La semaine qui s’est terminée aura été plutôt bonne. Je dirais qu’elle a été carrément excellente compte tenu de ce que l’on vit en ce moment. Si l’on regarde les performances nettes de la semaine, il n’y a pas non plus de quoi se rouler par terre de joie. Mais l’un dans l’autre quand on sait que la plupart des membres de la FED qui ont parlé la semaine dernière ont tous mentionné leur intention de monter les taux de 0.5% en mai, que l’inflation n’a pas baissé d’un iota, que la guerre fait toujours rage et que Biden et Poutine semblent être aussi débile l’un que l’autre, on peut quand même se dire que finir la semaine en hausse de 2% sur le Nasdaq en sachant ça, c’est excellent.
L’Audio du 28 mars 2022
Le nouveau normal
Dans ma chronique de vendredi dernier, je me demandais si le monde merveilleux de la finance n’était pas simplement en train de revenir dans un monde « normal » alors que rien n’était normal depuis des semaines. En ce début de semaine, lorsque je lis les nouvelles financières et les nouvelles tout court, je me demande ce que je suis en train de rater et pourquoi d’un côté l’économie à l’air d’aller si bien, alors que la photo globale du monde dans lequel on vit donne envie de s’exiler sur une île déserte en attendant que ça se calme.
En ce lundi 28 mars, nous finissons le premier trimestre de l’année 2022. Ça n’a pas été le trimestre le plus fun de l’histoire de la finance et je crois même que celui de l’an 2000 était bien plus drôle, même s’il s’est terminé par l’effondrement de la bulle internet. Nous venons donc d’apprendre à digérer la plus grosse inflation que nous ayons dû manager depuis plus de 40 ans, nous avons des matières premières qui sont en train de partir au ciel sans vraiment voir et savoir comment ça va se terminer et comment est-ce que l’on va faire pour faire rebaisser le prix du blé, sachant que cette année ça va quand même être compliqué pour atteindre les quotas de production de l’an dernier sans la Russie et l’Ukraine. Comment va-t-on faire pour faire revenir le baril à un prix « normal » dans les conditions actuelles et comment est-ce que l’on va gérer le problème de la guerre en Ukraine ?
Rien n’est réglé
Non, parce que j’ai bien compris que nous, les visionnaires des marchés financiers, nous avons bien compris que nous sommes en train d’anticiper les jours meilleurs parce qu’actuellement tout est dans les prix.
Enfin, tout est dans les prix tant que l’on ne nous sort pas un truc que l’on n’avait pas encore mis dans les prix. Du style un pétage de plombs en règle de la part de Poutine ou le grabataire de Biden qui commencerait à croire qu’il est encore en 44 et qu’il peut faire débarquer ses GI’s sur la Volga et envahir Moscou en passant par la campagne. Non, parce que lorsque l’on entend les discours de ce qui sert de Président aux Américains, on peut se demander si le vieux n’est pas au bord de disjoncter à force d’agresser Poutine verbalement tous les deux jours. Même la Maison Blanche doit corriger les paroles du Président parce que le mec il ne sait plus ce qu’il dit tellement il se marche dessus quand il parle.
D’ailleurs je me demande si ce n’est pas le risque politique que l’on n’arrive pas à soupeser – et que dans le doute on fait comme s’il ne se passait rien tout en ESPÉRANT qu’il ne se passera jamais rien de plus grave que ce que l’on connaît déjà.
La santé de l’économie
En tous les cas, dans la presse de ce week-end ce qui frappe le plus c’est l’enthousiasme sur l’état de santé de l’économie. Après les chiffres de l’emploi de jeudi dernier, on a l’impression que tout va bien et que tout le monde il est content parce que l’emploi ne s’est jamais porté aussi bien – aux Etats-Unis, je précise – et que si ça continue comme ça, à la fin de la semaine, lors de la publication des non-farm payrolls, on devrait distribuer des caisses de Dom Pérignon dans la rue tellement le plein emploi va bien aux USA et tellement c’est l’euphorie.
Le retour
Pendant ce temps, le COVID fait son grand retour en Chine. On n’en parle pas parce que c’est mal et que c’est pas politiquement correct. Surtout en Europe, parce qu’il vaut mieux laisser les élections françaises se dérouler comme si de rien n’était pour que le petit génie de l’Elysée et la dame qui vit avec lui puissent continuer à manager la France de main de maître. Mais une chose est certaine, quand on voit ce qui s’est passé il y a deux ans quand le COVID est apparu en Chine et comment il est arrivé chez nous dans les semaines qui ont suivi, on se demande comment on va y échapper cet été. Mais bon, c’est pas très grave, parce qu’on a vu que pendant le COVID – une fois la correction passée, la performance aura été spectaculaire. D’ailleurs, ce week-end Shanghai est entré en confinement, Tesla a suspendu sa production en Chine à cause du COVID et tout le monde s’en fout !!!
