La séance d’hier fût une de ces séances qui ne servent à rien. Même si l’on a compris encore une fois que l’inflation devenait de plus un problème que nous ne maitrisions plus du tout et que tous les blablas récurrents n’allaient rien y changer ; l’ensemble des indices mondiaux ont plus ou moins terminés dans le rouge en se basant sur cette thématique et sur le fait « qu’il fallait attendre les résultats du trimestre » pour savoir si l’on voulait connaître la direction des trois prochaines semaines, mais franchement le résultat final n’était pas LA journée la plus fun de la décennie. Heureusement que l’on pouvait se raccrocher au fait que ce soir, on saurait…

L’Audio du 13 octobre 2021

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Sous le signe de l’inflation

On ne va donc pas y aller par 4 chemins ; les problèmes sont toujours les mêmes, les angoisses sont toujours les mêmes et la peur principale est toujours axée sur une chose : l’inflation. Je ne vais pas vous refaire un dessin sur le sujet, mais disons que les intervenants y vont chacun de leur théorie et de leurs analyses. Hier nous avons eu droit à une concentration intense sur le sujet, puisque le FMI a même pris le temps de mettre en garde le monde entier contre le fait que l’inflation était en hausse et que ça pourrait faire super-peur ces prochains temps.

C’est vrai qu’on ne s’en serait pas douté et qu’on avait vraiment besoin de l’avis d’une institution fiable comme le FMI pour savoir où on en était. La hausse du pétrole, du gaz, du coton, du charbon, du café ou de la panse de brebis farcie n’ayant pas encore assez servi comme preuve, il était important que quelqu’un comme le FMI vienne ramener sa fraise sur le sujet et enfoncer toutes les portes ouvertes nécessaires pour remettre l’église au milieu du village. À moins que ce soit une mosquée ou un Apple Store.

Mais ça n’était pas tout

Et puis, comme si ça n’était pas assez, nous avons également eu un des membres de la FED, Raphael Bostic, président de la FED d’Atlanta, qui a déclaré que l’inflation élevée pourrait persister. M. Bostic est membre votant cette année du comité de la Fed.

Voici ses mots :

« Je continue de croire que l’inflation élevée actuelle est épisodique, alimentée par des conditions pandémiques telles que des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et les marchés du travail. Une mise en garde importante, cependant, est que les problèmes graves et généralisés de la chaîne d’approvisionnement dureront probablement plus longtemps que la plupart d’entre nous ne l’avaient initialement prévu ».

Comme vous le voyez, on ne se serait pas douté une seconde que nous soyons dans une situation pareille. Il était important que l’on vienne nous répéter les mêmes choses que l’on nous répète depuis des semaines, voire des mois. Des choses qui sont évidentes comme le nez au milieu du visage. Mais comme dans le monde merveilleux de la finance, on comprend très vite, surtout après la 324ème fois qu’on nous raconte la même chose, l’ensemble des marchés ont exprimés leurs angoisses en baissant de quelques poussières de pourcents un peu partout. Cependant, le manque de vigueur dans l’intensité de la baisse aura également démontré que les intervenants n’étaient pas complètement « abasourdis » par cette nouvelle et qu’au fond d’eux, tout au fond, ils attendaient patiemment la publication du CPI cette après-midi pour en savoir un peu plus. Hier à la clôture, il ne faisait plus aucun doute que ce mercredi serait le moment charnière de la semaine. Le moment du rebond ou le coup de grâce qui entraînerait la cassure de niveaux que l’on n’a pas du tout envie de casser.

Sauvés par les chiffres

Alors que l’on se prenait la tête avec cette fameuse inflation, que l’on observait le pétrole qui ne voulait plus baisser et que l’on écoutait Nouriel Roubini nous dire que la FED devrait mettre en application son tapering dès le mois de novembre, MAIS que la FED pourrait l’interrompre en tous temps, en cas de besoin, on commençait surtout à se poser des questions sur les chiffres du trimestre qui annonçaient leur début « pour de vrai » dès ce mercredi.

Je ne m’attarderais donc pas sur les commentaires de Roubini qui reflètent clairement qu’il n’en sait pas plus que vous, mais dans le doute, il doit quand même faire parler et il me rappelle les commentaires de certaines miss météo qui disent régulièrement : « le soleil sera de la partie, mais l’on ne peut pas exclure que la pluie nous gratifiera de quelques averse éparses, averses qui pourraient être soutenues et durer jusqu’en fin de journée. N’oublions pas non plus que le front froid qui se dirige vers nous, au centre de l’Europe, pourrait également bifurquer au Nord ou au Sud, tout en excluant pas qu’il reste sur sa trajectoire et que dans ce cas, des averses de neige modérées à intenses sont possibles ». Roubini a fait pareil… La FED pourrait agir – ou pas et si elle agit elle pourrait arrêter d’agir – ou pas. Ça valait vraiment la peine de venir en parler. Bon, en même temps ça m’a permis de raconter quelque chose sur dix lignes, parce que ce matin, c’était pas gagné.

