Je pensais que lorsque l’on se lançait dans la série-Netflix-à-suspense, on attendait le dernier épisode de la saison pour nous annoncer que le héros va mourir et que s’il accepte de voir son salaire revu à la baisse pour la rentrée de septembre, peut-être qu’il va ressusciter. Mais visiblement, dans le camp Républicain on n’aura pas su être patient et alors qu’on avait à peine commencé à négocier, le leader de la minorité Républicaine, Mitch McConnell aura gâché la fin de la saison en proposant un semi-accord qui permet à tout le monde de botter en touche. Et au marché de nous faire le plus gros come back de ces 9 derniers mois, laissant (ENCORE UNE FOIS) les Européens plantés dans la vase.

L’Audio du 7 octobre 2021

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C’était mal barré, mais à la fin c’est les Bulls qui gagnent

La journée avait vraiment mal commencé. Les indices européens étaient au fond du bac toute la matinée et on avait l’impression que, soudainement, l’inflation commençait à faire peur à tout le monde. Le baril qui menaçait de casser les 80$, la crise énergétique qui foutait les jetons à tout le monde, la capacité de production de la Chine qui était remise en question. Tous des trucs que l’on sait depuis des semaines mais qui soudainement devenaient importants à nos yeux. Comme quand tu mets la main sur une plaque de cuisson brulante et que pendant les 3 premiers millièmes de secondes, tu es convaincu d’être insensible à la douleur. Et puis en fait : NON….

Hier nous avons donc commencé la journée en prenant conscience que l’ambiance était pourrie et que ça pourrait même devenir pire. On commençait à envisager que Powell se fasse virer, qu’il soit remplacé par un chantre de la hausse des taux, que l’inflation allait être galopante et permanente, que la FED allait perdre le contrôle et que l’on ne trouverait JAMAIS une solution au plafond de la dette. Bref, les USA allait faire défaut et la fin était proche. D’ailleurs l’Europe avait commencé la séance en apnée se demandant même comment le marché avait fait pour ne pas baisser la veille, sachant que les nouvelles optimistes étaient à peu près aussi rare que de croiser un dahu sur les pentes montagneuses de nos régions – attention, je parle du dahu droitier (qui a les pattes plus longues à droite qu’à gauche), puisque le dahu gaucher a malheureusement disparu il y a bien longtemps.

L’optimisme étant totalement absent des médias et du mental des investisseurs, les indices du monde entier ont donc entamé la journée en plongée à poids constant et au point le plus angoissant de la journée, le CAC40 re-testait les plus bas de ces derniers jours, tout comme le DAX. On mentionnera tout spécialement le SMI qui est même parvenu à casser sa moyenne mobile des 200 jours avant de se faire sauver en fin de séance par le rebond du marché US. La Suisse qui semble être au plus mal psychologiquement et ne parvient pas à retrouver la moindre énergie pour tenter de rebondir un tout petit peu. Notons tout de même que le reversal d’hier pourrait être interprété comme un signe encourageant pour la suite, si l’on confirmait aujourd’hui.

Et puis le vent a tourné

Et puis, comme disait Renaud : « Dès que le vent soufflera, Je repartira, Dès que les vents tourneront, Nous nous en allerons »… Et du coup, c’est avec le vent de Mitch McConnell dans les voiles que les indices ont tourné la veste et ont retrouvé des couleurs. Enfin, une couleur : le vert.

Les indices américains avaient commencé la journée dans le sillage de l’Europe, en se disant que « cette fois on s’en sortirait pas, qu’on allait tous y rester et que finalement, un krach en octobre, c’était pas mal et qu’on aurait encore le temps de rebondir avant Noël et qu’au pire on payera moins d’impôts en 2022 ». Et puis Mitch McConnell est arrivé. Alors Mitch McConnell quand tu regardes sa photo, tu te dis que le mec il aurait pas pu faire partie des Avengers, ni bosser avec Batman, Superman et Wonderwoman, à la limite il pourrait jouer le chef des Super-héros qui dirige tout depuis son bureau tout vitré au 119ème étage d’une tour en verre à Washington ou à New York…et encore. Le gars il a pas le physique de Ryan Reynolds avec le sourire de Brad Pitt, il a plutôt l’air d’être une incarnation vivante d’une marionnette du Muppet Show, mais actuellement c’est un des type qui a le plus de pouvoir aux USA.

Donc, hier, Mitch McConnell est arrivé et a proposé aux Démocrates de repousser la date limite pour le plafond de la dette – ce qui veut dire que l’on va encore devoir en parler jusqu’au mois de décembre et que rien n’est réglé. Par contre, la bonne nouvelle dans tout cela, c’est que le Républicain a ouvert la porte à la négociation. Lui qui avait martelé clairement qu’il ne négocierait pas et qu’il ne voterait JAMAIS pour rehausser le plafond (sauf s’il avait la majorité et qu’il pouvait espérer se présenter comme Président) – il a donc massivement changé d’avis en ouvrant les débats. Tout ça pour dire que le marché a « aimé » la perspective de trouver une solution et de ne pas avoir trop de pression d’ici mi-octobre. En attendant les USA vivent en dépassement de crédit – un truc qui ne vous arrivera jamais sinon votre banque vous tire une balle dans chaque genou – mais en même temps, ça fait tellement longtemps que les USA vivent avec l’argent des autres que ça ne choque plus personne.

