Cinq à la suite. Cinq séances de hausse à la suite pour le S&P500 et dire qu’on était en train de s’ouvrir les veines avec un couteau à beurre la semaine dernière au même moment. Entre deux on a découvert la potion magique de Panoramix, potion qui porte le doux nom de « chiffres du trimestre ». Depuis que l’on s’est souvenu que, tous les trois mois les sociétés du monde entier publient leurs résultats en cours, on a oublié que la Chine était en train de couler tel le Titanic, que l’inflation était en train de nous péter à la figure et que la notion d’inflation sous contrôle était devenue une notion toute relative avec le pétrole qui fonce tout droit en direction des 100$.

L’Audio du 20 octobre 2021

Télécharger le podcast

KISS : Keep it simple, stupid

On ne va donc pas se prendre trop la tête pour résumer la séance d’hier puisque l’on s’est surtout concentré sur les chiffres du trimestre et que le reste nous importait peu. En tous les cas mis à part le lancement du NOUVEL ETF qui va révolutionner la finance et envoyer le Bitcoin à 178’000$, le lancement du BITO. Le fameux ETF Bitcoin Futures lancé par Proshares a donc fait un carton pour son premier jour de trading avec plus de 24 millions de titres traités. Ce qui fait de lui le second ETF le mieux traité lors du premier jour de trading de tous les temps de la terre entière.

Il faut avouer que ça fait toujours super-bien sur le CV quand on te demande ce que tu as fait de ta vie et que tu peux répondre :« OH ben moi j’ai été le second ETF le plus traité lors du premier jour de trading derrière le BlackRock US Carbon Transition Readiness ETF qui avait traité nettement plus d’un milliard de dollars le premier jour. Mais je reste modeste, c’est le fruit de beaucoup de travail et je suis super content de m’appeler BITO – à une lettre près j’aurais eu l’air très con en francophonie ».

En gros, tout le monde était super-content de cette « ouverture » en fanfare. Le BITO terminait en hausse de 5% et le Bitcoin en a même profité pour flirter avec ses plus hauts historiques sans jamais les atteindre. On dira que ce n’est que partie remise, puisque les « experts » pensent que maintenant il n’y plus de limite pour le Bitcoin, sans compter qu’Invesco va également lancer son propre ETF et que la demande devrait augmenter encore. Bien que perso, je ne vois toujours pas pourquoi j’achèterai ce truc alors qu’aller acheter du Bitcoin en direct est devenu presque aussi simple que d’aller boire un verre – même mieux, parce que pour acheter du Bitcoin sur Coinbase, t’as même pas besoin de passe sanitaire, ni de l’autorisation de Berset.

Et après le BITO, c’était les chiffres du trimestre

Donc, mis à part le BITO, pour le reste on s’est surtout pâmé de bonheur devant les bons chiffres du trimestre. Bons chiffres chez Philip Morris, bons chiffres chez Procter & Gamble, bons chiffres chez Johnson & Johnson et pour finir, bons chiffres chez Intuitive Surgical. Chez United Airlines, les chiffres étaient pourris, mais comme c’était moins pire que prévu, le titre montait quand même. Après, si vous regardez la performance journalière de l’ensemble de ces titres, vous verrez que cela ne reflète pas toujours la notion de « bons chiffres » ou de « mauvais chiffres ». En effet, il se trouve qu’encore une fois, nous sommes très préoccupés par les PERSPECTIVES d’avenir à trois mois de chaque société. Nous sommes incapables d’investir avec une vision à plus de trois heures, mais par contre, lorsqu’il s’agit de résultats trimestriels, alors là nous pouvons nous projeter dans l’espace-temps pour anticiper les annonces du mois de janvier afin de ne pas se faire choper avec la main dans le pot de confiture.

Et hier c’était flagrant avec les chiffres de Netflix et c’est là que je vais vous faire le coup de la chronique super-chiante avec plein de chiffres et de données qui vous feront une belle jambe, mais c’est nécessaire pour l’explication de texte. Donc…

Pour le trimestre, Netflix a ramassé 4,4 millions de nouveaux abonnés nets, portant son total global à 213,6 millions. Ce chiffre est supérieur aux prévisions de la société, qui tablait sur 3,5 millions (merci à SquidGames et merci à la nouvelle génération de psychopathes que cette série va générer). Au troisième trimestre, Netflix a engrangé un chiffre d’affaires de 7,48 milliards, en hausse de 16,3 % par rapport à l’année précédente et conforme aux prévisions de la société. Les bénéfices se sont élevés à 3,18 dollars par action, dépassant largement l’estimation des stars de la finance qui était de 2,56 dollars par action. Après tout ça, le titre perdait 2% hier soir after close parce que la société a dit que le reste de l’année ne serait pas facile et qu’ils manquaient de projets à produire (alors là, si jamais, j’ai un scénario sous la main pour pas cher)… Toujours est-il que le ton est donné ; les chiffres du trimestre sont bons mais le moindre doute sur l’avenir peut tout foutre en l’air.

