Il y a des journées qui donnent l’impression de ne servir à rien. Mais ce lundi 8 mai aura été LA journée des journées qui ne servent à rien. Les performances sont proches de zéro, les indices ont à peine bougé et tout le monde semble rester fixé sur « ce qui va se passer mercredi ». Ce qui sous-entend que la journée de ce mardi ne sera pas forcément plus utile ou passionnante que celle d’hier. Pour faire simple, j’ai eu raison de ne pas venir.

L’Audio du 9 mai 2023

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Inflation encore

Donc, pour ceux qui ne sont pas au courant, ce mercredi nous aurons la publication du CPI aux USA, mais aussi en Allemagne. Pas que les chiffres de l’Allemagne vont nous changer la vie, mais il est bon de le signaler aussi. C’est surtout les chiffres américains qui seront dans le viseur et en attendant, le monde financier semble comme paralysé et n’ose plus vraiment prendre de direction. Comme d’habitude, lorsque l’on attend un chiffre important, on pense qu’une fois qu’il sera connu « on y verra plus clair » et le monde ne sera plus jamais pareil. Un peu comme on a fait la semaine dernière avant la FED.

Nous sommes dans un immobilisme profond avec aucune certitude que nous allons en sortir. En attendant d’en savoir plus sur l’inflation et ce que pourrait éventuellement faire la FED lors de son prochain meeting agendé pour le 13-14 juin, nous avons donc passé la journée la plus calme de l’année. La volatilité ne cesse de baisser et l’intérêt est proche de zéro. Sans compter que la saison des résultats touche à sa fin et on a l’impression que plus personne ne veut rien faire. Alors oui, il faut aussi noter que les Anglais étaient absents toute la journée parce que visiblement, ils avaient besoin d’un jour de plus pour se remettre de l’arrivée de ce qui leur sert de roi sur le trône – ce qui fait que les volumes étaient au plus bas et l’activité réduite au minimum.

Le plafond de la dette au premier plan

Pendant que l’on se morfondait durant la séance, on a eu droit à pas mal de rapports sur le sujet du plafond de la dette. On dirait que ça commence un peu à démanger et les experts sont tous de sortie. Krugman disait que la probabilité de voir un défaut de la dette est bien réel et que le concept même du plafond devrait être supprimé, puisqu’actuellement il offre un levier politique aux Républicains qui essaient de vendre leur vote et que ça n’est pas normal. Et pendant ce temps, d’autres de ses congénères expliquaient que « bien que le risque de défaut était très bas, ça ne serait pas bien pour l’économie de voir cet évènement se produire ».

« PAS BIEN », c’est un euphémisme. Moody’s a fait des calculs savants pour savoir ce qui pourrait se passer et combien cela pourrait coûter. Le tout au conditionnel. Et l’expert en rating et en analyse fondamentale en est arrivé à la conclusion que cela pourrait avoir un impact de 4% sur le PIB. Autant vous dire que vu la tronche du PIB actuellement, si les USA font défaut, ça ne sera pas simple pour Biden et Yellen de réécrire la définition de la récession pour que les USA ne soient pas…en Récession.

Madame Yellen

D’ailleurs, à propos de Madame Yellen, elle est aussi venue parler hier soir pour répéter qu’à la vitesse où le gouvernement dépensait ; le 1er juin, ils seront en défaut de paiement. Elle l’avait déjà dit, mais comme plusieurs « experts » ont mis en doute la date du premier juin, estimant que « ça pourrait tenir jusqu’en septembre », elle a estimé qu’il fallait bien marteler la chose et ne pas laisser croire aux clowns de Washington qu’ils avaient tout l’été pour se mettre d’accord.

La Secrétaire du Trésor a également déclaré qu’un défaut de paiement pourrait faire très très mal au dollar lui-même et elle a même mentionné le terme de « Chaos Financier » à venir en cas de défaut. En revanche, ce qu’il faudra retenir des déclarations de Madame Yellen, c’est que tout le monde s’en fout et que personne ne croit une seconde au fait que les USA pourraient être en défaut dans trois semaines. C’est un peu l’histoire de Pierre et le loup ; on nous a tellement vendu l’histoire, on nous a tellement fait peur à chaque fois pour que tout se règle comme une fleur à la dernière minute, que plus personne ne veut croire que c’est possible que les USA fassent défaut. On est tous convaincus qu’ils vont nous sortir un lapin du chapeau à la dernière seconde que le marché n’a même pas peur et n’a pas bronché hier… Pourtant, je pense que le même discours de Yellen en octobre dernier aurait fait bien plus de mal qu’il n’en a fait hier.

