Un marché des crédits carbone plus homogène, avec des prix plus élevés, est une des mesures nécessaires pour réussir la transition énergétique.

Aujourd’hui, il existe environ 60 systèmes de taxes carbone avec des prix très différents, qui vont de $10 la tonne en Chine à $130 en Suède. La taxe carbone sert à accélérer la transition vers des économies à zéro émission nette. C’est un impôt environnemental qui pénalise les pollueurs à la hauteur de leurs émissions de CO2 et qui les oblige à modifier leur comportement et à investir dans la décarbonation.

Actuellement, cette taxe n’est pas assez lourde pour inciter les pollueurs à investir massivement dans l’écologie. Cette taxe récompense les bons élèves, puisque les pollueurs achètent des crédits carbone auprès d’eux.

 

HERAVEST - Carte prix explicite carbone

Les taxes sont différentes selon les pays et sont une perte de compétitivité pour ceux qui ont les taxes les plus élevées, comme c’est le cas pour l’Europe. L’Union européenne aimerait instaurer une nouvelle taxe carbone – une border tax – sur ses importations pour les entreprises étrangères qui ne respectent pas les mêmes règles environnementales en vigueur dans l’Union européenne et qui aurait pour conséquence un conflit commercial potentiel entre l’UE et ses partenaires commerciaux.

En juillet, la Commission européenne a lancé Fit for 55%, son programme pour réduire de 55% les émissions de CO2 d’ici à 2030, en intégrant cette border tax. La taxe serait calquée sur le prix du carbone au sein de l’UE, qui se situe aujourd’hui autour des €60 la tonne. Pour éviter d’être imposés à la frontière européenne, les exportateurs extra-européens sont encouragés à prendre des mesures d’assainissement de leurs appareils productifs. Les Etats-Unis et la Chine sont opposés à une taxe d’importation, bien que Joe Biden pourrait changer d’avis. Pour le moment, elle est plutôt considérée comme une taxe protectionniste, pénalisante pour le commerce mondial et en opposition aux règles de l’OMC.

Le FMI n’est pas convaincu par le projet européen. Il propose plutôt une taxe mondiale avec un prix plancher. Le prix moyen devrait être au moins à $75 la tonne (certains spécialistes pensent qu’il faudrait un prix 2x à 4x supérieur) avec un prix plancher $25 pour les économies émergentes. Pour la Banque mondiale, le prix moyen mondial devrait se situer au-delà des $100.

Si on veut réduire les émissions de CO2, on est obligé d’avoir des prix du carbone beaucoup plus élevés que ceux pratiqués aujourd’hui. La taxe carbone sera inflationniste, comme l’ensemble de la transition énergétique.

Il y aura des gagnants et des perdants. Les gagnants seront les producteurs d’électricité, avec une connotation verte, grâce à la hausse des prix de l’électricité et à la vente de leurs crédits carbone aux pollueurs, permettant une accélération de leur expansion verte (solaire, éolien, biomasse, hydroélectrique). Les perdants seront les gros pollueurs, comme la production d’énergies fossiles, l’acier, le ciment, la chimie, etc … et ils seront face à deux problèmes: la hausse des prix de l’électricité, qui est une importante composante des coûts d’exploitation pour les sidérurgistes ou les cimentiers par exemple, et l’obligation d’acheter des crédits carbone à des prix toujours plus élevés.

Comment fonctionne un marché de crédits carbone?

Un crédit carbone est une unité équivalente à une tonne de CO2 évitée ou séquestrée. Toutes entreprises porteuses de projet de réduction ou de séquestration d’émissions de gaz à effet de serre peuvent recevoir des crédits carbone, qui peuvent être vendus à d’autres entreprises qui polluent plus que leurs quotas. Si les émissions de CO2 d’une entreprise dépassent ses quotas autorisés sur une période, elle est contrainte d’acheter des quotas à d’autres entreprises qui émettent moins de CO2 et sont en-dessous de leurs quotas.

Si le prix des crédits carbone devient trop élevé, les pollueurs auront un plus grand intérêt à investir dans la décarbonation. Les échanges de crédits carbone se font soit dans une bourse soit auprès d’intermédiaires détenant un portefeuille de crédits carbone.

Quelles options pour les investisseurs?

Il est possible d’acheter le marché des crédits carbone à travers un ETF KranesShares Global Carbon ETF (KRBN US / US5007676787), dans lequel il y a une majorité de crédits carbone européens, le marché le plus grand et le plus développé au monde.

De manière plus spécifique, les producteurs d’électricité européens nous paraissent intéressants, comme Iberdrola, RWE, Fortum, Verbund, Engie, ENEL, Neoen, Solaria, Orsted, Scatec, Encavis.

 

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