Le segment Big Tech/Technologie va soutenir le rallye de décembre.

Les indices européens, le Dow Jones Industrial et le Russell 2000 sont sortis de leur bear market grâce aux secteurs de l’industrie, de l’énergie et des matériaux. Le S&P 500 et le Nasdaq devraient faire de même en décembre grâce au rattrapage du secteur Technologie/Big Tech, favorisé par le recul du 10 ans US, un discours moins hawkish de la Fed et un probable changement (progressif) de politique sanitaire en Chine face aux manifestations anti-Covid. Le principal message est que nous sortons du bear market. Une correction probable des bourses au 1er trimestre 2023 sera une correction de bull market.

Les secteurs Croissance (hauts PER) sous-performent en période de ralentissement économique, de hausse des taux et d’inflation. Les valorisations sont revues à la baisse lorsque les taux d’intérêt montent, donc les taux d’actualisation, parce qu’ils réduisent la valeur actuelle des cash flows futurs. Les Big Tech et autres valeurs technologique ont profité des taux d’intérêt très bas durant une décennie et du Covid dans le sprint final pour certaines d’entre elles. En 2022, de nombreuses sociétés ont eu un effet de base très négatif sur les résultats. La déroute des cryptomonnaies est un autre facteur qui a pesé sur les performances boursières du secteur de la technologie.

En 2022, on a eu une rotation des Big Tech et autres grandes valeurs de croissance vers les entreprises de la «vieille économie», se traduisant par une nette surperformance du Dow Jones Industrial vis-à-vis du S&P 500. Cependant, à part l’épisode de l’implosion de la bulle internet en 2000-2002, on observe que la tendance structurelle est une surperformance du secteur de la technologie.

2022.12.02.Performances relatives Dow Jones Industrial
Performances relatives Dow Jones Industrial/Nasdaq et Value/Croissance

Le secteur de la technologie fait encore face à quelques défis:

  1. il est encore surreprésenté dans les portefeuilles des investisseurs,
  2. il fait face à la réindustrialisation des Etats-Unis dans l’énergie, les matériaux et l’industrie, incitant les investisseurs à revenir sur ces secteurs et
  3. elle a bénéficié de coûts de production très bas en Asie, alors que la relocalisation – onshoring – de la production aux Etats-Unis et en Europe va augmenter les coûts. La techno et les Big Techs sont dans un processus de réduction des coûts et de licenciements, massifs pour certaines d’entre elles.

Jusqu’à l’arrivée de Donald Trump et le début d’une guerre US-Chine, le secteur de la technologie et les Big Techs évoluaient dans un environnement stable avec une bonne visibilité, grâce au développement des jeux en ligne, de l’Intelligence artificielle, du cloud, des data servers, des cryptomonnaies, du blockchain et de nouvelles technologies comme le métavers. Un monde nouveau de la digitalisation et de l’économie numérique. Depuis 2018, les Etats-Unis ont mis des restrictions sur les exportations de semiconducteurs vers la Chine pour ralentir l’innovation technologique chinoise, et en particulier freiner la croissance dans l’infrastructure des télécommunications (Huawei, ZTE), considérant qu’il y avait un risque d’espionnage. La guerre pour la 6G était lancée. La US Federal Communications Commission vient d’annoncer ce week-end le bannissement total des équipements de télécommunication de Huawei, ZTE et autres sociétés chinoises, Dahua Technology, Hangzhou Hikvision Digital Technology et Hytera Communications, dans les équipements de surveillance. Les Américains ont également expliqué leurs restrictions par l’utilisation des technologies occidentales à des fins militaires. En octobre, Joe Biden a accentué les restrictions d’exportation sur les semiconducteurs de haute technologie, obligeant les fabricants de puces électroniques et les équipementiers occidentaux à demander des licences d’exportation pour la Chine. C’est l’extraterritorialité du droit américain. Ces dernières restrictions vont affecter les résultats du segment des semiconducteurs, ainsi que la Chine qui a 5 années de retard sur les semiconducteurs de haute technologie.

