J’ai passé une bonne partie de ma nuit à éplucher les articles de presse de ce début de semaine. Bonne nouvelle ; l’inflation n’est plus un problème, la croissance ou le manque de croissance, n’est plus un problème non plus. Ça n’est plus un problème, parce que si y a moins de croissance, y a moins de risque d’inflation. Et si y a moins de risque d’inflation, on ne montera plus jamais les taux. Et comme on ne montera plus jamais les taux, on peut acheter des actions encore et encore. Et si possible en grosse quantité. N’oublions pas non plus que l’on se fout totalement du COVID, puisque Manu l’a dit hier, « ya ka s’faire vacciner ».

L’Audio du 13 juillet 2021

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Un été en pente douce

La journée d’hier n’aura donc pas été spectaculaire en termes d’intérêt et de passion, mais disons que l’on a terminé au plus haut sur tous les indices – encore une fois – ça devient presque trop facile, mais comme je le disais déjà hier, c’est devenu tellement facile la bourse que de plus en plus de monde envisage de se reconvertir en trader compte propre, puisque, comme pour le COVID : Y a qu’à acheter le marché et pis après ça monte. Comme visiblement ça ne devrait plus jamais baisser non plus, c’est d’une effarante facilité. Et puis on a donc oublié toutes les problématiques que nous avions jusque-là. À mort l’inflation, la croissance est juste « comme il faut », c’est presque épuisant de vivre dans un monde aussi parfait.

Si nous avons le moindre doute, il suffit de se plonger dans la presse financière de ces dernières 48 heures. La même presse qui faisait la part belle aux gourous et autres annonciateurs du krach à venir la semaine dernière, eh bien cette semaine on a interdit à cette équipe de communiquer et on ne peut que lister les dizaines de titres qui sont « beaucoup montés » mais qui sont appelés à monter plus encore, ou encore la sélection des meilleures actions pour jouer les 5 prochaines années de Bull Market. Sans oublier bien sûr, le fait que les publications trimestrielles qui commencent aujourd’hui avec Goldman Sachs et consort vont être clairement en dessus des attentes, tellement on a été trop prudents et tellement les boîtes américaines cartonnent avec des profits qui vont être totalement délirants. Ce matin, la question n’est même plus de savoir si on va aller à 5’000 sur le S&P, mais plutôt : « quand est-ce que l’on va y aller ? ».

La petite bête qui monte et qui monte

La séance d’hier aura donc été un long fleuve tranquille dans un été en pente douce. Une pente qui monte – bien sûr – pas une pente descendante. L’ensemble des bourses saluaient cette prise de conscience comme quoi tout allait bien et que, finalement les mauvaises nouvelles étaient des bonnes nouvelles. Qu’il suffisait juste de les interpréter différemment, ce qui est relativement facile depuis que l’on nous a doté d’une intelligence supérieure. On sait bien que l’on peut tourner la veste dans 3 jours, on a été codé génétiquement pour cela. Depuis des années nous savons que chaque investisseur patenté a un peu de girouette dans son ADN. Mais pour ce lundi, c’était la sérénité qui primait et le fait que l’on ait rien à dire. Et c’est encore plus frappant quand on observe les médias et que l’on a une mémoire qui nous permet de se rappeler ce qui s’est dit la veille.

Afin de résumer la journée passionnante que nous avons vécu hier, je voudrais partager ces quelques lignes avec vous. Elles ont été écrites par un journaliste chargé de résumer la séance d’hier :

« Après avoir montré un manque de direction en début de séance, les actions ont légèrement augmenté au cours de la séance de lundi. Grâce à cette hausse, les principaux indices ont tous atteint de nouveaux records à la clôture. »

Inutile de vous dire que le Pulitzer n’est pas encore en vue cette année, mais on sent bien qu’il a tout donné. Tout donné compte tenu de ce qu’il y avait à raconter. Donc les bourses sont en hausse, les records sont atteints, l’économie va bien même si certains sont inquiets de ce qui pourrait se dire cette semaine lors du témoignage de Powell. Cependant, on sait tous que même si Powell annonce qu’une météorite va frapper la terre dans les 24 heures, les marchés ne baisseront pas quand même, parce qu’on sait que les chiffres du trimestre vont être canonissimes.

Never weak again

Pour faire simple, jeudi dernier nous étions au bord du krach, vendredi on était au bord de l’orgasme boursier et lundi c’était pire parce que tous les doutes que nous avions jeudi se sont transformés en confiance inébranlable. Confiance inébranlable en attendant le témoignage de Powell, en espérant qu’il ne nous sorte pas une connerie dont il a le secret. Ce matin je lisais un stratège qui expliquait encore une fois par A+B qu’il fallait acheter toutes les faiblesses parce que le marché n’arrêtera plus de monter. Oui, c’est bien, mais c’est quoi une faiblesse ?

Non, parce que de nos jours, 1% de baisse à New York, c’est devenu un « flash crash » et le temps que tu rentres ton ordre d’achat, on est déjà de retour au plus haut de tous les temps. Alors vous je ne sais pas, mais moi si je n’étais pas dans le métier depuis 30 ans, je plaquerais tout pour faire de la finance. C’est devenu presque aussi facile qu’en mars 2000 quand ça ne faisait que monter.