D’ailleurs, il y a même un analyste qui a même publié un article ce week-end estimant que le titre Tesla était SURVENDU comme jamais et c’était l’opportunité d’une vie et qu’il recommandait à tout le monde de vendre ses cryptos et d’acheter du Tesla. Le titre vient de prendre 35% depuis le 15 mars – le tout en sachant qu’entre le 15 mars et le 28 mars, il y a 2 week-ends et que ça fait 4 jours de trading en moins – et le titre a pris 250$…
Mais c’est SURVENDU comme jamais. Moi je crois que j’ai besoin de prendre un cours de technique financière.
Bref, tout va bien
Bref – en gros, tout va bien, jusqu’à ce aille moins bien ou qu’un gros truc nous pète à la figure et qu’on ne l’avait pas vu venir. Mais vu ce que l’on a anticipé actuellement au niveau des taux, de l’inflation, du pétrole, des matières premières, mis à part Poutine et Biden qui organisent un combat de catch dans la boue et en string, je ne vois pas ce que l’on aurait pu ne pas anticiper.
Nous voici donc au début d’une nouvelle semaine de normalité et tout le monde tente de trouver ses marques. Ce matin l’Asie est divisée, le Japon est légèrement en baisse, pendant que Hong Kong et Shanghai sont dans le vert. Le Hang Seng continue son fort rebond et la Chine est plus prudente avec son confinement de 9 jours qui commence à Shanghai – mais 0.2% de hausse pour une ville de 26 millions de personnes qui sont enfermées chez elles, c’est pas cher payé.
Le baril est en baisse de 3% actuellement. Il semblerait que les vendeurs se soient décidés à sortir du bois à l’annonce du confinement de Shanghai, supposant que les Chinois n’allaient soudainement plus acheter de pétrole. L’or est à 1946$ et les cryptos s’envolent. J’ai assez envie de dire « comme je vous l’avais dit », le Bitcoin a cassé les 43’000 et s’est envolé. À l’heure actuelle il se traite à 47’000$ – Mais bon, je ne dirais pas que je vous l’avais dit, parce que c’est mal et c’est présomptueux. Enfin, pour une fois qu’un graphique fonctionne on aurait tort de s’en priver.
Nouvelles du jour
Pour le reste des nouvelles du jour, on parle de courbe des taux, mais pour l’instant on ne s’en inquiète pas. On parle des pourparlers de paix et de Zelensky qui tend la main pour trouver une solution, tout en accusant l’Occident d’être lâche parce qu’ils ne lui fournissent pas assez d’armes, d’avions et de tanks. Et puis un sujet qui est abordé de plus en plus dans les médias : les rachats d’actions.
Depuis quelques semaines, il y a pas mal de sociétés comme Alibaba ou encore Amazon qui ont annoncé des rachats massifs d’actions – 10 milliards par-ci et 25 milliards par-là. On se demande ce qui se passe et comment il faut interpréter la chose. Ce qu’il faut savoir c’est que les rachats d’actions sont un signal positif pour les actions et selon les chiffres de ce début d’année, on pourrait battre des records. Ce faisant les sociétés reconnaissent la valeur de leurs propres titres et réduisent aussi le nombre d’actionnaires et donc, augmente la répartition des bénéfices. Historiquement, cela a toujours été un excellent signal pour les actions. Alors si les taux sont gérés, si l’inflation est maitrisée, si la guerre se transforme en paix, si Biden renonce à son combat de catch dans la boue et si le baril redescend entraînant avec lui les matières premières, on pourrait finalement avoir une bonne année.
Et puis, Biden va proposer une taxe sur les milliardaires – tous les ménages de plus 100 millions seront taxés à 20% sur leurs revenus. Ça devrait faire les affaires de Monaco et de bien d’autres pays dans les années à venir. Et pour terminer, dans un sondage de ce week-end, la popularité du grabataire de la Maison Blanche est au plus bas et la plupart du pays pense qu’il va dans la mauvaise direction. On n’est déjà même pas sûr que lui-même sait où il va.
Il n’y aura pas de chiffres économiques relevant ce lundi et les futures sont en baisse de 0.25%. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une très belle journée et on se revoit demain matin à la même heure pour de nouvelles aventures !!!
Thomas Veillet
Investir.ch
« If you set your goals ridiculously high and it’s a failure, you will fail above everyone else’s success. » -James Cameron