La journée d’hier aura donc été dédiée à l’écoute des avis des « Dieux de la Finance » qui ont tous un avis sur ce que va faire la FED ce soir. Sur pourquoi elle va le faire, combien de temps elle va le faire. Est-ce que sa décision sera politique, stratégique, réfléchie ou en pleine panique. Mais une chose est absolument certaine ; ce soir la FED va monter les taux, l’amplitude de la hausse déterminera la suite des évènements, même si l’aspect technique des marchés ne laisse que peu d’espoir sur l’avenir – pour autant que le « technique » veuille encore dire quelque chose. Toujours est-il qu’hier, après avoir beaucoup causé, on a quand même tout vendu. Dans le doute.

L’Audio du 21 septembre 2022

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75 ou 100 ?

On ne va pas se mentir. Qu’Apple vende plus ou moins d’iPhones, que les chaînes d’approvisionnement fonctionnent ou pas, ou encore que l’on se chauffe au bois en cramant des Euros tous l’hiver parce que ça coûtera moins cher que l’électricité, n’importe que très peu dans les décisions d’investissement à l’heure actuelle. Ça, on s’en occupera après. Après, c’est APRÈS la FED. Cela fait depuis plus d’une semaine, depuis la dernière publication des chiffres du CPI, que le marché n’attend plus que ça. Que l’on ne parle plus que de ça. Autant vous dire que dans les dernières heures qu’il nous reste avant la décision de Jerome Powell, on ne va pas parler d’autre chose.

Hier les indices mondiaux étaient en recul un peu partout. L’ensemble de la communauté financière mondiale est en train de serrer les fesses en espérant que ça va bien se passer. Il faut dire que la présentation de l’équation est assez simple. C’est surtout la résolution qui se complique. Nous savons tous une chose, c’est que l’inflation n’est pas transitoire et qu’elle est clairement hors de contrôle. Si l’on avait encore le moindre doute après le CPI de mardi dernier, on a encore eu droit à Lagarde qui confirmait récemment que ça allait être long et compliqué de s’en débarrasser. Et, hier, la banque centrale suédoise a même exprimé le fait qu’ils avaient été complètement surpris par la violence et la force de l’inflation. Du coup, ils ont monté les taux de 1%. C’est peut-être ce qui nous attend tout à l’heure aux USA et c’est pas sûr du tout que ça soit ce que l’on aimerait.

La différence entre maîtrise et panique

Si l’on se met du côté de la FED, ils l’ont dit et répété : la lutte contre l’inflation est leur priorité. D’abord on lui les casse les genoux et on la fait sortir sur une civière et ensuite on s’occupera de l’autre truc que l’on appelle la récession. Mais c’est une chose après l’autre. Depuis le début de l’année, la FED a montré son intention de frapper vite et fort. D’où les récentes hausses de 75 basis points. Par contre, même si la banque centrale américaine a frappé vite et fort, l’inflation à l’air de s’en tamponner le coquillard comme de son premier krach boursier. Comme dirait le génialissime Président français en baskets : « ça lui en touche une sans faire bouger l’autre ».

Le challenge qui fait donc face à la FED pour ce FOMC Meeting de septembre, c’est de réussir à faire bouger l’autre. Et c’est donc la crainte que nous allons devoir gérer ces prochaines heures. En effet ; on sait tous que la FED va monter les taux. À 200% elle va monter les taux d’au moins 0.75%. Mais ce qui nous fait peur, c’est qu’elle puisse les monter de 1%. Pas que 0.25% vont changer la face du monde. Mais cela ferait toute la différence entre « un plan qui se déroule sans accroc et qui se met en place comme prévu depuis le début de l’année, parce la FED c’est des vrais « BONHOMMES » et qu’ils ne vont pas se laisser faire par une PETITE INFLATION qui refuse de se coucher » et « Oh putain, on n’arrive pas à freiner l’inflation, on va tenter un nouveau truc : si on montait les taux de 1% ????? ».

Question de perception

Vous l’aurez compris la « perception » que l’on aura de la décision de la FED sera décisive. Si on a le sentiment qu’ils sont en train de paniquer en montant les taux trop vite et trop fort, le message sera clair. Cela voudra dire que l’on est mal, voir que l’on est très mal et que la FED ne sait plus quoi faire pour stopper le train de l’inflation et que la prochaine alternative qu’il restera à Powell sera de démissionner, de prendre son package de retraite et de nous laisser nous démerder avec le chantier économique actuel. En revanche, si la FED monte les taux de 0.75%, cela donnera l’impression qu’elle sait ce qu’elle fait et qu’elle se contente d’appliquer sa stratégie – même si derrière les portes closes de la Réserve Fédérale les gars sont en train de se dire : « bon, j’espère que ça marcher cette fois, parce que là, on ne sait vraiment plus quoi faire.