Les Etats-Unis ne sont pas les seuls responsables de cette baisse de visibilité. Depuis 2 ans, les autorités chinoises ont repris la main sur la société civile, la technologie, le comportement des enfants et adolescents en mettant des restrictions sur l’utilisation des jeux en ligne et le développement des nouvelles technologies comme l’Intelligence artificielle. Il y a donc un contrôle d’Etat et militaire accru sur des sociétés comme Alibaba et Tencent, qui bridera probablement l’innovation technologique.

On ne peut plus prendre ce segment dans son ensemble. Il faut adopter une approche bottom-up. Les dynamiques spécifiques, les défis et les modèles d’affaires sont différents. Les réévaluations seront disparates. Il faut choisir des sociétés qui ont des avantages compétitifs évidents comme Apple ou Netflix. Des fabricants de semiconducteurs sont plus dépendants du secteur automobile (Infineon, STMicroelectronics, Texas Instruments, NXP Semiconductor, Renesas) et d’autres du segment Gaming, data servers (Nvidia, AMD, Micron).

Les principaux secteurs consommateurs de semi-conducteurs sont: Smartphones 25%, Informatique 21%, Serveurs, data, stockage de données 15%, Electronique 12%, Electronique grand public 10%, Automobile 10% et Infrastructure câblée/sans fil 8%. En ventes (en dollars), les 3 plus grandes compagnies sont Intel, Samsung et TSMC. La part de marché de l’automobile va augmenter avec l’essor des véhicules électriques qui consomment 3 fois plus de semi-conducteurs que les moteurs à combustion. En 2020, le marché mondial des semi-conducteurs automobiles était évalué à $37 milliards et il est estimé à $100 milliards en 2026.

Les Big Techs. On favorise Apple qui a un trésor de guerre de $165 milliards, a retourné $715 milliards aux actionnaires sur les 10 dernières années, évolue dans son propre environnement «fermé» avec son système d’exploitation iOS, se positionne dans le haut de gamme, propose des produits de niche et n’hésite pas à acheter des sociétés pour détenir les meilleures technologies. Nous aimons également Microsoft avec son profil défensif grâce au monopole avec Office, sa position de #2 mondial avec Azure Cloud, derrière AWS d’Amazon et devant Google Cloud et IBM Cloud, et le développement d’algorithmes pour la publicité, l’internet des objets, le métavers. Meta Platforms traverse une période difficile avec la concurrence dans les réseaux sociaux (Instragram vs TikTok) et la sous-évaluation des investissements à faire pour se positionner dans le métavers. Dans une période de faible croissance économique, Meta Platforms et Alphabet sont plus risqués en raison de la forte dépendance aux revenus de la publicité; 98% des revenus totaux de Meta Platforms viennent de la publicité et 78% pour Alphabet. Concernant Amazon, depuis le 3ème trimestre 2021, s’il n’y avait pas AWS (cloud), Amazon serait en pertes opérationnelles; sur les 9 mois 2022, le bénéfice d’exploitation du groupe s’est élevé à $9.5 milliards et à $17.6 milliards pour AWS et en 2021 à respectivement $24.9 milliards et $18.5 milliards. Amazon a émis des prévisions prudentes pour le 4ème trimestre 2022.

Les semi-conducteurs. Le recul des ventes dans les produits électroniques grand public, les PC et les smartphones affectent Nvidia, AMD et Intel. Selon Gartner, les livraisons de PC auraient reculé de 19.5% au 3T22 contre -12.5% au 2T22. Dès les premiers signes d’un retournement, pas attendu avant le 2T23, il faudra racheter en particulier Nvidia. Nous sommes positifs sur les semi-conducteurs orientés vers le secteur automobile où la demande est forte.

Les équipementiers. Ils vont bénéficier des plans américain (CHIPS Act) et européen de 50 milliards chacun pour réduire la dépendance asiatique. L’Europe ne compte que pour 8% de la production mondiale de semi-conducteurs (24% en 2000). ASML, Applied Materials et LAM Research sont les leaders. Nous achetons VAT Group.

 

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