La Chine réagit aux restrictions américaines sur les exportations de semiconducteurs et équipements vers la Chine.
Pour la première fois, la Chine cible une société technologique américaine, Micron en l’occurrence, avec le risque que Micron soit exclu du marché chinois. La raison est d’ordre de sécurité nationale et de risque sur la cybersécurité. La Cyberspace Administration of China va revoir les importations de semiconducteurs fabriqués par Micron.
L’enquête chinoise sur Micron est un premier avertissement, avant que la Chine aille plus loin dans ses représailles. L’Europe, faible, suit les Etats-Unis, alors que ces derniers ont adopté un plan Inflation Reduction Act protectionniste, dommageable à l’Europe. Les protestations européennes ont reçu une fin de non-recevoir. Aider l’Ukraine qui se trouve en Europe est une chose, mais participer à un jeu plus global Occident contre Chine devient périlleux pour l’Europe. Il faut faire attention, car la part des ventes de semiconducteurs en Chine n’est pas négligeable: 36% pour Infineon, 25% pour STMicroelectronics et 15% pour ASML.
Le Japon et les Pays-Bas, contraints par les Etats-Unis, ont adopté les mêmes restrictions sur les exportations vers la Chine. Cette semaine, la Chine a essayé de dissuader le Japon de restreindre ses exportations d’équipements pour fabriquer des semiconducteurs. Les Etats-Unis cherchent à tout prix à limiter l’accès à la Chine aux puces électroniques de haute technologie destinées aux équipements militaires. La Chine pourrait aller plus loin : limiter l’accès des terres rares pour les sociétés occidentales, où la Chine est le principal producteur. Les terres rares sont utilisées dans la fabrication des aimants permanents pour certaines turbines éoliennes, mais elles le sont essentiellement dans la défense. La découverte massive de terres rares en Laponie (Suède) ne suffira pas à remplacer la production chinoise. L’Europe achète 90% de ses terres rares à la Chine.
La Banque mondiale s’inquiète des répercussions du découplage technologique entre les Etats-Unis et la Chine, et des restrictions sur le commerce mondial qui pourraient poser un problème sur l’innovation, la connaissance générationnelle et la croissance en Asie. Dans son dernier rapport, la Banque mondiale souligne que depuis 2018 l’innovation des entreprises des deux côtés a été endommagée, la stabilité de la croissance économique en Asie-Pacifique a été affectée et que la coopération sur le climat se réduit. Une fois que le protectionnisme, les divisions commerciales et la politique influencent les choix, le monde devient imprévisible, à l’avantage de personne, toujours selon la Banque mondiale. Ces incertitudes pousseront les entreprises à moins investir en Asie et/ou à doubler les chaînes d’approvisionnement et de production pour éviter de violer les restrictions d’exportations. Un processus évidemment inflationniste.
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