Bref, les marchés sont remontés. Les USA bouclent la journée en hausse et les Européens n’ont pas eu assez de temps pour faire de même. Vivement que les marchés soient ouverts 24 heures sur 24, ça sera nettement plus équitable.

Une bonne nouvelle n’allant jamais seule…

Alors que depuis trois jours je dis partout et à qui veut l’entendre, que ça pue et qu’il y a trop de « problèmes » que l’on traîne dans notre sac à dos pour qu’ils soient résolus dans la demi-heure, après le plafond de la dette, on s’est aussi rendu compte que les stocks de pétroles américains et les stocks de gaz étaient relativement plus conséquents que les experts en pétrole le pensaient. Ce qui a eu pour effet de faire plonger le cours du baril de 79.50$ 76.62$ ce matin. C’est étrange de voir qu’à l’instant très précis où « TOUT LE MONDE » est pratiquement convaincu que le baril va aller tout droit en direction des 100$, il change de direction et perd 4% en 24 heures.

Mais il faut savoir raison garder. Attendons patiemment que les premières tempêtes hivernales frappent le Nord des USA et nous constaterons encore une fois notre capacité à changer d’avis à la vitesse de la lumière. Toujours est-il que le repli des matières premières aura apporté sa contribution au rebond, puisque du coup, l’inflation est nettement moins un problème qu’avant. Par contre n’allez pas vérifier si les choses se sont améliorées à la pompe à essence, ils sont encore en train d’écouler les stocks de pétrole acheté il y a 15 ans quand le brut était à 135$.

Timide rebond à Tokyo et Hong Kong s’enflamme

Ce matin Tokyo semble enfin capable d’inverser la tendance et tente un rebond que l’on qualifiera de « sous Xanax » et remonte de 0.45% – sans être actuellement dans les rues de Tokyo, on a un peu l’impression que les traders japonais ressortent dans la rue comme après le dernier combat de Godzilla contre King Kong et qu’ils viennent vérifier combien de buildings sont encore debout, ça sent encore la peur et on ne peut pas dire que la conviction se ressent massivement dans le comportement des marchés. En revanche c’est la fête au village à Hong Kong qui vit sa première belle journée depuis bien longtemps, pendant un moment on avait pensé qu’ils ne savaient plus acheter et que quelqu’un avait enlevé la touche « buy » du clavier des traders. Aujourd’hui les intervenants de la vitrine boursière chinoise sont de retour et tentent le rebond avec un appétit au risque retrouvé selon les médias locaux. Pourvu que ça dure. Enfin, ça devrait durer jusqu’à la prochaine fois où Xi-Jinping va péter un câble.

Je ne vous surprendrai pas en vous disant qu’à l’image du SMI, l’or est toujours dans le coma et comme on a déjà abordé le sujet de l’or noir, il ne nous reste plus qu’à célébrer le retour du Bitcoin. La Crypto-Star a donc pété toutes les résistances, cassé les 50’000 et se traite à 54’700$ avec un top à 55’300$ à 1h00 ce matin. Il faut dire que LA nouvelle de la nuit c’est que George Soros a annoncé qu’il avait investi dans le Bitcoin. Le vieux lion et inventeur du Hedge Fund a donc mis les pieds dans le panier de crabes des Cryptos et aura eu presque autant d’effet qu’Elon Musk. Le reste du secteur est dans le vert, mais c’est surtout les trucs comme le Bitcoin ou le Dogecoin qui montent et moins le reste des protocoles qui eux, se contentent de ne rien faire.

Les nouvelles du jour

Côté nouvelles du jour, on parle bien évidemment du plafond de la dette qui pourrait éventuellement peut-être trouver une solution. De la crise énergétique qui fait peur à tout le monde, l’Europe s’inquiète et les USA veulent utiliser leurs réserves stratégiques pour contrer la hausse du pétrole. Il se dit aussi que Joe Biden et Xi Jinping pourraient tenir un sommet virtuel prochainement, on espère que la qualité de leur Zoom sera meilleure que chez moi, sinon on risque une guerre mondiale. Cathie Wood déménage de New York à la  Floride, mais tout le monde s’en fout. Et puis on commence doucement à se préparer pour les chiffres du trimestre, même si la préoccupation du moment, c’est quand même les non-farm payrolls qui sortiront demain à 14h30. Il n’y a donc qu’un seul chiffre à retenir : 500’000 – c’est le nombre d’emplois qui ont été créé en septembre. Ou pas. Dès demain, à 14h31, on pourra parler de tapering et de ce va faire la FED le 2 novembre.

Pour ce qui est des chiffres économiques du jour, il y aura la production industrielle en Allemagne, le chômage en Suisse et les Jobless Claims cette après-midi aux States.

Actuellement les futures sont en hausse de 0.4%, l’Europe devrait sortir les rames pour récupérer un peu du retard accumulé hier et puis demain est un autre jour. Passez une excellente journée et on se voit demain pour conclure la semaine, préparer le week-end et regarder quelle idée de génie va nous sortir Alain Berset…

À demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

“People who think they know everything are a great annoyance to those of us who do.” —Isaac Asimov