Une chose est sûre dans la finance ; on comprend très vite. Pour autant que l’on nous explique pendant longtemps. La séance d’hier aura été une seconde journée de digestion après le discours de Powell. L’ensemble de la communauté des « experts à Wall Street » aura donc passé sa journée à évaluer la crédibilité du discours de Powell. Certains se demandaient même s’il ne nous cachait pas quelque chose, sachant qu’après des chiffres pareils – ceux de vendredi derniers – il aurait pu largement se montrer plus « hawkish » que ça et laisser planer la menace de plusieurs hausses des taux, alors que pas du tout, il s’est montré très conservateur. Y aurait-il anguille sous roche ?

L’Audio du 9 février 2023

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Le doute

Pour faire simple, les marchés européens n’ont pas fait grand-chose alors que l’on se montrait dubitatif et pensif après le discours de Powell. La nouvelle grande phrase qui dit que la désinflation est en marche a fait plaisir à tout le monde, mais on était quand même un peu perturbé par le concept « d’avoir encore du pain sur la planche ». Qu’est-ce que cette métaphore boulangère pouvait bien vouloir dire et fallait-il s’en méfier ? Ce doute qui nous assaille depuis 36 heures pose quelques problèmes au monde de la finance qui s’était pourtant convaincu que rien ne pouvait plus arrêter la hausse.

Il y avait aussi une méfiance vis-à-vis de Powell ; pouvait-il vraiment redevenir gentil avec nous alors qu’il avait été aussi méchant que l’Orangina Rouge depuis des mois ? Un élément de réponse à cependant été mis en place hier, puisque Powell semble avoir envoyé ses copains faire le sale boulot. En effet, hier c’était Christopher Waller qui s’y collait. Le membre du board de la FED a répété plus ou moins ce que le patron avait dit et a insisté sur le fait que la politique monétaire « resserrée » pourrait durer plus longtemps que prévu. Faisant du même coup clignoter quelques « warnings » sur les écrans des traders. Il faudra aussi noter qu’un autre membre de la FED a aussi fait parler de lui en dévoilant les méthodes d’analyses et de prévisions de la Banque Centrale Américaine.

L’analyse par la lasagne

Dans une interview accordée à CNN, Neel Kashkari, président FED de Minneapolis, a déclaré qu’il faisait attention au prix des produits de consommation de base, notamment des lasagnes surgelées… Et je ne plaisante pas, je suis absolument sérieux… Le collègue de Powell a continué son interview en expliquant :

« Il y a ce grand plat de lasagnes que j’avais l’habitude d’acheter et qui coûtait 16 dollars, maintenant c’est autour de 21 dollars ».

Et s’est empressé d’ajouter :

« C’est mon propre petit instrument de mesure de l’évolution de l’inflation. »

Nous voici donc totalement rassurés par les méthodes d’analyses extrêmement pointues mise en place par la FED. Quand je parlais d’analyses basées sur la lecture dans le marc de café ou dans la panse de brebis farcie, j’ironisais. Mais en fait on n’en est pas si loin.

La bouffe italienne mise à part

En résumé, l’Europe ne faisait rien en attendant de voir ce qui allait se passer aux USA et aussi parce qu’elle était bien trop occupée à regarder tous les leaders européens caresser le dos de Zelinsky alors qu’il était en plein « european tour ». On notera qu’au niveau carressage de dos et du reste, Macron est quand même vachement plus fort que l’Allemand dont j’oublie toujours le nom et qui est charismatique comme une BMW diesel et que Rishi Sunak qui a l’air en permanence sous cocaïne. Toujours est-il que les bourses européennes n’ont pas fait grand-chose et que les Américains se sont montrés « stressés par les commentaires des banquiers centraux qui laissaient à penser qu’éventuellement peut-être, tout n’était pas encore gagné au niveau des taux ».

Mais si tout n’était pas encore gagné sur la macro, il semble clair que c’est pratiquement réglé au niveau de l’intelligence artificielle. Non, parce qu’en ce moment, s’il faut investir, c’est indubitablement dans ce secteur, puisque l’on ne parle QUE DE ça et que si t’en n’as pas, t’es un tocard. Un peu comme il fallait avoir du Bitcoin à 65’000$, sinon t’étais AUSSI un tocard et un peu comme il fallait acheter de l’Illinois Supraconductor en février de l’an 2000, parce que les « Supraconducteurs », c’est quand même vachement mieux que les « Semiconducteurs », simplement parce que c’est « SUPRA »…Hier nous en avons également parlé, puisqu’un nouveau combat va se dérouler dans les arènes de Wall Street, le combat du siècle pour savoir qui va remporter le titre du GAFAM le plus fort en intelligence artificielle. Cette semaine, nous avons la demi-finale :

Google contre Microsoft

Mardi Microsoft a annoncé qu’ils allaient utiliser ChatGPT pour leur moteur de recherche BING – que personne n’utilise – par contre, avec ChatGPT, ça va tout changer et l’avènement des premiers Terminators devrait se faire d’ici la fin de l’année. On attend de voir ce que Skynet va nous faire l’an prochain. Microsoft avait gagné 70 milliards de market sur la nouvelle.