En résumé, l’annonce de ce soir pourrait bien se résumer entre une délicate balance entre « maîtrise » et « panique ». Cet écart de 25 basis points pourrait changer la face de notre fin de journée. À l’heure actuelle, tout le monde est en train de se raccrocher au fait que lors de chaque hausse des taux depuis le premier janvier 2022, le marché est monté sur l’annonce. Prenant la chose comme un « bon signe » que la FED fasse ce qu’il faut faire. On peut même affiché une moyenne de 2.3% de hausse pour chaque annonce de hausse cette année. Mais si la FED laissait supposer qu’elle était au bord de la panique ce soir, les statistiques pourraient mentir.

Les mots et les chiffres

On pourrait donc réduire l’annonce de ce soir à :

– 75 basis points de hausse = 2% de hausse à Wall Street
– 100 basis points de hausse = panique à Wall Street – tout en sachant qu’il faut encore définir l’amplitude du mot « PANIQUE ». On n’est pas non plus le jour de la faillite de Lehman Brothers. Enfin. Je ne crois pas. À moins que le Crédit Suisse ait un truc à annoncer.

Je plaisante pour le Crédit Suisse, je plaisante.

Toujours est-il que nous en sommes-là. Le destin à court terme des marchés est donc suspendu aux lèvres de Powell. Il est clair que la taille de la hausse sera importante, mais il ne faudra pas non plus négliger les mots qui seront dans le communiqué de presse de Powell. Là aussi, il est clair que le moindre signe de doute et de perte de contrôle de la part du patron de la FED et on va lui tirer dessus à boulets rouges, sans lui laisser la moindre chance d’expliquer qu’il a confondu transitoire et permanent en parlant de l’inflation. Il y aura donc à boire et à manger dans quelques heures et tous les experts qui ont exprimé leurs avis depuis trois jours auront tout loisirs de corriger leurs paroles en expliquant qu’on avait mal compris et qu’ils avaient bien eu raison et puis demain, on aura tout loisir de se farcir toutes les analyses liées à l’annonce de ce soir. Ensuite seulement, on pourra peut-être passer à autre chose. Autre chose comme l’attente des chiffres économiques qui pourraient nous donner des indices pour la décision que la FED prendra lors du prochain Meeting. En novembre. Je suis d’ailleurs en train de me dire que si on prenait 5 semaines de vacances entre chaque FOMC Meeting et qu’on ouvrait les bourses mondiales un jour par mois, ça devrait amplement suffire et ça nous permettrait de brasser moins d’air et de dire moins de conneries je pense.

Ce matin en Asie

Pour le moment, de l’autre côté du globe, les marchés asiatiques sont tous dans le rouge dans l’attente de la décision de la FED, parce que c’est LE TRUC que l’on attend. Je ne vais pas vous le répéter, vous l’aurez compris. Tokyo est en baisse de 1.3%, Hong Kong frise les 1.8% de baisse et la Chine recule de 0.6%. Le pétrole est à 84.06$ parce que tout le monde craint que l’inflation et la hausse des taux fasse baisser la demande. En effet, il semble plus qu’évident que si les taux montent à 4% aux USA, les Américains ne vont plus faire plein et vont tous se ruer sur des Tesla ou pire, des Ford Mustang électriques. Enfin, jusqu’à qu’ils se rendent compte que l’électricité a triplé et que ça coûte encore plus cher de charger une batterie.

L’or continue de se traîner à 1671$ et le Bitcoin est à 19’000$ même si MicroStrategy a encore racheté un peu de Bitcoin en mettant 6 millions dedans. Il faudra tout de même noter que c’est un peu moins Rock n’roll qu’il y a quelques mois où les gars achetaient à coup de 200 ou de 400 millions. On sent que la confiance n’est pas la même quand même. Ou alors je me trompe. Mais je dois me tromper.

Nouvelles de la FED

Pour les nouvelles du jour, on se concentre sur deux choses : La FED de ce soir et toute la tartine que je viens de vous raconter ci-dessus et l’autre c’est la guerre entre la Russie et l’Ukraine et l’OTAN qui accuse Poutine de vouloir l’escalade en Ukraine et en plus de vouloir l’annexation. On entend aussi le Chancellier allemand dont personne se souvient le nom qui s’adresse à Poutine pour lui dire qu’il doit comprendre qu’IL NE PEUT PAS GAGNER la guerre. Oui, parce que l’Europe va continuer à l’inonder de sanctions et à voir comme ça marche, ça va être facile pour l’Europe. Enfin, surtout pour le consommateur en Europe. Puisqu’il paraît que l’abondance, c’est fini. Ah oui et que le PPI allemand est quand même sorti à 45.8% hier.. ça sent clairement pas bon pour Poutine. À moins que ce soit pour Scholz.

En ce qui concerne le reste, si vous n’êtes pas au courant, la FED va annoncer ce qu’elle va faire ce soir à 20h00. Et puis ce matin les futures sont inchangés en attendant d’en savoir plus… Passez une excellente journée et à demain pour un résumé complet de ce qu’a fait la FED et de ce que l’on va devoir ATTENDRE d’ici au 2 novembre – heureusement que d’ici-là, on aura les chiffres du trimestre pour mettre un peu de piment dans tout ça !!!

À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

“You want to change your life? Change the way you think.”

-Harvey Specter.