Je le dis à chaque fois – dès que je pars en vacances, le marché monte. Bon, ben cette fois je suis parti en vacances et le marché n’est pas monté. Comme quoi, il faut toujours une exception qui confirme la règle. Bien sûr, impossible de demander aux intervenants de se concentrer uniquement sur mon absence pour prendre leurs décisions, alors qu’il y avait tellement de choses sur lesquelles se concentrer, à commencer par l’avalanche des chiffres trimestriels, les chiffres économiques, Yellen qui disaient n’importe quoi, les guerres un peu partout dans le monde (même si c’est surtout pour se donner bonne conscience) et puis les doutes qui nous assaillaient et cette semaine, ça sera pire.

L’Audio du 30 octobre 2023

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Ça sera vraiment pire

Si vous avez pensé que c’était compliqué la semaine dernière parce qu’il y avait trop de publications trimestrielles, ça sera pire cette semaine parce qu’il y en aura autant si ce n’est plus que la semaine dernière, mais en plus – il y aura Apple – Apple c’est toujours LA société qui a le pouvoir de faire tourner les têtes et d’inverser la tendance. Mais aussi celle d’enfoncer le clou une fois pour toute. De faire céder les derniers remparts et casser les derniers supports. Alors ça n’est pas comme la semaine dernière où l’on a dû se coltiner les « autres magnificents seven », mais c’est important quand même. Sans compter qu’en plus d’Apple, il y aura du monde quand même et quand on voit qu’une simple phrase se méfiant du dernier trimestre 2023 peut entraîner une chute vertigineuse, il y a de quoi se méfier et d’attacher sa ceinture.

Et puis il n’y aura pas qu’Apple qui est susceptible de tout foutre par terre définitivement. Puisque la semaine qui vient va également nous apporter son lot de tensions et de doutes avec la réunion de la FED qui commencera mardi et qui nous donnera son verdict mercredi soir. Là aussi, on n’attend pas grand-chose de fondamental, mais un semblant de détente dans le discours de Monsieur Powell ne ferait de mal à personne. Il faut dire que ça fait quand même plus d’une année que l’on attend que le patron se détende un peu et passe du côté « dovish » de la force. Pour l’instant il ne nous a apporté que corrections et déceptions dans ses récents discours et qu’au vu de ce qu’il nous a récemment exprimé, j’aurais tendance à dire que ceux qui s’attendent à de « bonnes nouvelles » du style : « c’est officiel, j’arrête de monter définitivement les taux et l’inflation était effectivement transitoire et sous contrôle, c’est juste que l’on ne connaissait pas bien la définition de « sous contrôle et transitoire » » – ceux qui attendent ça, risquent d’en être pour leurs frais mercredi soir. Disons qu’une non-hausse des taux et un discours qui ne parle pas de hausse des taux en décembre est probablement le mieux que l’on puisse espérer.

Et puis c’est pas tout

Et puis ça ne sera pas terminé parce que si le PCE de la semaine dernière nous a montré que :

1) L’inflation est toujours présente mais qu’elle n’accélère pas
2) Que l’Américain moyen continue de dépenser comme un fou, même si le taux d’endettement et de faillites sur les cartes de crédits ne fait que monter

On peut quand même se méfier parce que :

1) L’inflation est toujours présente MÊME SI ELLE n’accélère pas
2) L’Américain moyen continue de dépenser comme un fou et ça, c’est inflationniste

Mais alors que nous avons digéré les chiffres du PCE parce que la FED les adore, nous allons avoir la joie et le bonheur d’avoir les JOLTS et les NON-Farm Payrolls du mois d’octobre et puis, comme ça ne serait pas drôle si on s’arrêtait là, il y aura aussi les banques centrales en folie un peu partout au travers de la planète, puisque les Anglais et les Japonais seront aussi de sortie, même si les Anglais et les Japonais intéressent surtout leurs marchés respectifs. Sans oublier que nous sommes dans les dernières 48 heures du mois d’octobre et que – pour l’instant – même si ça n’est pas le meilleur mois d’octobre de l’histoire et que les performances sont merdiques, il n’y a pas de signes de Krachs du type 1987 ou 1929 – d’ailleurs, pour ceux qui sont férus d’histoire de la finance – en cliquant sur les liens ci-dessous :

Part 1

Part 2 

Vous aurez accès à deux vidéos très courtes que vous je ai faites à propos du krach de 1929 cette fois.

