Les Américains étaient fermés hier pour fêter la fin de l’esclavage. Nouveau jour férié créé par Monsieur Biden et sa Vice-Présidente. T’as fait quoi pendant ton mandat de Président ? – J’ai créé un jour férié, suis tombé à vélo et j’ai mis le pays en récession. Pas mal. Quoi que la récession, c’est pas encore fait bien que la plupart des économistes qui bossent dans des banques d’affaires pensent que ça serait un miracle qu’on y échappe. Pourtant, hier un des membres de la FED des plus virulents, le plus motivé pour monter les taux, a tout de même expliqué que l’on pouvait battre l’inflation sans pour autant complétement détruire la croissance économique.

L’Audio du 21 juin 2022

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Le cycle

Selon Monsieur Bullard, l’économie a encore de quoi croître ces prochains trimestres. On peut donc commencer à se poser la question : est-ce complètement idiot de croire que l’on va s’en sortir et que, quelque part dans les semaines à venir, nous allons nous trouver face à l’opportunité d’une vie ? Se trouver face à un S&P500 qui va nous tendre les bras, nous supplier de croire en lui avant de remonter à 6’000 ??? Tout cela paraît assez fou d’y croire. Surtout que depuis trois semaines on a surtout appris à prendre des claques et que le concept du « buy the dip » a été ramené à quelque chose de complètement fou et d’inconscient. Il va quand même falloir garder la tête froide ces prochains temps et savoir peut-être saisir des opportunités.

Lorsque l’on regarde le cycle émotionnel de l’investisseur, graphique que l’on connaît bien qui affiche, dans l’ordre : euphorie, anxiété, déni, peur, désespoir, panique, découragement et dépression – avant de repasser à l’espoir et au soulagement et l’optimisme, on se rend bien compte qu’aujourd’hui nous sommes quelque part dans la zone de la panique et du découragement. Peut-être pas encore en phase de découragement, puisque l’on entend encore trop de monde qui revendique la patience et le fait que « soudainement » ils sont devenus des investisseurs « long terme », alors qu’il y a six mois, ils étaient venus en bourse pour devenir riches avant l’été, acheter une Lamborghini Aventador et partir frimer sur la Côte d’Azur. À ce stade-là, on peut encore se dire qu’il y a un peu de chemin à faire avant de capituler complètement et de passer au découragement.

Source: Seeking Alpha

Pricer la récession

Le problème que nous avons actuellement, c’est de « Pricer » la récession. Le fait est que celui qui est certain à 100% que la FED va faire le job sans tout foutre par terre, il n’a sûrement pas le courage de le dire. Ou alors pas très fort. Du coup, notre job – en tant qu’investisseur qui deviendra riche (mais pas cet été) va être de trouver à quel moment la RÉCESSION sera dans les prix du marché. Pour ça, il n’y a pas besoin d’être ingénieur chez SpaceX ou fabricant de batteries électriques chez Tesla, il suffit de lire les journaux et d’écouter ce que les stars de la finance ont à nous dire. Ce que les ORACLES des marchés financiers pensent…

Alors après, je vous l’accorde, ça n’est pas simple de leur faire confiance, puisque la plupart d’entre eux ont un track record qui se rapproche plus de la loterie à numéro et des jeux à gratter que du mec qui a vraiment trouvé la solution pour gagner à tous les coups. Il y en a même, ils sont faux depuis 25 ans et ils ont (pourtant) toujours un job comme stratège. Mais peu importe leur efficacité, ce qu’il faut retenir, c’est qu’ils ont du charisme et quand ils viennent sur CNBC pour nous dire que cette fois c’est foutu et que l’on va tous y passer, que le marché va encore perdre 30% et que l’on va devoir revendre nos Lamborghini Aventador que l’on n’a même pas encore reçues de la part du concessionnaire. Eh bien on a tendance à les croire. À tort ou à raison, ça, c’est l’avenir qui nous le dira.

Toujours est-il que lorsque l’on regarde ce que l’on nous dit ou ce que l’on nous prédit, on sait que pour que la récession soit VRAIMENT dans les prix, on va devoir aller quelque part entre 3’000 et 3’400. Sur le S&P500 – pas sur le SMI – ça serait plus une récession, ça serait un « burn out » économique, si le SMI allait à 3’000… En gros, nous avons encore un bout de chemin à faire avant d’aller chercher ces niveaux extrêmes et aujourd’hui, les marchés sont complètement survendus. Ce qui plaide en faveur d’une « sorte de rebond » et en plus, vu les agissements des banques centrales, imaginez… dans un monde idéal… si au mois de juillet les chiffres de l’inflation montraient que la hausse des taux fonctionne ??? Et montraient un CPI en baisse de…Allez. Soyons fous : 2% par rapport aux 8.6% du mois dernier ? Vous imaginez ?

Les récessions sont en gris – Source : MacroTrends

Un dernier gros rebond avant l’hallali ?