Nouvelles du jour

Ce matin l’ensemble des marchés asiatiques sont en hausse dans le sillage de Wall Street, sans compter que la Chine a publié un Trade Balance nettement au-dessus des attentes. Le Nikkei avance de 0.65%, Hong Kong de 1.8% et la Chine progresse lentement de 0.25%. Le pétrole oscille toujours autour des 74$ et l’or ne fait rien. Du côté des Cryptos, il y a des rumeurs qui circulent comme quoi Apple aurait acheté pour 2.5 milliards de dollars en Bitcoin, sauf que le Bitcoin en question est en baisse de 4% à 33’000$. Si la rumeur est vraie, l’impact est tout de même relativement limité.

Dans les autre choses qu’il faut savoir, on peut noter que Virgin Galactic s’est pris 17% dans les dents hier. Drôle de façon de fêter un succès. Mais la réalité a repris le dessus et l’excitation passée, les experts ont estimé que pour continuer à se développer, la société de Branson va devoir faire une émission secondaire. D’où la justification de la baisse de 17% – à moins que ce soit la bonne vieille théorie boursière qui dit qu’il faut acheter la rumeur et vendre la nouvelle. Au chapitre COVID on a donc eu ce bon vieux Manu Macron qui a fait son show hier à la télé. Il a été brillant. Il a réussi à faire un discours de campagne en disant que tout ce qui se passe, il l’avait dit, en oubliant qu’il avait dit qu’il ne rendrait pas la vaccination obligatoire au mois de décembre. Alors effectivement, il ne rend pas la vaccination obligatoire, mais il a quand même bien trouvé des moyens pour le faire. En gros c’est : « tu te vaccines ou on te colles une balle dans chaque genou, mais ça reste ton choix ». Bref, ça n’a pas d’impact sur les marchés boursiers, si ce n’est que Manu a tout de même dit que la France restait un des pays les plus attractif d’Europe et que c’était pratiquement grâce à lui que la taxation de 15% des multinationales avait abouti. Moi je suis athée, mais disons qu’après son discours, si je devais choisir un Dieu, je crois qu’il serait en pole position tellement il est brillant le mec. En tous les cas, si un jour il est plus président, il peut aller vendre des encyclopédie tellement il est charismatique.

Toujours au chapitre COVID, on signalera que la FDA devrait annoncer dans les heures qui viennent que le vaccin de Johnson & Johnson pourrait faciliter le développement de la maladie de Guillain Barré. Il semblerait que plusieurs cas se sont développés après vaccination. On imagine bien que le nombre est bien trop petit pour que ça fasse du mal à l’entreprise et que même en payant des dommages et intérêts, cela ne prétéritera pas l’achat du yacht  de 52 mètres qui est prévu comme cadeau d’anniversaire pour le CEO de la société. On notera au passage que c’est quand même marrant de constater que chaque vaccin a des effets indésirables, mais jamais des effets désirables. Je ne sais pas ; personne n’a annoncé que depuis le vaccin, il avait une irrésistible envie de mettre un costume en latex bleu et rouge et de grimper aux murs comme Spiderman. Personne n’a déclaré que depuis le vaccin Pfizer, chaque fois qu’il s’énervait il devenait tout vert et déchirait ses fringues, personne qui vole à la vitesse de la lumière et pas une batmobile à l’horizon, c’est quand même désolant. À la place on nous file du Guillain Barré et des thromboses. Non parce que moi tu me dis que si je me vaccine, j’ai une chance sur cent de devenir Spiderman, j’y vais plusieurs fois, me faire vacciner. Je m’invente même des fausses identités pour le faire.

Chiffres du jour

Pour ce qui est des chiffres du jour, il y aura le CPI en France et en Allemagne, le PPI en Suisse, le CPI aux USA et aussi le truc le plus drôle de la semaine : la balance du budget américain ou comment trouver l’équilibre avec une dette qui dépasse l’entendement et des dépenses qui sont supérieures au budget du PSG et du Real Madrid réunis. Par contre on va donc entamer la saison des trimestriels et pour aujourd’hui, on va se concentrer sur JP Morgan et Goldman Sachs qui devraient avoir PULVERISE les attentes comme le prévoient la majorité des analystes, y compris ceux qui n’ont PAS REVU leurs attentes à la hausse. Parce que tu vois, vaut mieux dire et écrire le contraire, ça te permets d’augmenter tes chances d’avoir raison.

Pour le moment les futures sont inchangés, mais comme tout le monde le sait ; « the only way is up, baby ». Passez une excellente journée et si vous avez cinq minutes pensez à aller faire mettre vos pneus neige avant qu’il y ait trop de monde pour le début de la saison de ski qui commence le 1er août cette année.

À demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

 

« Je l’ai dit, je le répète : le vaccin ne sera pas obligatoire. Ayons confiance en nos chercheurs et médecins. Nous sommes le pays des Lumières et de Pasteur, la raison et la science doivent nous guider. »

 

Emmanuel Macron, Ex-Président Français et menteur patenté – décembre 2020.