Fin de mois en pente douce sur les marchés. On s’est contenté de jouer la montre pour remporter le quart de finale et se qualifier pour les demis du mois de septembre, les demis du mois d’octobre et la grande finale de 2021 qui se jouera entre novembre et décembre avec le COVID et son ami Delta pour arbitrer le match. Quoi qu’il en soit, je ne sais pas quand c’est que la rentrée des investisseurs est programmée, mais disons que je me réjouis que ça s’active un peu et que l’ambiance devienne un peu plus volatile. Non, parce que là j’arrive à un stade de rien à dire que j’ai l’impression d’avoir le droit de demander un avocat.

L’Audio du 1er septembre 2021

Télécharger le podcast (.mp3)

Conservation des gains

Si l’on se concentre sur les variations des indices d’hier soir, il ne s’est rien passé. Le plus fort mouvement indiciel constaté sera probablement Londres qui baissait de 0.4%. Mais qui regarde encore le marché anglais aujourd’hui ? Qui est intéressé par de pences ou des pounds avec des market-makers qui sont à peu près aussi honnête qu’Al Capone dans les années 30 – celles d’il y a cent ans, pas celles qui arrivent – après Londres, il y avait l’Allemagne qui affichait une forte correction de 0.3%. Quant au reste, c’était tellement marginal que l’on aurait pu presque confondre la hausse et la baisse.

La seule chose que l’on notera, c’est que cette fois, le S&P500 n’a pas terminé en hausse. Et il n’a pas battu son 54ème record de l’année. Il faudra attendre encore un peu. Pour le moment les marchés donnent l’impression de s’interroger sur la suite. Doit-on se prendre la tête avec les problématiques de l’inflation, de la Chine qui part en vrille gentiment – d’un point de vue économique et d’un point de vue politique – ou alors doit-on avoir peur du COVID qui continue de monter, bien que Pfizer montre un peu partout que ses vaccins sont géniaux et qu’ils marchent tellement bien que si ça se trouve, à la cinquième dose, tu gagnes le tour de France sur une jambe. On se pose pas mal de questions et dans le doute, comme disait l’autre, on a l’air de s’abstenir. Et puis en même temps, on sait que vendredi il y a les chiffres de l’emploi et que ça, c’est encore un truc qui pourrait changer le monde.

Comme tous les vendredis, serais-je tenté de dire.

La Chine de tous les dangers ?

Alors que les marchés occidentaux terminaient le mois dans une léthargie qui aurait donné envie de rester au lit pour dormir toute la journée, on se pose de plus en plus de questions sur la Chine. L’ingérence du gouvernement dans les affaires financières prend de plus en plus de poids et Xi Jinping semble repartir dans une sorte d’extrémisme qui commence presque à faire peur. Pas un jour ne se passe sans qu’une mauvaise nouvelle ne provienne de là-bas et n’impacte le monde financier. Aujourd’hui on parle d’Evergrande.

Evergrande, l’un des plus gros mastodontes chinois, le groupe pourrait employer 200’000 personnes et générer 3,8 millions d’emplois en Chine. L’immobilier est sa principale activité et son fondateur serait la cinquième fortune du pays. La société est fortement endettée et le ralentissement actuel semble l’empêcher de rembourser ce qu’elle doit. Les autorités chinoises ont convoqué la société afin qu’elle résolve ses problèmes de trésorerie et qu’elle évite la faillite. Faillite qui aurait des conséquences dramatiques pour la Chine. Serait-on en train de vivre un « moment Lehman Brothers » en Chine, plusieurs « experts » pensent que nous n’en sommes pas très loin. Ce matin l’Asie n’en fait pas cas, puisque les trois indices de référence sont en hausse de près de 1%, mais il faudra tout de même surveiller les voyants d’alarme qui s’allument sur le tableau de bord de Pékin ces prochains temps.

Tout ça pour vous dire

Pour le reste, je sais bien que la seule chose qui nous intéresse, c’est les chiffres des Non-Farm payrolls qui sortiront vendredi, ou à la limite les Jobless Claims de demain – vu que Powell ne regarde que ça, mais dans d’autres chiffres économiques, le Chicago PMI a été publié hier et franchement on a connu des données économiques durant la grande récession qui étaient meilleures que ça. Le Chicago PMI a donc chuté à 66,8 en août par rapport mois dernier où il était à 73,4. La confiance du consommateur était toute pourrie, on dirait que Joe American ne veut plus consommer ou alors c’est qu’il n’y a plus rien à consommer parce que les bateaux sont coincés en dehors des ports et que personne ne veut bosser pour les décharger parce qu’ils préfèrent devenir crypto-trader et finir millionnaire au mois d’octobre. Et puis il y a les prix des logements qui ont augmenté de 18,6 % en juin, contre 16,8 % en mai…

