait du mal au secteur pétrolier, les matières premières continuent de poser problème à l’inflation et la réalité des prix à la consommation commence à faire grogner l’Américain moyen qui l’exprime un peu plus fort qu’il y a deux semaines et qui commence à demander des comptes sur la notion de transitoire et surtout, comment identifier et interpréter un transitoire qui dure.

Non, parce que soyons honnêtes ; Powell parle d’inflation transitoire depuis des mois, mais il n’a jamais défini une indication de durée. Transitoire c’est quoi ? 3 mois ? 6 mois ? 2 ans ? S’il compte en années Warren Buffet qui fait de l’investissement pour les 30 années à venir à 90 ans, ça pourrait être transitoire 2 ans, mais s’il parle en langage du marché mode 2021, au-delà de 2-3 mois, je crains que ça risque de tilter dans l’esprit torturés de certains. En ce lundi 19 juillet, nous en sommes donc là : les futures sont dans le rouge, on a une avalanche de chiffres trimestriels qui nous attendent cette semaine et on sait déjà que ça va être génial, il faudra donc prendre les profits et Powell ne devrait pas nous refaire un « replay » de ce qu’il a fait la semaine dernière. En conclusion, après avoir chanté tout le printemps, on risque de se retrouver fort dépourvu lorsque le mois d’août sera venu.

En Asie on doute déjà

Ce matin l’Asie est déjà en train de donner le ton. L’ensemble des indices sont dans le rouge. Et le rouge foncé pour ce qui est de Tokyo et de Hong Kong. Le Japon perd 1.3%, le Hang Seng recule de près de 1.8% et la Chine est en baisse de 0.3%. la crainte de ce lundi matin – en plus de la problématique de la croissance, de l’inflation et d’une éventuelle hausse des taux prévue pour 2034 – c’est le retour du COVID dans les statistiques. Alors que depuis des semaines on voit que le variant indien commence à poser problème un peu partout dans le monde, voici que ce matin, on en prend conscience. La bonne nouvelle c’est que les politiques on déjà clairement identifié la cause de la résurgence du virus, puisqu’ils sont tous d’accord pour dire que c’est tout de la faute de ceux qui ne sont pas vaccinés. La solution est donc toute trouvée. En attendant, les marchés mondiaux sont en train de se poser des questions. Un peu le même genre de questions qu’ils se sont posé en février-mars de l’an dernier, lorsque l’on s’est rendu compte que c’était un peu autre chose qu’une « grosse grippe ». La question reste de savoir si l’on est capable d’embrayer à nouveau sur une petite panique, histoire de faire sortir les stimulus du trou, puisque les banques centrales et les gouvernements du monde entier semblent avoir trouvé la poule aux œufs d’or et la pierre philosophale en même temps.

En résumé, ce lundi matin fait partie de ceux que l’on aimerait ne pas vivre. J’aimerais que ma journée se passe au bord de la piscine à ne rien faire. Sauf que là, on va devoir la passer à se demander ce qui va se passer ensuite et si il y a quelque chose de cassé dans le plan magique mis en place par nos instances supérieures et s’il faut tout vendre, se barrer à la plage et revenir en septembre pour la saison des krachs. Non, franchement je n’aime pas trop beaucoup ça. Et puis, en plus de pas trop aimer ça, je ne comprends même pas pourquoi l’or est en baisse alors que l’ambiance est pourrie à ce point. Le métal jaune est à 1813$ et l’or noir se fait déglinguer et revient sur les 70$ depuis que l’OPEP a trouvé un moyen d’augmenter la production. Et je ne vous parle même pas des Cryptos qui semblent être en plein coma, mélangé à une grosse dépression nerveuse. Je ne me souviens plus trop, c’était quoi l’objectif 100% garanti du Bitcoin pour la fin 2021 ? 100’000 ??? Non, c’est juste pour mettre mes fichiers à jour.

Les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on parle du COVID aux JO de Tokyo, on parle du COVID et de Boris Johnson qui doit s’isoler parce qu’il est cas contact. Bref, on parle du COVID tellement partout que même le take-over de Zoom sur Five9 via un échange de titre n’intéresse presque personne. À ce propos, il est intéressant de noter que – comme en l’an 2000 – les « nouvelles techs » qui n’ont pas de cash, rachètent ce qui leur fait plaisir en payant avec leurs propres actions. Je dis ça, je dis rien. Et puis, on notera que Joe Biden s’en prend à Facebook en disant que la désinformation qui y circule vis-à-vis du COVID « tue des gens » et que c’est tout de la faute de Facebook. Zuckerberg réplique en disant que c’est faux parce qu’en fait Facebook, ils font tout pour sauver l’humanité.

En gros, nous sommes au jardin d’enfants et si vous avez l’occasion de ne pas venir au bureau pour cette journée qui nous attend, je crois que ça vaut la peine. Côté chiffres économiques, nous aurons rien et côté chiffres trimestriels, ça sera IBM qui sera sous les feux de la rampe aujourd’hui. Pour le reste, on se retrouve demain pour voir si on a survécu à ce lundi pourri ou pas.

Je vous souhaite un excellent café et une très bonne journée et je vous dis : À demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

“Believe nothing you hear, and only one half that you see.”

Edgar Allan Poe