S’il y a une chose que nous avons fait cette semaine, c’est attendre. Hier encore nous attendions le PCE, « la mesure de l’inflation préférée de la FED » et nous allons encore attendre les chiffres de l’emploi américain qui sortiront cette après-midi et qui eux, sont « la mesure préférée de l’état de l’économie des investisseurs, des traders, des spéculateurs et des journalistes financiers qui ne savent plus comment meubler leurs émissions journalières tellement on en a marre de passer notre temps à analyser l’économie ». Pour le moment – par la magie de la psychologie de l’investissement, toutes les MAUVAISES NOUVELLES, se transforment en EXCELLENTES NOUVELLES !
L’Audio du 1er septembre 2023
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Le PCE
Le chiffre de la journée était donc le PCE. Je dois vous avouer que ce que la FED utilise pour mesurer l’augmentation des prix a légèrement augmenté – justement – ce qui démontre encore une fois que la lutte contre l’inflation pourrait être lente et difficile et même douloureuse parfois. Mais en fin de compte, même si la FED a encore du taf, l’absence de nouvelles plus inquiétantes devrait indiquer que les responsables vont probablement maintenir les taux stables pour l’instant. C’est en tous les cas ce qui ressort de l’opinion des « EXPERTS À WALL STREET » qui ne se sont pas laissé démonter par les chiffres publiés hier, les marchés ne fichant pratiquement rien à la fin de la séance pour finir le mois d’août en légère baisse. Ce qui n’est pas grand-chose par rapport à la hausse que nous vivons depuis le début de l’année, grâce au miracle de la tech et de l’intelligence artificielle, bien sûr.
Le PCE « classique » qui exclut les coûts plus volatils de l’alimentation et de l’énergie, a montré que la croissance des prix a atteint 4,2 %, contre 4,1 % en juin. Ce qui était parfaitement en ligne avec les attentes du marché (pour une fois). Mais d’un mois sur l’autre, les données sont plus favorables. La croissance des prix a été de 0,2 % en juillet, ce qui correspond en grande partie à l’augmentation enregistrée en juin. On considère donc que c’est une bonne nouvelle, vu que la FED souhaite voir une croissance modérée des prix pour aider à ramener l’inflation vers l’objectif de 2 %. Bref, tout est bon dans le cochon pour trouver « des bonnes nouvelles » dans le fait que l’inflation ressemble de plus en plus au sparadrap du Capitaine Haddock quand il arrive à Genève. L’indice global des prix à la consommation, qui avait ralenti à 3 % en juin – autrement dit le CORE PCE a rebondi à 3,3 % en juillet, ce qui est conforme aux attentes là aussi mais « ah que c’est normal », comme disait Johnny, parce que le pétrole il monte et que c’est plus cher pour mettre l’essence dans la Harley. Mais là aussi, comme toutes les « mauvaises nouvelles sont bonnes », c’est pas grave. Pour le moment en tous les cas
Mois de M…..
Finalement, pour boucler le mois, les indices n’ont pas fait de folies. Le Dow Jones terminait en baisse de 0.48%, le S&P500 abandonnait 0.16% et le Nasdaq trouvait encore le moyen de gratter 0.11% grâce à Crowdstrike et le secteur de la Cybersécurité qui continue de cartonner. Pour une fois que c’est pas Nvidia qui tire l’indice, il est bon de le signaler.
En Europe nous avons eu les prix à la consommation qui sont sortis en hausse à 5,3% alors que les attentes étaient de 5,1%. L’inflation (sans les prix de l’énergie, de l’alimentation, de l’alcool et du tabac), s’est inscrite à 5,3%, ce qui était en ligne avec le consensus et légèrement plus faible par rapport au mois dernier. Alors vous je ne sais pas, mais moi quand je vais faire les courses, j’ai pas franchement l’impression que ça baisse. Pour l’essence, je m’en fiche car sur conseil d’un ami très cher qui m’a donné la solution, je mets à chaque fois pour 50 francs d’essence et mon budget ne change pas. Bon, c’est vrai que je vais de moins en moins loin, mais au moins c’est bon pour le réchauffement climatique. On notera tout de même au passage que Madame Lagarde s’est inquiétée de voir l’inflation persister à un niveau élevé. Mais il ne faut pas qu’elle s’inquiète, le Rocco Siffredi français, qui gère aussi l’économie et les finances, va convoquer les grandes entreprises de la consommation pour qu’elles promettent qu’un jour elles arrêteront de monter les prix. Ensuite, ils se reverront en janvier pour voir si on fixe le jour en question en 2025 ou en 2026.
En tous les cas, hier les indices terminaient en ordre dispersé – mais c’est la France qui remportait le pompon du plus mauvais élève de la journée. Le CAC reculait de 0,65% et terminait le mois en baisse de 2.42%. C’est surtout la faute de Pernod Ricard qui s’est pris près de 7% dans les dents et qui a massivement pesé sur l’indice macronien, qui sous-performe aussi les autres marchés européens le DAX terminait en hausse de 0,57% et le Stoxx était presque à l’équilibre. Chez Pernod-Ricard on s’est montré prudent pour le début de son exercice décalé 2023-2024 et a annoncé des chiffres inférieurs aux attentes des Dieux de la finance. Alors quand vous êtes sous les attentes des DIEUX de la finance que vous annoncez que l’an prochain, ça va pas être facile, il ne faut pas s’attendre à autre chose. Pourtant moi j’ai participé tout l’été à l’effort de guerre de Pernod-Ricard. Donc, pour une fois c’est pas de ma faute. Ça aussi, c’est assez rare pour être signalé.
