La sécurité alimentaire de nombreux pays est remise en question.

Par Jacques Lemoisson, CEO de GATE Capital Management SA & GATE Advisory

 

Le conflit en Ukraine

L’invasion de l’Ukraine, a provoqué une explosion des prix des denrées alimentaires à travers le monde. Fin avril 2022, l’indice du FAO (Food and Agriculture Organization) du prix des produits alimentaires continuait d’osciller à des niveaux jamais vus. Il s’est établi à 158.5, soit une hausse de 29.8% par rapport à avril l’année dernière. Dans son rapport, l’organisation soulignait notamment la très forte augmentation du prix des céréales et des huiles végétales.

Cette hausse des prix est bien entendu une résultante directe du conflit armée en Ukraine. En effet, la Russie et l’Ukraine sont les principaux producteurs de céréales, d’huile de tournesol et d’engrais chimique de la planète.

Une spirale inflationniste alimentaire risque désormais de s’installer, et pour cause:

  • La hausse des cours mondiaux des produits alimentaires pousse certains pays exportateurs à mettre en place des mesures de protectionnisme. Par exemple, l’Indonésie a récemment bloqué les exportations d’huile de palme (un substitut à l’huile de tournesol).
  • La multiplication par 4 du prix des engrais risque de peser sur les rendements futurs.
  • Les aléas climatiques auront un impact sur la quantité et la qualité des récoltes…

Déjà impacté par les aléas climatiques, ce conflit ne vient qu’exacerber les conséquences du dérèglement climatique

Sécheresses, tempêtes, inondations…sont d’autant d’aléas qui s’amplifient et qui impactent les récoltes à travers le monde. Selon une étude publiée dans la revue scientifique Nature Climate Change, en conséquence du réchauffement climatiques, la croissance mondiale agricole aurait baissé de 21% depuis 1960.

Les céréales françaises et indiennes étaient considérées des alternatives idéales à celles venant d’Ukraine et de Russie.

Cependant, les aléas climatiques récents mettent en péril les récoltes 2022, forçant certains gouvernements à réagir. En effet, à cause des vagues de chaleur records (près de 50 degrés à New Delhi!), l’Inde a décidé de suspendre ses exportations de blé afin de garantir la sécurité alimentaire interne.

De son côté, les récoltes françaises sont attendues dans quelques semaines mais celles-ci risquent de décevoir. La France, 5e producteur mondiale, a enregistré des précipitations en baisse de -35% cette année…

Des risques de soulèvement sociaux

La sécurité alimentaire est un risque au maintien de la stabilité sociale. Rappelons-nous, une des origines des printemps arabes: la hausse des prix des denrées.

2022.05.20.Statista

Les mois à venir risque d’être assez mouvementés. La dépendance de nombreux pays pauvres aux céréales ukrainiennes et russes, le tout cumulé aux récentes mesures de protectionnismes pourraient mettre en péril la stabilité sociale de certains pays. Des épisodes de révolte sont possibles. En témoigne par exemple le Sri Lanka, qui affiche une inflation alimentaire en hausse de +30.2% année sur année en mars 2022, a vu sa population se révolter.

Le modèle chinois comme exemple?

La crise actuelle remet d’actualité les thèmes d’indépendance alimentaire et les besoins de réduction des émissions de CO2.

La Chine, depuis des années, a pour préoccupation la sécurité alimentaire de son peuple. Elle s’est fixée des objectifs précis de réduction de sa dépendance à l’étranger et constitue de nombreuses réserves stratégiques. Le gouvernement n’hésite à utiliser ses réserves pour garantir une stabilité des prix. Cette planification minutieuse permet ainsi à la Chine de s’immuniser aux pressions inflationnistes que subissent tous les autres pays.

Selon le département américain de l’Agriculture, la Chine devrait disposer de 69% des réserves mondiales de maïs au premier semestre de la campagne agricole 2022, 60% de celles de riz et 51% de celles de blé. Ceci nous donne un éclairage différent sur la place de Chine sur l’échiquier géopolitique mondial…

Enfin, l’augmentation du coût économique du dérèglement climatique a poussé le gouvernement chinois à s’attaquer à l’origine du problème. En 2020, la Chine a décidé de concentrer son programme économique sur la décarbonisation.

Nous communiquerons prochainement sur la place de la Chine dans l’écosystème de la transition énergétique, mais vous comprenez que, malgré le China-bashing ambiant, il est dommage de ne pas considérer cette nation à sa juste place, tant sur le plan géopolitique que de celui de l’investissement, à condition d’avoir le bon partenaire!

 

GATE Capital Management propose une réflexion «hors des sentiers battus» sur la gestion des actifs. Notre ADN repose sur trois piliers: Géopolitique, Global Macro et Quantamental, vous guidant tout au long de votre parcours d’investissement et de votre processus d’allocation d’actifs. Nous proposons des stragtégies d’investissement vous permettant d’affronter les changements de régime violents. L’investissement sur la Chine est l’une de nos spécialités.