Et puis hier Google a voulu faire une démonstration de LEUR intelligence artificielle et l’AI en question s’est complètement vautré à la première question. Résultat : l’intelligence humaine en a déduit que Google n’était qu’une grosse daube et qu’il fallait tout vendre. Le titre a perdu près de 8% et 100 milliards de capitalisation. Si jamais j’ai l’occasion de croiser une intelligence artificielle dans un bar un de ces jours, je crois que je lui poserais la question suivante :

« Dis Siri, crois-tu que l’humain est en train de devenir complètement con dans ses réactions ??? »

Mais je crois que je connais la réponse. Une chose est sûre, si l’on réagit aussi bêtement à ce genre de nouvelle, je crois sincèrement que le futur de l’intelligence artificielle n’aura pas complètement tort de vouloir nous effacer de la surface du globe. Que ce soit avec des Terminators ou des scarabées géants reprogrammés par Microsoft.

En Asie

Hier les intervenants se sont donc demandé ce que la FED allait bien pouvoir faire sur les taux. Nous étions tellement convaincus que tout cela était presque du passé il y a encore 4 jours, que ça n’est pas facile de revenir en arrière et de commencer à réfléchir à nouveau. Pour le reste, on s’est inventé experts en intelligence artificielle et en brassage d’air en tous genres. Ce matin l’Asie a ouvert en baisse dans le sillage de Wall Street et puis, ça a commencé à remonter gentiment. Depuis ça n’arrête plus. Pour le moment, le Nikkei est en baisse de 0.17%, mais le reste est repassé dans le vert. Hong Kong avance de 0.4% et Shanghai progresse de 0.7%.

Du côté du reste, le pétrole remonte toujours. Gentiment mais sûrement, on notera au passage que même si Biden en veut personnellement aux pétroliers du monde entier parce qu’ils font beaucoup trop d’argent sur le dos du contribuable – dixit le gars qui a fait de la politique toute sa vie et qui n’a jamais planté un clou – les sociétés pétrolières continuent de publier des chiffres records. Chiffres records qui leurs permettront de rénover les façades de leurs sièges sociaux qui auront été repeints par des militants anti-réchauffement climatique qui ont le QI d’une moule pas fraîche. À l’heure actuelle, le baril est à 78.50$. L’or est à 1891$ et le Bitcoin se traite à 22’500$. On notera au passage qu’après avoir affiché une « golden cross » sur le graphique journalier, le Bitcoin vient d’afficher une « Death Cross » sur le graphique hebdomadaire. Je pose ça comme ça et je ne dirais rien de plus.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on notera que Disney a publié ses chiffres hier soir. La boîte à Mickey et Donald a publié des chiffres mitigés, mais on s’attendait à ça. En revanche, l’annonce des 7’000 licenciements qui devraient mener à une baisse des coûts de plus de 5 milliards, ça, ça a fait plaisir au marché. L’ancien-nouveau CEO, Bob Iger a donc annoncé un gigantesque plan de restructuration qui a fait plaisir à tout le monde. Sauf aux 7’000 personnes qui vont se retrouver à pied pour le bien de Minnie, Dingo et toute la clique. Le titre prenait 5.4% after close. Parlons aussi un peu de l’inversion de la courbe. Vous savez, cet indicateur technique qui dit que quand le rendement de l’obligation longue passe sous le rendement de l’obligation courte, c’est un signal comme quoi la récession arrive. Et bien nous sommes en plein dedans depuis des mois, mais tout le monde s’en fout. Sauf Goldman Sachs qui vient de le rappeler dans un rapport qui mentionne également que l’écart entre les deux rendements a rarement été si grand dans ce sens. Mais bon, la hausse des taux, c’est bientôt fini, ça devrait donc bien se passer. N’est-ce pas ???

Autrement on notera que Fitch a upgradé ses objectifs de croissance sur la Chine. Que Cathie Wood a jeté son dévolu sur deux titres inconnus. Elle les achète massivement depuis quelques jours. Il s’agit d’une boîte qui fait dans l’oncologie et qui s’appelle : Repare Therapeutics et une autre qui fait de l’impression 3D et qui se nomme : Velo3D. Il y a aussi l’ancien patron de la FED de New York – Bill Dudley – qui prévient que chaque fois que la FED a tenté d’affaiblir le marché de l’emploi, l’économie est partie en récession et puis, pour terminer le club de Manchester United a explosé hier, parce qu’il semblerait que les Qataris (encore eux) seraient sur le point de racheter le club.

Chiffres du jour

Dans les chiffres du jour, il y aura le CPI en Allemagne, les Jobless Claims aux USA et le sommet européen à Bruxelles, qui aura pour but de savoir qui donne combien d’avions de chasse à Zelinsky. Côté trimestriels, il y aura Pepsi, ABBvie et Paypal.

Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.3%. On a l’air d’avoir digéré la peur de la hausse des taux. À moins que ça soit la perspective d’aller fêter la restructuration de Disney en passant un week-end dans un parc d’attractions, histoire de payer 30 balles le burger en plastique qui a le goût de poulet alors que c’est censé être du bœuf. Passez une excellente journée et à demain !!!

Thomas Veillet
Investir.ch

« En France, le taux de natalité n’a jamais été aussi bas depuis 1946.
C’est-à-dire qu’ils avaient moins peur de faire des gosses sous les nazis que sous Macron… »

Naïm