Aujourd’hui, alors que les marchés battent des records et des records et des records encore, on ne peut pas ne pas parler du fait que demain nous rentrons dans le mois des Krachs. En fait dans les DEUX mois des krachs, puisqu’octobre n’a pas non plus un CV qui est nickel, tellement nickel qu’il pourrait faire de la politique. Après on sera tranquille puisqu’en novembre on commencera à parler de « Christmas Rally » et que de toutes façons à la fin c’est les bulls qui gagnent. Mais pour le moment, c’est la saison des krachs qui commence, alors profitez bien de votre dernière journée de vacances.

L’Audio du 31 août 2021

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Avant de rentrer dans la période de fin du monde qui nous attend, la séance d’hier aura été encore une fois « MYTHIQUE ». Mythique parce que nous avons encore une fois surfé sur la vague « Jerome Powell » et nous avons farté avec ses mots de vendredi. On ne sait pas encore combien de temps l’effet placebo fera effet, mais pour le moment, on s’en fout pas mal et on se laisse porter. Hier les intervenants ont exprimé leur joie en achetant à peu près tout ce qui leur passait sous la main, mais surtout de la techno. Apple a terminé au plus haut de tous les temps et pèse dorénavant 2’530 milliards de dollars. Facebook est au plus haut de tous les temps, Google est au plus haut de tous les temps et Microsoft y est presque. Amazon est un peu en retard, mais elle prenait quand même plus de 2% hier soir.

Inutile de vous dire que quand les 5 plus grosses Bertha’s du marché cartonnent comme ça, on ne peut pas s’attendre à autre chose des indices. Les GAFAM’s font la loi et le reste suit comme un seul homme. À la fin tout cela se traduit par des records sur le Nasdaq, le S&P500 – et je vais vous épargner le chiffre du jour, ça devient barbant, mais sachez quand même que le S&P500 a battu son 52ème record de l’année vendredi. Ça vous laisse imaginer où nous étions ce lundi soir. L’indice des semi-conducteurs est également au plus haut, même si le secteur semblait un peu marquer le pas en fin de séance.

Europe moyennement euphorique

En Europe c’était un peu moins facile et mais les indices terminaient tout de même dans le vert. C’était assez homéopathique, mais on voulait quand même marquer le coup par rapport aux encouragements de la FED que nous avions reçu vendredi soir, mais ça restait quand même timide. Apparemment, le fait que le gouvernement chinois travaille sur une loi qui restreindrait les IPO’s des sociétés chinoises aux USA aurait refroidit l’ambiance en Europe. L’Europe qui reste très sensible à ce que la Chine pourrait faire sur à peu près tout.

On a bien vu, il y a dix jours, lorsque l’on a commencé à imaginer que la Chine pourrait se renfermer dans sa coquille communiste et que l’on voyait déjà les riches chinois redevenir de pauvres paysans qui cultivent le riz et qui seraient bien incapables de venir en voyage à Paris pour remplir la soute du Jet Privé avec des sacs Louis Vuitton, que l’on n’a pas trop aimé l’image d’Épinal que nous faisait parvenir Xi-Jinping. Alors du coup, les Européens vont sûrement adorer les chiffres économiques qui sont sortis ce matin en Chine. Bref, l’Europe était dans le vert, mais si on se base sur la performance de Shanghai et Hong-Kong, ça pourrait ne pas durer.

Tout ça pour vous dire

Tout ça pour vous dire que les marchés ont encore vécu une belle journée hier et que l’on se demande bien ce qui pourrait freiner la marche en avant ce Bull Market qui semble ne plus vouloir s’arrêter. Ces derniers jours, je me faisais la réflexion à moi-même, tout en respectant au maximum les distanciations sociales, que pour le moment plus les nouvelles étaient mauvaises plus le marché monterait parce que du coup, ça lui débloque sa crainte viscérale de voir arriver un tapering, puis une hausse des taux.

L’investisseur lambda a tendance à se dire que tant que les mauvaises nouvelles nous tomberont sur la figure, les gouvernements et les banques centrales vont continuer à nous inonder sous le pognon pour nous soutenir et nous empêcher de craquer moralement. Et c’est probablement aussi pour ça que nous sommes immunisés contre toute nouvelle à propos d’une hausse des cas COVID. Hier les Américains ont conseillé à leurs ressortissants de ne plus se rendre en Suisse, le taux d’incidence étant beaucoup trop dangereux pour leur organisme. Après l’Afghanistan, les Américains quittent la Suisse, mais ils y laissent moins d’armes. Quoi qu’il en soit, ce type de nouvelles sont de MAUVAISES nouvelles et laissent à penser que le soutien financier est assuré pour des siècles et des siècles. Amen. Je crois que c’est comme ça qu’on dit.

