Le sujet de la semaine qui nous attend sera FORCÉMENT les publications trimestrielles. 170 sociétés membres du club exclusif du S&P500 vont nous sortir les chiffres du premier trimestre 2023 et pendant ce temps, nous, on va devoir trouver la réponse à notre question : « Doit-on avoir peur de l’inflation qui ne baisse pas assez et craindre de nouvelles hausses de taux ou doit-on avoir peur de la récession qui pourrait éventuellement peut-être arriver mais c’est même pas sûr ? » Pas certain du tout que nous ayons la réponse aujourd’hui, mais ça va sûrement nous occuper en attendant les publications des GAFAM’s.

L’Audio du 24 avril 2023

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Dans les sables mouvants

Cela fait depuis que le Crédit Suisse est devenu l’UBS et depuis que la « CRISE DES BANQUES » est terminée, que j’ai la sale impression que TOUS les lundis matin on s’ennuie profondément. Tous les lundi depuis le début du mois d’avril on arrive au bureau et il n’y a rien dans les médias et on est tous en train de se dire que c’est « sur le reste de la semaine » que ça va se jouer. Et puis en fait, à moins d’avoir été short Tesla la semaine dernière, ça n’était pas forcément plus excitant.

Eh ben mauvaise nouvelle, cette semaine ça démarre pareil. Mis à part le fait que Bed, Bath & Beyond aient annoncé qu’ils se plaçaient en CHAPTER 11, ce qui n’est ABSOLUMENT pas une surprise, nous entamons la semaine en se disant que ça n’est pas ce lundi qui va nous changer la vie. Alors oui, tout à l’heure il y aura déjà les chiffres de Crédit Suisse qui seront bien évidemment absolument horribles mais qui ne vont rien changer du tout à la face du monde, puisque tout est déjà classé et qu’à la limite ça sera peut-être plus intéressant demain avec ceux de l’UBS au cas où ils auraient envie de nous donner un peu plus d’infos sur comment la fusion va se passer. Enfin, pour autant qu’ils en aient la moindre idée.

Pas que le Crédit Suisse

Mais ce matin, il n’y aura pas que le Crédit Suisse, il y aura aussi Philipps en Hollande et Coca-Cola en début d’après-midi à New-York. Je le reconnais, ça ne sera pas le lundi le plus fun de la dernière décennie et c’est pour ça que j’essaie de meubler le plus possible. Non, ce qu’il faut retenir c’est que la semaine sera méga-chargée. Non seulement, il y aura 170 sociétés qui vont publier aux USA – et pas des moindres, puisque d’ici jeudi soir, nous aurons eu droit à Microsoft, Alphabet-Google, Meta Platforms et Amazon, tout en passant par les cartes de crédit, Exxon, Caterpillar, Snap, Intel ou encore Boeing et ABBvie. Et comme si tout cela ne suffisait pas, il y aura également les chiffres du PCE qui sortiront vendredi après-midi.

Oui, vous avez raison, le PCE c’est le chiffre préféré de la FED. C’est LA MESURE de l’inflation qui peut tout changer dans la décision de la FED lors du prochain FOMC Meeting. Et puis ça tombe bien, parce que le prochain FOMC Meeting aura lieu justement la semaine prochaine, au lendemain de la grève du premier mai. La semaine sera donc intéressante au plus haut point avec tout ce qui nous attend, mais par contre je ne suis pas certain que CE LUNDI, soit très fun.

Peur ou pas peur ?

Pourtant, en dehors du fait que c’est très calme et que l’on est déjà en train de se projeter dans le futur dès les premières heures de l’aube, il faudra tout de même noter que si l’on prend soin de lire un peu la presse en détail, on se rendra rapidement compte que certaines de nos vieilles angoisses sont en train de réapparaître dans nos esprits torturés. Oui, car si, en effet, les marchés ne font pas grand-chose en ce moment, il faudra tout de même noter que ce matin le baril est au plus bas depuis 5 semaines À CAUSE QUE LES GENS ILS ONT PEUR DE LA RÉCESSION ET DU FAIT QUE LES TAUX POURRAIENT MONTER ENCORE.

C’est pas moi qui le dit, c’est dans les journaux ce matin et ça se remarque aussi sur le pétrole qui se traîne à 77$ et ce, même si on a fermé les robinets pour 1 millions de barils par jour à l’OPEP. Ça se voit aussi parce que plus personne ne veut du Bitcoin qui est de retour sous les 28’000$, alors qu’il y a 2 semaines tout le monde était surexcité à cause de la cassure des 30’000$. Et puis, oui, on a quand même peur de la récession et vous ne pouvez pas passer à côté du fait que l’économie va un peu moins bien quand même – le PIB US sera d’ailleurs publié cette semaine – en fait, si l’on en croit les experts qui bossaient ce week-end, le seul truc qui manque pour confirmer le fait que nous nous dirigeons dans une récession, c’est la faiblesse de l’emploi. Pour l’instant, le taux de chômage aux USA est de 3.4% et il faudrait que ce taux remonte rapidement à 3.9% pour qu’il y ait une bonne raison de se jeter dans les tranchées pour éviter de recevoir des éclats de récession un peu partout dans les gencives.