Actuellement, vu l’ambiance de fin du monde que l’on peut percevoir parfois. Entre la guerre en Ukraine, la crainte de voir le baril à 150$, la famine qui nous guette, l’arrivée de la variole du singe et le retour du COVID annoncé pour cet été par les médias, on peut difficilement croire que ça va rebondir. Mais comme on n’a pas encore complètement rendu les armes et que nous ne sommes toujours pas au stade du « découragement », on peut encore se dire que l’on pourrait quand même avoir un dernier rebond avant que ça replonge une fois pour toutes – histoire de nous faire plonger dans la dépression et l’envie de se faire des tartines au Prozac, des Milk-Shake aux Xanax et de se terminer au cocktail Rhum-Gin-Vodka le tout en triple dose.

Lorsque l’on prend le temps d’analyser les différents stages du Bear Market, on se rend compte qu’il y en a trois :

Premier Stage : Quelques investisseurs un peu plus « réfléchis » que les autres reconnaissent que, malgré l’optimisme ambiant, la situation ne sera pas toujours rose.

Second Stage : Quand la plupart des investisseurs reconnaissent que les choses se détériorent (probablement celui où nous sommes actuellement)

Troisième Stage : Lorsque tout le monde est convaincu que les choses ne peuvent qu’empirer. (celui où nous seront au mois de septembre)

Clairement, nous n’avons pas encore atteint le fond de la tasse sur le moyen terme. Et ça me fait mal de le dire. Mais compte tenu des articles profondément déprimants que l’on peut trouver dans les médias ce matin. Compte tenu du fait que tout le monde, y compris moi, sont en train de chercher à quel moment ça va arrêter de baisser. Il ne me semble pas idiot de se dire qu’à court terme, il y a peut-être encore un petit espoir de se faire un rebond. Et si rebond il y a, ça serait ballot de ne pas en profiter. Quitte à tout vendre avant de partir à la plage cet été.

Mais qu’est-ce qu’il raconte ???

À ce stade-là, vous devez vous demander pourquoi je vous raconte tout ça. Eh bien, en fait, comme hier les Américains étaient en congé et que la seule chose qui soit venue de là-bas, c’est les commentaires de Biden qui pense à faire sauter les taxes sur le pétrole pour faire baisser les charges de ses concitoyens et aussi le fait qu’il ne comprend toujours pas pourquoi les « major pétrolières » ne raffinent pas plus de pétrole, il n’y avait pas grand-chose à se raconter. Il me paraissait donc plus intéressant de se donner un peu d’espoir en se disant que ça ira mieux demain – enfin, peut-être pas demain tout de suite, mais « demain, un jour » – plutôt que de parler des marchés européens qui se traînaient et du fait que les gens se regardaient en chiens de faïence rien qu’à l’idée d’imaginer ce qu’il va se passer en France ces 5 prochaines années, vu que plus personne ne pourra prendre de décisions…

Nous sommes donc mardi matin et la semaine peut commencer pour de vrai. Les marchés asiatiques sont en hausse, le Nikkei avance de 1.7%, le Hang Seng d’un peu moins. La Chine fait du surplace et les futures sont en hausse de 0.5%. Le Bitcoin est à 20’000$ – mais c’est pas facile d’y rester, le pétrole remonte sur les 110$ et l’or est à 1842$.

Nouvelles du jour

On n’est pas noyé sous les news ce matin, mais on notera qu’Ursula Van der Machin, la Présidente l’Union Européenne, insiste sur le fait que l’Europe doit continuer à développer les énergies alternatives. Ceci au lendemain de l’annonce faite par l’Allemagne d’augmenter sa production électrique via les centrales à charbon, parce que le boycott anti-Poutine est en train de faire plus de mal aux Européens qu’à Poutine lui-même. Il y aussi pléthore d’articles qui estiment qu’après les législatives françaises, le pays est ingouvernable. C’est une vraie surprise. Sans compter que l’opposition demande la démission de la Première Ministre.

Pour ce qui est des chiffres économiques, il n’y aura pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le trade balance en Suisse ne devrait pas changer la face du monde et puis aux USA nous aurons le Chicago FED National Activity et les ventes de maisons existantes – j’insiste encore sur le sujet de l’immobilier, mais il y a de plus en plus d’alarmes qui sonnent dans tous les coins qui laissent à penser que la pyramides est en train de s’effondrer. Les taux hypothécaires à 30 ans continuent de monter encore et encore et ça ne va pas aider, sachant que dans un mois, la FED va en remettre une couche.

Actuellement, les futures pointent en direction d’un rebond – pourvu que ça dure, même si le mot conviction n’est pas le premier qui me vient à la bouche. Bon, je crois que j’ai brassé assez d’air pour ne rien dire ce matin, il me reste donc à vous souhaiter une bonne journée et on se revoit demain en plein forme. Comme d’habitude.

Que la force soit avec vous machin tout ça ! À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

“You miss 100% of the shots you don’t take.”

– Wayne Gretzky