Hier les marchés étaient ouverts, mais fallait le dire vite. Et vérifier deux fois pour y croire.

En Asie

Ce matin le Japon est en hausse de 0.77%, Hong Kong recule de 0.46% et la Chine est en hausse de 0.39%. Les exportations chinoises ont augmenté de 8,5 % en avril, chiffre qui était au-dessus des attentes mais qui était tout de même en ralentissement par rapport à la forte croissance du mois de mars. Je ne sais pas si cette donnée vaut la peine d’être connue et citée ce matin, mais il y a tellement pas grand-chose que ça permet au moins d’occuper le terrain.

Le pétrole continue sa remontada et se traite à 72.90$, rebond spectaculaire s’il en est. Quand je pense que la semaine dernière plus personne n’en voulait à 64$ sous prétexte que la récession arrivait à grand-pas, c’est tout bonnement stupéfiant de le voir revenir au-delà des 72$. L’or est à 2024$ et se remet de son nouvel échec et de son incapacité à atteindre les plus hauts de tous les temps. Mais ça n’est que partie remise. Le Bitcoin est à 27’660$ et semble vouloir s’établir sous la moyenne mobile des 50 jours et aller tester les supports qui sont autour des 27’000$.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on retiendra qu’hier soir PayPal a sorti des bons chiffres, ont révisé leurs objectifs de 2023 à la hausse et le titre perdait 6% after close parce que le management s’est montré prudent sur les marges. Il semble évident qu’en ce moment, on ne pardonne pas grand-chose sur les publications trimestrielles. Sauf si vous êtes Apple. Il y a aussi Palantir qui a publié pour la seconde fois consécutive un trimestre explosif à la hausse qui pris tous les analystes à contrepied. Le titre prenait 21% en hors bourse.

Et puis autrement on notera que le Nasdaq Composite vient de passer en territoire de Bull Market. C’est une chose qu’il avait déjà fait en août dernier et en février dernier et après avoir passé quelques jours en Bull Market, il s’était effondré comme un château de cartes. Statistiquement, lorsque le Nasdaq Composite passe en Bull Market, il est la plupart du temps bien plus haut dans les mois qui suivent. Mais il y a quelques exceptions qui donnent froid dans le dos. Les « experts » en Bull Market sont d’ailleurs tous en train de s’écharper pour savoir si c’est un « vrai Bull Market » ou si c’est plutôt un « faux ». Il n’y a pas de raison de se prendre la tête plus que tant, on va se dire que là tout de suite le Nasdaq Composite est en hausse de 20% depuis les plus bas. Ça devrait suffire pour un mardi matin.

Il y a aussi la FED qui met en garde contre le « Credit Crunch » dans la foulée de la crise des banques. Powell l’avait déjà mentionné lors du FOMC Meeting, mais il est vrai qu’avec ce qui se passe dans le secteur bancaire, on commence à penser de plus en plus que les banques vont se regarder le nombril et s’occuper d’elles-mêmes avant de penser à faire tourner l’économie comme on leur demande de le faire habituellement. On notera aussi que plusieurs analystes bancaires sont en train de monter aux barricades pour demander que l’on interdise les shorts sur les titres bancaires. Ils estiment que « ça fausse la valorisation réelle des actions ». C’est courageux de demander des trucs pareils quand on est plus ou moins les inventeurs du concept. Me réjouis de voir comment tout cela va se terminer. En tous les cas, il semblerait que si les banques régionales ne font pas faillite, c’est pas cher à ces niveaux.

Chiffres du jour

Il n’y aura quasiment pas de chiffres économiques aujourd’hui, sauf le Trade Balance en France et quelques banquiers centraux qui parleront. Des Américains et des Européens. Du côté des chiffres du trimestre nous aurons les chiffres de Novavax, AirBnB, Rivian ou encore Occidental Petroleum. C’est pas la plus grosse des journée qui nous attend, j’en ai bien peur.

Pour le moment, les futures sont en baisse de 0.02% et on attend déjà tous demain pour savoir ce qu’il faut penser du rapport sur l’inflation et puis ensuite on attendra le PPI et puis ensuite… Ouais ben pis ensuite ça sera le week-end. Je vous souhaite une excellente journée et je vous dis déjà : À DEMAIN !

Thomas Veilllet
Investir.ch

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