Hier soir le Dow Jones est entré en Bear Market. Ça n’est pas non plus une « énorme » surprise, compte tenu du fait que le S&P500 y est entré au mois de juin, fallait bien que ça finisse par se produire. Du coup, tous les experts en statistiques des 854 dernières années sont sortis du bois pour nous apprendre que lorsque le Dow Jones entre en Bear Market, en général « les semaines qui suivent sont compliquées » mais sur le long terme, c’est quasiment toujours positif. Ce qui résume la théorie de la façon suivante : « si tu achètes à l’entrée en Bear Market, en vacances tu partiras et quand dans un an tu reviendras, plus riche tu seras ». Sauf que l’on a une vision à 18 heures.

L’Audio du 27 septembre 2022

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On a connu des lundis plus sympas, mais des pires aussi

Le premier jour de trading de la dernière semaine de septembre était donc sous le signe des ours. Sous le signe des ours tout d’abord parce que le Dow Jones donnait des signes de faiblesse. La baisse du pétrole impactant le secteur tout entier, les craintes de récession atteignant leur paroxysme à la vitesse de la lumière, alors qu’il y a encore une semaine on avait encore l’outrecuidance de croire que l’on allait s’en sortir sur une jambe et sans forcer. Et puis sous le signe des ours parce que la Livre Sterling s’effondrait et que même si habituellement le budget britannique n’intéresse à peu près personne, là, du coup, le fait que l’on commence à parler de taux à 7% en 2023 et d’une augmentation de 73% des coûts hypothécaires pour l’année à venir, on a commencé à flipper un peu.

Même si l’on ne parle « que » du UK, les Américains ne peuvent pas s’empêcher de se dire que c’est un peu ce qui les attends dans les mois à venir et que – comme la FED ne veut pas lâcher le morceau – on a quand même des risques que la stratégie de hausse des taux aille un peu trop loin et que dans 9 mois, on se retrouve à pédaler dans l’autre sens à la vitesse d’un coureur du Tour de France qui doit rattraper le peloton et qui n’a mangé que des céréales ce matin. Au vu de l’utilisation massive du mot récession dans les médias depuis vendredi dernier, on ne pouvait pas non plus s’attendre à une journée de folie sous l’égide des bêtes à cornes.

L’Europe aura limité la casse

Une fois n’est pas coutume, ça s’est un peu mieux passé en Europe. Le CAC40 finissait quand même au plus bas de l’année, mais pour être franc avec ce qui nous attend cet hiver, le nombre d’histoires qui commencent à surgir dans la presse à propos des commerçants qui doivent fermer boutique à cause d’une multiplication par 10 de la facture d’électricité – si ce n’est plus – et l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en Italie, on aurait pu s’attendre à pire que ça. D’ailleurs l’Italie a même terminé en hausse.

Du coup, alors que l’Europe limitait la casse, les USA continuaient leur descente, mais on sentait quand même que le sentiment commençait à tourner. C’est vrai, ça fait depuis mercredi dernier que l’on est en pleine déprime et maintenant que les supports ont lâché définitivement, tout le monde commence à se demander s’il n’y a pas un point bas à trouver pour envisager un nouveau rebond du type de celui que l’on a vécu à la mi-juin. Ce qui est globalement rassurant dans ce marché, c’est que l’on refuse de rendre les armes et que le mot rebond est sur toutes les lèvres à la première occasion. Et tant mieux, parce que quand on voit ce qu’on voit, qu’on entend ce qu’on entend, on a bien raison de penser ce qu’on pense quand même.

Chercher le bon grain

Même si l’on sait que l’on n’est pas encore sorti de l’auberge et qu’il y a même un paquet de chemin à se farcir avant que l’on ait retrouvé une économie normale, une inflation normale, le plein emploi, la paix dans le monde, une énergie bon marché, que l’on parvienne à résoudre la faim dans le monde, le réchauffement climatique et que la moyenne de QI de nos classes politiques parvienne à dépasser le chiffre mythique de 14. Il y a quand même pas mal de gens qui veulent continuer à voir le verre à moitié plein. Voici donc le chapitre « BONNES NOUVELLES ».

Tout d’abord, il y a les Chinois qui commencent à rouvrir Macao et ses casinos. Apparemment, le COVID n’aime pas trop les jeux de hasard et il semblerait qu’il soit moins efficace autour des tables de Black Jack, permettant ainsi aux opérateurs de retrouver une de leurs sources de revenus importantes. L’ensemble des casinos a cartonné hier soir et ça faisait donc une bonne nouvelle. Seconde bonne nouvelle, la volatilité repart à la hausse et on aime toujours que ça monte pour trouver des bons niveaux de rebond. On dit qu’en général, lorsque la VIX atteint les 40% c’est PRESQUE à chaque fois une bonne opportunité d’achat, mais là, y a un gars il y a trouvé autre chose de presque mieux.

En fait, pour une raison que l’on ignore, cette année lors des ventes de paniques ou des périodes dépressives, la volatilité ne veut pas remonter comme d’habitude. Comme si l’on se refusait de paniquer. Comme si tout le monde avait lu Warren Buffet ces 18 derniers mois et que soudainement, après avoir voulu être très très, très très riche en moins de trois jours en achetant des calls avec un strike de 100’000 et une échéance de dans trois semaines sur le Bitcoin. Que soudainement on était d’accord devenir riche « seulement » dans les 64 prochaines années en appliquant toutes les citations de Monsieur Buffet, à commencer par :

« Achetez seulement des actions que vous serez parfaitement heureux de posséder si le marché fermait pendant 10 ans. »

Donc du coup, la volatilité ne monte plus autant. Et du coup, le gars en question a découvert que lorsque nous avons plusieurs clôtures au-dessus des 30% sur l’indice VIX, c’est un signal d’achat qui marche presque à tous coups. Enfin, qui marche tout le temps, sauf les fois où ça ne fonctionne pas. Là on vient de clôturer deux fois au-dessus de 30. Si ça se trouve, vendredi c’est Bull Market. Et puis, comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, on a aussi eu un des stratèges bullish de JP Morgan, Marko Kolanovic, qui est bull depuis le début de l’année et qui persiste et signe. Kolanovic pense que les USA vont échapper à la récession, même si c’est « par les poils » et qu’actuellement, il y a 17% de bullishs dans le marché et que c’est trop peu. C’est donc un signe qu’il faut racheter. Reste à savoir si c’est ce soir ou s’il faut attendre les 5 jours de clôture au-dessus des 30% de volatilité.

