Attention je vais vous parler franchement à propos du Tapering. Je vais vous parler très franchement à propos du Tapering. Attention je ne vais pas tarder à vous parler franchement à propos du Tapering. Nous réduisons nos achats hebdomadaires de 15 milliards par semaine. MAIS. MAIS. MAIS attention, nous restons attentifs et prêts à stopper le Tapering si nécessaire, ceci dit l’économie est en pleine phase de recovery, nous ne la laisserons pas tomber et l’inflation est TOUJOURS transitoire.
L’Audio du 4 novembre 2021
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La FED a parlé
C’est clair que ça n’est pas avec un discours pareil que la FED allait faire peur au marché. C’est probablement le plus gros non-event de ces 10 dernières années. Ça fait des mois que l’on nous prépare à un tapering et le jour où on nous l’annonce, on nous l’explique tellement avec des mots gentils et des « si » partout et du conditionnel qu’on n’est pas loin de penser que dans la foulée, Powell baisserait volontiers les taux pour ne pas faire baisser le marché, s’il le pouvait encore.
En résumé, le tapering est là et tout le monde s’en fout comme de son premier ordre de bourse, le marché l’a d’ailleurs bien démontré. Avant l’annonce, on hésitait, mais après l’annonce les trois indices se sont empressés de repartir au plus haut de tous les temps pour la je-ne-sais-plus-combientième-fois et nous étions au bord de l’euphorie. En Europe on avait de toutes façons passé la journée à ne rien faire en attendant la FED et ce matin on va pouvoir retourner vaquer à nos occupations habituelles – à savoir les chiffres trimestriels.
On sera toujours là pour vous
Il est étonnant de voir combien les médias sont pleins d’articles sur l’annonce de la FED, mais qu’à la fin on se rend compte que l’on a noircit des pages et des pages pour ne rien dire. En effet, ce qu’il faudra retenir de ce meeting du mois de novembre c’est que la FED va donc commencer à réduire ses rachats obligataires. En gros, ils vont moins acheter, mais ils vont acheter quand même et le bilan de la banque centrale américaine va encore grossir d’à peu près 400 milliards d’ici juin 2022. 400 milliards qui vont donc continuer à « soutenir » l’économie et les marchés. À moins que ça soit l’inverse ; les marchés d’abord et l’économie ensuite.
Ensuite, c’est seulement dans huit mois que la FED va éventuellement peut-être mais c’est même pas sûr, remonter les taux de 0.25% – puis, si vraiment tout va bien et que nous sommes en direction du plein emploi et que le PIB américain est en hausse de 8%, alors il relèveront les taux de 0.25% de plus. C’est un peu comme si on te dit que tu dois de mettre au régime et qu’à la place des 4 petits pains au chocolat du matin, tu dois passer à 3. Pour faire simple, le marché n’en a clairement RIEN À FOUTRE de ce tapering, d’ailleurs il était tellement au courant que ça allait arriver que ça faisait bien longtemps que c’était « dans les prix ». On peut donc passer à autre chose. J’aurais tout de même une pensée pour Jerome Powell qui a dû se sentir totalement inutile hier soir en observant la réaction des marchés.
Le pétrole se prend les pieds dans le tapis
Pendant que tout le monde était occupé à observer le brassage d’air de la FED ; le pétrole s’est cassé la figure. Lui qui caracolait sur les 84$ il y a encore 48 heures, vient de glisser sur la savonnette qui trainait par terre dans la salle de bain et se retrouve soudainement sous les 80$. La faute à la conjonction de plusieurs choses qui se sont produites en même temps. Tout d’abord, comme tous les mercredis soir depuis la découverte du moteur à explosion, on nous publie les inventaires pétroliers. Il faut savoir que, depuis que ces inventaires existent, jamais aucun analyste n’est parvenu à prédire correctement les inventaires de la semaine dernière. Au moins à l’Euromillions, il y a toujours quelqu’un qui finit par trouver les bons chiffres, mais avec les inventaires pétroliers, ça ne s’est jamais produit.
Mais ça n’est pas parce que jamais aucun analyste n’a fait une prévision correcte que l’on aurait arrêté de tenir compte des prévisions des analystes ! NOOOONNNNN !!! En plus avec 35 ans de recul, c’est un peu court pour changer de mentalité. Donc nous continuons, toutes les semaines à nous pâmer de joie ou à hurler de désespoir à chaque ratage. En fait les mouvements du pétrole sont plus induits par l’écart entre les prévisions et la réalité que la réalité toute seule. Ce qui pourrait être considéré comme une vraie pathologie psychiatrique sur le long terme, mais passons. Donc hier les inventaires étaient nettement plus élevés que les attentes. Les analystes ont raté plus ou moins l’équivalent de deux tankers dans leurs calculs et du coup le baril était sous pression.