Alors moi je ne suis pas expert en inflation, ni en comment on la calcule, mais disons que quand je vois l’augmentation des prix des logements, je me demande comment on fait pour dire que l’inflation est maitrisée quand ce genre de chiffres est publié. On peut aussi se demander à quel moment le marché va s’y intéresser et quelles sont les conclusions qu’il va en tirer. Je sais que pour le moment nous sommes en mode « les mauvaises nouvelles sont de bonnes nouvelles et les bonnes nouvelles, sont définitivement des bonnes nouvelles », mais à un certain moment, il y a la réalité qui arrive et qui pourrait peut-être, je dis bien peut-être, compliquer les choses. Et je ne dis pas ça parce que depuis ce matin nous sommes en septembre et qu’en septembre, comme disait Mark Twain :

« Septembre est un mois particulièrement dangereux pour spéculer en bourse. Mais il y en a d’autres : juillet, janvier, octobre, avril, novembre, mai, mars, juin, décembre, août et février. »

Pour être franc, c’est inexact, puisque la citation commençait par « Octobre est un mois particulièrement dangereux »… mais ça ne jouait parce qu’on est en septembre et puis comme ça je pourrais la réutiliser en octobre, comme vous aurez déjà oublié.

L’Asie en mode positive attitude

Pendant que l’Asie cherche à retrouver des couleurs et à se dire que ça va aller en Chine – malgré l’avalanche de mauvaises nouvelles quasi-journalières, l’or et le pétrole ont décidé de jouer à celui qui sera le plus immobile. Les deux matières premières phare semblent attendre et ne plus vouloir bouger. On se demande quel catalyste pourrait les secouer et les sortir de leur torpeur. Pour le pétrole cela pourrait bien être la réunion de l’OPEP agendée pour aujourd’hui, mais pour l’or on se demande ce qui pourrait l’aider.

Du côté des cryptos, ce matin c’est le Bitcoin qui dans le coma, pendant que son collègue l’Ether, s’envole de plus de 5%. Pour être franc, je ne sais pas ce qui se passe, mais bon, tant que mon compte de crypto-trader est dans le vert. Ça me va. On notera qu’un ex-trader de chez Goldman qui est devenu Hedge Fund Manager dans les crypto-monnaies, estime que selon sa propre recherche à lui-même personnellement tout seul, le Bitcoin devrait atteindre les 250’000 d’ici mars 2022 et que l’Ether devrait suivre, mais n’aller « qu’à 20’000 »… Je suis impatient.

Nouvelles du jour

Lorsque l’on dit que la rentrée pour les investisseurs se situe autour du 15 septembre, je pense que l’on doit avoir raison, mais en plus je crois que les nouvelles financières et les journalistes financiers sont aussi en vacances jusqu’au 15, tellement c’est maigre.

Retenons simplement que Joe Biden s’est adressé à la nation pour expliquer que le retrait de l’Afghanistan était extraordinaire, que c’était LA décision à prendre et qu’il était beau fort et intelligent. Il a aussi estimé que les USA ont fait un boulot fantastique lors du départ de Kaboul – apparemment les familles des soldats qui ont explosé dans l’attentat de l’autre jour sont moyennement d’accord avec lui. Mais lui, il pense que tout était parfait. Bon, il n’a pas dit qu’ils avaient gagné la guerre mais pas loin. On notera que la Corée du Sud a passé une loi qui pourrait peser sur les revenus locaux d’Apple ou Google sur les App. Et pour le reste, on se demande si septembre sera pourri ou pas. Je dirais que les bookmakers doivent être à 50/50. Certains disent que l’histoire est pour nous et que chaque fois que l’année a été si bonne en août elle a été encore meilleure après. Et les autres disent que le S&P500 corrige presque chaque année d’au moins 5% et que ça ne s’est pas encore produit. CQFD. Maintenant on peut corriger de 5% et finir au plus haut de tous les temps à Noël.

C’est ce qui fait la beauté du sport, rien n’est impossible en finance. Même l’impossible est possible.

Chiffres du jour

Côté chiffres économiques nous attendrons les PMI’s en Europe et puis aux States il y aura les chiffres de l’emploi ADP qui sont censés nous donner un avant-goût de vendredi. En plus de cela, il y aura aussi le Manufacturing PMI et l’ISM manufacturing. L’OPEP se réunira et demain sera un autre jour.

Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.25% et on a l’air de vouloir commencer le mois sous de bons auspices, il fait même beau dehors. Enfin, je crois. Passez une excellente journée et on se retrouve demain. N’hésitez pas non plus à me suivre sur Instagram sous « Morningbull_World », il y a plein de choses qui arrivent et puis je suis aussi sur la chaîne Swissquote Suisse, pour le Morningbull Live, dans 2 heures. Là aussi, faut vous abonner à la chaîne, j’ai un challenge à battre avec mes collègues !

Allez, soyez forts et à demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

« The surest sign that intelligent life exists elsewhere in the universe is that it has never tried to contact us. » 

Bill Waterson