Pour l’Asie et le reste
Durant la séance d’hier, on notera aussi que les Jobless Claims hebdomadaires étaient en-dessous des attentes, démontrant que l’économie va bien mais pas trop. Et comme c’était une bonne nouvelle, mais pas trop-trop bonne, on s’est dit que ça ne suffirait pas pour faire baisser le marché et décidé que l’on allait tout simplement attendre les chiffres de l’emploi de ce vendredi qui EUX sont notre guide dans un désert sans étoiles. Ce matin l’Asie ne fait pas grand-chose en attendant les NFP et la plupart des indices locaux annulent leurs performances respectives. Le Japon monte de 0.5% et Hong Kong baisse de 0.5%, pendant que Shanghai est en FORTE hausse de 0.2%. Oui, en Chine dorénavant, 0.2%, c’est forte hausse, même si de plus en plus d’investisseurs étrangers sont en train de quitter le navire.
J’ai toujours énormément de plaisir à voir que, les jours où les Non Farm Payrolls sont publiés, les marchés asiatiques ont tendance à ne rien faire parce qu’ils « attendent » les chiffres. Sauf que depuis que les Non Farm Payrolls existent, ils sortent à 14h30 heure de chez nous – ce qui veut dire que le Japon et la Chine sont fermés depuis longtemps et que comme ces chiffres sortent le vendredi, ils pourront y réagir (si nécessaire), dans la nuit de dimanche à lundi. S’il y a des journées qui ne servent à rien, je crois que les premiers vendredis de chaque mois, devraient être fermés en Asie, tellement ils sont inutiles. Ils sont tellement inutiles que l’on hésite à appeler ça des « Darmanins ». Mis à part ça, le Bitcoin est de retour sur les 26’000$ en attendant l’ETF, le pétrole repart à la hausse de plus belle histoire de nous encourager à acheter des voitures électriques, juste avant d’augmenter les prix de l’électricité pour l’hiver. Là tout de suite le baril est à 83.78$ et l’or est à 1966$.
Les nouvelles neuves
Pour les nouvelles du jour, on notera que Dell était en hausse de 7% after close à cause de ses bons chiffres et que, pendant que tout le monde se pose des questions sur la santé de l’économie et Wall Street se congratule parmi en se disant que l’économie va bien mais pas trop et que comme elle va bien mais pas trop, l’inflation va baisser gentiment et qu’il n’y a plus de risque de hausse des taux et encore moins de risques de récession. Sauf qu’hier il y Dollar General qui a chuté de 17% suite à la publication d’un résultat négatif pour le deuxième trimestre. La société a déclaré des bénéfices de 2,13 $ par action, alors que le marché s’attendait à 2,47 $. Et comme si ça ne suffisait pas, le retailer low-cost a réduit ses perspectives de bénéfices ET de ventes pour le reste de l’année 2023. Non, je vous assure, le consommateur américain va SUPER-BIEN. C’est Wall Street qui le dit. Et MAIN STREET, ben personne l’écoute.
Pour le reste, on retiendra que Wedbush, la célèbre banque d’affaire a estimé que le marché technologique était dans la même phase de hausse dans laquelle nous étions entre 1995 et 2000. Et que c’est une révolution. Je ne sais pas ce qu’il a vécu de cette période le gars qui a dit ça, mais entre les claques dans la tronche qu’on s’est pris avec le LTCM, la crise russe, la crise asiatique et la bulle internet, ça ne promet pas que du bonheur… Surtout l’explosion de la bulle. Et puis, si l’on veut parler des prévisions de septembre, il faudra se souvenir que JP Morgan est plutôt bearish et parle de « Hard Landing » inévitable, que chez Morgan Stanley il y a le stratège qui parie sur un marché qui ne peut plus aller en avant et le boss des portefeuilles qui ense que l’on va à 5’000 sur le S&P à la fin de l’année. Fundstrat sont méga-bulls, comme d’habitude, tout comme Wedbush, évidemment. Jeremy Siegel pense qu’on va monter ou ne rien faire et David Rosenberg envisage un désinvestissement massif en partant du principe que CASH is KING ! J’attends avec impatience des nouvelles de Nouriel Roubini qui devrait nous annoncer qu’on va tous mourir. Autrement, on peut ou on peut ne pas parler d’UBS qui a annoncé un profit de 29 milliards suite au rachat du Crédit Suisse, pendant que le Crédit Suisse publiait une perte de près de 10 milliards hier. Je ne suis pas un expert en comptabilité, mais je pense qu’il y a quelqu’un qui s’est fait avoir au passage. Je soupçonne même que ça soit les employés…
Il y a aussi le médecin de Mitch McConnell qui a dit qu’il allait super bien. Et que ses épisodes « Mister Freeze » ne sont que les conséquences d’une précédente commotion. Si le médecin définit le comportement de McConnell comme « super-bien », je ne suis pas loin de penser qu’il doit penser que JFK est dans la forme de sa vie et que Jimmy Carter est prêt à courir un marathon.
Emploi du jour
Pour le reste, nous sommes vendredi et il y aura le CPI en Suisse. Mais pas que. Il y aura aussi les chiffres de l’emploi aux USA et on s’attend à un taux de chômage stable à 3.5% et à 170’000 créations d’emplois. La suite ne sera qu’une question d’interprétation. Pour le moment les futures sont en hausse de 0.17% parce que PMI chinois est pas « trop » mauvais et ce soir, c’est le week-end. Alors profitez bien et on se voit lundi en pleine forme pour de nouvelles aventures.
Bonne journée !
Thomas Veillet
Investir.ch
« I keep working because I learn something new all the time. »
Clint Eastwood