Et puis il y a le plafond de la dette

Dernière chose qu’il va aussi falloir intégrer cette semaine, c’est le plafond de la dette. Je vous préviens, le sujet reste encore un peu tabou et discret dans les médias d’Outre-Atlantique, mais c’est parce que l’on n’a pas encore suffisamment le nez dedans et que l’on préfère d’abord se concentrer sur la couleur des chiffres des sociétés qui nous ont fait monter jusque-là, avant de prendre le temps de se rendre compte que de plus en plus d’intervenants sont en train d’empiler du cash dans des obligations du trésor à 1 mois parce qu’ils ont trop la trouille de prendre du 3 mois. Oui parce que si l’on en croit les professionnels du défaut de paiement du gouvernement US, si ça part en vrille et que les États-Unis se la jouent « don’t cry for me Argentina » et qu’ils arrêtent de rembourser leurs dettes parce que ça ne les arrange pas à cause de l’argent, c’est en juin ou au pire en juillet que ça devrait se passer.

Mais pour l’instant, je prêche dans le désert et ce genre d’informations n’intéressent absolument personne, parce que l’on sait qu’à chaque fois ils nous trouvent une solution de last minute qui nous sauve les fesses. Et c’est vrai. Sauf que là, on a l’impression que les Républicains et les Démocrates se haïssent tellement que pour qu’ils recommencent à se parler et qu’ils parviennent à trouver une solution pour le plafond de la dette, il faudrait un 11 septembre numéro deux pour qu’ils se rendent soudainement compte qu’ils sont tous Américains et que s’ils veulent rendre le pays Great Again, va falloir se donner la main. Cependant c’est peut-être trop tôt pour parler d’un défaut de paiement du gouvernement US, par contre quand ça se produira, en pleine saison des barbecues, je pourrais au moins écrire une chronique où je pourrais dire : JE VOUS L’AVAIS DIT ET JE VOUS EN AVAIT PARLÉ le 24 avril, le 25 avril, le 26 avril, le 27 avril… Oui, parce que vous ne le savez pas encore, mais je vais vous en parler tous les jours…

Là-bas

Ce matin en Asie on a donc peur d’un ralentissement économique et on vend le pétrole qui traite à 77.15$. Mais on a aussi peur que l’inflation refuse de rendre les armes et qu’il faille encore plus de hausse des taux que les 0.25% prévu la semaine prochaine. Alors dans le doute, Hong Kong recule de 0.7%, la Chine baisse de 0.15% et les futures sont en baisse de 0.3%. Seul le Japon fait de la résistance (pour l’instant) et grimpe péniblement de 0.23%.

Ailleurs, l’or est repassé sous les 2’000$ et s’échange à 1990$. Lui qui était prévu comme « un coup sûr » et qui devait aller au plus haut de tous les temps avant d’aller chercher les 4’000$. Soudainement plus personne n’en veut et plus personne ne veut de protection contre l’inflation. C’est d’ailleurs assez fou. En effet, lorsque l’on prend le temps de lire et d’analyser ce qui se dit dans la presse financière, on se rend compte qu’il n’y a plus des masses cohérence entre les craintes que nous exprimons et le comportement de certains assets. J’en arrive à me dire que l’on ne parvient plus à trouver la moindre ligne directrice dans nos stratégies d’investissements et que l’on passe notre temps à changer d’avis et à tourner la veste sur à peu près tout et un peu partout.

Peut-être que si l’on prend le temps d’observer les marchés on se rendrait compte que sur le S&P500, nous sommes scotchés dans un range de 100 points depuis que l’on sait que les banques ne feront plus jamais faillite parce que l’ensemble des gouvernements du monde libre leurs ont donné une carte « sortez de prison sans payer d’amende et passez par le start pour récupérer votre prime de fin d’année ». Et qu’en plus d’être scotché dans un range de 100 points on a une volatilité tellement basse que ça donne l’impression que les bourses sont fermées trois jours par semaine. J’en arrive parfois à me dire que ce genre de phase où il ne se passe pas grand-chose, n’est peut-être que l’antichambre d’un nouveau bull market qui va tout faire péter à la hausse. Ou que nous soyons au bord d’un nouvel effondrement. J’ai de la peine à trouver la direction que l’on va prendre, mais j’ai surtout l’impression que le prochain mouvement pourrait être violent et fort désagréable…

Les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, le plus important est sûrement de retenir que l’on va se concentrer sur ce qui va venir. Il y a bien deux-trois trucs comme le fait que la Migros dépose plainte contre la FINMA dans l’affaire du Crédit Suisse. La caisse de pension a perdu 100 millions dans l’histoire et peu importe où et quand, mais quelqu’un doit payer. Et il semblerait que ça soit à la FINMA de sortir le chéquier. Je me réjouis déjà de voir comment ça va se passer, comment le gouvernement va trouver un moyen de couvrir les fesses du gendarme financier suisse qui sait tout mieux que tout le monde.

Il y a aussi le patron de Google qui a touché 226 millions de salaire en 2022. Avec la moitié il pourrait compenser la perte de la caisse de pension de Migros et il pourrait même racheter la FINMA avec le reste, si ça se trouve. Autrement, le CEO de NBC a donné son sac pour avoir fricoté d’un peu trop près avec une de ses employées qui a déposé plainte et puis, même si ça n’a rien à voir, le Barron’s pense que Tesla c’est pas cher à ces niveaux.

Chiffres du jour

Du côté des chiffres du jour nous aurons l’IFO en Allemagne, puis le Chicago FED Index et le Dallas Fed Index. Les banquiers centraux américains seront sous « black period » avant le meeting de la semaine prochaine, il faudra donc se contenter des chiffres qui sortiront au fur et à mesure et de l’interprétation qui en sera faite.

D’ici-là, je vous souhaite un excellent lundi, un très bon début de semaine et on se revoit demain pour de nouvelles aventures !

Thomas Veillet
Investir.ch

« The road to success is always under construction. » – Lily Tomlin