Vous rajoutez ensuite le fait que les Iraniens continuent à jouer à la valse à deux temps : un coup je viens à la table des négociations, un coup je viens pas, un coup je viens, un coup je viens pas. Hier c’était le coup de « je viens » – alors, visionnaires que nous sommes, on s’est dit qu’on allait vendre le pétrole parce que si les Iraniens viennent à la table, s’ils ne jettent pas la bouffe au visage du négociateur américain et s’ils sont d’accord que les USA installent un McDo, un Burger King, un Fried Chicken et une boucherie spécialisée dans la viande de porc sur la place centrale de Téhéran, ils pourraient rouvrir les vannes de la production pétrolière et donc mettre la pression sur le baril. C’était la seconde raison de la baisse.
Mais c’est pas fini ! Il y avait encore des rumeurs comme quoi certains pays non-membres de l’OPEP leur mettaient la pression pour qu’ils augmentent la production et qu’ils fassent baisser les prix, certains gouvernements ayant peur que les gilets jaunes descendent à nouveau dans la rue. Les bruits de couloir laissent à penser que l’OPEP n’en a rien à foutre des avis des autres pays non-membres, mais ça faisait aussi partie de la longue liste des raisons de la baisse du pétrole hier. C’est vous dire si y a rien à dire pour que je passe mon temps à parler du tapering que l’on connait depuis six mois et de la subtile mécanique économique qui fait bouger le baril de brut. Pendant ce temps, le Nasdaq aligne sa cinquième séance de hausse consécutive et l’or ne fout rien pour sa 64ème séance de suite.
Ailleurs…
Ce matin en Asie on est à peu près dans le même mood qu’hier aux States ; les mesures prisent par la FED soulagent plus qu’elles inquiètent et donc l’ensemble des marchés asiatiques sont en hausse pour saluer la décision de Powell et ses amis. Franchement, si on nous avait dit il y a 12 mois que le marché irait faire des new highs le jour où la FED commence à tirer la prise, on n’y aurait pas cru. Enfin toujours est-il qu’en ce jeudi matin, il n’y a tellement rien à dire parce que la seule chose dont on parle c’est la FED et ce même si tout le monde s’en tape que je demande bien pourquoi je me suis levé avec 39 de fièvre pour venir quand même écrire une chronique sur du vent. Quelle abnégation.
Côté cryptos, JP Morgan persiste et signe en confirmant que selon leurs calculs et après avoir sacrifié des agneaux au Dieu de la recherche en crypto-monnaie, le Bitcoin devrait rapidement monter à 146’000$. JP Morgan est convaincu que le Bitcoin est devenu le nouvel hedge contre l’inflation. Exit l’once d’or. Pour le moment tout est calme dans le secteur le Bitcoin traite autour de 62’500$, l’Ether est à 4’600$.
Nouvelles du jour
Dans les nouvelles du jour, on apprend que la Chine va quadrupler son arsenal nucléaire dans les années à venir. On avait bien besoin de ça. D’ailleurs on n’en parle peu, mais qui sait, c’est peut-être l’occasion pour le grabataire de la Maison Blanche pour avoir SA guerre, depuis le temps qu’un Démocrate n’a pas déclenché une guerre, ça serait une belle ligne sur le CV de Biden ! Le premier président américain qui a attaqué la Chine. On signalera aussi les très bons chiffres de Qualcomm qui a facilement battu les attentes et qui prenait 7% after close. Par contre Roku a raté les siens et le titre chutait de 9%.
On parle aussi beaucoup de la déconfiture de Zillow, des 7’000 maisons qu’ils doivent absolument vendre rapidement et des conséquences que cela pourrait avoir sur le marché immobilier. Pour l’instant le titre a perdu 40% depuis l’annonce de son « changement » de stratégie et on continue à nous dire que le marché de l’immobilier est solide comme un roc. Un peu le même discours qu’on nous tenait en 2007. Rien ne pouvait arriver au marché immobilier. Pendant ce temps, Evergrande continue de brader tout ce qu’ils peuvent pour essayer de lever du cash et de ne pas faire défaut, mais bon, ça on s’en fout on n’est pas concerné.
Chiffres du jour
Côté chiffres du jour, il y aura le PMI des services en Europe, la réunion de la Banque d’Angleterre, histoire de voir s’ils font comme les ricains et puis ce soir il y aura les Jobless Claims et comme la FED est derrière nous, on peut à nouveau se concentrer sur les chiffres de l’emploi américain qui sortiront demain après-midi. Seront-ils à nouveau tout pourris ou seront-ils tellement bon que l’on va passer d’une éventuelle hausse des taux en juin à une en mai 2022. Le suspense est insoutenable !
Pour les chiffres du trimestre, nous aurons Moderna, Viacom, Regeneron, Barrick, Nikola, Square, Pinterest, Uber, Airbnb, Peleton, Cloudflare et Fortinet. En Europe on aura Axa, SocGen et Crédit Suisse.
Voilà, il me reste à vous souhaiter une excellente journée, moi je vais me faire un grog, ¾ Rhum ¼ miel et une larme de citron, mais je vous retrouve demain quand même !
Thomas Veillet
Investir.ch
“Instead of getting married again, I’m going to find a woman I don’t like and give her a house.” —Rod Stewart