C’est pas terminé

Bref, si l’on regarde le début de séance d’hier matin on aurait pu se dire que c’était la fin et que la perspective de s’ouvrir les veines avec un couteau à beurre était plutôt intéressante, mais aussi fou que cela puisse paraître, ce matin on voit plus de commentaires « constructifs » que de commentaires qui nous poussent aux Xanax. On ne sait pas trop combien de temps, ça va durer, mais je n’arrête pas de tomber sur un nouveau chiffre magique qui motive tout le monde :

Les 3’585

En effet, les 3’585 correspond aux niveaux de la moyenne mobile des 200 SEMAINES !!! Ou, autrement dit, quand y a plus de support, on peut trouver autre chose. Une moyenne mobile plus longue ou un chiffre « plus mythique ». Et si les 3’585 cassent à la baisse, il restera toujours la moyenne mobile des 200 mois qui passe à peu près 30% plus bas, vers les 2’500. En gros, il y a toujours de quoi vouloir y croire à nouveau. Et puis en plus, la presse s’y met puisque que pour la première fois depuis longtemps j’ai trouvé un journal qui a titré ce matin : « les marchés jettent l’éponge »….

J’attends que Le Matin Dimanche fasse un article sur le sujet et j’achète des calls.

En Asie

Ce matin l’Asie est partagée, on constate un léger rebond à Tokyo, pendant qu’Hong Kong reculait – comme d’habitude – mais puisque ce matin semble voué uniquement à la chasse à la bonne nouvelle, on notera que le Bitcoin A ENCORE UNE FOIS TENU les supports et la cryptomonnaie rebondissait gaiement à 20’000$ – il faut tout de même noter que c’est vraiment facile de traiter les cryptos. T’achètes le Bitcoin chaque fois qu’il va à 18’500 et tu revends le lendemain 1’500$ plus haut.

J’espère que vous saisissez toute l’ironie de mes propos. Histoire que je ne me prenne pas un procès le jour où ça ne fonctionne pas. Mis à part ça, le pétrole est toujours à 76$ et le litre d’essence en Suisse se rapproche des 2 francs. À certains endroits, il est tout proche de passer en-dessous, mais on sent que psychologiquement ça leur fait mal de vendre le litre moins de 2 balles. C’est pas facile pour eux, ils s’étaient habitués à profiter du consommateur et c’est jamais facile quand on te reprends ton jouet. L’or est à 1638$ et le Cuivre est presque en train de tenter le rebond. Tout va presque trop bien ce matin et tout va presque trop bien par rapport au début de séance d’hier. Même les futures n’arrêtent pas de monter depuis que je suis debout.

Les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on notera que la Banque Mondiale coupe les prévisions de croissance de la Chine, du coup la Chine serait derrière le reste de l’Asie au classement. Il y aussi le fabricant chinois de voitures électriques, Li, qui revoit ses prévisions de livraisons à la baisse. Snowden qui devient Russe, le Hedge Fund Manager Paulson qui s’inquiète du marché immobilier et qui pense que l’or est un bon investissement – plus ou moins ce qu’il pense depuis la période des subprimes, il y a aussi Walmart qui bosse avec Roblox pour rentrer dans le Metaverse et l’IPO de Porsche qui devrait sortir tout en haut du range, tellement c’est sursouscrit. Un peu comme si tu veux acheter une 911 et l’avoir le mois prochain. Tu peux rêver.

Du côté des banquiers centraux, il y a Bostic qui a à nouveau parlé pour nous dire que – selon lui – le peuple avait encore confiance en la FED. On ne sait pas d’où il tient son sondage et s’il s’est contenté d’interroger son cousin et sa tante. Mais il semblerait qu’il y a tout de même des Américains qui croient que la FED fait un super-job et il paraît même que certains pensent encore que l’inflation est sous contrôle et transitoire. Et puis il y aussi Madame Mester de la FED de Cleveland, qui pense que l’avenir de l’inflation est très difficile à prédire. Un peu comme l’avenir des marchés. Et puis autrement, il y a la Banque d’Angleterre qui dit qu’elle « surveille les marchés de près » après la chute de la Livre. Sans blague ???? Sont trop forts.

Chiffres du jour

Côté chiffres du jour, il y aura les Durables Goods, les chiffres de l’immobilier et la Confiance du Consommateur américain. Il y aura aussi plein de type de la FED qui parleront et surtout un gars qui s’appelle Powell. On s’autorise à dire que des fois, quand il parle, il peut retourner la tête des investisseurs.

En tous les cas, ce matin nous avons droit à une lueur d’espoir, les futures étant en hausse de 0.75%. Qui sait, le fond de la tasse qui est au fond du trou n’est peut-être pas si loin. Et puis des fois c’est quand même plus cool d’être optimiste. Passez une excellente journée et on se voit demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

« Si jamais vous vous retrouvez dans un bateau qui coule, l’énergie pour changer de bateau est plus productive que l’énergie pour colmater les trous. »

Warren Buffet