Toujours est-il qu’aujourd’hui, en plus du CPI, nous aurons les chiffres de JP Morgan, BlackRock et Delta Airlines. On ne s’attend pas à des miracles, surtout que les chiffres des bancaires sont souvent diamétralement opposés aux attentes des analystes, puisque c’est de notoriété publique que les attentes du secteurs bancaires se jouent à la roulette et que jamais dans l’histoire de la finance nous avons pu lire, au lendemain des publications d’une banque :  « les chiffres étaient dans les attentes des analystes » – ça n’arrive jamais sur le secteur bancaire, les analystes mettent tous un point d’honneur à être le plus loin possible de la réalité.

Quoi qu’il en soit, si les chiffres sont « meilleurs » que les attentes, les intervenants pourraient en tirer des conclusions hâtives en se disant que si le secteur bancaire va, tout va. C’est cependant souvent faux et pas forcément le cas, mais je ne suis pas certain que nous sommes dans une période durant laquelle nous privilégions la réflexion et l’analyse profonde du tissu économique. Un chiffre faible sur le CPI pourrait d’ailleurs suffire à notre bonheur.

L’Asie sur des oeufs

Ce matin l’Asie marche sur des œufs et ne semble pas vouloir déroger à la politique d’investissement mise place aux USA. Pour faire simple, on attend les chiffres pour en savoir plus et quand on en saura plus, on saura ce que l’on doit faire. L’appétit au risque est énorme et la vision du futur est à peu près aussi claire que les rues de Londres un matin d’automne. Hong Kong est fermé à cause de l’arrivée d’un typhon et le reste est légèrement dans le rouge, un peu à l’image de la clôture de Wall Street hier soir.

Pour le reste, c’est Waterloo morne plaine. Le pétrole est toujours au-dessus des 80$ et se prépare pour son run en direction des 100$, on dirait un alpiniste au dernier camp de base de l’Everest ; on ne sait pas quand il va y aller, mais il va y aller, après est-ce qu’il en reviendra, c’est une autre question. L’or – je passe. Et les cryptos sont à peu près là où on les avait laissées hier. Le Bitcoin à 56’000$ et l’Ether à 3500$. 

Les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on reparle du fait que la pénurie de matières premières et de composants électroniques commence à faire son office. Apple a annoncé qu’ils vont devoir réduire la production d’iPhones de manière drastique pour cause de manque de composants. La nouvelle n’est pas vraiment surprenante, le problème viendra surtout du fait que ce genre d’annonce va se répéter encore et encore ces prochains temps. Le titre à la pomme terminait en baisse de 1% hier soir et en remettait une couche after close, portant le bilan final à 2% sur la journée.

Autrement la Deutsche Bank est encore impliquée dans un scandale lié au Forex, le montant de la facture pourrait se monter à 500 millions. C’est un grand classique de la finance européenne, quand c’est pas un c’est l’autre. Et puis on parle aussi de « shortage de conducteurs de camions », l’Angleterre ne sait plus comment décharger les cargos qui arrivent au port. On a aussi appris dans les chiffres de l’emploi que de plus en plus de personnes quittaient leurs emplois pour repenser leur manière de vivre et de travailler, il semblerait que ça soit une conséquence du COVID. Encore une.

Pour ce qui est des chiffres du jour, en plus du CPI il y aura le Trade Balance et le GDP en Angleterre, puis le CPI en Allemagne, la production industrielle en Europe et le rapport de l’OPEP. Ensuite ça sera le CPI et notre vie va changer. Ou pas.

Aujourd’hui sur investir.ch, nous avons le plaisir de publier une nouveauté qui intéressera tous ceux en charge de l’allocation au sein des portefeuilles. Il s’agit du modèle Equilium développé par Stéphane Alec (un type qui a fait l’EPFL) et déjà utilisé – entre autres – par de grandes caisses de pension suisses. Chaque mois nous mettrons à disposition de nos lecteurs les évolutions attendues des principaux facteurs de marché ainsi que leur impact sur un portefeuille balancé typique. Prévoyez un slide de plus pour vos prochains comités d’investissement !

D’ici-là, passez une belle journée et on se revoit demain à la même heure avec un peu plus d’heures de sommeil en ce qui me concerne !!!

À demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

“Housekeeping is like being caught in a revolving door.” —Marcelene Cox