Pour le reste

Pour le reste, on a toujours pas mal d’action du côté de la guerre entre Israël et le Hamas. Guerre qui ne semble préoccuper les marchés uniquement s’il y a des risques de contagion ou d’extension du conflit. Pour le moment, Tsahal est en train de transformer la bande de Gaza en grand parking, sous les yeux bienveillants de la communauté internationale et Wall Street surveille ça d’un œil, mais tant que le baril ne s’envole pas et que l’Iran ne s’en mêle pas et que l’Arabie Saoudite continue de faire comme si de rien n’était et que le chef du Hamas continue de se luger dans sa maison de Doha, les marchés ne devraient pas broncher.

Pour ce qui de l’Ukraine, au vu de ce que les médias financiers en parlent, ça doit être terminé et Zelensky a dû reprendre sa tournée de stand-up-eur, c’est silence radio et on commence presque à se dire que c’est les Russes qui ont poussé le Hamas en Israël pour faire diversion. Ce matin le baril est à 84.24$ c’est moins cher qu’au début du conflit, l’or est à 2010$ parce qu’ON VOUS DIT QUE C’EST UNE VALEUR REFUGE ET QUE QUAND IL Y AURA LA TROISIÈME GUERRE MONDIALE, vous pourrez encore aller payer à la boulangerie avec vos lingots d’or. Enfin, pour autant qu’il reste du pain. Pendant ce temps, le Bitcoin est à 34’355$ parce qu’on est toujours presque certains que l’ETF BlackRock va être un coup sûr et qu’ensuite le Bitcoin ira à 40’000 et qu’une fois que ça sera fait, on ira à 100’000 pour Noël, comme c’était prévu. Je ne cesse de m’extasier devant ce genre de choses qui nous montrent encore une fois que la bourse, la finance et les cryptomonnaies, c’est tellement facile !

Les nouvelles du jour

En ce lundi matin, le Japon est en baisse de 1.2% parce que demain la BOJ se rencontre et que l’on anticipe des mots qui ne vont pas faire plaisir. On s’attend à ce que la BOJ maintienne ses taux en négatif. Mais certains médias bien informés ont laissé entendre « qu’un changement potentiel de la politique de contrôle de la courbe des taux » était à l’ordre du jour. « LE changement potentiel de la politique de contrôle de la courbe des taux » met donc la pression sur les indices du pays du soleil levant.

Tout mouvement hawkish de la part de la BOJ annoncerait la fin de la politique monétaire souple dont ont bénéficié les actions japonaises pendant près d’une décennie, et est susceptible de saper l’appétit des investisseurs pour le marché. Dans les nouvelles du jour, on retiendra que Musk a l’intention de proposer l’aide de Starlink aux victimes du blocus de Gaza, ce qui a le don de rendre fou de rage les Israéliens. Musk a une longue histoire dans ce genre de comportements ; il avait déjà aidé les Ukrainiens avant de leur retirer l’aide qui était utilisée pour mieux viser avec les drones. Disons que maintenant je comprends mieux pourquoi le service est pourri pour les clients habituels. Les satellites sont occupés ailleurs.

Et maintenant ?

Pour le moment, aujourd’hui on attend les chiffres de McDonald’s, le Dallas Fed Manufacturing Index et on va regarder si le S&P500 est capable d’enfin trouver la force de remonter une bricole. Actuellement, les futures sont en hausse de presque 0.4% et techniquement le S&P500 est entré en zone de correction – tout comme le Nasdaq en milieu de semaine dernière. Pour ceux qui ont oublié ; une correction c’est 10% de baisse par rapport au récent plus haut du marché. En l’occurrence, nous avons baissé de 10.6% depuis les plus hauts du mois de juillet. La question que l’on peut donc se poser, c’est de savoir si on s’arrête là ou si l’on continue notre spirale baissière.

D’ailleurs, pour ceux qui se posent la question, sachez que les indicateurs sont partagés :

– La moyenne mobile des 200 jours a cédé ce qui est considéré comme un signal de vente
– Le BULL BEAR indicator est en zone d’achat
– La théorie de Dow nous indique que les supports et les tendances sont cassées, c’est un signal de vente
– L’allocation de cash dans les portefeuilles n’a jamais été si élevée ; c’est un signal d’achat
– La volatilité s’est établie au-dessus des 20%, c’est un signal de vente
– Et les prévisions de croissance à long terme des sociétés est au plus bas dans l’esprit des analystes et comme généralement, ils se gourent – c’est un signal d’achat.

En résumé, vous jetez une pièce de monnaie en l’air : pile, c’est un signal d’achat. Face c’est un signal de vente. Statistiquement vous aurez plus ou moins les mêmes chances du succès avec cette stratégie qu’avec les opinions compliquées précitées ci-dessus.

Il me reste à vous souhaiter une excellente journée et un très bon début de semaine, semaine qui promet d’être agitée, pleine de suspense et de doutes, comme on les aime.

Que la force soit avec vous et à demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

« It is never too late to be what you might have been. » – George Eliot