Pourtant y a pas que du bon

Pourtant, il n’y a pas que du bon là dehors. Si l’on prend juste les quelques infos que l’on peut pêcher à droite ou à gauche, on peut se poser des questions. Alors attention, je ne parle pas des infos que l’on trouve en première page du 20 Minutes, parce que savoir que telle ou telle starlette qui a fait un carton dans les « Marseillais contre les Talibans » a sa prothèse mammaire qui fuit, n’est pas ce que j’appelle « l’info du jour qui va faire bouger le marché ». En revanche, en creusant un peu, on tombe sur le fait que l’Aluminium est au plus haut depuis 11 ans, que le prix des engrais est également à des niveaux records et que les paysans américains ne savent plus comment se fournir en matériaux pour produire de la bouffe et qu’à l’entrée des grands ports de Californie, les porte-conteneurs font la queue pour décharger leurs cargaisons – ils sont 44 à attendre au large de Malibu Beach et entre COVID et main d’œuvre qui se fait rare, il n’y a personne pour décharger…

Juste sur ces trois nouvelles, on peut se demander dans quelle direction on va et à quel moment on va se prendre le mur à pleine vitesse. Autrement dit : à quel moment les investisseurs vont commencer à flipper parce qu’il y a de plus en plus de trucs qui ne fonctionnent plus correctement et que là tout de suite, ça n’a pas l’air d’aller vers le mieux. En tous les cas, pour le moment, les investisseurs s’en foutent royalement et se raccrochent au fait que la FED sera toujours là pour nous et que de toutes façons, le mois des KRACHS, ça commence seulement demain.

L’Asie

Lorsque l’on regarde l’Asie ce matin, on se dit déjà qu’en analysant les chiffres du PMI chinois, les Européens vont adorer puisque cela confirme ce que l’on pensait : la croissance chinoise est en train de donner des coups de freins qui ont de quoi foutre les jetons au plus téméraires des pilotes de rallye. L’activité industrielle de la Chine a progressé à un rythme plus lent en août, les restrictions liées au coronavirus et les prix élevés des matières premières exerçant une pression sur les fabricants de la deuxième économie mondiale, tandis que l’activité des services s’est fortement contractée. C’est en tous les cas ce qui ressort des chiffres publiés tôt ce matin. Et puis comme le grand animateur de la finance mondiale ne peut pas rester un jour sans faire parler de lui, Pékin a décidé que les jeunes de moins de 18 ans ne peuvent consacrer que trois heures par semaine aux jeux en ligne. On imagine bien que toute cette liberté supplémentaire va faire très plaisir aux technos chinoises. Et puis on pense à tout ces ados qui vont devoir sortir de la maison et voir qu’il y a des vrais gens dehors avec des arbres et de l’herbe et même des fois il y a des oiseaux. Et que peut-être que même, ils vont se rendre compte qu’ils rataient un truc jusque-là. Mais peut-être seulement.

À l’heure où je vous parle, le Nikkei est le seul qui s’en sort pas trop mal avec une hausse de 0.5%, mais Hong-Kong chute de 1.5% pendant que la Chine est en baisse de près de 1%. Le baril de pétrole est à 68.90$ et tente de gérer l’aspect tornade dans le Golfe du Mexique (qui à l’air un peu moins pire que prévu) et le meeting de l’OPEP qui arrive. L’or est toujours coincé entre deux eaux, mais les experts pensent que d’ici quelques jours, il pourrait monter jusqu’à 1830$. Je vous laisse faire la règle de 3, sachant qu’à l’heure actuelle il traite à 1817$ et je vous laisse imaginer l’état d’excitation dans lequel je suis à la perspective de voir l’or monter de 13 dollars dans les jours, ou les semaines qui arrivent… À ce stade-là, je préfère presque m’intéresser au Bitcoin, surtout quand je vois qu’un gourou de la crypto que je lisais ce matin, pariait sur une cassure des 52’000$ pour emmener la monnaie virtuelle à 85’000 dans la même période que l’or mettrait pour gagner 13 dollars. On est tous égaux, mais y en a qui sont juste plus égaux que les autres.

Nouvelles neuves

Dans les nouvelles du jour, ça y est ! Les Américains ont quitté l’Afghanistan et se sont encore une fois fait proprement humilier. 20  ansà claquer du pognon et à perdre des soldats pour remplacer les Talibans par des Talibans, bravo les gars, même en faisant exprès on pensait pas que c’était possible. Pendant ce temps, Porsche va ouvrir sa première usine hors d’Europe et ça sera en Malaysie, la Chine est hors de question selon la société. Et ils font bien, c’est pas trop tendance en ce moment. Autrement l’Europe déconseille aux Européens d’aller aux USA à cause du niveau d’infection du variant Delta… moi je ne sais pas, mais ça ressemble assez à un confinement qui se prépare, sans être complotiste. Et pour terminer, le patron de la SEC a déclaré que la possibilité d’interdire à certaines sociétés de vendre leur « order-flow » était clairement une possibilité. En gros, les fonds qui utilisent le volumes de clients de sociétés comme RobinHood pour leur passer devant, ne devrait plus pouvoir le faire. Bon, le fait que ça existe m’a toujours bluffé, mais il semblerait que d’autres en prennent conscience.

Côté chiffres, nous aurons le CPI en Europe, l’emploi en Allemagne, le Chicago PMI aux USA, ainsi que le Consumer Confidence. Hier soir Zoom a publié des chiffres légèrement en-dessous des attentes et le titre s’est fait déchirer de 11% after close.

Voilà, pour le reste, demain c’est la saison des pluies et des marchés qui baissent qui commence, d’ici-là, passez une très belle journée et on se voit demain au même endroit.

Thomas Veillet

Investir.ch

« True terror is to wake up one morning and discover that your high school class is running the country.”

Kurt Vonnegut