Il y a un chiffre à retenir pour frimer à l’apéro de ce soir : depuis le début de la campagne de publication, 85% des 41 sociétés qui ont publié sont en-dessus des attentes et il y a encore 71 boîtes membres du S&P500 qui publieront d’ici vendredi soir. D’ailleurs aujourd’hui, on attaque avec ASML qui devrait donner le ton et confirmer les bons chiffres de TSMC la semaine dernière. La société hollandaise va publier tout à l’heure. Il y aura aussi Biogen et Abbott qui publieront et puis ce soir, after close, ça sera le tour de Tesla, histoire de rendre Elon Musk encore un peu plus riche et arrogant.

En Asie on est optimiste pour ailleurs

Ce matin l’Asie est en hausse. Légèrement au Japon qui profite du Yen qui baisse, homéopatiquement en Chine alors que tout le monde tire sur la Chine en disant que son ralentissement va ralentir le monde entier et avec un peu plus de conviction à Hong Kong qui reprend 1.3%. Retenons quand même que le FMI a réduit ses perspectives de croissance en Asie estimant que la pandémie «ravageait » encore la région. Visiblement les marchés se tamponnent totalement de l’avis du FMI. En même temps, le jour où le FMI a raison sur un truc, les poules iront dans l’espace avec Elon Musk.

Pour le reste, le pétrole consolide sur la zone des 82$, l’or remonte péniblement à 1780 et devrait se péter la figure dans les heures qui viennent, dès qu’il aura touché les 1800 – comme d’habitude serais-je tenté de dire. Et puis autrement on notera un fort et soudain intérêt qui persiste sur les GAFAM’s. On dirait que tout le monde anticipe de très bons chiffres trimestriels et ça sent le « sell the news » la semaine prochaine, à moins qu’Apple, Microsoft et Facebook annoncent leur fusion et qu’ils ont découvert du pétrole dans le sous-sol des trois sociétés. Au passage, on notera qu’il y a des rumeurs persistantes comme quoi Facebook va changer de nom dans les semaines qui viennent… on s’attend à un nom qui devrait plus se rapprocher de leur univers de Metaverse – bien que je n’ai aucune idée de ce que ça puisse être, si ce n’est un nouveau monde complètement débile. Peut-être même plus débile que Facebook lui-même.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on apprend donc que malgré le fait que le marché soit si proche de battre de nouveaux records d’altitude, les investisseurs n’ont jamais été aussi « bearishs » selon un sondage de Bank of America. Bon, on connait l’utilité des sondages et leur exactitude. Je pense que Lionel Jospin peut en parler. Mais toujours est-il que ça fait toujours super-bien de pouvoir publier ce genre de chose. Tiens, vais peut-être en faire un moi-même !

Autrement la société Atea Pharmaceuticals qui bossait sur un médicament anti-COVID comme Merck a totalement foiré sa phase 2 de tests. Il semblerait que leur produit soit aussi efficace qu’une boîte de carambars contre le virus et le titre s’est vautré de 66%. Hier soir il traitait autour des 13$ après avoir fait un plus haut à 94$ en mars. Il y a des grands-huit qui sont plus tranquilles à Europa Park. Atea et son partenaire, Roche, vont discuter pour savoir s’ils se lancent dans le business des bonbons pour concurrencer Haribo ou s’ils reprennent le projet à zéro. On notera aussi qu’Activision a viré 20 employés pour « harcèlement » et que Crédit Suisse a payé une amende de 475 millions pour une histoire d’obligations pourries. Il faut reconnaître qu’en ce qui concerne le Crédit Suisse, on n’est jamais déçu en termes d’amendes, mais il faut suivre parce que c’est bientôt toutes les semaines. Quand je pense que Netflix disent qu’ils n’ont pas assez de scénarios à produire, rien qu’avec les magouilles de Paradeplatz, il y a de quoi tenir 4 saisons.

Et puis, on ne peut pas terminer la rubrique « nouvelles neuves » sans parler du nouveau variant delta qui arrive sur le marché. Le variant Delta classique a donc muté et les scientifiques nous ont sortis une version A.Y.4.2 – c’était quand même plus simple avec l’alphabet grec :

« Dis-voir, tu tousses ! T’as quoi ? »

« J’ai le variant DELTA »… par contre si tu dis : “J’ai le variant A.Y. 4.2”, il y a bien des chances que les moqueries soient légion, surtout qu’avec le variant Delta, c’était quand même plus facile pour les jeux de mots. Reste à savoir combien d’injection de vaccins il faudra pour arriver à bout de celui-là afin d’obtenir le passe sanitaire version Berset 3.0. 

Les chiffres du jour

Mis à part les chiffres des sociétés déjà mentionnés dans cette chronique, il y aura un peu de macro aujourd’hui. Ce matin nous aurons le PPI et CPI en Angleterre et le CPI en Europe. Ensuite cette après-midi, nous aurons les inventaires pétroliers et le Beige Book aux USA. Pour le moment les futures sont inchangés et le Bitcoin est à 900$ de son plus haut de tous les temps.

En ce qui me concerne, je suis en vacances dès ce soir, mais je vous retrouve quand même demain matin à la même heure et au même endroit, parce que ce n’est pas facile de se séparer de vous comme ça. Passez une très belle journée et à demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

 

“When your children are teenagers, it’s important to have a dog so that someone in the house is happy to see you.” —Nora Ephron